CORPS ET SANG DU CHRIST

Juan de Juanes (1523–1579) - Cène, Musée du Prado
Juan de Juanes (1523–1579) – Cène, Musée du Prado

En la fête du Saint-Sacrement, voici le message du pape Benoît XVI, donné lors de la prière de l’Angélus,  ce dimanche 26 juin 2011, place Saint-Pierre à Rome.

Chers frères et sœurs!

Aujourd’hui, en Italie et dans d’autres pays, nous célébrons la Fête-Dieu, la fête de l’Eucharistie, le Sacrement du Corps et du Sang du Christ, qu’Il a institué à la Cène, et qui est le trésor le plus précieux de l’Église. L’Eucharistie est comme le cœur qui donne vie à tout le corps mystique de l’Église: un organisme social, mais totalement basé sur la connexion spirituelle avec le Christ réel. Ainsi l’affirme l’Apôtre Paul: «Il y a un seul pain, à plusieurs nous sommes un seul corps: car tous nous participons à ce pain unique» (1 Cor 10:17). Sans l’Eucharistie, l’Église n’existe tout simplement pas. Et «l’Eucharistie, en fait, qui fait une communauté humaine, un mystère de communion, capable d’apporter Dieu au monde et le monde à l’Esprit Saint de Dieu, qui transforme le pain et le vin en Corps et Sang du Christ, transforme, même ceux qui la reçoivent par la foi, en membres du corps du Christ, afin que l’Église soit vraiment un sacrement d’unité de l’homme avec Dieu et des hommes entre eux.

Dans une culture de plus en plus individualiste, où nous sommes plongés dans les sociétés occidentales, et qui tend à se répandre à travers le monde, l’Eucharistie est une sorte d’«antidote», qui opère dans les esprits et les cœurs des croyants et continuellement sème en eux la logique de la communion, du service, du partage, en d’autres termes, la logique de l’Évangile. Les premiers chrétiens à Jérusalem étaient un signe évident de ce nouveau style de vie, parce qu’ils vivaient dans la fraternité et mettaient en commun leurs actifs, de sorte que personne ne fût pauvres (cf. Ac 2,42-47).

Et de quoi dérive tout cela? De l’Eucharistie, du Christ ressuscité, réellement présent parmi ses disciples, et qui travaille avec la puissance de l’Esprit Saint. Dans les générations suivantes à travers les siècles, l’Église, malgré les limites et les erreurs humaines, a continué à être dans le monde une force de  communion. Nous pensons en particulier aux périodes plus difficiles : qu’est-ce que cela signifie, par exemple pour les pays soumis à des régimes totalitaires, la possibilité de venir à la messe du dimanche! Comme disaient les anciens martyrs d’Abitène: « Sine dominico non possumus » – sans le « dominicum », c’est à dire sans l’Eucharistie du dimanche nous ne pouvons pas vivre. Mais le vide produit par la fausse liberté peut être tout aussi dangereux. La communion avec le Corps du Christ est le remède de l’esprit et de la volonté, pour redécouvrir le goût de la vérité et du bien commun.

Nous avons toujours à redécouvrir le don inouï de son Fils que Dieu nous fait dans l’Eucharistie en participant chaque dimanche à la messe. Faisons une large place à l’adoration eucharistique ! « Le Seigneur est là, dans le sacrement de son amour, il nous attend jour et nuit », répétait le saint Curé d’Ars. Puisons à cette source d’amour et de pardon la force de conformer toujours plus notre vie à l’Evangile ! Tant de chrétiens aujourd’hui lui rendent témoignage jusqu’au don de leur vie. Que notre prière fraternelle les soutienne sans relâche !

Chers amis, invoquons la Vierge Marie, que mon prédécesseur, le bienheureux Jean-Paul II, appelait «Femme Eucharistique » (Ecclesia de Eucharistia, 53-58). A son école, que nos vies deviennent pleinement «Eucharistie», ouvertes à Dieu et aux autres, capable de transformer le mal en bien avec la puissance de l’amour, en s’efforçant de promouvoir l’unité, l’entente, la fraternité.

© Copyright du texte original plurilingue : Libreria Editrice Vaticana

Aborder le Saint Sacrement nous invite à poursuivre par un bref regard sur les 7 sacrements de l’Église.