La nouvelle création
(4e semaine de Carême) Is 65,17-21 – Jn 4,43-54
On goûtera la joie et l’allégresse éternelle de ce que je vais créer (Is 65,18)
Voici venu le règne de la vie et renversé le pouvoir de la mort. Une autre naissance est apparue ainsi qu’une autre vie, me autre manière d’être, une transformation de notre nature elle-même. Cette naissance-là n’est le fait ni du de l’homme ni du désir de la chair, mais de Dieu (Jn 1,13). Comment cela ? Je vais te le montrer le plus clairement possible.
Ce nouveau germe de vie est porté par le sein de la foi ; il est amené à la lumière par la nouvelle naissance du baptême ; sa nourrice, c’est l’Église qui l’allaite par son enseignement ; son aliment, c’est le pain d’en haut ; la maturité de son âge, c’est une conduite parfaite ; son mariage, c’est son union avec la Sagesse ; ses enfants, c’est l’espérance ; sa maison, le Royaume ; son héritage et ses richesses, les délices du paradis ; sa fin, ce n’est pas la mort, mais la vie éternelle dans le bonheur préparé pour les saints…
Voici le jour que le Seigneur a fait (Ps 117,24). Jour bien différent de ceux du commencement, car en ce jour Dieu fait un ciel nouveau et une terre nouvelle, comme dit le prophète (cf. Is 65,17). Quel ciel ? Le firmament de la foi au Christ. Quelle terre ? Le cœur bon, comme dit le Seigneur, la terre qui s’imprègne de la pluie qui descend sur elle, la terre qui fait pousser d’abondantes moissons.
Dans cette création, le soleil, c’est la vie pure ; les astres, ce sont les vertus ; l’air, c’est une conduite limpide ; la mer, c’est la riche profondeur de la sagesse et de la connaissance ; l’herbe et le feuillage, c’est la bonne doctrine et les enseignements divins dont se nourrit le troupeau des pâturages, c’est-à-dire le peuple de Dieu ; les arbres portant du fruit, c’est la pratique des commandements.
En ce jour est créé l’homme véritable, celui qui est fait à l’image et à la ressemblance de Dieu.
N’est-ce pas tout un monde qu’inaugure pour toi ce jour qu’a fait le Seigneur ? En parlant de lui, le prophète Zacharie dit que ce n’est pas un jour comme les autres jours, ni une nuit comme les autres nuits (cf. Za 14,7). Et nous n’avons pas encore parlé du plus grand privilège de ce jour de grâce.
C’est qu’il a détruit les affres de la mort et donné naissance au premier-né d’entre les morts, … lui qui a dit : Je vais vers mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu (Jn 20,17). Quelle belle et bonne nouvelle ! Celui qui pour nous est devenu comme nous, pour que devenu des nôtres il fasse de nous ses frères, amène sa propre humanité vers le Père véritable afin d’y entraîner avec lui tous ceux de sa race.
(Saint Grégoire de Nysse Premier discours sur la Résurrection : PG 46, 603, 606, 626-627. Traduction Orval)
« ‘Aimer quelqu’un, a écrit Gabriel Marcel, c’est lui dire : tu ne mourras pas.’ En Jésus Christ, voilà ce que nous pouvons dire aux hommes : la mort est vaincue, le Christ est ressuscité, mon frère, tu es vivant — à jamais ! » (Olivier Clément)