Nous avons une espérance à énoncer

Nous avons une espérance à énoncer

Extrait de l’homélie de Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris à l’occasion de son accueil liturgique au diocèse de Paris, le lundi 23 mai 2022 à St-Sulpice (6e).

Je m’adresse tout particulièrement au peuple de Paris, aux catholiques, aux chrétiens et aux autres croyants, à tous ceux qui simplement veulent ensemble nourrir une espérance en ces temps de désolation : faire attention aux peines et aux souffrances d’une époque ne signifie pas s’y complaire, mais regarder le monde tel qu’il est et l’ouvrir sur un avenir.

Croyants que nous sommes, nous n’avons pas réponse à tous les problèmes qui nous assaillent, mais nous avons une espérance à énoncer. Et ce n’est pas parce que nous renonçons à un esprit de domination qui s’est développé dans des siècles anté­rieurs, que nous n’avons plus rien à dire, et surtout plus personne à montrer.

Celui que notre main et notre regard désignent, c’est le Christ dont « la clarté resplendit sur le visage de l’Église » (Lumen Gentium 1) quand elle se fait servante, quand elle n’a pas peur, quand elle appelle au respect de la dignité de tout être humain, quand elle noue et favorise des liens de fraternité entre tous, quand elle révèle par sa joie l’espérance qui l’habite.

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Développer un esprit missionnaire et un esprit collaboratif, ce qui est réellement l’esprit synodal, dans l’Église d’aujourd’hui, dans notre diocèse de Paris, à la suite des grandes intuitions du cardinal Jean-Marie Lustiger, maintenues et développées par le cardinal André Vingt-Trois et Mgr Michel Aupetit, c’est continuer de susciter des vocations au service de l’Évangile.

C’est poursuivre l’œuvre caritative et solidaire avec les plus précaires – qui marque tant les paroisses – c’est se mêler aux conversations et aux débats, c’est continuer d’entendre le cri des victimes d’abus et remédier, comme nous avons déjà entre­pris de le faire, pour restaurer une confiance qui fera du bien à tous, c’est participer aux forums et inviter des artistes.

C’est entendre les aspirations de notre société même quand elles nous surprennent et nous inquiètent, c’est écouter les plus jeunes qui nous disent déjà ce qui sera… Ceci n’est pas un programme, c’est une attitude qui nous change et nous transforme, qui fait de nous des témoins du Christ vivant dans le monde où nous vivons nous-mêmes.

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Que saint Denis et sainte Geneviève nous soient en aide : ils sont des modèles de courage et de confiance devant les défis de leur époque. Que les grands fondateurs de l’université au XVeme siècle, avec les maîtres qui l’ont mise en lumière Albert le grand et Thomas d’Aquin, nous inspirent.

Que les grands spirituels du XVIIème siècle, qui sont aussi de grands charitables à l’instar de saint Vincent de Paul, continuent de susciter des générosités alimen­tées dans une relation étroite au Christ ; ils ont d’ailleurs eu de beaux successeurs dans le Paris du XIXeme siècle avec sainte Catherine Labouré, bienheureuse Rosalie Rendu et bienheureux Frédéric Ozanam.

Que saint Charles de Foucauld et celui qui l’a conduit au Christ, l’abbé Henri Huvelin à St-Augustin, à qui j’associe – sans la prendre à Lyon ! – bienheureuse Pauline Jaricot, développent en chacun cet esprit missionnaire qu’illustre aussi Madeleine Delbrêl dont le diocèse de Créteil porte vigoureusement la cause.

Nous ne manquons pas de modèles ni d’inter­cesseurs : ils ont été de courageux témoins et surtout de simples serviteurs… Que la grâce du Seigneur nous fasse ainsi porter du fruit.

Actes 16, 11-15 ; Psaume l49 ; Jean 15, 26 -16,4a.

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse