La grâce du baptême
LUNDI (3e semaine de Carême) 2 R 5,1-15a – Lc 4,24-30
Si tu savais le don de Dieu (Jn 4/10)
Le baptême est le sacrement de l’adoption divine et de l’initiation chrétienne. En lui nous découvrons/ comme dans son germe/ le double aspect de «mort au péché et de vie pour Dieu», qui doit caractériser toute l’existence d’un disciple du Christ.
Nous devons souvent du fond du cœur, remercier Dieu de l’adoption divine donnée au baptême : c’est la grâce initiale d’où dérivent pour nous toutes les autres…
Cette reconnaissance doit se manifester par une généreuse et constante fidélité à nos promesses baptismales. Nous devons être si pénétrés du sentiment de notre dignité surnaturelle de chrétiens que nous rejetions ce qui peut la ternir et ne recherchions que ce qui lui est conforme.
La gratitude est le premier sentiment que doit faire naître en nous la grâce baptismale ; la joie est le second. Nous ne devrions jamais penser à notre baptême sans un profond sentiment d’allégresse intérieure.
Au jour du baptême/ nous sommes nés/ en principe, à la béatitude éternelle ; nous en tenons même le gage dans cette grâce sanctifiante qui nous y a été donnée ; entrés dans la famille de Dieu, nous avons le droit de participer à l’héritage du Fils unique.
Quel motif de joie plus grand pour une âme, ici-bas, que de penser qu’en ce jour du baptême/ le regard du Père éternel s’est posé sur elle avec amour, et que le Père l’a appelée, en lui murmurant le nom d’enfant à participer aux bénédictions dont le Christ est comblé ?
Enfin et surtout, nous devons laisser aller notre âme à une grande confiance. Dans nos relations avec notre Père des cieux, nous devons nous souvenir que nous sommes ses enfants, par la participation à la filiation du Christ Jésus, notre frère aîné. Douter de notre adoption, des droits qu’elle nous donne, c’est douter du Christ lui-même.
Ne l’oublions jamais : nous avons revêtu le Christ au jour de notre baptême/ ou plutôt nous avons été incorporés à lui ; nous avons donc le droit de nous présenter devant le Père éternel et de lui dire : Je suis ton premier-né (Gn 27,32) ; de parler au nom de son Fils, de solliciter de lui avec une confiance absolue tout ce dont nous avons besoin.
Quand elle nous créait, la Trinité sainte le faisait « à son image et à sa ressemblance » ; quand elle nous confère l’adoption au baptême, elle grave en nos âmes les traits mêmes du Christ.
Et c’est pourquoi, lorsqu’il nous voit revêtus de la grâce sanctifiante, qui nous fait ressembler à son divin Fils, le Père ne peut que nous accorder ce que nous lui demandons, non de nous-mêmes, mais en nous appuyant sur celui en qui il a mis ses complaisances.
Telle est la grâce et la puissance que nous apporte le baptême : de nous rendre, par l’adoption surnaturelle, frères du Christ, capables, en toute vérité/ de partager sa vie divine et son héritage éternel : Vous avez revêtu le Christ (Ga 3,27).
Ô chrétien, quand reconnaîtras-tu ta grandeur et ta dignité ? Quand proclameras-tu, par tes œuvres, que tu es de race divine ? Quand vivras-tu en digne disciple du Christ ?
Columba Marmion Le Christ, vie de l’âme, Abbaye de Maredsous, 1933, p. 186 et 203-204.