LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 20 novembre

LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 20 novembre

Selon LE MOIS DE NOVEMBRE CONSACRÉ AU SOUVENIR DES ÂMES DU PURGATOIRE par des considérations sur les peines qu’elles y souffrent, les motifs et les moyens de les soulager et sur l’utilité de la pensée du purgatoire. –  L. Grandmont Liège 1841

Deuxième moyen propre à secourir les Âmes du purgatoire. Prières, jeûnes, aumônes, etc.

La coutume de prier pour les morts, n’est pas nouvelle ; les Pères les plus anciens en font mention. Voici comment saint Augustin en parle dans un de ses sermons : « Nos pères nous ont laissé cette tradition, qui est observée dans toute l’Église, c’est qu’il y ait un temps, lorsqu’on offre le sacrifice, où l’on prie pour ceux qui sont morts dans la communion du corps et du sang de J.-C.

L’on prie alors expressément pour les morts, et l’on ne peut douter qu’ils n’en retirent du soulagement ; ce n’est point inutilement que l’Église prie pour eux. Toutes les paroles de saint Augustin sont dignes d’être remarquées.

1° Il nous apprend l’antiquité de la tradition : on n’en connaît point le commencement ; par conséquent, selon les principes de saint Augustin, c’est une tradition qui vient des Apôtres.

2° Cette tradition est suivie par toute l’Église : la prière pour les morts est enseignée et pratiquée dans toute l’Église, Or l’Église, qui est la colonne et le fondement de là vérité ne peut enseigner, ni pratiquer que ce qu’elle a reçu de J.-C. et des Apôtres.

3° On prie pour ceux qui sont morts dans la communion du corps et du sang de J.-C. Il faut être mort dans le sein de l’Église, être un de ses membres et lui appartenir pour avoir part à ses prières.

4° On ne peut pas dire qu’une si sainte et si ancienne pratique soit inutile ; elle est d’un grand fruit pour les morts; et c’est pour cela que la piété chrétienne doit nous engager à procurer aux morts un secours que le Seigneur a laissé en notre pouvoir et qui leur est d’une grande utilité.

— Mais si nous nous étendons sur ce passage de saint Augustin, ce n’est que pour l’édification des Fidèles et nullement pour leur instruction : ils connaissent l’utilité de la prière pour les morts, et même en considérant comme un de leurs devoirs d’offrir tous les jours avec l’Église le saint sacrifice pour eux, ils savent que, si c’est là un moyen sûr de les soulager, ils ont encore bien d’autres moyens qu’ils peuvent mettre en usage pour venir puissamment au secours des âmes du purgatoire.

C’est ainsi qu’après le sacrifice de l’autel, ils attachent le plus haut prix à tout ce qui tient à ce divin holocauste ; la communion sacramentelle et spirituelle, les visites au saint Sacrement, l’oblation de l’adorable victime, même hors le temps et le lieu où elle est solennellement immolée.

Ces pratiques, aussi salutaires que douces et consolantes, tiendront le premier rang parmi les dévotions qu’une piété éclairée doit se proposer, parce qu’elles sont conformes à l’esprit dans lequel le Sauveur du monde institua cet auguste Sacrement. Sa présence réelle au milieu de nous, jusqu’à la consommation des siècles, n’annonce-t-elle pas clairement le désir, l’empressement où il est de s’unir à nous et de faire droit à nos humbles requêtes.

L’Eucharistie est proprement le siège, le trône de son amour. C’est donc dans le secret de sa face, ou dans le silence de son sanctuaire, et quand vous le possédez au-dedans de vous- même que vous devez lui confier le vif intérêt que vous prenez à ces morts, qui lui sont encore infiniment plus chers qu’à vous.

Pourrait- il vous refuser leur soulagement, leur délivrance, lorsque vous les lui recommandez dans des moments si précieux lui qui se donne à vous avec tant de générosité, lui qui se plaît à vous voir attendris, pleins de charité et de compassion pour des âmes qu’il chérit : ce n’est plus vous qui priez, c’est J.-C. qui prie, qui gémit en vous, qui implore la clémence d’un juge qui ne cherche qu’à être apaisé.

Communiez donc pour les morts; visitez souvent le Dieu eucharistique ; adressez- vous sans cesse à son divin cœur ; il est impossible que ce ne soit un moyen efficace pour adoucir les peines de ces âmes rachetées par le sang adorable de ce même Dieu eucharistique.

Nous ne parlerons pas des autres prières, des offices de l’Église pour les morts, des Psaumes de la pénitence, du Pater, de l’Ave et du Chapelet; ce sont autant de moyens excellents de soulager nos frères souffrants, pourvu que toute prière quelconque soit faite avec les sentiments de piété, d’attention, de dévotion, de compassion qui doivent accompagner toutes les prières, et en particulier celles pour les morts; autrement ce serait vouloir, par de nouveaux péchés, satisfaire pour les péchés de nos frères.

La prière nous offre sans doute des moyens nombreux d’intercéder près de Dieu pour les âmes du purgatoire, et ce serait manquer à ce qu’on doit aux morts que de les priver d’un secours aussi efficace que celui du sacrifice et de la prière.

Mais ce serait bien peu connaître les secours que nous pouvons leur procurer que de les borner ainsi ; car la bonté et la miséricorde de Dieu sont si étendues qu’il reçoit, comme satisfactions pour le compte de ces âmes, toutes les bonnes œuvres, tous les actes de vertu que pratique un chrétien.

Tout ce que nous pouvons faire d’agréable à Dieu nous sert à payer leurs dettes, pourvu que nous soyons en état de grâce : parce qu’alors toutes nos bonnes œuvres sont vivantes, fructifient et satisfont pour nous et pour elles ; en un mot, elles sont méritoires, salutaires et efficaces, si elles partent d’un cœur bon, pur, innocent, qui soit dans un état d’amitié avec Dieu.

Ainsi l’aumône, le jeûne, la mortification, l’abstinence, la pratique des vertus chrétiennes, etc., etc., tout cela peut et doit être offert à Dieu, comme des œuvres satisfactoires, en faveur des morts. En dressant notre intention pour en faire cette application, l’aumône, tout en rachetant nos péchés, rachète aussi ceux de ces âmes.

Si vous n’avez pas le moyen de faire des aumônes, dirigez à cette fin les bons services que vous rendez au prochain, vos travaux, vos occupations ; offrez-les à Dieu pour en appliquer tout le mérite à ces âmes. Jeûnez, si vous pouvez ; sinon privez-vous de quelque chose, de quelque plaisir, de quelque divertissement, jeûnez en vous abstenant de paroles inutiles, médisantes, etc.

Offrez vos peines, vos afflictions, vos maladies, les maux que vous endurez en cette vie, en les acceptant avec résignation ; appliquez-en le mérite aux âmes du purgatoire, et remerciez la Providence de ce qu’elle vous met à même d’ouvrir le ciel à tant d’âmes auxquelles vous pouvez apporter quelque soulagement par votre généreux sacrifice.

Pourriez-vous avoir une plus belle occasion de glorifier le Seigneur, puisque, par là, vous procurez à vos frères la possession du ciel ? Ce que saint Jacques dit de la charité envers les orphelins et les veuves, avec quel fondement de vérité ne pouvons-nous pas le dire de cette dévotion envers les âmes du purgatoire ?

La religion pure et sans, tache aux yeux de Dieu notre Père, consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leur affliction, et à se conserver pur de la corruption du siècle présent.

La charité (dirons-nous avec saint Pierre, aux fidèles qui pratiquent cette dévotion), la charité  couvre beaucoup de péchés. Ceux qui souffrirent selon la volonté de Dieu, persévérant dans les bonnes œuvres, remettent leur âme entre les mains de celui qui est leur Créateur et qui leur sera fidèle.

CONSIDÉRATION.

Il n’est donc pas, pour ainsi dire, de moment en notre vie, où nous ne puissions secourir les âmes du purgatoire, si nous avons soin de nous conserver en état de grâce, et d’offrir, à cette intention, toutes nos actions à Dieu.

Ainsi ce n’est pas seulement au saint sacrifice de la messe, au pied du trône du Dieu eucharistique, ou lorsque nous prions avec ferveur, que nous exerçons cette charité sublime, nous remplissons même ce devoir en offrant nos bonnes œuvres quelconques, le plus petit acte de vertu !

Que cette considération influe sur toute notre conduite, et que la pensée du soulagement que nous pouvons si aisément apporter à ses saintes âmes, soit pour nous un motif de ne perdre jamais l’amitié de Dieu.

ORAISON DE L’ÉGLISE.

O Dieu ! qui pardonnez aux pécheurs, et qui aimez le salut des hommes, nous supplions votre bonté d’accorder à tous ceux qui sont nos frères par le lien d une société particulière, à nos proches et à nos bienfaiteurs, qui sont sortis de ce monde, qu’étant aidés par l’intercession de la bienheureuse Marie toujours Vierge, et de tous les Saints, ils soient admis avec eux à la participation de la béatitude éternelle. Par Jésus-Christ Notre- Seigneur. Ainsi soit-il.

  Indulgence applicable aux morts. — Quand on récite avec un cœur contrit l’oraison : O mon Dieu ! qui avez voulu, etc, en y ajoutant cinq Pater: Ave et Gloria, en l’honneur de la passion et de la mort de N.-S. J.-C., on obtient une indulgence une fois par jour, et une indulgence plénière quand on l’aura récitée tous les jours du mois, et qu’on se confesse et qu’on communie un des trois derniers jours du mois et qu’on prie selon les intentions de l’Église. (Décret du 25 Août 1820.)