La pluie et les pèlerins

25-07-2013 source : L’Osservatore Romano

A peine arrivé à Rio de Janeiro l’Evêque de Rome a conclu le premier discours en disant vouloir embrasser le Brésil tout entier, pour que «personne ne se sente exclu de l’affection du Pape». Toute la première partie de ce premier voyage international a montré, au-delà de tout soupçon, que ses paroles n’étaient pas du tout de circonstance. C’est en effet l’image de l’étreinte qui représente le mieux l’accueil réservé au Pontife et l’introduction éloquente à la Journée mondiale de la jeunesse  — dans la métropole carioca et au sanctuaire marial d’Aparecida — qui se sont  déroulés sans problèmes mais sous une pluie incessante.

Mais au froid hivernal ont répondu la chaleur et l’enthousiasme de nombreuses centaines de milliers de Brésiliens et de pèlerins, venus de toute l’Amérique latine et de toutes les parties du monde. Descendus dans les rues combles de Rio et à  Aparecida ils ont embrassé le Pontife, qui sans s’épargner a répondu, en souriant à tous, en serrant des mains, en caressant et en embrassant des enfants, des personnes âgées, des malades. Naturellement ce sont surtout les jeunes qui n’ont pas reculé devant le mauvais temps et une foule très nombreuse a participé à la concélébration vespérale d’ouverture de la journée mondiale, présidée par l’archevêque de Rio sur la plage de Copacabana, alors que des centaines de drapeaux se déployaient  au gré du vent de l’océan.

Mais le froid et la pluie n’ont pas non plus découragé les centaines de milliers de Brésiliens qui ont voulu prier avec le Pape dans le grand sanctuaire consacré à Marie ou l’attendre le long des routes de Rio, quand il les a empruntées pour aller visiter l’hôpital Saint-François. Quelques heures avant cette rencontre émouvante, à Aparecida, où chaque année se rendent plusieurs millions de personnes,  le Pape avait confié non seulement la rencontre mondiale des jeunes, mais la vie du peuple latino-américain en priant devant la petite image de la Vierge.

Dans le sanctuaire, le Pape François a voulu rappeler l’expérience extraordinaire vécue comme archevêque de Buenos Aires au cours de la Ve conférence de l’épiscopat de l’Amérique latine et des Caraïbes, inaugurée par Benoît XVI, en la définissant comme «un grand moment d’Eglise» en raison de ce qui s’était alors passé. Les évêques se sentirent en effet entourés — «encouragés, accompagnés et, dans un certain sens, inspirés» — par ceux qui chaque jour remplissaient le grand sanctuaire marial pour se confier à la Vierge.

«Précisément de ce tissage entre les travaux des pasteurs et la foi simple des pèlerins, sous la protection maternelle de Marie» — a dit le Pape  — est né le document d’Aparecida sur la rencontre avec le Christ et sur la mission de l’Eglise. C’est ainsi qu’était relancée de manière nouvelle la relation fondamentale entre l’évêque et le peuple, que le Pape François a voulu souligner le soir même de son élection en invoquant la bénédiction de Dieu.

A Aparecida et ensuite à  Rio, à  l’hôpital Saint-François — où l’on soigne également de nombreuses victimes de la drogue et du trafic de drogue qui s’enrichit sur la mort — l’Evêque de Rome a parlé d’espérance, en repoussant avec une ferme douceur la voie de la libéralisation des drogues et en indiquant celle résolutive de l’éradication des causes qui conduisent à leur usage: en particulier l’engagement pour une plus grande justice et la patience de la rééducation. Afin de devenir tous des «porteurs d’espérance» selon le modèle évangélique du bon samaritain.