Un Dieu qui me fait signe
VENDREDI (5e semaine de Carême) Jr 20,10-13 – Jn 10,31-42
Croyez aux œuvres, afin de savoir et de reconnaître que le Père est en moi et moi dans le Père (Jn 10,38)
Ce que nous avons entendu, nous dit saint Jean, ce que nous avons vu de nos yeux et contemplé, ce que nous avons touché de nos mains, du Verbe de vie… Cela donc que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons (1 Jn 1,1.3). Et Dieu manifeste en son témoin sa parole : Dieu, au temps marqué, dit saint Paul, a manifesté sa parole dans un message dont un ordre de Dieu, notre Sauveur, m’a confié la charge (Tt 1,3).
Ce qui est vrai des apôtres, témoins premiers, est vrai de l’Église, témoin permanent… Quels que soient les intermédiaires humains, jusqu’à la fin des temps, c’est bien une parole vivante et personnelle de Dieu qui présente à l’âme les vérités de foi.
Il en va de même pour les signes par lesquels Dieu accrédite son témoignage. Ils ne sont pas, dans leur essence, des preuves générales, des matériaux abstraits de conviction, des principes de démonstration technique. Ils pourront — et devront — servir à de telles besognes. Mais ils ne sont pas d’abord de cet ordre.
Ils sont des interventions de Dieu, des gestes, des appels — impérieux ou discrets, tranquilles ou brusques comme un éclair —, mais toujours adressés par Dieu à chacun personnellement. C’est inévitable : si Dieu me parle maintenant, il me fait signe aussi maintenant.
Ces signes sont personnels dans leur origine, et d’abord, parce qu’ils font corps avec le témoignage. Ils ne sont ni un élément surajouté du dehors, ni des preuves simple¬ment rattachées au message et à l’objet divins par une déclaration ou un raisonnement extrinsèques.
Ils sont tous la manifestation d’une présence réelle, et ils montrent que le Dieu personnel est en action… A travers tous ces signes, c’est le Dieu personnel qui se révèle et se fait reconnaître : « Le doigt de Dieu est là.»
Personnels dans leur origine, les signes sont, de plus, toujours adressés à une personne. Dieu n’agit ni ne parle en général. Dieu ne s’adresse pas à des êtres saisis dans leurs traits généraux et abstraits. Nous l’avons noté plus haut : Dieu s’adresse à chaque âme en son secret le plus personnel.
Dès lors, un miracle accompli devant une foule ne s’adresse pas à cette foule comme telle, mais à chacun de ceux qui forment cette foule. Il vient parler aux yeux pendant que la grâce parle au cœur, et c’est de la jonction entre ces deux éléments du témoignage — signe extérieur et grâce intérieure — que jaillira l’acte de foi.
Mais ces deux éléments relèvent d’une seule action du même Dieu et sont deux moyens pour la Personne divine d’atteindre la personne humaine et de l’éveiller à sa vocation qui est la foi. Double sollicitation, à quoi l’homme répondra par un élan de tout soi-même ou bien qu’il refusera en pleine liberté.
Jean Mouroux Je crois en Toi Foi Vivante 1966 p. 28-32
Par son baptême, tout chrétien est devenu apte à contempler Dieu et à déceler sa présence dans la vie au-delà des apparences sensibles. Il est un « voyant ». Michel Quoist