Le Pape à New-York
Samedi 19 avril 2008, le pape Benoît XVI a encouragé l’Église des États-Unis à tourner la page de la crise qu’elle a vécue ces dernières années, non seulement à cause des scandales liés à certains prêtres, mais aussi à cause des divisions qui ont surgi après le Concile Vatican II (1965-66).
Il a célébré la messe, dans la cathédrale Saint-Patrick, à New-York, en plein cœur de Manhattan, avec quelque 3000 prêtres, et la présence de diacres, de religieux et religieuses.
Le cardinal Egan, archevêque de New-York a accueilli le pape et dans une courte intervention avant la messe, le maire, Michael Bloomberg, a parlé de « jour historique pour New-York. »
Cette messe « pour l’Église universelle » marquait aussi le troisième anniversaire de son pontificat. La cathédrale étant pleine, plusieurs milliers de fidèles se sont rassemblés dans la Cinquième Avenue, d’où ils ont suivi la messe grâce aux écrans géants.
(Vendredi après-midi : Synagogue de Park East ; dimanche : Ground Zero et Yankee Stadium)
Durant son homélie à St Patrick, le Saint Père a dit : « Nous avons peut-être perdu de vue que dans une société dans laquelle beaucoup voient l’Église comme juridique et ‘institutionnelle’, notre défi le plus urgent est de transmettre la joie qui naît de la foi et de l’expérience de l’amour de Dieu. »
Il invite donc les prêtres, les religieux, même les séminaristes présents à « une foi toujours plus profonde dans la puissance infinie de Dieu qui transforme toute situation humaine, crée la vie de la mort et éclaire également la nuit la plus sombre ».
Le secret, c’est de voir la réalité avec les yeux de Dieu, en réalisant une « conversion intellectuelle ». Cette conversion intellectuelle « n’est-elle pas aussi nécessaire que la conversion ‘morale’ pour notre croissance dans la foi, pour notre discernement des signes des temps et pour notre contribution personnelle à la vie et la mission de l’Église ? »
« L’une des plus grandes désillusions qui a suivi » le concile Vatican II, ce sommet d’évêques du monde, a été « l’expérience de la division entre différents groupes, générations et membres de la même famille religieuse ».
« Nous ne pouvons avancer que si nous fixons ensemble notre regard sur le Christ ! Avec la lumière de la foi nous découvrirons alors la sagesse et la force nécessaires pour nous ouvrir à des points de vue qui ne coïncident pas toujours complètement avec nos idées et nos suppositions. »
Ainsi, « nous avancerons ensemble vers le véritable renouveau spirituel que souhaitait le Concile, l’unique renouveau qui puisse renforcer l’Église dans la sainteté et l’unité indispensable pour la proclamation efficace de l’Évangile dans le monde d’aujourd’hui ».
A propos du scandale des abus sexuels, le pape a exprimé sa « proximité spirituelle » aux prêtres et aux religieux en disant :
« Je me sens unis à vous en priant pour que ce soit un temps de purification pour chacun et pour chaque Église et communauté religieuse, et également un temps de guérison. Je vous encourage par ailleurs à collaborer avec vos évêques qui continuent de travailler efficacement pour résoudre ce problème… L’Église en Amérique connaîtra ainsi un nouveau printemps. »
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Vendredi après-midi, Benoît XVI s’était rendu dans une synagogue de New York, la synagogue de Park East, dans la Lexington Avenue, pour manifester son estime à la communauté juive et présenter aux juifs ses vœux pour la fête de la Pesah, la Pâque juive, qui commençait.
« C’est émouvant de penser que Jésus, quand il était petit, a écouté les paroles des Écritures et prié dans un lieu comme celui-ci », a dit le pape lors d’une rencontre chaleureuse.
Accueilli par le rabbin de la synagogue, Arthur Schneider, né à Vienne, en Autriche, qui a survécu à l’Holocauste et a émigré aux États-Unis en 1947, le pape a encouragé toutes les personnes présentes « à continuer à construire des ponts d’amitié avec tous les groupes religieux et ethniques » de leur entourage.
« Je vous assure particulièrement de ma proximité en ce moment, alors que vous vous préparez à célébrer les dons du Tout-puissant et chanter ses louanges, lui qui a fait tant de merveilles pour son peuple. »
Jeudi après-midi, le pape avait déjà rencontré un groupe de juifs à Washington, à qui il avait remis un message pour Pâques :
« Notre Pâque et votre Pesah, bien que distinctes et différentes, nous unissent dans une commune espérance fondée sur Dieu et sur sa miséricorde. Elles nous pressent de coopérer les uns avec les autres et avec tout homme et toute femme de bonne volonté pour édifier un monde meilleur pour tous, dans l’attente de l’accomplissement des promesses du Seigneur. »
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A 14H40 GMT, Benoît XVI est allé prier dimanche sur le site de « Ground Zero » à New-York pour les quelques 3.000 victimes des attentats suicide du 11 septembre 2001 et leurs familles.
Il est venu avec une quinzaine de parents de personnes tuées lors de l’effondrement des deux tours jumelles du World Trade Centre (WTC) frappées par deux avions de ligne détournés, et avec des parents de quatre secouristes qui ont péri et de quatre rescapés.
Dès son arrivée, le pape s’est agenouillé sur un prie-dieu, dressé sur un terre-plein recouvert d’un tapis jaune et blanc aux couleurs du Vatican, face à un gros cierge à allumer en signe de résurrection.
Cette cérémonie chargée d’émotion marque le sixième et dernier jour de la première visite de Benoît XVI aux États-Unis. Il a été accueilli par le maire de New-York, Michael Bloomberg, et par une délégation des services de secours (pompiers, police, protection civile) qui ont payé un lourd tribut en tentant de sauver des vies dans les tours en flammes, ainsi que par des blessés et des proches de victimes.
Après un temps de prière silencieuse, le pape a allumé le cierge et prié en anglais pour toutes les victimes et leurs proches.
Le pape a demandé à Dieu d’apporter « la paix dans un monde violent » et de « faire retrouver le chemin de l’amour à ceux dont le cœur et l’esprit sont consumés par la haine ».
Le pape a serré longuement les mains et adressé des paroles de réconfort à plusieurs membres des familles des victimes des attentats. La cérémonie, sobre et recueillie, a duré une demi-heure environ.
PRIÈRE DU PAPE BENOÎT XVI
Ground Zero, New York
Dimanche 20 Avril 2008
O Dieu d’amour, de compassion et de guérison,
regarde-nous, nous qui sommes de confessions et de traditions différentes,
et qui nous réunissons aujourd’hui sur ce site,
scène d’une violence et d’une douleur incroyable.
Nous te demandons dans ta bonté
de donner la lumière éternelle et la paix
à tous ceux qui sont morts ici –
les premiers intervenants héroïques:
nos pompiers, agents de police,
travailleurs des services d’urgence, personnel de l’Administration portuaire,
ainsi que tous les hommes et les femmes innocents
qui ont été victimes de cette tragédie
simplement parce que leur travail ou leur service
les a amenés ici, le 11 septembre 2001.
Nous te demandons, en ta compassion
d’apporter l’apaisement à ceux
qui, en raison de leur présence ici ce jour-là,
souffrent de blessures et de maladies.
Guéris, aussi, la douleur des familles encore endeuillées
et celle de tous ceux qui ont perdu des êtres chers dans cette tragédie.
Donne-leur la force de continuer leur vie avec courage et espoir.
Nous pensons bien aussi
à ceux qui ont souffert de la mort, de blessures et de pertes
le même jour, au Pentagone et à Shanksville, en Pennsylvanie.
Nos cœurs sont unis aux leurs
comme notre prière embrasse leur douleur et leur souffrance.
Dieu de paix, apporte ta paix à notre monde violent:
la paix dans les coeurs de tous hommes et de toutes les femmes
et la paix entre les nations de la terre.
Convertis à ton chemin d’amour
ceux dont les cœurs et les esprits
sont consumés par la haine.
Dieu de compréhension,
débordés par l’ampleur de cette tragédie,
nous cherchons à ce que tu nous éclaires et nous guides,
alors que nous sommes confrontés à ces terribles événements.
Fais que ceux dont les vies ont été épargnées
puissent vivre de manière à ce que les vies perdues ici
n’aient pas été perdues en vain.
Réconforte-nous et console-nous,
renforce-nous dans l’espérance,
et donne-nous la sagesse et le courage
d’oeuvrer sans relâche pour un monde
où règnent une paix et un amour vrais
Entre les nations et dans le cœur de tous.
Traduction personnelle
Texte original en anglais
© Copyright 2008 – Libreria Editrice Vaticana
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Dans l’après-midi, Benoit XVI a lancé un appel à l’unité aux catholiques des États-Unis et s’est engagé résolument contre l’avortement au cours de la messe célébrée devant près de 60.000 fidèles au Yankee Stadium de New York, l’un des stades historiques de New-York construit en 1923. Les papes Paul VI et Jean Paul II y ont déjà célébré la messe.
Il a rappelé les « seules vérités qui garantissent le respect de la dignité et des droits de chaque Homme », citant surtout les droits « de chaque femme et de chaque enfant dans le monde, même des enfants non encore nés dans le ventre de leur mère ».
Avant, il a demandé aux catholiques américains de rester unis face à l’avenir et de surmonter les égoïsmes et les divergences qui séparent les communautés, car « le visage de la communauté catholique dans votre pays a considérablement changé ».
Ainsi, dans cette dernière messe avant de quitter les États-Unis, où il a effectué une visite de six jours, à Washington et New-York, le pape a rendu hommage à la diversité ethnique des États-Unis et à ses aspirations à la liberté.
« Nous pensons aux vagues continues d’immigrants, dont les traditions ont considérablement enrichi l’Église en Amérique ».
Pour Benoit XVI, il convient de surmonter les divergences entre communautés, et de canaliser les aspirations à la liberté individuelle d’une façon conforme aux valeurs chrétiennes.
Ainsi s’est achevé le sixième et dernier jour de la première visite de Benoît XVI aux États-Unis.
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Voici le texte intégral de l’homélie que le pape Benoît XVI a prononcé au cours de la messe qu’il a présidée ce dimanche au « Yankee Stadium » de New York aux États-Unis.
Chers Frères et Sœurs dans le Christ,
Dans l’Évangile que nous venons d’écouter, Jésus dit à ses Apôtres de mettre leur foi en lui, car il est «le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6). Le Christ est le chemin qui conduit au Père, la vérité qui donne sens à l’existence humaine, et la source de cette vie qui est éternelle joie avec tous les saints, dans son Royaume céleste. Prenons le Seigneur au mot ! Renouvelons notre foi en lui et de mettons tous nos espoirs dans ses promesses!
Avec cet encouragement à persévérer dans la foi de Pierre (cf. Lc 22:32; Mt 16:17), je vous salue tous avec une grande affection. Je remercie le Cardinal Egan pour ses paroles cordiales de bienvenue à votre nom. Lors de cette messe, l’Église des États-Unis célèbre le deux centième anniversaire de la création des sièges de New-York, Boston, Philadelphie, Louisville à partir du siège « mère » de Baltimore. La présence autour de cet autel du Successeur de Pierre, de ses frères évêques et prêtres, et des diacres, des religieux et des religieuses, et des fidèles laïcs venus de tous les cinquante États de l’Union, manifeste de façon éloquente notre communion dans la foi catholique qui nous vient des Apôtres.
Notre célébration d’aujourd’hui est aussi un signe de la croissance impressionnante que Dieu a donné à l’Eglise dans votre pays au cours des deux cents ans. D’un petit troupeau, comme celui décrit dans la première lecture, l’Église en Amérique a été construite dans la fidélité au double commandement de l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Dans cette terre de liberté et de possibilités, l’Église a largement réuni un troupeau diversifié dans la profession de la foi, et, à travers ses nombreuses œuvres éducatives, caritatives et sociales, a également contribué de manière significative à la croissance de la société américaine dans son ensemble.
Cette grande réalisation n’a pas été sans difficultés. Aujourd’hui, la première lecture, tirée des Actes des Apôtres, parle de tensions linguistiques et culturelles déjà présentes au sein de la plus ancienne communauté ecclésiale. Dans le même temps, elle montre la puissance de la Parole de Dieu, proclamée avec autorité par les Apôtres et reçue dans la foi, pour créer une unité qui transcende les divisions découlant de la faiblesse et des limites humaines. Ici, on nous rappelle une vérité fondamentale : que l’unité de l’Église n’a pas d’autre base que le Verbe de Dieu, fait chair en Jésus-Christ notre Seigneur. Tous les signes extérieurs de l’identité, de l’ensemble des structures, des associations et des programmes, aussi précieux, voire indispensable soient-ils, n’existent en définitive que pour soutenir et encourager l’approfondissement de l’unité qui, dans le Christ, est don indéfectible de Dieu à son Église.
La première lecture rend clairement, comme nous le voyons par l’imposition des mains sur les premiers diacres, que l’unité de l’Église est «apostolique». Il s’agit d’une unité visible, enracinée dans les apôtres que le Christ a choisis et nommés comme témoins de sa résurrection, et elle est née de ce que les Écritures appellent « l’obéissance de la foi» (Rm 1:5, cf. Actes 6:7).
« Autorité »… « obéissance ». Pour être franc, ces mots ne sont pas des mots faciles à prendre aujourd’hui. Des mots comme ceux-ci représentent une «pierre d’achoppement» pour beaucoup de nos contemporains, en particulier dans une société juste, qui accorde une grande valeur à la liberté personnelle. Pourtant, à la lumière de notre foi en Jésus-Christ – « le chemin et la vérité et la vie » – nous venons de voir, dans toute leur signification, la valeur et la beauté de fait, de ces mots. L’Évangile nous enseigne que la véritable liberté, la liberté des enfants de Dieu, se trouve uniquement dans la remise de soi qui fait partie du mystère de l’amour. C’est seulement en nous perdant nous-mêmes, nous dit le Seigneur , que nous pouvons vraiment nous retrouver (cf. Lc 17:33). La vraie liberté s’épanouit lorsque nous nous détournons du poids du péché, qui embrume nos perceptions et affaiblit notre détermination, et trouve la source de notre bonheur ultime en Lui, qui est l’amour infini, la liberté infinie, la vie infinie. « Dans sa volonté est notre paix ».
La liberté réelle, alors, est un don gracieux de Dieu, le fruit de la conversion à sa vérité, la vérité qui nous rend libres (cf. Jn 8,32). Et cette liberté dans la vérité apporte dans son sillage une façon nouvelle et libératrice de voir la réalité. Lorsque nous avons revêtons « l’esprit du Christ» (cf. Ph 2,5), de nouveaux horizons s’ouvrent à nous! À la lumière de la foi, dans la communion de l’Église, nous trouvons également l’inspiration et la force de devenir un levain de l’Évangile dans le monde. Nous devenons la lumière du monde, le sel de la terre (cf. Mt 5:13-14), chargés de l' »apostolat » de rendre nos propres vies et le monde dans lequel nous vivons, toujours plus pleinement conformes au plan de salut de Dieu.
Cette magnifique vision d’un monde transformé par la vérité libératrice de l’Évangile se reflète dans la description de l’Église trouvée dans le contexte actuel de la deuxième lecture. L’Apôtre nous dit que le Christ, ressuscité d’entre les morts, est la clef de voûte d’un grand temple qui s’élève encore aujourd’hui dans l’Esprit. Et nous, les membres de son corps, à travers le Baptême, nous sommes devenus des « pierres vivantes » dans ce temple, participant à la vie de Dieu par la grâce, bénis par la liberté des fils de Dieu, et habilités à offrir des sacrifices spirituels, à lui agréables ( Cf. 1 P 2,5). Et quelle est cette offrande que nous sommes appelés à faire, si ce n’est d’orienter chacune de nos pensées, paroles et actions vers la vérité de l’Évangile et de mobiliser toutes nos énergies au service du Royaume de Dieu ? C’est seulement de cette façon que nous pouvons bâtir avec Dieu, sur l’unique fondation qui est le Christ (cf. 1 Cor 3:11). C’est seulement de cette manière que l’on peut construire quelque chose qui va vraiment durer. Ce n’est qu’ainsi que notre vie peuvent trouver un sens ultime et porter un fruit durable.
Aujourd’hui, nous rappelons le bicentenaire d’un tournant dans l’histoire de l’Église aux États-Unis: le premier grand chapitre de sa croissance. En ces deux cents ans, le visage de la communauté catholique dans votre pays a beaucoup changé. Nous pensons aux vagues successives d’immigrants dont les traditions ont enrichi l’Église en Amérique. Nous pensons à la force de la foi qui a construit le réseau d’églises, les institutions d’éducation, de soins de santé et les institutions sociales qui ont longtemps été la marque de l’Église sur cette terre. Nous pensons aussi à ces innombrables pères et mères qui ont transmis la foi à leurs enfants, au ministère stable des nombreux prêtres qui ont consacré leur vie au soin des âmes, et à l’incalculable contribution apportée par tant de religieux hommes et femmes, qui ont non seulement appris à des générations d’enfants à lire et à écrire, mais aussi inspiré dans leur vie le désir de connaître Dieu, de l’aimer et de le servir. Combien de « sacrifices spirituels, agréables à Dieu» ont été offerts en ces deux siècles ! Sur cette terre de liberté religieuse, les catholiques ont trouvé non seulement la liberté de pratiquer leur foi, mais aussi de participer pleinement à la vie civique, par l’apport de leurs plus profondes convictions morales sur la place publique et la coopération avec leurs voisins dans l’élaboration d’une dynamique société démocratique. La célébration d’aujourd’hui est plus qu’une occasion de gratitude pour les grâces reçues. C’est également une incitation à aller de l’avant avec la ferme détermination d’utiliser judicieusement les bienfaits de la liberté, afin de construire un avenir d’espoir pour les générations à venir.
« Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple qu’il revendique pour sien, afin d’annoncer ses œuvres glorieuses » (1 P 2,9). Ces paroles de l’Apôtre Pierre ne sont pas simplement pour nous rappeler la dignité qui est la nôtre par la grâce de Dieu, mais aussi nous pour nous mettre au défi d’être de plus en plus fidèle à l’héritage glorieux que nous avons reçu dans le Christ (cf. Ep 1,18) . Elles nous incitent à examiner nos consciences, à purifier nos cœurs, à renouveler notre engagement baptismal pour rejeter Satan et toutes ses vaines promesses. Elles nous incitent à être un peuple joyeux, des hérauts de l’indéfectible espérance (cf. Rm 5,5), née de la foi en la Parole de Dieu et de la confiance en ses promesses.
Chaque jour, dans ce pays, vous et bien de vos voisins, puissiez-vous priez le Père avec les propres mots du Seigneur : «Que ton Règne vienne ! » Cette prière doit façonner l’esprit et le cœur de chaque chrétien en ce pays. Elle doit porter du fruit dans la manière de mener votre vie et dans la manière construire vos familles et vos communautés. Il convient de créer de nouveaux « lieux d’espérance » (cf. Spe Salvi, 32ss.) où le Royaume de Dieu se rende présent dans toute sa puissance salvifique.
Prier avec ferveur pour la venue du Royaume, c’est aussi être constamment en alerte pour les signes de sa présence, et travailler pour sa croissance dans tous les secteurs de la société. Cela signifie faire face aux défis du présent et de l’avenir en se confiant dans la victoire du Christ et en s’engageant à étendre son règne. Cela signifie ne pas perdre cœur face à la résistance, à l’adversité et au scandale. Cela signifie surmonter toute séparation entre la foi et la vie et lutter contre de faux évangiles de liberté et de bonheur. Cela signifie aussi le rejet d’une fausse dichotomie entre la foi et la vie politique, car, comme le Concile Vatican II l’a dit, « il n’existe pas d’activité humaine – même dans les affaires laïques – qui ne puissent être retirées de la domination de Dieu» (Lumen gentium, 36 ). Il faut travailler à enrichir la société américaine et sa culture avec la beauté et la vérité de l’Évangile, et ne jamais perdre de vue la grande espérance qui donne sens et valeur à toutes les autres espérances qui inspirent notre vie.
Et cela, chers amis, est le défi que le Successeur de Saint Pierre vous propose aujourd’hui. Comme « peuple élu, sacerdoce royal, nation sainte », suivez fidèlement les traces de ceux qui vous ont précédés! Hâtez la venue du Royaume de Dieu sur cette terre! Les générations passées vous ont laissé un héritage impressionnant. De nos jours encore, la communauté catholique de ce pays a été remarquable pars son témoignage prophétique pour la défense de la vie, l’éducation des jeunes, le soin des pauvres, des malades et des étrangers au milieu de vous. Sur ces bases solides, l’avenir de l’Église en Amérique doit commencer maintenant aussi à se lever !
Hier, pas loin d’ici, j’ai été ému par la joie, l’espoir et l’amour généreux du Christ que j’ai vu sur le visage de nombreux jeunes réunis à Dunwoodie. Ils sont l’avenir de l’Église et ils méritent tous la prière et le soutien que vous pouvez leur donner. Et je voudrais terminer en ajoutant un mot d’encouragement pour eux. Mes chers jeunes amis, comme les sept hommes, remplis de l’Esprit et de sagesse « que les Apôtres ont chargés du soin de la jeune Église, puissiez-vous pas avancer et prendre la responsabilité que votre foi dans le Christ met devant vous ! Puissiez-vous trouver le courage de proclamer le Christ, « le même, hier, aujourd’hui et à jamais» et les vérités immuables qui ont leur fondement en lui (cf. Gaudium et spes, n. 10; Hébreux 13:8). Ce sont les vérités à nous proposées gratuitement ! Ce sont les vérités qui seules peuvent garantir le respect de la dignité et des droits inaliénable de tout homme, femme et enfant en notre monde – y compris de celui qui est le plus sans défense de tous les êtres humains, l’enfant à naître dans le sein de sa mère. Dans un monde où, comme nous l’a rappelé le pape Jean-Paul II, parlant en ce lieu, Lazare continue à se lever à notre porte (Homélie au Yankee Stadium, 2 octobre 1979, n ° 7), que votre foi et votre amour portent un fruit riche en faveur des pauvres, des indigents et des gens sans voix. Jeunes hommes et femmes d’Amérique, je vous le demande: ouvrez votre cœur à l’appel du Seigneur pour le suivre dans le sacerdoce et la vie religieuse. Peut-il y avoir une plus grande marque d’amour que celle-ci : suivre les pas du Christ, qui a disposé de sa vie pour ses amis (cf. Jn 15,13)?
Dans l’Évangile d’aujourd’hui, le Seigneur promet à ses disciples qu’ils accompliront des œuvres encore plus grandes que les siennes (cf. Jn 14:12). Chers amis, seul Dieu, dans sa providence sait quelles œuvres sa grâce doit encore apporter dans vos vies et dans la vie de l’Église des États-Unis. Pourtant, la promesse du Christ nous remplit de sûre espérance. Il nous faut maintenant unir nos prières à la sienne, comme des pierres vivantes dans ce temple spirituel qui est son Église, une, sainte, catholique et apostolique. Levons les yeux vers lui, car aujourd’hui même, il nous prépare une place dans la maison de son Père. Et investis de son Saint-Esprit, travaillons avec un zèle renouvelé à la diffusion de son Royaume.
«Heureux êtes-vous, vous qui croyez! » (Cf. 1 P 2,7). Tournons-nous vers Jésus! Lui seul est la voie qui conduit au bonheur éternel, la vérité qui satisfait aux attentes les plus profondes de tout cœur, et la vie qui apporte une joie et une espérance toujours nouvelles, pour nous et pour notre monde. Amen.
BENOÎT XVI – Pape.
Traduction personnelle
texte original en anglais
© Copyright : Librairie Éditrice du Vatican