qui transfigurera notre corps mortel ?

qui transfigurera notre corps mortel ?

JEUDI 3e SEMAINE APRÈS PÂQUES

Christ ressuscité Palo Veronese 1571
Christ ressuscité Palo Veronese 1571

Il y a bien des manières d’errer. La moindre ne serait pas de justifier et de vanter une conduite trop uniquement naturelle ? Or c’est justement contre cette trahison de l’Évangile nous sommes mis en garde : Que tous ceux qui portent le nom de chrétiens rejettent ce qui est indigne de ce titre, et recherchent ce qui lui est conforme.

Chacun sait que l’obstacle le plus commun à la conversion des incroyants ce sont les fautes, les injustices, ou même seulement la médiocrité de croyants : comment se rallier à ce qu’on croit, quand on a si peu l’air de s’occuper de Dieu et du ciel ? Par contre, rien n’est plus attirant que des chrétiens qui témoignent de leur foi, de leur espérance et de leur charité, par leur allégresse et leur bienfaisance, comme saint Pierre y exhorte.

Il faut donc le demander en pleurant comme saint Paul : Dieu veuille que les chrétiens ne se conduisent pas « en ennemis de la croix du Christ, n’appréciant que les choses de la terre » (Ph. 3, 18-19). Tant pis si on est accusés d’être « sectaires » (il faut y mettre toute son ardeur, sans réserve).

Car « pour nous, notre cité se trouve dans les cieux, d’où nous attendons ardemment, comme Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ, qui transfigurera notre corps de misère, avec cette force qu’il a de pouvoir même soumettre tout l’univers » (Phil. 3, 20-21).

EUCHARISTIE MÉDITÉE 18

EUCHARISTIE MÉDITÉE 18

Nouvelles Marthes, nouvelles Maries.

Marthe, Marthe, vous vous empressez trop, une seule chose est nécessaire. Lc 10, 42

Eucharistie- Motif sculpté sur porte d'église - Bruxelles
Eucharistie- Motif sculpté sur porte d’église – Bruxelles

18e ACTION DE GRÂCES.

Je vous adore, ô bien-aimé Jésus, vous qui n’avez pas dédaigné la pauvre demeure de mon âme, et qui la remplissez en ce moment de vos grâces et de votre miséricorde. Ah ! je n’envie plus le bonheur de vos amis de Béthanie ! si leur toit vous abritait, si leurs yeux vous voyaient, si leurs oreilles entendaient le son de votre voix; plus favorisé, c’est dans mon cœur que vous êtes entré, c’est lui qui veut vivre en vous.

Si mes yeux de chair ne vous voient pas, la foi prête à mon âme sa divine lumière, elle vous reconnaît à ses célestes clartés, et avec Marthe elle s’écrie dans le transport de sa joie. Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant.

Mes oreilles ne perçoivent pas le son de votre voix humaine, mais mon cœur entend celui de votre voix divine, vous lui dites à ce pauvre cœur, que vous venez à lui dans des vues de paix et de miséricorde, et il vous répond que vous êtes seul son espérance et son amour.

Oh! laissez-moi, adorable Sauveur, prendre à vos pieds la place de l’heureuse Marie ; laissez-moi comme elle choisir la meilleure part, et ne permettez pas qu’elle me soit ôtée. J’en suis indigne, c’est vrai, je ne la mérite pas, mais l’amour peut tout réparer, il peut tout effacer, et si j’ai beaucoup péché, je veux beaucoup aimer.

Je veux vous aimer, ô Jésus, non pour jouir des consolations de votre amour, mais pour m’unir à vous, pour m’y unir surtout par la conformité de ma volonté avec la vôtre, de mes désirs à vos désirs, de mes sentiments à vos sentiments.

Régnez en moi, ô mon souverain Maître, vivez-y, je vous abandonne mon âme et toutes ses puissances, mon cœur et toutes ses affections, mon corps et tous ses sens; disposez de moi, de mon être tout entier, ô divin Sauveur, comme bon vous semblera.

Vous êtes à moi, mais moi aussi je suis à vous, je vous appartiens tout entier, non seulement par le droit que vous avez sur toutes vos créatures, mais par le don volontaire que je vous fais de tout ce que je suis, de tout ce que j’ai, de tout ce que j’aime.

Je ne veux plus, je ne désire plus, ô bien-aimé Jésus, que ce que vous voulez pour moi. J’abandonne le passé, le présent, l’avenir à votre miséricorde et à votre amour. Je remets entre vos mains mes intérêts du temps, ceux de l’éternité. Vous avez mesuré la durée de ma vie, compté les jours que je dois encore vivre, vous seul en connaissez le nombre.

Mais soit que mon temps en ce monde se prolonge au-delà de mes prévisions, soit que vous ayez fixé le terme de ma course à un avenir prochain, je ne veux en cela comme en tout le reste que ce que vous voulez pour moi, et je vous consacre tous les jours, tous les instants qui me restent à vivre ; je les voue à votre seul amour, et je vous prie de les accepter comme autant d’actes de la charité la plus désintéressée.

Parlez à mon âme, ô adorable Sauveur, parlez, elle qui vous sert écoute ; dites-lui ce que vous désirez d’elle, ce qu’elle doit faire pour vous être agréable et pour accomplir votre volonté. Et puis, Seigneur, donnez-lui la docilité et la fidélité dont elle a besoin pour s’y conformer.

Affermissez ses bonnes résolutions, soutenez sa faiblesse, fixez son inconstance, et que la puissance de votre grâce la fasse triompher des résistances et des oppositions de la nature.

Je le sais, ô Jésus, vous n’entrez pas dans une âme, vous n’en prenez pas possession sans y faire entrer votre croix avec vous. C’est par elle que vous y établissez votre règne, et il ne peut y avoir d’union intime et réelle avec vous que par la croix.

L’âme qui aspire à cette union, qui la veut sincèrement, doit s’attendre à souffrir, et se préparer à tremper ses lèvres au calice amer de vos douleurs, à sentir les épines de votre couronne s’enfoncer souvent dans son cœur et lui faire de profondes et douloureuses blessures.

Vous le savez, ô Jésus, je n’ai pas comme vos saints assez de générosité et de courage pour désirer la croix, et pour vous la demander, il y aurait présomption de ma part à le faire ; mais si je n’ose vous la demander, ô Jésus, je ne la refuse pas, et pour cela comme pour tout le reste, je me soumets à tout ce que vous voudrez pour moi, persuadé que vous proportionnerez toujours votre grâce aux souffrances que vous m’enverrez.

Je ne veux qu’une chose, ô mon Sauveur, vous aimer et vous être uni. Si la croix donne l’amour, voilà mon cœur, ô Jésus, qu’il souffre, mais qu’il vous aime; que la croix s’enfonce jusque dans ses plus intimes profondeurs ; mais que votre amour y pénètre avec elle, qu’il l’embrase et le consume de ses saintes et brûlantes ardeurs.

Si vous voulez que je sois victime avec vous, ô Jésus, que je participe aux douleurs de votre sainte passion, ou plutôt que votre vie souffrante se continue et se prolonge en moi; voilà mon corps, Seigneur, comme mon cœur, je l’abandonne à votre volonté pour que vous imprimiez sur lui les sacrés stigmates de vos plaies et de votre douloureuse passion.

Je ne refuse aucune des souffrances physiques que vous me destinez, je les accepte d’avance, seulement, ô Jésus, soutenez ma faiblesse, soyez ma force, éloignez de mes lèvres et surtout de mon cœur la plainte et le murmure, et acceptez chacune de mes souffrances, chacune de mes angoisses comme des actes de soumission à votre adorable volonté et d’amour pour vous.

Et puis, ô mon bien-aimé Sauveur, s’il vous plaît encore de me faire participer aux angoisses de votre abandon, de votre délaissement sur la croix, si vous voulez que mon esprit soit rempli de ténèbres, mon âme d’aridités, d’ennuis et de dégoût, que je sois délaissé des créatures, que je ne trouve auprès d’elles que déceptions, indifférence et amertume.

Si vous permettez enfin que le ciel semble sourd à la voix de mes larmes et de mes prières, et que je sois en apparence délaissé de Dieu lui-même, quelque douloureuses que soient toutes ces choses, je les accepte et je les veux puisque vous les vouiez pour moi.

Seulement, ô Jésus, que votre main divine me soutienne dans une épreuve qui serait au-dessus de mes forces sans le secours de votre grâce; que ce secours soit insensible, inaperçu, qu’elle m’apporte ni consolation, ni adoucissement à mes peines, j’y consens encore.

Mais qu’il ne me manque pas, afin que je puisse sans faiblir, traverser avec vous ces abîmes du délaissement et de l’abandon, où je ne descendrai jamais aussi profondément que vous êtes descendu vous-même.

Faites enfin, ô Jésus, que chacune de mes douleurs, soit du cœur, soit du corps et de l’esprit, m’unisse plus intimement à vous ; que chacune d’elles augmente votre amour dans mon âme. Je ne veux qu’une chose, je le répète encore, vous aimer, vous suivre partout, ô bien-aimé Sauveur, être avec vous toujours, dussé-je y être sur la croix, être avec vous, être à vous, à la vie à la mort, dans le temps et dans l’éternité.

O Marie, Vierge toujours fidèle, vous qui avez réellement choisi la meilleure part, et qui avez aimé Jésus votre divin Fils plus qu’aucune créature ne l’aimera jamais, vous qui plus qu’aucune autre avez participé au calice de ses douleurs, obtenez-moi cet amour fort, généreux, désintéressé, qui fut toujours le caractère du vôtre.

Amour qui vous conduisit au Calvaire, sur les pas de l’adorable victime de notre salut, qui vous soutînt debout, au pied de l’autel sanglant de son sacrifice, et qui après la consommation de ce sacrifice vous donna le courage de vivre encore et de rester sur la terre aussi longtemps qu’il plut au Seigneur de vous y laisser. O Marie, glorieuse Reine des martyrs, soyez mon modèle, ma protectrice et ma mère. Ainsi soit-il.

Léonie Guillebaut

La vertu de courage nous fait réagir et crier non au mal qui existe dans le monde

La vertu de courage nous fait réagir
et crier non au mal qui existe dans le monde

A la vertu cardinale du courage « qui nous aide à surmonter les peurs, les angoisses et les épreuves de la vie, le Pape François consacre sa catéchèse au grand public d’aujourd’hui : « Elle fait de nous des marins résistants qui n’ont pas peur et ne se découragent pas ».

C’est aussi ce qui nous fait prendre au sérieux le défi du mal et de l’indifférence. Aujourd’hui, les personnes « inconfortables et visionnaires » sont rares, il convient de redécouvrir « la force de Jésus » dans l’Évangile.

Catéchèse – Les vices et les vertus – 15. La tempérance

 

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 17 avril 2024

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Résumé de la catéchèse

Chers frères et sœurs,

notre catéchèse porte aujourd’hui sur la dernière vertu cardinale qui est la tempérance. Elle est la capacité de se dominer soi-même, l’art de ne pas se laisser submerger par les passions rebelles et de mettre de l’ordre dans son cœur. Elle est la vertu de la juste mesure. La personne qui fait preuve de tempérance se comporte en chaque situation avec sagesse et jugement.

Elle a le don de l’équilibre qui est une qualité aussi précieuse que rare. La tempérance rime bien avec des attitudes évangéliques comme la petitesse, la discrétion, la dissimulation et la douceur. Elle permet de mieux goûter les biens de la vie. Le bonheur dans la tempérance est une joie qui s’épanouit dans le cœur de ceux qui reconnaissent et apprécient ce qui compte le plus dans la vie.

AUDIENCE

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, je parlerai de la quatrième et dernière vertu cardinale : la tempérance. Avec les trois autres, cette vertu partage une histoire très ancienne qui n’est pas l’apanage des seuls chrétiens. Pour les Grecs, la pratique des vertus avait comme objectif le bonheur. Le philosophe Aristote a écrit son plus important traité d’éthique en l’adressant à son fils Nicomaque pour l’instruire sur l’art de vivre.

Comment se fait-il que tout le monde recherche le bonheur et que si peu y parviennent ? Voici la question. Pour répondre à cette question, Aristote aborde le thème des vertus, parmi lesquelles l’enkráteia, c’est-à-dire la tempérance, occupe une place de choix.

Le terme grec signifie littéralement « pouvoir sur soi-même ». La tempérance est un pouvoir sur soi-même. Cette vertu est donc la capacité de se dominer soi-même, l’art de ne pas se laisser envahir par des passions rebelles, de mettre de l’ordre dans ce que Manzoni appelle le « fouillis du cœur humain ».

Le Catéchisme de l’Église Catholique nous dit que «la tempérance est la vertu morale qui modère l’attrait des plaisirs et procure l’équilibre dans l’usage des biens créés ».

Et poursuis le Catéchisme, « Elle assure la maîtrise de la volonté sur les instincts et maintient les désirs dans les limites de l’honnêteté. La personne tempérante oriente vers le bien ses appétits sensibles, garde une saine discrétion et ne se laisse pas entraîner pour suivre les passions de son cœur » (n° 1809).

Ainsi, la tempérance, comme le dit la parole italienne, est la vertu de la juste mesure. Dans toutes les situations, on se comporte avec sagesse, car les personnes qui agissent toujours sous le coup de l’impulsion ou de l’exubérance ne sont finalement pas fiables. Les personnes sans tempérance ne sont pas toujours fiables.

Dans un monde où tant de gens se vantent de dire ce qu’ils pensent, le tempérant préfère au contraire penser ce qu’il dit. Saisissez-vous la différence ? Ne pas dire ce qui me vient à l’esprit, ainsi… Non, penser à ce que je dois dire. Il ne fait pas de promesses en l’air, mais prend des engagements dans la mesure où il peut les tenir.

Même avec les plaisirs, la personne tempérante agit avec discernement. Le libre cours des pulsions et la licence totale accordée aux plaisirs finissent par se retourner contre nous-mêmes, nous plongeant dans l’ennui.

Combien de personnes qui ont voulu tout essayer avec voracité se sont retrouvées à perdre le goût de toute chose ! Mieux vaut alors rechercher la juste mesure : par exemple, pour apprécier un bon vin, mieux vaut le savourer par petites gorgées que de l’avaler d’un trait. Tous nous le savons.

La personne tempérante sait bien peser et doser les paroles. Elle pense à ce qu’elle dit. Elle ne laisse pas un moment de colère détruire des relations et des amitiés qui ne se reconstruiront que difficilement par la suite. En particulier dans la vie de famille, où les inhibitions sont réduites, nous courons tous le risque de ne pas maîtriser les tensions, les irritations et la colère.

Il y a un temps pour parler et un temps pour se taire, mais dans les deux cas, il faut savoir garder la mesure. Et cela vaut pour beaucoup de choses, par exemple être avec d’autres et rester seul.

Si la personne tempérante sait maîtriser sa propre irascibilité, ce n’est pas pour cela qu’on la verra toujours avec un visage paisible et souriant. En effet, il est parfois nécessaire de s’indigner, mais toujours de la manière juste. Ce sont là les termes : la juste mesure, la juste manière. Une parole de reproche est parfois plus salutaire qu’un silence aigre et rancunier.

La personne tempérante sait que rien n’est plus désagréable que de corriger l’autre, mais elle sait aussi que c’est nécessaire : sinon, on donnerait libre cours au mal. Dans certains cas, la personne tempérante parvient à tenir ensemble les extrêmes : elle affirme des principes absolus, revendique des valeurs non négociables, mais sait aussi comprendre les gens et faire preuve d’empathie à leur égard. Elle fait preuve d’empathie.

Le don de la personne tempérante est donc l’équilibre, une qualité aussi précieuse que rare. Tout, en effet, dans notre monde, pousse à l’excès. Au contraire, la tempérance se marie bien avec des attitudes évangéliques telles que la petitesse, la discrétion, la dissimulation, la douceur.

Qui est tempérant apprécie l’estime des autres, mais n’en fait pas le seul critère de chacun de ses actes et de chacune de ses paroles. Il est sensible, sait pleurer et n’en a pas honte, mais il ne pleure pas sur lui-même. Vaincu, il se relève ; victorieux, il est capable de retourner à la vie cachée de toujours. Il ne cherche pas les applaudissements, mais sait qu’il a besoin des autres.

Frères et sœurs, il n’est pas vrai que la tempérance rende maussade et sans joie. Au contraire, elle permet de mieux savourer les biens de la vie : être ensemble à table, la tendresse de certaines amitiés, la confiance des personnes sages, l’émerveillement devant les beautés de la création.

Le bonheur dans la tempérance est une joie qui fleurit dans le cœur de ceux qui reconnaissent et valorisent ce qui compte le plus dans la vie. Prions le Seigneur de nous faire ce don : le don de la maturité, de la maturité de l’âge, de la maturité affective, de la maturité sociale. Le don de la tempérance.

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Je salue cordialement les personnes de langue française, particulièrement les pèlerins provenant des paroisses et des établissements scolaires de France.

Apprenons à cultiver la vertu de la tempérance pour savoir contrôler nos paroles et nos actes, afin d’éviter des situations de conflits inutiles, et promouvoir la paix dans notre société.

Que Dieu vous bénisse !


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