LE MOIS DU SAINT NOM DE JÉSUS IIIe JOUR.

LE MOIS DU SAINT NOM DE JÉSUS IIIe JOUR.

CIRCONCISION DE NOTRE-SEIGNEUR.

Postquam consummati sunt dies octo ut circumcideretur puer, vocatum est nomen ejus Jesus.
Quand le huitième jour fut venu où il fallait circoncire l’enfant, on lui donna le nom de Jésus. Luc. 2.

D’après un texte de Malines 1839

1er POINT.

IHS extrait des armes du Pape François
IHS extrait des armes du Pape François

LORSQU’ABRAHAM fut appelé de Dieu pour être le père d’une race choisie et fidèle qui ne devait jamais finir, il reçut l’ordre, de faire, observer par ses descendants la loi de la circoncision qui devait distinguer de tous les autres peuples la nation que Dieu s’était particulièrement choisie.

C’était comme un signe de l’alliance que Dieu contractait avec les enfants d’Abraham, et de la protection qu’il leur accorderait.

C’était aussi comme un sacrement destiné à effacer le péché originel, en attendant que le Fils de Dieu vînt lui-même établir parmi les hommes le véritable sacrement de régénération qui devait effacer toutes les souillures.

Huit jours après la naissance de Jésus-Christ, la sainte Vierge et saint Joseph pensèrent donc à le faire circoncire. Mais pourquoi soumettre ce divin Enfant à cette douloureuse opération ? La circoncision avait été ordonnée pour l’expiation du péché que tous les hommes apportent en naissant, et Jésus-Christ n’est-il pas l’innocent, le juste par excellence ?

Était-il nécessaire qu’il portât le signe auquel on reconnaissait les enfants d’Abraham ? Mais il est lui-même le Fils du Dieu qui a appelé Abraham : pourra-t-il jamais être méconnu de ce Père dans le sein duquel il habitait avant tous les siècles ? de ce Père qui voit en lui l’objet de ses plus tendres complaisances et de son éternelle prédilection ?

N’importe ; Jésus-Christ consent à paraître pécheur : il se soumet à cette loi pénible, et laisse imprimer sur lui la marque du péché.

O mon âme ! quelle soumission dans ton Sauveur ! quel prodigieux abaissement ! ne semble-t-il pas que Jésus soit impatient de répandre son sang pour te purifier ? A peine a-t-il vu le jour qu’il endure les douleurs les plus vives : douleurs qui ont fait dire avec raison que la circoncision doit être regardée comme le commencement du Calvaire.

Sang adorable ! pourquoi êtes-vous sitôt répandu ? Lorsqu’on vous tirera des veines de mon Sauveur, lorsque vous aurez rougi le sommet du Calvaire, alors finiront les cérémonies figurées de la religion judaïque ; mais aujourd’hui pourquoi servir à l’accomplissement d’une loi qui n’est encore qu’une figure ?

Considère ici, ô mon âme, considère combien tu diffères encore de ton divin modèle. Lorsque tu as à t’acquitter de tes devoirs envers Dieu, tu prends tant de peine pour t’informer du point où finit ce qui est d’obligation, et où commencent les œuvres de dévotion ou de conseil ! tu sembles craindre de passer cette limite, lorsque tu es parvenue à la connaître.

Est-ce là le caractère qui doit distinguer un disciple de Jésus-Christ ? Le cœur qui aime Dieu sincèrement, est-il soigneux de calculer ce qu’il a rigoureusement à faire pour ne point s’écarter de la ligne de ses devoirs?

En supposant que Jésus-Christ, par l’amour infini qu’il nous portait, ne pût se dispenser d’accomplir l’ouvrage de notre rédemption, ne pouvait-il pas se soustraire à la loi de la circoncision qui n’atteignait que les pécheurs ? Oh ! combien nous devrions rougir d’être si réservés dans ce que nous faisons pour Dieu, voyant aujourd’hui ce même Dieu si généreux, si zélé dans ce qu’il fait pour nous !

Ile POINT.

L’Évangéliste ajoute que le divin Enfant reçut à sa circoncision le nom de Jésus, que l’ange lui avait donné avant qu’il fût conçu dans le sein de Marie.

C’était ce nom qui devait faire dans la suite des siècles la joie du Ciel, la consolation de la terre, la terreur de l’enfer ; c’était ce nom dont l’invocation devait guérir les malades. chasser les démons, ressusciter les morts.

C’était ce nom qui devait adoucir les horreurs des déserts, fortifier les confesseurs, et faire triompher les martyrs sur les chevalets et sur les échafauds ; c’était ce nom qui devait renverser les idoles, réconcilier les peuples, pacifier l’univers ; c’était ce nom enfin qui devait être jusqu’à la consommation des siècles le trésor, des chrétiens, et le plus précieux héritage que les pères pussent léguer à leurs enfants.

O mon âme ! combien de fois n’as-tu pas éprouvé toi-même l’efficacité de ce nom adorable ! Combien de fois ne t’a-t-il pas soutenue dans tes tentations, soulagée dans tes douleurs, consolée dans tes afflictions !

Non, je ne m’étonne plus qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans le Ciel et sur la terre ; je ne m’étonne plus que l’invocation de ce nom sacré ait opéré dans tous les siècles et opère encore aujourd’hui des effets si merveilleux.

C’est le nom dont les élus ne cessent de faire retentir les portiques éternels ; c’est le nom gravé par la main du Tout-Puissant sur les murs de la cité sainte, et célébré par les concerts des intelligences célestes ; c’est le nom du Messie promis depuis tant de siècles à la maison d’Israël.

C’est le nom du Créateur, du Rédempteur, du Sauveur de tous les hommes ; nom si plein de charmes, qu’il ferait tressaillir d’allégresse les réprouvés eux-mêmes, s’il était possible qu’un élu le prononçât dans les sombres demeures qu’ils habitent avec les démons.

Jésus est le Sauveur des hommes ! 0 mon âme, si tu étais bien pénétrée de cette vérité, aurais-tu besoin qu’on t’excitât à la reconnaissance envers le Fils de Dieu ? Jésus est ton Sauveur : et de quel danger t’a-t-il sauvée ? de la mort : et de quelle mort ?

Ah ! puis-je y penser sans frémir ? d’une mort dont il est impossible à l’esprit humain de comprendre toute l’horreur ; de la mort la plus funeste, la plus déplorable que la justice d’un Dieu puisse envoyer à sa créature pour la punir. Hélas ! ne devrais-je pas mourir de douleur de ne pouvoir témoigner à Jésus-Christ une reconnaissance proportionnée à la grandeur du bienfait que j’ai reçu de lui ?

Lorsque je reçois d’un ami quelque service signalé, je m’efforce de lui peindre en termes expressifs la sincérité de ma reconnaissance : je me sens plein d’affection pour lui, et je me regarderais comme un ingrat si je ne payais de quelque retour le dévouement qu’il m’a témoigné ; comment donc pourrais-je être indifférent aux marques inouïes de bonté et d’amour que Jésus m’a données ?

L’ingratitude envers le Créateur et le Rédempteur de mon âme est-elle moins criante que celle dont je me souillerais vis-à-vis d’un étranger ou d’un ami ?

PRIÈRE.

O mon divin Jésus ! que ma charité est imparfaite ! que mon zèle pour vous est faible et languissant ! vous vous soumettez aujourd’hui à une loi humiliante qui vous confond avec la foule des pécheurs, et vous consentez à répandre les premières gouttes de ce sang précieux qui doit un jour arroser le Calvaire.

Quelle honte pour moi qui tiens un compte si exact des petits sacrifices que je ne puis me dispenser de vous faire ! Combien je suis confus et affligé lorsque je compare à votre soumission l’esprit d’indocilité que je manifeste toutes les fois qu’il me faut satisfaire à des obligations qui répugnent à ma nature corrompue !

Ô Jésus ! ô mon Sauveur ! donnez-moi la grâce de pouvoir surmonter cet amour-propre, cette vanité qui me tyrannisent ; faites que je mette toute ma gloire à me combattre moi-même, à subjuguer mes mauvais penchants, et à me montrer docile à vos saintes inspirations.

Que l’invocation du nom sacré que vous recevez aujourd’hui me remplisse de force et de courage lorsque je me verrai exposé aux assauts de l’esprit des ténèbres ; que je ne le prononce jamais qu’avec un profond sentiment de respect et de reconnaissance, et que ce nom adorable se retrouve sur mes lèvres lorsque je serai sur le point d’aller comparaître au pied de votre tribunal.

RÉSOLUTIONS.

1.° Je travaillerai sans relâche à lutter contre mes inclinations perverses, et je m’inposerai comme un devoir de suppléer aux œuvres obligatoires dont je me suis dispensé.

2.° J’invoquerai souvent le nom de mon Sauveur : j’y aurai souvent recours dans les tentations ; et lorsque je le prononcerai, je tâcherai de ranimer en moi toute la ferveur et la charité dont je serai capable.

D’après un texte de Malines 1839