LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 14 novembre
Selon LE MOIS DE NOVEMBRE CONSACRÉ AU SOUVENIR DES ÂMES DU PURGATOIRE par des considérations sur les peines qu’elles y souffrent, les motifs et les moyens de les soulager et sur l’utilité de la pensée du purgatoire. – L. Grandmont Liège 1841
Autres motifs qui doivent nous engager à secourir les âmes du purgatoire.
L’intérêt du Roi des rois est que nous ne puissions glorifier avec plus d’assurance de lui plaire et de contenter son désir, qu’en peuplant le ciel de nouveaux hôtes; l’intérêt du prochain est de le sortir de la captivité la plus pénible, pour le faire aussitôt jouir du bonheur céleste.
Notre intérêt personnel, c’est-à-dire celui de notre sûreté au milieu des innombrables ennemis du salut ; celui de notre prospérité même sur la terre, celui d’une prompte délivrance du lieu d’exil, destiné à purifier les âmes, et de l’accélération de notre entrée dans le royaume des cieux.
Enfin la charité, la justice, la reconnaissance : tels sont les motifs, aussi touchants que sublimes, qui ont été l’objet de nos méditations les jours précédents. Ils ont dû nous prouver combien cette dévotion est propre à glorifier Dieu et, en outre, combien elle est utile au prochain et à nous-mêmes.
Nous allons aujourd’hui méditer deux nouveaux caractères qui la distinguent, et qui nous feront comprendre qu’elle est fondée sur les lumières de la raison, et qu’elle est consolante.
Nous verrons par-là que ceux qui attaquent, dans leur rage contre l’Église catholique, la prière pour les morts, n’ont pas seulement foulé aux pieds la foi et l’enseignement de l’Église universelle, et la tradition de tous les siècles, mais qu’ils ont même méprisé les lumières que la raison seule fournit pour établir cette vérité.
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En effet, le simple bon sens suffit pour montrer combien la prière pour les morts est raisonnable. Qu’on demande à un chrétien ce que devient l’âme au moment de la mort? Lui, qui reconnaît un Dieu juste, qui adore un Dieu miséricordieux et néanmoins un Dieu ennemi de toute iniquité. il ne fermera pas à jamais l’entrée du ciel à l’âme, à la vérité encore souillée, mais qui brilla par la pureté de la foi, la vivacité de l’espérance et l’ardeur de la charité.
Non, il n’enveloppera pas dans un même sort la surprise et la malice, la faiblesse et le crime, l’homme de bien souillé de quelques taches légères et l’homme noyé dans son iniquité. L’un sera purifié, et l’autre sera réprouvé. Point de chrétien, tant soit peu sensé, qui ne raisonne ainsi.
La connaissance d’un Dieu juste et saint a réuni les religions les plus opposées, dans la croyance d’un purgatoire, c’est-à-dire d’un lieu où l’âme se purifie entièrement avant de jouir de la récompense éternelle. Mais les prières des fidèles ont-elles entrée dans ce rigoureux séjour? car c’est là une condition essentiellement requise pour que ces prières soient raisonnables.
Laissons encore de côté les preuves de la tradition et des Pères en faveur de cette vérité, et raisonnons. Nos prières portées dans un lieu où règne la justice d’un Dieu offensé, mais en même temps ami des âmes et disposé à la miséricorde et à la clémence ; nos prières, dis-je, seront-elles rejetées si elles sont faites avec ferveur pour le soulagement et la délivrance de ces âmes captives ?
Ce Dieu qui nous ordonne de nous aimer les uns les autres, de nous aider les uns les autres, de prier les uns pour les autres ; ce Dieu qui veut que tous les chrétiens soient liés ensemble par j la prière et par les saintes œuvres, comme les membres d’un seul et même corps, ce Dieu qui, au témoignage de l’Écriture, exauce si efficacement les prières des vivants pour d’autres vivants, méprisera-t-il des vœux purs et ardents en faveur de nos frères morts?
Non, le Dieu de la charité ne rejettera pas l’œuvre de la plus grande, de la plus excellente charité, car c’est encore là un des caractères de la prière pour les morts; les méditations faites jusqu’à ce jour le prouvent suffisamment, et nous dispensent de nous étendre sur ce point. Développons plutôt un instant le second caractère de la dévotion envers les âmes du purgatoire, qui nous la montrera pleine de consolation.
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En effet, quelles sont les réflexions que peut et que doit m’inspirer la prière pour les morts? Elle m’apprend que je dois mourir aussi un jour, et elle m’apprend en même temps que je suis immortel. Elle m’avertit que mes frères ne sont plus et qu’ils sont encore; qu’ils ne vivent plus en ce monde, mais qu’ils vivent au delà du monde.
Comme eux, j’ai une âme immortelle, comme eux, j’ai des droits à la jouissance du ciel; quelques jours d’une vie terrestre ne sont que le commencement de mon être. Bientôt les illusions d’un monde fugitif disparaîtront sans retour ; des biens solides et permanents doivent en prendre la place.
Cette grande vérité s’altère et s’oublie dans le tumulte des passions, dans le tourbillon des affaires ; la prière pour les morts me la rappelle : elle me montre tout à la fois ce que je suis, ce que je serai un jour, ce que je serai toujours. Actuellement je prie pour mes frères, un jour ils prieront pour moi. Plus saints que moi, plus puissants que moi, ils prieront avec plus de succès, avec plus d’efficacité que moi ; et la faveur dont ils jouiront auprès de Dieu, ils l’emploieront pour moi.
Quelle idée consolante! Quel motif de prier pour les morts ! Ce sont des amis, selon l’expression du Sauveur du monde, qui m’ouvriront les tabernacles éternels. Et sur la terre, ce que je vois faire à l’Église dé Dieu pour ses enfants morts dans sa communion, elle le fera un jour pour moi : je jouirai aussi de ses bienfaits, surtout si je m’occupe avec elle de ses membres souffrants.
Mes parents et mes amis m’oublieront aussitôt que j’aurai disparu de dessus la terre ; ne m’oubliassent-ils pas, bientôt ils disparaîtront eux-mêmes. L’Église du Dieu vivant vivra toujours et ne m’oubliera jamais. La mémoire de l’impie périra, mais la mienne subsistera : l’Église ne perdra jamais de vue une âme qu’elle a adoptée et qui lui a été fidèle. Mon père et ma mère m’ont abandonné; mais le Seigneur, l’épouse du Seigneur, la sainte Église, m’a recueilli (Ps. 26).
Telles sont les réflexions que nous devons faire en priant pour les morts ; et nous devons les considérer comme un motif bien puissant de pratiquer cette dévotion déclarée par l’Esprit de Dieu sainte et salutaire.
INSTRUCTION.
Jusqu’à présent peut-être nous n’avions regardé la prière pour les morts que comme quelque chose de triste, uniquement propre à nous donner des idées lugubres ; et c’était peut-être ce qui nous la faisait négliger. Les réflexions précédentes nous la feront sans doute considérer sous un autre aspect, et nous inspireront la résolution de ne plus négliger cette œuvre de la plus éminente charité, et pour notre prochain et pour nous- mêmes.
PRIÈRE.
O Dieu de bonté ! je me joins à la sainte Église, à cette tendre mère, et je vous implore de concert avec elle pour tous ces enfants chéris que le lieu d’expiation achève de purifier, et auxquels personne ne s’intéresse directement. Rendez, Seigneur, plus efficaces s les prières que nous vous adressons pour ces âmes privées de tout secours ; faites-les participer abondamment aux mérites infinis du sang précieux de notre divin Sauveur J.-C. Ainsi soit-il.
Indulgence applicable aux morts. — Voici les indulgences attachées aux chapelets bénits par un prêtre qui en a le pouvoir.
1° Indulgence à chaque fois pour ceux qui, possédant ce chapelet, sont dans l’usage de le réciter au moins une fois par semaine, ou de dire l’office divin, ou le petit office de la sainte Vierge, ou l’office des morts, ou les vêpres, ou au moins les laudes de ce dernier office, ou d’entendre la messe, ou de dire les sept psaumes de la pénitence avec les versets et les oraisons, ou les psaumes graduels.
2° S’ils visitent au moins une fois par semaine les prisonniers ou les malades dans les hôpitaux, ou assistent les pauvres, ou enseignent la doctrine chrétienne, soit à l’église, soit à leur maison, à leurs enfants, à leurs parents, ou à leurs proches, ils obtiendront l’indulgence.
3° L’indulgence les jours de la plupart des fêles de Notre-Seigneur, de la sainte Vierge, et des Apôtres, sous la condition générale de se confesser, de communier et de prier pour les fins accoutumées.