le jugement de Dieu

Une autre réalité liée à la vie éternelle est le jugement de Dieu, tant à la fin de notre existence qu’à la fin des temps. L’art a souvent tenté de le représenter – pensons au chef-d’œuvre de Michel-Ange dans la chapelle Sixtine – en adoptant la conception théologique de l’époque et en transmettant un sentiment de crainte à celui qui regarde.
S’il est juste de se préparer avec pleine conscience et sérieux au moment qui récapitule l’existence, il faut en même temps toujours le faire dans la dimension de l’espérance, une vertu théologale qui soutient la vie et permet de ne pas céder à la peur.
Le jugement de Dieu, qui est amour (cf. 1 Jn 4, 8.16), ne pourra se fonder que sur l’amour, en particulier sur la manière dont nous l’aurons ou non pratiqué envers les plus nécessiteux en qui le Christ, le Juge en personne, est présent (cf. Mt 25, 31-46).
Il s’agit donc d’un jugement différent de celui des hommes et des tribunaux terrestres. Il doit être compris comme un rapport de vérité avec Dieu-amour et avec soi-même dans le mystère insondable de la miséricorde divine.
L’Écriture Sainte affirme à cet égard : « Par ton exemple tu as enseigné à ton peuple que le juste doit être humain ; à tes fils tu as donné une belle espérance : après la faute tu accordes la conversion […] et [nous comptons] sur ta miséricorde lorsque nous somme jugés » ( Sg 12, 19.22).
Comme l’écrivait Benoît XVI : « Au moment du Jugement, nous expérimentons et nous accueillons cette domination de son amour sur tout le mal dans le monde et en nous. La souffrance de l’amour devient notre salut et notre joie ». [Lett. enc. Spe salvi, n. 47]
Bulle d’indiction du Jubilé 2025 – Pape François
La puissante intercession de la Vierge Marie
Elle est donc pleine de justesse, l’application que fait saint Antonin à Marie, de ces mots de la Sagesse : Tous les biens me sont venus conjointement avec elle. Et, en effet, comme l’affirme ce saint, Marie étant la Mère et la Dispensatrice de tous les biens, le genre humains, et spécialement quiconque qui est attaché au service de cette grande Reine, peut se féliciter d’avoir obtenu tous les biens par le moyen de Marie et de la dévotion envers elle.
De là cette affirmation absolue de l’abbé De Celles : » Qui trouve Marie, trouve tous les biens « . Il trouve toutes les grâces, toutes les vertus, car, par sa puissante intercession, elle lui obtient tout ce dont il a besoin, et l’enrichit de tous les dons célestes.
Elle-même nous fait savoir par la bouche du Sage, qu’elle tient entre ses mains toutes les richesses de Dieu, c’est-à-dire, les divines miséricordes, pour les distribuer à ceux dont elle est aimée. Nous devons donc, selon l’avertissement de saint Bonaventure, tenir sans cesse les yeux fixés sur les mains de cette tendre Mère, afin de recevoir par son moyen les biens que nous souhaitons.
L’espérance doit être constante, forte et inébranlable au milieu même des plus grands périls. SI. Il faut espérer toujours et sans interruption.
L’espérance, racine de toutes les vertus chrétiennes
*I. TOUTES les vérités et toutes les vertus chrétiennes servent à notre salut, mais d’une manière fort différente. Les unes n’y doivent contribuer qu’en certains temps et dans certaines circonstances, et cela plus ou moins, selon leur liaison avec les vérités et les vertus les plus essentielles, et selon leur proportion avec les dispositions particulières et les divers besoins de chaque âme.
Les autres tiennent une place plus distinguée dans la vie chrétienne, parce que non-seulement les premiers commencements du salut, mais encore tout le progrès et toute la suite de ce grand ouvrage en dépendent, et qu’elles ont un rapport nécessaire à des besoins qui sont communs à tous les hommes et qui sont perpétuels. C’est dans ce rang qu’il faut placer l’espérance.
Elle est avec la foi la racine de toutes les vertus chrétiennes ; mais une racine qui après les avoir produites, sert à les nourrir, à leur communiquer de la force et du mouvement, sans quoi elles tomberaient dans la langueur et dans la mort. C’est néanmoins ce que beaucoup de Chrétiens comprennent mal, et pratiquent encore plus mal.
On sent assez quelle serait l’imprudence d’un convalescent, qui ne se servirait que rarement des aliments dont le médecin lui aurait ordonné de faire un usage perpétuel, et qui prendrait pour sa nourriture ordinaire certaines choses que ce médecin ne lui aurait ordonnées que par forme de remède, ou pour certaines circonstances seulement.
C’est à peu près le défaut où tombent beaucoup de personnes par rapport à l’espérance. Ils ne lui donnent pas la place qu’elle doit tenir dans la vie chrétienne selon l’ordre du Médecin céleste. Ils ne l’étendent pas jusqu’où elle devrait s’étendre. Ils s’occupent beaucoup plus d’autres vérités que de celles qui sont destinées pour entretenir et animer l’espérance.
Mais ces autres vérités n’ayant pas la même force, ne produisent pas aussi le même fruit, et peuvent même produire de mauvais effets, parce que l’on passe en se les appliquant la mesure prescrite, qui nous les aurait rendues salutaires. Ce défaut a souvent de grandes et pernicieuses suites.
Il arrive de là que toute la religion prend pour ceux qui y tombent, une face toute différente de celle qu’elle aurait prise, parce qu’on lui ôte une infinité de ressources et de consolations que la seule espérance peut fournir.
En continuant de ne pas faire assez d’usage de ce qui rendrait la religion intéressante, elle devient insensiblement comme indifférente à l’homme, et enfin elle ne lui paraît plus que comme un joug pénible, ou comme un poids accablant. Cependant c’est dans la religion que Dieu veut que nous trouvions une source perpétuelle de consolations, de joie, de paix, de courage et d’actions de grâces.
Comprenons donc bien que c’est l’espérance chrétienne qui lie la religion à l’homme et à ses véritables intérêts ; que c’est elle qui la lui rend douce et consolante par l’attente des biens ineffables qu’elle lui propose ; et qu’afin qu’elle soit pour nous une source perpétuelle de paix, de courage et d’actions de grâces, il faut qu’en tout temps elle règne dans le fond intime de l’âme, et que nous unissions toujours des sentiments de confiance à toutes les vérités et à toutes les actions de la religion.
C’est là l’usage que Dieu dans ses Écritures nous ordonne de faire de l’espérance chrétienne, comme nous l’avons déjà souvent marqué, et comme nous l’allons encore montrer plus expressément.
*II. Le juste vit de la foi (Rom. 1, 17). C’est une maxime que l’Apôtre a tirée du prophète Habacuc, qu’il cite dans trois de ses Épitres, et dont il fait un des principaux fondements de toute sa doctrine. (Rom.1,17 ; Galat. 3, 11 ; Hebr. 10, 38). Mais ce n’est pas de la foi seulement que le juste vit; il vit aussi de l’espérance et de la charité.
C’est dans l’exercice des actes de ces trois vertus que consiste toute la justice chrétienne, et toute la vie du juste depuis ses plus faibles commencements jusqu’à sa dernière perfection. Comme ce n’est pas simplement en certains temps de la vie, mais dans tous les temps, que le juste vit de la foi, ce n’est pas aussi en certains intervalles de la vie, mais toujours et en tout temps que le juste vit de l’espérance.
Espérez toujours dans votre Dieu, dit le Prophète (Osée 12, 6. 18) : oui, Seigneur, j’espérerai toujours en vous et je vous donnerai sans cesse de nouvelles louanges (Ps. 70. 15). Nous sommes de la famille de Dieu, nous sommes sa maison, si toutefois nous conservons jusqu’à la fin la confiance et la gloire de notre espérance (Hebr. 3, 6).
Il faut donc conserver sans interruption la confiance et l’espérance : c’est ce qui fait notre bonheur et notre gloire. Qu’ISRAEL espère dans le Seigneur, dès maintenant et dans tous les siècles (Ps. 130, 5) ; et depuis le point du jour jusqu’à la nuit (Ps. 129, 6).
*III. Il faut toujours prier, et ne se point lasser de le faire, nous dit Jésus- Christ (Luc 18, 1). Priez sans cesse, nous dit encore saint Paul (1Thessal. 5 17) S’il faut prier toujours et sans cesse, il faut donc aussi espérer toujours, espérer sans cesse et ne se lasser jamais d’espérer ; car on ne demande à Dieu dans la prière que ce que l’on espère d’obtenir.
Cette prière continuelle renferme, dit Saint Augustin, le désir continuel de la vie bienheureuse, et de la possession éternelle du bien souverain qui est Dieu même. (In Psal. 3.7 et Ép. 121 ad Probum) Ce désir est essentiel à la vie chrétienne ; personne ne possédera cette vie bienheureuse, s’il ne l’a ardemment désirée.
C’est ce qui fait dire à ce même saint docteur que toute la vie d’un bon chrétien est un saint désir (Saint Augustin. tract. 4. in 1 Epist. Jean p. 3). Cette vie bienheureuse est la fin pour laquelle Dieu nous a créés et pour laquelle il nous a rachetés. Ce doit être la fin de toutes les actions chrétiennes.
Elles doivent toutes être faites par l’impression de ce désir ; elles doivent toutes s’y rapporter. Mais cela même montre que toutes nos actions doivent être faites par l’impression de l’espérance chrétienne ; car il y a une liaison nécessaire entre l’espérance chrétienne, et le désir et l’attente de cette vie bienheureuse.
Il faut espérer, il faut désirer et attendre la vie éternelle , et tous les moyens qui doivent nous y conduire. Il faut espérer en tout temps (Saint Augustin, tract. 4. in 1 Epist. Joan. p. 3) et en toutes nos actions, dès maintenant et jusqu’à la fin, depuis le point du jour jusqu’à la nuit.
*IV. Mais combien de fois avons-nous éprouvé que rien n’est plus inconstant que notre espérance ? Le matin nous sommes pleins de confiance ; le soir nous sommes découragés. Nous lisons, nous consultons, nous nous exhortons ; et malgré tout cela nous ne pouvons calmer notre cœur ; nous épuisons tous les avis et toutes les pratiques que nous pouvons trouver dans les livres ou auprès des directeurs ; et nous sentons toujours une secrète pente au découragement et à la peur.
Que pouvons-nous faire dans ces états, sinon de nous prosterner aux pieds de Jésus-Christ qui commande avec un pouvoir souverain aux vents et aux flots de la mer ; de lui faire un aveu sincère de l’impuissance où nous sommes de calmer nos agitations et nos frayeurs (car jusqu’à ce que nous fassions sincèrement cet aveu, la tempête durera) ; de le conjurer avec toute l’humilité et toute l’instance dont nous sommes capables, de nous rendre le calme ; de lui dire avec le Prophète : Seigneur, dites à mon âme : Je suis votre salut ; et d’ajouter avec saint Augustin : mais dites-le, Seigneur, d’une voix si forte que je l’entende (Saint Augustin. livre 1. Confess. c. 5)
P. Gaud
Prière du Jubilé
Père céleste,
En ton fils Jésus-Christ, notre frère,
Tu nous as donné la foi,
Et tu as répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint, la flamme de la charité
Qu’elles réveillent en nous la bienheureuse espérance de l’avènement de ton Royaume.
Que ta grâce nous transforme,
Pour que nous puissions faire fructifier les semences de l’Évangile,
Qui feront grandir l’humanité et la création tout entière,
Dans l’attente confiante des cieux nouveaux et de la terre nouvelle,
Lorsque les puissances du mal seront vaincues,
Et ta gloire manifestée pour toujours.
Que la grâce du Jubilé,
Qui fait de nous des Pèlerins d’Espérance,
Ravive en nous l’aspiration aux biens célestes
Et répande sur le monde entier la joie et la paix
De notre Rédempteur.
A toi, Dieu béni dans l’éternité,
La louange et la gloire pour les siècles des siècles.
Amen !
Prières de la messe du jour
D’un seul cœur ils ont chanté
ta main victorieuse, Seigneur:
la Sagesse a ouvert la bouche des muets,
et délié la langue des tout-petits, alléluia. (Sg 10,20-21)
Seigneur Dieu, +
tu as uni tant de nations diverses
dans la même confession de ton nom; *
accorde à ceux qui renaissent à la fontaine baptismale
d’avoir au cœur la même foi /
et dans leurs actes le même amour.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur, +
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit, /
Dieu, pour les siècles des siècles.
Accueille avec bonté ce sacrifice,
nous t’en prions, Seigneur: +
nous te l’offrons dans l’action de grâce,
pour ceux que tu as fait renaître par le baptême; *
accorde-nous d’obtenir sans tarder /
le secours qui vient du ciel.
Par le Christ, notre Seigneur.
Peuple racheté par Dieu,
vous tous, annoncez les merveilles
de celui qui vous a appelés des ténèbres
à son admirable lumière, alléluia. (1P 2, 9)
Écoute nos prières, Seigneur: *
que cet échange très saint où l’homme est racheté
nous soutienne durant la vie présente /
et nous procure les joies éternelles.
Par le Christ, notre Seigneur.