Saint Jean de Dieu et la Miséricorde
En ce 8 mars, l’Église fait mémoire de saint Jean de Dieu, religieux, fondateur des Frères de la Charité. Né au Portugal, après une vie pleine d’aventures et de périls, où il fut tour à tour en Espagne berger, régisseur, soldat, pèlerin et marchand d’images, mais avec le désir d’une vie meilleure.
Il construisit à Grenade un hôpital où il servit et soigna avec une constante charité les pauvres et les malades, et s’adjoignit des compagnons qui constituèrent plus tard l’Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Dieu. Il s’en alla vers le repos éternel en 1550. (Martyrologe romain)
A huit ans, pour des raisons que l’on ignore, le petit portugais Joao Ciudad fait une fugue et se retrouve, vagabond, sur les routes. Pendant 33 ans, il va mener une vie d’errance: enfant-volé puis abandonné par un prêtre-escroc, il parcourt l’Espagne.
Tour à tour berger, soldat, valet, mendiant, journalier, infirmier, libraire… Le vagabond, un moment occupé à guerroyer contre les Turcs en Hongrie, se retrouve à Gibraltar. Et c’est là qu’un sermon de saint Jean d’Avila le convertit.
Il en est si exalté qu’on l’enferme avec les fous. Libéré sur les instances de Jean d’Avila, il resta comme infirmier, puis fit un pèlerinage à Notre-Dame de Guadalupe d’Estramadure. Tandis qu’il priait devant une image de la Vierge, Marie daigna se pencher vers lui pour déposer sur ses bras l’Enfant Jésus avec des langes et des vêtements pour le couvrir.
Puis son dévouement éclot en œuvres caritatives. Tout ce qu’il a découvert et souffert, va le faire devenir bon et miséricordieux pour les misérables. Il collecte pour eux, ouvre un hôpital, crée un Ordre de religieux, l’Ordre de la Charité. L’hôpital qu’il a fondé à Grenade donnera naissance aux Frères Hospitaliers de Saint Jean de Dieu.
Au moment de mourir, il dira: « Il reste en moi trois sujets d’affliction : mon ingratitude envers Dieu, le dénuement où je laisse les pauvres, les dettes que j’ai contractées pour les soutenir. »
Saint Jean de Dieu aimait exhorter ses amis par rapport à la nature miséricordieuse de Dieu et à la confiance qu’elle suscite.
Dans sa première Lettre à la Duchesse de Sessa, il écrit : « Si nous considérons combien grande est la miséricorde de Dieu, jamais nous ne cesserions de faire le bien quand nous le pouvons ; car, donnant aux pauvres, pour son amour, ce que lui-même nous a donné, c’est le centuple qu’il nous promet, en la bienheureuse éternité. »
Saint Jean de Dieu, a été déclaré Protecteur des hôpitaux et des malades, en même temps que Saint Camille de Lellis, par Léon XIII le 22 juin 1886. Pie XI les a proclamés, tous deux, patrons du personnel des hôpitaux.
L’année passée, cette fête pris un sens tout particulier du fait qu’elle coïncidait avec l’Année de la miséricorde voulue par le pape François. Mais qu’entendons-nous par « miséricorde » ? D’où vient ce terme ? Qu’évoque-t-il à chacun ? Quelle représentation s’associe à son évocation ? Comment se traduit la miséricorde dans nos pratiques ? Comment pouvons-nous la mettre en valeur ?
C’est le regard porté les uns sur les autres, pour proposer un accueil inconditionnel, qui restaure la personne, l’accompagnement dans la durée, jusqu’au bout, qui retient l’attention, avec le passage d’un relais nécessaire entre les personnes, entre les soignants. C’est la confiance dans le changement, permettant la fidélité dans l’accompagnement. Enfin c’est l’accueil de la différence en osant la bienveillance.
En ouvrant une Année Sainte de la miséricorde au nom de l’Église catholique, le Pape François a écrit : « La miséricorde, c’est la loi fondamentale qui habite le cœur de chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère qu’il rencontre sur le chemin de la vie. La miséricorde c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours.»