Le primat de la prière

Chers frères et sœurs,

l’Église doit affronter des situations imprévues dès le début. Les Actes des apôtres racontent comment la première communauté chrétienne dut résoudre le problème de la pastorale de la charité envers des personnes dans le besoin, particulièrement les veuves. Face à l’urgence de cet aspect de la vie communautaire, les Apôtres prennent ensemble la décision de choisir sept hommes qui exerceront la diaconie de la charité, pour qu’eux-mêmes puissent ‘se consacrer à la prière et au service de la Parole’. Ils montrent ainsi la priorité à donner à Dieu, à la prière personnelle ou communautaire.

Sans la prière quotidienne vécue avec fidélité, notre action se vide, perd son âme profonde, se réduit à un simple activisme qui, à la fin, nous laisse insatisfaits.

Chacun de nos pas, chacune de nos actions dans notre vie, même dans l’Église, doit être fait devant Dieu, à la lumière de sa Parole. C’est seulement dans un rapport intime avec Dieu, cultivé jour après jour, que peut naître la réponse au choix du Seigneur et qu’est confié tout ministère dans l’Église.

Le primat de la prière et de la Parole de Dieu produit ensuite l’action pastorale. Sans elle, on risque de s’agiter et de se préoccuper inutilement au plan ecclésial et pastoral. Pour les Pasteurs, c’est la première forme de service envers le troupeau qui leur est confié et c’est la plus précieuse.

Les chrétiens, par l’écoute de la Parole,  le dialogue avec Dieu, même dans le silence d’une église sont unis dans le Seigneur à leurs frères et sœurs dans la foi, comme des instruments à l’unisson qui, bien qu’individuellement, élèvent à Dieu une unique grande symphonie d’intercession, d’action de grâces et de louange.

Prière et service de la Parole sont liés. La vie des Saints manifeste l’unité profonde entre la prière et l’action, entre l’amour total pour Dieu et celui pour les frères. Trop d’occupations, une vie frénétique finissent souvent par endurcir le cœur. Chers amis, ce rappel est précieux  aujourd’hui alors que nous évaluons tout à l’aune de la productivité et de l’efficacité ! Le travail est important, mais nous avons aussi besoin de Dieu, de sa lumière. Sans la prière quotidienne, l’activisme nous guette.

Si les poumons de la prière et de la Parole de Dieu n’alimentent pas la respiration de notre vie spirituelle, nous risquons de suffoquer au milieu des mille occupations de nos journées : la prière est la respiration de l’âme et de la vie.

Extraits de la catéchèse de Benoît XVI, lors de l’audience du 25 avril 2012,  place St Pierre à Rome.

© Libreria Editrice Vaticana 2012