EUCHARISTIE MÉDITÉE 26

EUCHARISTIE MÉDITÉE 26

Marche dans le désert. Lassitude. L’oasis ou le cœur du divin ami.

Je ne vous appellerai plus mes serviteurs, mais mes amis.

Eucharistie- Motif sculpté sur porte d'église - Bruxelles
Eucharistie- Motif sculpté sur porte d’église – Bruxelles

26e ACTION DE GRÂCES.

Comme le pauvre voyageur du désert, mon âme est venue à vous, ô Jésus, épuisée de lassitude, haletante de fatigue, brûlante de soif, triste, découragée et plus aride que le sable du désert.

Elle est venue vous demander, ô mon Sauveur, non de la consolation, mais la force de continuer son pénible voyage, et vous, ô bon maître, touché de ma misère vous me donnez ce que je ne vous demandais pas, vous appuyez mon cœur sur votre cœur, vous voulez qu’il se repose en lui, vous me rendez la joie de votre divine présence, votre main essuie mes larmes et vous étanchez ma soif aux eaux pures et vivifiantes de votre grâce.

Ah! soyez béni Seigneur, pour tant de bonté, de miséricorde et d’amour. Que le ciel et la terre s’unissent à moi pour vous louer, pour exalter à jamais la grandeur de vos miséricordes.

mour ne toucheront-ils pas vos cœurs, âmes toujours défiantes de la bonté de Jésus. Ah ! cessez de l’attrister par ces craintes continuelles, injurieuses à sa miséricorde et à l’amour qu’il a pour vous.

Le cœur de Jésus n’a pas changé, il est aujourd’hui ce qu’il était aux jours de sa vie mortelle, il vous aime comme il a aimé ses amis sur la terre ; ayez donc confiance en ce divin cœur, vous trouverez toujours en lui, quelles que soient vos imperfections et vos misères, qu’elles qu’aient été même les fautes de votre vie passée, la même douceur, la même bonté, la même miséricorde.

Pour vous pardonner les plus grandes fautes, Jésus ne demande de vous que le repentir, la confiance et l’amour. Avant d’être votre juge, il veut être votre sauveur, votre père, votre frère, votre ami.

Il est tout cela, surtout dans son Eucharistie, et quand il entre dans votre cœur par la sainte communion ce n’est pas pour vous condamner, mais pour vous rassurer, pour vous apporter la paix, la grâce et le pardon. Il désire votre confiance, il la veut, elle l’honore bien plus que vos craintes.

Ne la lui refusez donc plus, et qu’à l’avenir elle soit inébranlable et sans bornes. Elle est grande, elle est incompréhensible cette miséricorde, ô mon Dieu; mais elle l’est surtout quand elle s’exerce sur moi, la plus misérable et la plus indigne de vos créatures.

Comment votre œil si pur et si saint peut-il, ô mon Dieu, s’abaisser sans indignation et sans horreur sur cette âme ingrate qui si souvent n’a répondu à vos bienfaits que par des outrages, et que vous voyez encore si lâche à votre service, si peu généreuse avec vous, si ennemie de la croix, si prompte à se décourager et toujours prête à reculer devant les plus légers sacrifices.

Et cependant, ô Jésus, ce n’est pas un regard d’indignation et de colère que vous abaissez sur cette âme ingrate et infidèle, mais un regard de compassion et d’amour. Vous faites bien plus, Seigneur, que de la regarder avec pitié, poussé par votre infinie charité vous n’avez pas dédaigné de descendre en elle, de vous y unir, de vous donner tout à elle. Touché de son indigence, vous êtes venu la couvrir du riche manteau de vos mérites.

Vous avez vu sa faiblesse et vous avez voulu être vous-même sa force et son soutien. Vous avez voulu par votre divine présence, par la douce onction de votre grâce ranimer son courage et lui rendre plus faciles les légers sacrifices que vous demandez d’elle. Ah I vous le voyez, ô Jésus, quelque misérable, quelque ingrat que soit mon cœur, il ne peut rester insensible à tant de bienfaits et d’amour.

Vous triomphez, Seigneur, de sa froideur, de sa dureté ; il rougit de sa longue ingratitude, il la confesse et la déplore à vos pieds et ne veut vivre que pour réparer le passé, et vous dédommager par sa ferveur et sa fidélité de sa trop longue indifférence.

Oui, ô Jésus, je veux vous aimer ; je veux consacrer à votre amour le reste de ma vie, je veux qu’il soit le mobile de toutes mes actions, la fin de toutes mes intentions ; et soit que j’agisse, que je souffre ou que j’accomplisse un sacrifice, je veux que tout cela se fasse uniquement pour votre amour.

Mais je le sais, Seigneur, je ne puis rien sans votre grâce, je suis la faiblesse, l’inconstance même, et si vous m’abandonnez, je puis vous reprendre demain ce cœur que je vous donne aujourd’hui, que déjà je vous ai donné et repris tant de fois. Ah ! ne le permettez pas, ô mon Dieu, soutenez ma faiblesse, fixez mon inconstance et soyez vous-même le protecteur et le garant de mes promesses.

Je le sais, ô Jésus, je ne puis trop me défier de l’inconstance de ma volonté; trop souvent j’ai appris par une triste expérience à quel point je devais peu compter sur mes résolutions en apparence les plus solides.

Aussi n’est-ce pas sur moi que je compte, ce n’est pas sur ma disposition présente que je m’appuie, mais sur vous seul, ô Jésus, c’est en vous que je me confie, en vous seul que je veux me confier toujours, car je le sens, ô mon bien-aimé Sauveur, c’est ma confiance que vous voulez, une confiance sans bornes, inaltérable que vous me demandez comme marque de mon amour.

Ah ! trop longtemps, Seigneur, j’ai douté de celui que vous avez pour moi; trop longtemps j’ai méconnu votre divin cœur, je l’ai blessé en me défiant sans cesse de sa miséricorde et de sa bonté. Aujourd’hui, Seigneur, vous m’apprenez à le connaître, je crois à votre amour pour moi, à votre bonté, à votre miséricorde, et désormais je ne vous outragerai plus par d’injustes défiances.

Oui, ô Jésus, je crois à votre amour pour moi et que cette foi est douce et consolante pour mon cœur si souvent resserré par la crainte et flétri par la défiance.

Vous m’aimez, ô Jésus, cette pensée m’enivre de bonheur, mon âme la savoure avec délice. Je me repose sur ce divin amour, je me livre, je m’abandonne entièrement à lui, disposez de moi, ô mon bien-aimé, comme bon vous semblera, à l’avenir tout me sera doux, même les afflictions et les souffrances, puisque je verrai toutes choses comme venant d’un cœur qui m’aime et ne peut vouloir que mon bien.

Si vous m’éprouvez de nouveau par des sécheresses et des peines intérieures, si mon âme désolée se trouve comme elle l’a été tant de fois dans l’impuissance de vous prier autrement que par ses souffrances, si elle se retrouve sans goût, sans aucun sentiment de ferveur sensible à vos pieds. Je ne cesserai pas pour cela, ô Jésus, de me croire aimé de vous et d’espérer en votre infinie bonté.

Que mes peines soient une épreuve, ou un châtiment de mes fautes, je ne chercherai pas à le connaître et j’accepterai avec une égale soumission l’épreuve ou le châtiment. Aidé de votre grâce, ma confiance ne faiblira pas et je me souviendrai que tout ce qui vient de votre cœur est un bien et tourne à l’avantage de ceux que vous aimez.

Si vous les éprouvez, c’est une grâce. Si vous les châtiez dans le temps, c’est pour les épargner dans l’éternité. Si vous m’enlevez, ô Jésus, toute consolation, tout appui humain sur la terre, je ne m’en appuierai que plus fortement sur vous seul. Mon cœur pourra souffrir de son isolement, de l’abandon de toutes les créatures.

Mais il vous dira avec une plus entière confiance : Mon Dieu, soyez-moi toutes choses, tenez-moi lieu de tout ce que vous m’ôtez, pourvu que vous me restiez qu’importe que tous m’abandonnent, et me jetant dans votre divin cœur avec un plus parfait abandon je me reposerai en vous seul et ne chercherai plus d’autre appui que le vôtre, d’autre consolation que celle de souffrir pour vous et en union avec vous.

Enfin, ô Jésus, si vous permettez que je fasse encore la triste expérience de ma faiblesse, si je vous offense, mes fautes même n’altéreront pas ma confiance et ne me feront pas douter de votre miséricorde.

Je sais que vous m’aimez malgré ma fragilité, qu’un cri de repentir et d’amour vous fait oublier les plus graves offenses, et quand je tremblerai à la vue de votre redoutable justice, c’est dans vos bras que j’irai me réfugier, c’est dans votre cœur que je chercherai un asile, bien sûr qu’il ne me repoussera pas et que ce ne sera pas en vain que je ferai appel à sa miséricorde et à son amour.

O Marie, ma bonne et tendre mère, vous qu’on invoque à si juste titre comme le refuge des pauvres pécheurs, comme l’espoir de ceux qui n’en ont plus, vous êtes après Jésus le plus ferme appui de mon espérance.

Je mets en votre cœur maternel toute ma confiance, comme je la mets en celui de votre divin Fils. Je vous salue comme la douce étoile qui brillez sur le ciel nébuleux de ma vie pour ranimer mon courage et soutenir mon espérance quand elle chancelle.

Ah ! je le sais, une mère ne peut oublier son enfant, et votre main maternelle soutiendra ma faiblesse, elle guidera mes pas à travers le désert de la vie, je m’appuierai sur elle quand je me sentirai défaillir, elle essuiera mes larmes quand mes yeux fatigués d’en répandre se lèveront vers vous avec confiance et amour.

Enfin si je tombe elle me relèvera, et alors, ô Marie, vous serez mon avocate auprès de votre divin Fils, vous mettrez le repentir dans mon cœur et vous me réconcilierez avec lui. Et puis, ô ma tendre Mère, après m’avoir protégé, soutenu, guidé pendant ma vie, vous me protégerez encore au moment de ma mort, vous ne m’abandonnerez pas à ce moment redoutable qui décidera de mon éternité.

Vous me défendrez contre mes ennemis, vous me soutiendrez dans mes derniers combats, vous recueillerez mon dernier soupir, vous m’assurerez un jugement favorable et votre main miséricordieuse et chérie m’ouvrira un jour les portes du ciel. Ainsi soit-il.

Léonie Guillebaut

Saint Marc l’évangéliste

Saint Marc l’évangéliste

Saint Marc l'évangélist et le lion.
Saint Marc l’évangélist et le lion.

Le 25 avril, l’Église célèbre la fête de Saint Marc. Parmi les 4 Évangiles, c’est l’auteur du second, lequel est en fait le premier du point de vue de sa rédaction. La tradition la plus ancienne, remontant à Irénée de Lyon mort en 202, affirme que Marc l’évangéliste était un disciple et un interprète de l’Apôtre Pierre.

Marc naquit à Jérusalem et la première communauté chrétienne se rassemblait parfois dans la maison de sa mère (Actes 12, v. 12). Jean Marc ne fait pas partie des douze Apôtres de Jésus, mais peut-être est-il présent au jardin des Oliviers lors de l’agonie du Seigneur. On a vu souvent comme la signature discrète de son Évangile le trait suivant :

« Tous abandonnèrent Jésus en prenant la fuite. Un jeune homme le suivait, n’ayant qu’un drap sur le corps. On l’arrête : mais lui, lâchant le drap, s’enfuit tout nu » (Mc 14, 50-52).

Marc avait un nom double : Jean-Marc. Les Actes des Apôtres parlent d’un certain « Jean », surnommé « Marc » qui était en relation avec Pierre à Jérusalem (Ac 12, 12). Après la Pentecôte, encore très jeune, Marc est l’un de ces hommes prêts à partir vers les Nations païennes pour leur porter l’Évangile.

Plus loin dans le livre des Actes on apprend que ce « Jean »-« Marc » devient un disciple de Paul. Il l’accompagne dans ses missions auprès des gentils -les païens- (Ac 13, 5 ; 15, 37).

Il participe ainsi au premier grand départ, vers l’année 45, avec Paul et Barnabé son parent. Tout alla bien au début, mais quand il s’agit d’affronter l’entrée en Asie mineure par les monts du Taurus, Marc panique et retourne chez sa mère à Jérusalem. Plus tard, pour le second voyage missionnaire, Barnabé insiste auprès de Paul pour que Marc parte avec eux :

« Mais Paul ne fut pas d’accord de reprendre comme compagnon celui qui les avait abandonnés en Pamphylie. Leur désaccord s’aggrava tellement que chacun partit de son côté: Barnabé avec Marc s’embarqua pour Chypre, tandis que Paul s’adjoignait Silas » (Actes 15, 37-40).

A la fin, au moment de la captivité et du martyre de Pierre et de Paul à Rome, Marc se retrouve intime de l’un et l’autre. Saint Paul parle de lui dans sa lettre aux Colossiens (Col 4, 10), le disant proche de lui à Rome; de même saint Pierre dans sa première lettre (1 P 5, 13) le reconnait comme étant son ami, présent avec lui dans la Capitale de l’Empire.

On ne sait pas comment se termina la vie de Jean-Marc, rédacteur de l’Évangile, où il se montre très influencé par le témoignage de Pierre qui l’appelait son fils. Marc était donc proche des deux colonnes de l’Église, Pierre et Paul, pourtant il demeure un personnage second.

Bien longtemps l’évangile selon Saint Marc est resté dans l’ombre des trois autres : Mathieu, Luc et Jean. Plus court avec seulement 16 chapitres et donc plus concis, ce texte ne s’encombre pas de détails ou d’envolées spirituelles ou théologiques. Il a été écrit pour être appris par cœur et récité lors des assemblées liturgiques.

L’accord aujourd’hui se fait pour reconnaître l’évangile selon saint Marc comme étant le plus ancien des quatre textes de l’Évangile de Jésus-Christ. Saint Marc est spécialement vénéré en Égypte à Alexandrie. Il est aussi le saint patron de Venise. L’iconographie aime le représenter avec le lion.

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

EUCHARISTIE MÉDITÉE 25

EUCHARISTIE MÉDITÉE 25

Marie et l’Eucharistie.

Venez, mangez le pain que je vous ai préparé. Proverbes 9, 6

Eucharistie- Motif sculpté sur porte d'église - Bruxelles
Eucharistie- Motif sculpté sur porte d’église – Bruxelles

25e ACTION DE GRÂCES.

Je vous adore, ô Agneau de Dieu immolé pour le salut du monde, gloire et splendeur du grand Dieu des éternités, Verbe divin qu’il engendre éternellement et qui lui êtes égal en toutes choses ; et c’est en moi que je vous adore, ô vous qui êtes celui qui est!… Vous l’immensité!… l’éternité!… la vie!…

Vous êtes descendu jusqu’à moi qui ne suis rien, moi que votre souffle a tiré hier du néant et qui demain ne serai plus, moi grain de poussière, atome perdu dans la chaîne des êtres, moi enfin, marqué par le péché et qui suis indigne même de vos regards.

O prodige, ô excès de l’amour de mon Dieu dans son Eucharistie ! Transporté par cet amour, vous oubliez, Seigneur, et ce que vous êtes et ce que je suis, vous vous abaissez, vous descendez jusqu’à moi. Que dis-je, vous vous donnez tout à moi, vous voulez ne plus faire qu’un avec moi.

Mais pourquoi tant d’anéantissements ? Que prétendez-vous faire, ô Jésus? Que venez-vous chercher dans une âme si indigne de vous, dans cet abîme d’imperfections et de misères? J’aime pour être aimé, me répondez-vous au fond du cœur.

Ce que je veux, c’est ton amour. J’ai soif d’être aimé, soif de l’amour des hommes ; cette soif me dévore, elle me consume, elle m’a attiré du ciel dans le sein de Marie, elle m’a conduit à Bethléem, de Bethléem au Calvaire, du Calvaire à l’autel. Mais quoi, Seigneur ! quel attrait a donc pour vous l’amour de l’homme, de cette créature déchue, souillée de tant de péchés, si fragile, si inconstante et si impuissante à vous payer d’un juste retour ?

En quoi cet amour peut-il ajouter à votre bonheur? Comment pouvez-vous en être glorifié ? Ne trouvez-vous pas au ciel bien plus que ce que vous êtes venu chercher sur la terre? Ne voyez-vous pas les légions innombrables des esprits célestes brûler pour vous des plus vives ardeurs et se consumer d’amour au pied du trône de votre éternité ?

C’est vrai, semblez-vous encore me répondre, ô mon adorable Sauveur, je n’ai besoin ni des anges ni des hommes; leur amour ne peut en rien accroître mon bonheur et ma gloire, mais l’homme souffre, il est petit, il est faible, et ce sont ses souffrances, c’est sa petitesse, sa faiblesse qui m’attirent vers lui.

Je veux le rendre grand en l’unissant à moi, être sa force, sa lumière, sa vie, et en lui demandant son amour, ce n’est pas mon bonheur que je cherche, mais le sien.

Car il poursuit en vain ce bonheur pour lequel il se sent créé, il le cherche dans les plaisirs des sens, dans les créatures, dans les jouissances de la terre, et il ne le trouve nulle part ; son cœur est fait pour moi, et seul je puis combler l’immensité de ses désirs et le rendre heureux.

O excès de la miséricorde et de l’amour du cœur de Jésus, pourquoi donc êtes-vous si peu connu ? Pourquoi vos ingrates créatures repoussent-elles les avances de votre miséricorde? Hélas ! vous les appelez et elles vous fuient, vous leur offrez le bonheur et elles le repoussent.

Vous voulez vous donner tout à elles dans votre Eucharistie, unir votre vie à leur vie, vous faire le compagnon de leur exil, être avec elles pour les consoler dans leurs peines, pour essuyer leur larmes, pour les soutenir dans leurs faiblesses, et en échange de tant de bienfaits, vous ne leur demandez que le don de leur cœur, qu’elles vous refusent avec obstination.

Mais que dis-je, Seigneur î non contentes de vous refuser leur cœur, elles vous outragent, elles vous méprisent, vous abandonnent, elles vous haïssent. O prodige d’ingratitude ! ô excès de perversité qui devrait faire descendre sur la terre tous les fléaux de votre colère, toutes les foudres de votre justice ! Comment est-il possible de ne pas aimer l’amour? comment est-il possible de le haïr ?

Ah ! qui me donnera, ô Jésus, assez de larmes pour pleurer sur les outrages dont on vous abreuve dans le sacrement de votre amour! Que puis-je faire? que puis-je vous offrir en réparation de l’ingratitude et des crimes de votre peuple? Où trouver un cœur assez pur, assez brûlant d’amour pour vous dédommager de celui qu’on vous refuse? Que mon propre cœur n’est-il ce cœur que je voudrais avoir pour vous l’offrir !

Que ne m’est-il possible de réunir en lui tout l’amour dont les neuf chœurs des anges vous aiment dans le ciel, tout celui des saints qui vous ont le plus aimé sur la terre! Mais, hélas ! ô mon Dieu, si je descends dans le fond de ce pauvre cœur, je le trouve froid, indifférent, glacé, sans ardeur à votre service, sans zèle pour votre gloire, sans générosité, sans courage dans les légers sacrifices que votre grâce me demande, en un mot sans amour.

Et je comprends, ô Jésus, que moi-même je blesse votre cœur par ma tiédeur, mon insensibilité, mes négligences à votre service, et mes continuelles infidélités.

Oui, je sens qu’avant de vous faire réparation pour les fautes de mes frères, je dois vous la faire pour celles qui me sont personnelles, et me mettre au premier rang des pécheurs pour lesquels je viens solliciter votre infinie miséricorde, me reconnaissant en toute vérité comme le plus misérable et le plus coupable d’entre eux.

Souffrez donc, ô Jésus, que je vous fasse réparation et que je vous demande humblement pardon pour mes propres fautes, fautes qui doivent blesser d’autant plus profondément votre divin cœur que vous m’avez comblé de plus de bienfaits et de grâces plus grandes. Vous ne m’avez pas traité comme un serviteur, mais comme un ami, comme un tendre père traite un enfant chéri.

Ah ! si les pécheurs qui vous offensent le plus, avaient reçu de vous les mêmes grâces, ils y auraient sans doute correspondu mieux que moi, ils auraient été moins ingrats et vous offriraient aujourd’hui des cœurs brûlants d’amour et pénétrés de la plus vive reconnaissance.

Je rougis de mon ingratitude, ô mon aimable Sauveur, je la confesse et la déplore à vos pieds et je vous demande humblement pardon de la froideur avec laquelle je me suis si souvent approché de vous dans le sacrement de votre amour, du peu de préparation et des dispositions imparfaites que j’ai apportées à la sainte communion, du peu de fruit que j’en ai retiré, du peu d’empressement que j’ai eu à vous visiter dans l’adorable sacrement où l’amour vous retient captif, des égarements de mon esprit et des distractions auxquelles je me suis volontairement laissé aller en votre divine présence.

Je me repens de toutes ces fautes, ô mon bien-aimé Jésus, daignez me les pardonner et les effacer de votre souvenir, comme je voudrais pouvoir les effacer de ma vie. Lavez-les dans le sang adorable que vous venez de me donner, couvrez-les, couvrez ma vie toute entière de votre grande, de votre infinie miséricorde.

Mais ce n’est pas seulement pour moi, ô Jésus, que je dois implorer votre miséricorde; je dois également la solliciter pour mes frères, et vous faire amende honorable pour ceux qui n’y pensent pas.

Souffrez, Seigneur, qu’entrant dans les sentiments de miséricorde et de charité de votre divin cœur, je vous adresse pour eux la prière que vous adressâtes vous-même à votre Père pour les bourreaux qui venaient de vous attacher à la croix : « Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. »

Oui, ô Jésus, pardonnez à tous ceux qui vous outragent, à tous ceux qui vous méprisent, à tous ceux qui vous abandonnent, à tous ceux qui vous haïssent Hélas! ils ne savent pas en réalité ce qu’ils font, ils ne vous connaissent pas. S’ils vous connaissaient, ils vous aimeraient.

Ah ! ouvrez-leur, ô mon Dieu, les trésors de votre miséricorde, dessillez les yeux de tous ces pauvres aveugles; qu’un rayon de votre lumière descende dans leur âme, qu’une grâce forte, puissante les amène à vos pieds contrits et repentants, et que l’amour enchaîne leurs cœurs à vos autels et les rive à la porte de votre tabernacle.

O Marie ! refuge assuré des pauvres pécheurs, vous dont le cœur est tout brûlant d’amour et consumé de zèle pour Jésus dans son Eucharistie, daignez être notre avocate, notre médiatrice auprès de lui.

Ah ! surtout soyez la réparatrice des crimes de vos malheureux enfants; offrez-lui la douleur si amère et si profonde qui brisait votre âme à la seule prévision des outrages auxquels il serait en butte dans le sacrement de son amour.

Que les vertus de votre cœur immaculé couvrent devant lui la multitude de nos iniquités. Que la voix de votre humilité demande pardon pour notre orgueil. Que votre pureté virginale, votre chasteté sans tache sollicitent sa miséricorde en faveur de tant d’âmes avilies par le vice impur.

Que votre amour delà pauvreté, votre détachement des biens de la terre répare notre cupidité, notre amour désordonné des richesses. Que les louanges que vous lui avez données soient la réparation des blasphèmes que l’hérésie et l’impiété ne cessent de vomir contre lui.

Offrez enfin à votre Jésus, ô tendre Mère, l’ardent amour que vous aviez pour lui dans son Eucharistie, en réparation de notre froideur, de notre indifférence, du mépris de tant d’ingrats pour cet adorable sacrement, et que la ferveur de vos actions de grâces supplée à l’impuissance où nous sommes de le remercier dignement de cet inestimable bienfait.

Augmentez encore, ô Marie, l’amour de l’Eucharistie dans toutes les âmes fidèles. Faites qu’elles redoublent de respect, de zèle et d’hommage pour l’hôte divin du tabernacle.

Que l’amour les enchaîne à ses pieds ; qu’elles s’y consument de ses brûlantes ardeurs ; qu’elles l’aiment pour ceux qui ne l’aiment pas ; qu’elles le visitent pour ceux qui le délaissent; et qu’heureuses de former autour de ses autels une garde d’honneur, elles le consolent et le dédommagent, par leurs adorations et leur dévouement, du mépris et de l’ingratitude de ceux qui l’abandonnent. Ainsi soit-il.

Léonie Guillebaut

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