Effusion de l’Esprit au soir de Pâques
Saint Jean-Paul II, il y a 25 ans exactement

1. Veni Creator Spiritus ! Les lectures que nous avons entendues, chers jeunes, parlent de l’effusion de l’Esprit Saint. Selon l’Evangile de Jean, elle eut lieu d’abord le jour même de la Résurrection. Le Christ apparaît au Cénacle, où sont enfermés les disciples et, après s’être fait connaître, leur parle ainsi : « Recevez l’Esprit Saint ; à qui vous remettrez les péchés, ils seront pardonnés, et à qui vous ne les pardonnez pas, ils ne sera pas pardonné » (Jn 20, 22-23).
Ce qui se passera à la Pentecôte, cinquante jours après la Résurrection, sera la confirmation et la manifestation publique de cette effusion du soir de Pâques. Les Apôtres avec la Mère de Jésus attendent ce moment réunis dans la prière, comme nous l’a rappelé la première lecture (cf. Ac 1, 13-14). Ils savent que cet événement marquera un tournant dans leur vie et dans leur mission. Et, en effet, l’expérience de la Pentecôte marque le début de la mission de l’Église, qui à partir de ce moment se manifeste publiquement et commence à annoncer l’Évangile.
L’Église sait qu’elle est née par l’œuvre de l’Esprit Saint : de même que le Christ est né de la Vierge Marie par la puissance de l’Esprit Saint, de même l’Église a à ses débuts la puissance vivifiante de l’Esprit. Et c’est pourquoi elle ne cesse d’invoquer : « Envoie ton Esprit, Seigneur, pour renouveler la terre » (cf. Ps 103, 30).
2. Depuis le jour de la Pentecôte, l’œuvre de salut accomplie par le Christ a trouvé, à travers l’Église, des voies toujours nouvelles pour se répandre dans le monde. Au IXe siècle, l’Évangile, annoncé par les saints Frères de Thessalonique, Cyrille et Méthode, a atteint votre terre, la Grande Moravie, ainsi que les nations slaves voisines, y trouvant un terrain favorable. Vos ancêtres ont accueilli le christianisme des « apôtres des Slaves » et sont eux-mêmes devenus des apôtres. Ainsi, par exemple, le baptême de la Pologne est lié à l’action apostolique des voisins tchèques.
Saint Adalbert vient aussi de Bohême, de la grande lignée bohémienne de Slavnik, dont le berceau était ici, sur le territoire du diocèse de Hradec Králové, où nous nous rencontrons. Avec la célébration d’aujourd’hui, nous rendons grâce à Dieu, dans le millénaire de saint Adalbert, pour sa mission et pour le témoignage qu’il a rendu au Christ jusqu’au sacrifice de sa vie.
3. Chers jeunes et filles des diocèses de la République tchèque ! Jeunes amis d’autres pays européens ! Vénérés Frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce, qui les avez accompagnés ici ! Religieux et religieuses, et vous tous, chers fidèles ici présents ! Je vous salue cordialement sur cette belle place, sur laquelle se dresse la cathédrale, la seule dédiée à l’Esprit Saint, comme aime à le rappeler le très cher Mgr Karel Otcenášek, évêque de ce diocèse, que je remercie de son ancienne amitié, bien connue de lui. , pour les paroles cordiales qu’il m’a adressées.
Je voudrais également remercier les citoyens de Hradec Králové pour le sens aigu de l’hospitalité dont ils ont su faire preuve également en cette circonstance, en donnant leur place dans la partie centrale de la place à des jeunes de diverses régions du pays, réunis ici pour la rencontre qui leur est dédiée. A tous les fidèles du Diocèse, je dois donc un mot de reconnaissance particulière pour la générosité avec laquelle ils ont contribué, souvent au prix de sacrifices considérables, à la construction du « Centre de nouvelle évangélisation et d’inculturation » promu par l’Évêque. Je suis sûr qu’ils pourront également continuer à soutenir son fonctionnement pratique.
Mais revenons à vous, les jeunes. Dans le cadre des fêtes de Santadalbertian, c’est votre journée, chers jeunes et filles, et je suis heureux de vous voir ici en si grand nombre. Il y a deux ans, en mai 1995, je suis allé à Svatý Kopecek avec beaucoup d’entre vous. Je me souviens toujours avec joie de cette rencontre, au cours de laquelle j’ai commenté le « Notre Père »: l’une des plus belles rencontres de jeunes auxquelles j’ai jamais assisté. Quelques mois plus tard a eu lieu le pèlerinage des jeunes à Lorette, où vous êtes venus nombreux avec vos Évêques. Vos représentants ont également participé aux rencontres mondiales de Denver et de Manille.
Je vous salue tous avec affection. Une pensée particulière va à ceux qui n’ont pas pu être parmi nous. En particulier à vous, enfants et jeunes malades, qui offrez vos souffrances pour votre prochain ; et à vous, jeunes moniales cloîtrées, qui avez choisi la vie contemplative et priez beaucoup pour vos pairs.
4. « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Jn 20,21). Adalbert sentit ces paroles comme s’adressant à lui-même. Premier évêque de Prague de sang bohémien, il était, à la fin du premier millénaire, héritier des traditions de sainteté des martyrs qui l’avaient précédé, notamment de Ludmila et de Wenceslaus. En même temps, il regarde vers l’avenir : il met tout en œuvre pour la renaissance spirituelle de Prague et de la Patrie, soutenu par une foi ardente au Christ.
Il s’est battu pour la vérité. Elle n’acceptait pas que l’esprit du temps l’étouffe. Il a vécu pour cela, déterminé à ne reculer devant aucune pression de la société de son temps. Au seuil du troisième millénaire, dont vous, jeunes et filles, serez les premiers protagonistes, saint Adalbert se présente à vous comme un intrépide témoin de la foi. En le regardant, vous pourrez trouver inspiration et lumière pour relever avec courage les défis du moment présent.
Il vous apprend à vous ouvrir aux autres dans le don généreux de vous-même. Vous avez une grande aspiration à la liberté et à la plénitude de vie : tout cela ne peut se réaliser par la recherche égoïste de ses propres avantages, mais seulement par l’ouverture de l’amour. La vocation à l’amour est votre vocation fondamentale. Jésus vous appelle dans ce cheminement : répondez-lui « oui », comme l’a fait saint Adalbert. En surmontant les frontières étouffantes de l’égoïsme avec la puissance de l’amour du Christ, vous serez les bâtisseurs de la nouvelle Europe et du monde de demain.
5. « Envoie ton Esprit, Seigneur, pour renouveler la terre ». De la première communauté chrétienne réunie au Cénacle, nous avons reçu cette invocation inspirée du Psaume, et j’ai aujourd’hui la joie de la répéter avec vous, jeunes, au seuil du troisième millénaire. Vous vivez dans une situation qui, à certains égards, est analogue à celle des premiers chrétiens. Le monde autour ne connaissait pas l’Évangile. Mais ils ne se sont pas égarés. Ayant reçu le don de l’Esprit, ils se sont réunis autour des Apôtres, s’aimant fraternellement. Ils savaient qu’ils étaient le nouveau ferment dont le monde romain avait besoin au coucher du soleil. Ainsi unis dans l’amour, ils surmontèrent toute résistance.
Soyez aussi comme eux ! Soyez Église, pour porter l’annonce joyeuse de l’Évangile au monde d’aujourd’hui. Saint Adalbert était un serviteur passionné de l’Église. Soyez-le aussi ! L’Église a besoin de vous ! Après quarante ans à essayer de la bâillonner, elle vit, ici avec vous, une guérison prodigieuse, même au milieu de tant de difficultés. Elle compte sur vos énergies fraîches, l’apport de votre intelligence et de votre enthousiasme. Faites confiance à l’Église comme elle vous fait confiance !
6. « Envoie ton Esprit, Seigneur, pour renouveler la terre ». L’Église, qui a reçu le Saint-Esprit à la Pentecôte, l’apporte à l’homme de tous les temps. Il vous l’apporte aussi par ses sacrements. Ils rappellent les étapes fondamentales de votre vie : vous avez été baptisés dans l’eau et dans l’Esprit et beaucoup d’entre vous ont déjà reçu la Confirmation, le sacrement dans lequel l’Esprit vous rend capable et vous engage à être des témoins du Christ.
Priez le Saint-Esprit pour manifester sa présence dans votre vie. Pour moi, l’expérience de l’action de l’Esprit Saint m’a été particulièrement transmise par mon père, alors que j’avais ton âge. Si je me trouvais en difficulté, il me recommandait de prier le Saint-Esprit ; et cet enseignement m’a montré le chemin que j’ai suivi jusqu’à aujourd’hui. Je te parle de cela parce que tu es jeune, comme je l’étais alors. Et je vous en parle sur la base de nombreuses années de vie, également passées dans des moments difficiles.
7. Revenons au Cénacle. Jésus souffle sur les Apôtres et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint ; à qui tu remettras les péchés ils seront pardonnés et à qui tu ne les pardonneras pas, ils resteront non pardonnés » (Jn 20 : 21-23). Je souhaite, chers jeunes et filles, que ces mots surtout restent en vous : dans votre esprit et dans votre cœur. Le Saint-Esprit est donné comme source de force pour vaincre le péché. Seul Dieu a le pouvoir de pardonner les péchés, car Lui seul scrute l’être humain à fond et peut pleinement mesurer sa responsabilité. Le péché reste, dans sa profondeur psychologique, un secret dans lequel Dieu seul a le pouvoir d’entrer pour dire à l’homme par une parole efficace : « Tes péchés sont pardonnés, tu es pardonné » (cf. Mt 9, 2.5 ; Mc 2, 5.9 ; Lc 5, 20.23).
Je veux, chers amis, que vous vous en souveniez. Il y a, on le sait, ce qu’on appelle les « péchés sociaux », mais, en définitive, tout péché dépend de la responsabilité d’un homme concret. Cet homme concret lutte contre le péché, le surmonte ou est vaincu par lui. L’homme concret, s’il est vaincu par le péché, souffre. Oui, les remords de conscience sont une douleur. Ils ne peuvent pas être éliminés. Tôt ou tard, nous devons demander pardon. Si le mal que nous avons commis concerne d’autres hommes, nous devons aussi demander leur pardon ; mais pour que la culpabilité soit vraiment remise, il faut toujours obtenir le pardon de Dieu.
Dans le sacrement de réconciliation, le Christ nous a fait un grand don. Si nous savons la vivre fidèlement, elle devient une source inépuisable de vie nouvelle. Ne l’oubliez pas ! Sachez puiser à cette source la grâce, la guérison, la joie, la paix avec la joie, pour participer à la vie même du Christ, qui est la vie du Père communiquée dans l’Esprit Saint.
8. Chers amis ! Je vous confie la tâche d’apporter une contribution décisive à l’évangélisation de votre pays. Amener le Christ dans le troisième millénaire. AIE confiance en lui! Sa promesse traverse les siècles : « Celui qui perdra sa vie à cause de moi et à cause de l’Évangile la sauvera » (Mc 8, 35). N’ai pas peur! La vie avec le Christ est une merveilleuse aventure. Lui seul peut donner tout son sens à la vie, Lui seul est le centre de l’histoire. Vivez de lui ! Avec Maria ! Avec vos saints !
Demandez au Christ le don de l’Esprit. En effet, c’est précisément lui, l’Esprit, la Personne divine qui a pour tâche de guérir, purifier, sanctifier les consciences des hommes et ainsi renouveler la face de la terre. Je souhaite de tout cœur que cela se produise pour vous, pour votre nation, pour tous ceux qui font partie de l’héritage millénaire de Saint Adalbert, et pour les peuples du monde entier. Que s’accomplissent en vous les paroles annoncées avec tant de force par l’Église dans la Liturgie d’aujourd’hui : Veni Sancte Spiritus, Viens, Esprit Saint !
En vous est la source de lumière et de vie ;
en Toi la flamme de l’amour éternel ;
en toi le secret de l’espérance qui ne déçoit pas.
Viens, Saint-Esprit ! Amen.
VOYAGE APOSTOLIQUE EN république TCHÈQUE (25-27 AVRIL 1997) CONCÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE POUR LES JEUNES HOMÉLIE DE JEAN-PAUL II Grande place de Hradec Králové – Samedi 26 avril 1997
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Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse