LE MOIS DE SAINT JOSEPH – IVe JOUR
La noblesse de saint Joseph
I
SAINT BERNARDIN DE SIENNE
« Pour se faire une juste idée de la noblesse de saint Joseph, il faut savoir qu’il descendait en droite ligne des patriarches et des rois, dont saint Matthieu déroule la généalogie depuis Abraham jusqu’à cet heureux Époux de la Vierge ; car, chose remarquable, la dignité patriarcale, la dignité royale et la dignité des chefs d’Israël se réunissaient en lui.
« Que si l’on demande maintenant pourquoi saint Matthieu fait la généalogie de Joseph et non celle de Marie, bien que celle de Joseph paraisse étrangère au Christ, si ce n’est en quelque sorte par accident ; on peut répondre qu’il le fit pour trois raisons : à cause de la coutume des Juifs, de la parenté si proche de Joseph et de Marie, et de leur mariage.
« 1° A cause de la coutume des Juifs, l’Évangéliste suit la coutume des Hébreux et des Écritures , qui ne font pas la généalogie des femmes et des mères, mais celle des hommes et des pères.
« 2° A cause de la parenté de Joseph et de Marie; car la bienheureuse Vierge était de la même tribu et de la même famille que Joseph, ce qui est attesté tant par saint Joseph lui-même que par le Christ et par l’Ange, mais aussi par les apôtres et par les Pères, qui affirment, à plusieurs reprises, que Joseph appartenait à la race de David.
« D’ailleurs, selon la loi mosaïque, les femmes, et particulièrement celles qui étaient héritières d’un nom illustre comme la sainte Vierge, ne devaient épouser qu’un homme de leur tribu et même de leur famille. Or, comme Joseph était un homme juste, s’il n’eût point rempli ces conditions, il n’eût point épousé Marie.
« Joseph étant un homme juste, prit une épouse dans sa tribu et dans sa famille ; étant juste, il ne put faire autrement que de suivre en ceci les prescriptions de la loi. » (S. Anselme, Explic. de l’Évang. de S. Luc.) Aussi vont-ils ensemble à Bethléem se faire inscrire au cens, comme issus tous deux de la même race.
« 3° Enfin saint Matthieu fait la généalogie de Joseph et non celle de Marie, à cause de leur mariage, c’est-à-dire pour attester entre eux l’existence du contrat sacré à l’ombre duquel Jésus-Christ est né, et en vertu duquel Joseph fut appelé et fut vraiment, en un sens, le père du Rédempteur. »(Saint Bernardin de Sienne, sermon sur saint Joseph.)
« La généalogie du Sauveur a été conduite jusqu’à saint Joseph, d’abord parce que ce n’était pas la coutume des Juifs de faire la généalogie des femmes; ensuite parce que Joseph et Marie ont été de la même tribu. » (S. Jérôme.)
II
CORNELIUS A LAPIDE. — SAINT BERNARDIN DE SIENNE
« Mais Joseph n’était pas seulement d’une noble origine, il était fils de roi et roi lui-même , en vertu du droit établi par Dieu, dans la maison de Juda, car ses aïeux étaient les rejetons de la branche aînée des fils de David.
« Ce ne fut donc pas sans un dessein particulier de la Providence qu’il fut choisi pour être le Père de Notre-Seigneur; et, comme Notre-Seigneur, sur lequel il avait les droits d’un père, avait sur lui les droits d’un fils, et en particulier celui de succéder à ses biens et à ses titres, il se trouvait, selon la prédiction des prophètes, le légitime héritier du royaume de Juda.
« Aussi saint Matthieu, qui s’est appliqué spécialement à démontrer la dignité royale de Jésus-Christ, dut-il s’en tenir à la généalogie de saint Joseph, et non à celle de la bienheureuse Vierge, qui ne pouvait être l’héritière du royaume de Juda tant qu’il resterait des rejetons masculins de la maison de David, comme l’était Joseph. » (Cornélius a Lapide, Exposition de l’Évangile de saint Matthieu.)
« Les témoignages des Écritures et des Évangiles s’accordent donc à attester l’origine royale de Joseph, et telle est la dignité de ce saint homme que d’une certaine manière, s’il est permis de le dire, il a donné la noblesse temporelle à Dieu, dans la personne de son Fils. »(Saint Bernardin, loc. cit.)
III
SAINT BERNARD
« Oui assurément! s’écrie ce grand saint qui, de l’examen de la race de Joseph, s’élève à la contemplation de cet homme prédestiné, oui assurément, il était de la maison de David ce Joseph, noble par sa race, et plus noble encore par son âme.
« Fils de David, non-seulement selon la chair, mais selon la foi et la piété, fils de ce David qui, tant que Dieu le trouva selon son cœur, eut la révélation des secrets éternels, et qui sonda la profondeur des mystères cachés aux autres hommes.
« Joseph, lui aussi, pénétra les mystères augustes et ignorés de tous, vit et entendit celui que tant de rois et de prophètes , malgré leur désir, ne virent pas, n’entendirent pas; que dis-je I il lui fut donné non-seulement de le voir et de l’entendre, mais de le porter entre ses bras, de l’embrasser, de le conduire, de le protéger et de subvenir à ses besoins.
« Époux de sa mère et père nourricier de son humanité, il fut enfin sur la terre le seul coadjuteur de la Trinité divine dans le mystère de l’Incarnation. » (Saint Bernard, hom. II super missus est.)