LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 28 novembre
Selon LE MOIS DE NOVEMBRE CONSACRÉ AU SOUVENIR DES ÂMES DU PURGATOIRE par des considérations sur les peines qu’elles y souffrent, les motifs et les moyens de les soulager et sur l’utilité de la pensée du purgatoire. – L. Grandmont Liège 1841
Nous pouvons éviter le purgatoire en endurant en esprit de pénitence les afflictions que Dieu nous envoie.
La religion m’apprend que si j’ai encore à ma mort des dettes à acquitter envers la justice divine, je les acquitterai dans le purgatoire, prison passagère, il est vrai, mais d’où l’on ne sort qu’après avoir versé jusqu’à la dernière obole ; et où, en attendant une satisfaction complète, réglée par la justice de Dieu, on endure de grandes souffrances.
Saint Césaire d’Arles dit que la moindre peine qu’on l’y souffre est plus grande que la plus terrible qu’on puisse même imaginer. Il est rare qu’après la mort on ne descende dans ce lieu d’expiation. Il y a néanmoins des moyens de n’y point aller, ou du moins d’y demeurer peu de temps. Parmi ces moyens je dois compter les afflictions : la religion m’apprend que, supportées avec patience et en esprit de pénitence, elles peuvent servir à acquitter dès cette vie toutes mes dettes.
Dieu ne tire pas une double vengeance du même péché. Il m’envoie des afflictions dans le dessein que je les accepte avec humilité et avec résignation comme une punition de mes iniquités ; que si je me conforme à ce dessein de miséricorde, après cette vie il exigera de moi beaucoup moins.
Ôtez la rouille de l’argent, dit le Sage (Prov. 25, 4.), et on en fera un vase très pur. C’est ainsi qu’il faut que mon âme soit purifiée de ses taches, avant de paraître au festin éternel du Roi des cieux. Si elle l’est aujourd’hui par le feu de la tribulation, elle n’aura pas besoin des flammes du purgatoire.
De deux maux il faut toujours choisir le moindre, dit l’auteur de l’imitation de J.-C., si vous dites que vous ne pouvez pas tout souffrir, comment, ajoute-t-il, pourrez-vous supporter les peines du purgatoire ? II est vrai que je souffre depuis bien des années ; mais ces années, si je sais en profiter, valent peut-être pour moi des siècles que je passerais à souffrir dans l’autre vie.
Car, à présent Dieu use toujours de clémence, il pardonne aisément ; mais le jour viendra où il faudra satisfaire en toute rigueur ; d’autant plus qu’il ne tenait qu’à moi, lorsque j’étais sur la terre, d’acquitter beaucoup avec peu de travail. Daignez donc, Seigneur, dirai-je souvent avec saint Augustin, daignez effacer par tous les moyens que vous jugerez convenables tout ce qui resterait encore de souillures à mon âme, afin qu’après la mort, il ne lui reste plus rien à expier.
Si je suis rempli de l’esprit du christianisme, mon âme, semblable à l’épouse sacrée, doit être dans une sainte impatience de voir le bien-aimé. Or, pour savoir si j’ai lieu d’espérer que je le verrai aussitôt, ou du moins bientôt après que j’aurai rendu le dernier soupir, je n’ai qu’à interroger mes afflictions.
Elles me diront que, servant à me purifier toujours davantage de mes péchés, elles contribuent à me procurer le bonheur de le voir après la mort, beaucoup plus tôt que je ne l’aurais vu sous le poids éternel d’une gloire souveraine et incomparable, si je passais aujourd’hui ma vie dans le calme et la tranquillité.
Dans quelle affliction n’est pas en cette vie une âme à qui l’on diffère la jouissance d’un bien qu’elle regarde comme sa félicité ! Qu’est-ce cependant que ce bien où tendraient ses avides désirs ! Fût-il question d’un trône, c’est au fond un néant.
Mais je dois juger de là quelle sera la douleur aiguë de mon âme dans le purgatoire, si j’ai le malheur d’y être détenu, quand elle se verra privée, pour un temps, de la jouissance du seul bien qui soit désirable, et qui mérite le nom de bien, de la possession de vous-même, ô mon Dieu ! souveraine félicité, pour laquelle je suis créé. Un seul instant de délai paraîtra un siècle. Cette seule peine sera plus dure mille fois que toutes les autres.
Vos Saints, lorsqu’ils étaient encore sur la terre, auraient acquis par tous les supplices le bonheur de jouir, pour quelques moments, de votre présence. O mon Sauveur ! plutôt que de permettre qu’après la mort le bonheur de vous voir me soit différé, envoyez-moi aujourd’hui toutes les souffrances que je suis capable d’endurer ; je les accepte d’avance avec reconnaissance ; mais je vous demande la grâce de les supporter avec cet esprit de soumission et de pénitence qui les rend méritoires à vos yeux.
Si j’avais de Dieu , de ses grandeurs, de ses perfections une juste idée, si je comprenais bien ce que c’est que le péché, le caractère de révolte et d’ingratitude qu’il porte avec lui, loin de me plaindre de ce que je souffre, je trouverais que je souffre trop peu pour réparer , par la souffrance , autant qu’il est en moi , les outrages que j’ai faits à Dieu.
Pour lui rendre, par la souffrance, autant de gloire, s’il se pouvait, que je lui en ai enlevé par le péché ; et je dirais avec St. Bernard : « Toutes les afflictions sont faciles à supporter, quand je pense à mes péchés passés qui m’ont été remis. » Oui, ces péchés m’avaient mérité l’enfer : la bonté divine a daigné me les remettre par les mérites infinis du sang de l’Homme-Dieu répandu pour moi.
Mais je dois endurer les peines dues à ces péchés ; la justice suprême l’exige, et, si je meurs sans les avoir endurées, le purgatoire sera ma demeure aussi longtemps que je n’aurai pas entièrement satisfait, car rien de souillé n’entrera dans la céleste Jérusalem.
Or les souffrances, les plus petites souffrances, sont pour moi un moyen certain d’éviter ce terrible séjour dans le lieu d’expiation ; ainsi elles peuvent me donner de quoi endurer en peu de temps jusqu’à la dernière obole.
Ne perdons donc point le fruit de ces précieuses souffrances, et pour ne pas le perdre, pensons souvent au purgatoire qu’elles nous feront éviter, en nous en faisant faire un sur cette terre, mille fois plus doux que celui qui nous était réservé dans l’autre vie. Disons donc avec le Sage : « Les maux que Dieu nous envoie sont moins des traits de sa colère que de son amour ».
Et reconnaissons la vérité des paroles de saint Jacques : « Mes frères, regardez comme le sujet d’une joie parfaite les diverses afflictions qui vous arrivent. »
RÉSOLUTION.
Prenons la résolution de nous occuper de l’idée du purgatoire dans nos afflictions, nos maladies, etc., afin qu’elle nous les fasse supporter chrétiennement et que nous amassions un trésor de mérites pour rendre en ce monde toutes les dettes dont notre âme est chargée.
PRIÈRE.
O Dieu miséricordieux ! accordez-moi la grâce de profiter de toutes les afflictions de cette vie pour faire mon purgatoire en ce monde, « sachant quel est celui à qui j’ai cru, et tenant cette espérance au fond de mon cœur, que le moment si court et si léger des afflictions que nous souffrons en cette vie produira en nous le poids éternel d’une gloire souveraine et incomparable ». St Paul 2 Co. 4, 17)
Faites, ô mon Dieu, que je n’oublie pas non plus cette maxime de vos saintes Écritures : « Le Seigneur corrige celui qu’il aime ; et en le corrigeant, Il a pour lui une vraie tendresse de père ; il le regarde comme l’objet de ses plus chères délices.» (Prov. 3, 12) Par J.-C. N. S. Ainsi soit-il.
Indulgence applicable aux morts. — Indulgence accordées aux Fidèles qui réciteront une fois par jour avec un cœur contrit, sept Ave Maria, en ajoutant, après chacun d’eux, la strophe du Stabat : Sainte Mère, faites que les plaies de mon Sauveur soient gravées dans mon cœur.
Indulgence plénière, une fois par mois, pour tous ceux qui feront tous les jours ce pieux exercice, le jour du mois, à leur choix , où, s’étant confessés et ayant communié, ils prieront selon les intentions de l’Église. (Bref du 1e‘ Décembre 1815)