Le destin de Marie
Parmi les êtres proches de Jésus qui assistèrent à son cheminement spirituel, qui y participèrent chacun à sa manière, sa Mère eut certainement une place de choix.
Marie, attachée à Israël peut-être de façon particulière par ses ancêtres, attachée à son fils par les liens infrangibles de la maternité, inquiète pour lui de toutes manières (et elle eut l’occasion de l’être) sensible et passionnée comme toute femme, tournée instinctivement vers la sécurité des coutumes et leur sauvegarde, entourée des siens qui sans doute la chargeaient de leur incompréhension et probablement de leur jalousie à l’égard de l’un des leurs…
Marie, d’autre part, étant ce qu’elle était devenue par tout ce qu’elle avait vécu et qui se développait en elle, par sa mission dont elle prenait peu à peu conscience en suivant son enfant, proche de lui dans le silence, subissant son ascendant comme nul autre, le comprenant à moitié, lui faisait confiance pour le reste, allant avec lui jusqu’au bout, aveuglément et quelle que soit la fin.
Tel fut son destin.
Ce destin qui, après la mort de Jésus, ne fut certes pas moins lourd à porter ; sachant ce que son enfant avait été, ce qu’il avait voulu, ce qui maintenant se faisait et se défaisait, le grain qui poussait et l’ivraie, l’œuvre des apôtres grandiose mais si précaire, la moisson qui s’annonçait mais déjà si attaquée, ce Retour qui se faisait attendre, cet avenir qu’un point final ne venait pas achever, et qui s’ouvrait béant sur on ne sait quel inconcevable avenir !
Marie, par sa proximité avec Jésus, par son attachement à sa race, a vécu plus que personne, dans la fidélité, les heures difficiles et capitales où la foi qui s’est substituée à l’attachement à la Loi, ne subsiste que si elle fait corps avec ce qu’on est au-delà de toute croyance idéologique, de toute évidence, de toute certitude autre que celle de sa réalité propre.
Aussi Marie est-elle, de façon éminente, quotidiennement présente à ceux qui sont les artisans, affrontés à l’impossible, d’an avenir radicalement inconnu et presque inconcevable, tant il devra être plus fidèle que le passé à ce que Jésus a été.
Marcel LEGAUT (pour le 31 mai, Visitation de la Sainte Vierge)