Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Le symbole de Nicée, symbole d’espérance

Le symbole de Nicée, symbole d’espérance

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Un anniversaire très important pour tous les chrétiens tombera au cours du prochain Jubilé. En effet, cela fera 1700 ans que le premier grand Concile œcuménique, le Concile de Nicée, a été célébré. Il convient de rappeler que, depuis les temps apostoliques, les pasteurs se sont à plusieurs reprises réunis en assemblée pour traiter de questions doctrinales et disciplinaires.

Dans les premiers siècles de la foi, les synodes se sont multipliés tant en Orient qu’en Occident, montrant l’importance de préserver l’unité du Peuple de Dieu et la fidélité à l’annonce de l’Évangile.

L’Année Jubilaire pourrait être une occasion importante pour concrétiser cette forme synodale que la communauté chrétienne perçoit aujourd’hui comme une expression de plus en plus nécessaire pour mieux répondre à l’urgence de l’évangélisation : tous les baptisés, chacun avec son charisme et son ministère, coresponsables pour que de multiples signes d’espérance témoignent de la présence de Dieu dans le monde.

Le Concile de Nicée avait pour mission de préserver l’unité gravement menacée par la négation de la divinité de Jésus-Christ et de son égalité avec le Père. Environ trois cents évêques étaient présents, réunis dans le palais impérial, convoqués par l’empereur Constantin, le 20 mai 325.

Après divers débats, ils se sont tous reconnus, par la grâce de l’Esprit, dans le Symbole de la foi que nous professons encore aujourd’hui dans la célébration eucharistique dominicale. Les pères du Concile ont voulu commencer ce Symbole en utilisant pour la première fois l’expression « Nous croyons », pour témoigner que dans ce “Nous”, toutes les Églises étaient en communion, et que tous les chrétiens professaient la même foi.

Le Concile de Nicée est une pierre milliaire dans l’histoire de l’Église. Son anniversaire invite les chrétiens à s’unir dans la louange et l’action de grâce à la Sainte Trinité et en particulier à Jésus-Christ, le Fils de Dieu, « consubstantiel au Père », qui nous a révélé ce mystère d’amour.

Mais Nicée représente aussi une invitation à toutes les Églises et communautés ecclésiales à poursuivre le chemin vers l’unité visible, à ne pas se lasser de chercher les formes adéquates pour répondre pleinement à la prière de Jésus : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé » ( Jn 17, 21).

Le Concile de Nicée a également discuté de la date de Pâques. À ce sujet, il y a encore aujourd’hui des positions divergentes qui empêchent de célébrer le même jour l’événement fondateur de la foi. Par un concours de circonstances providentiel, cela aura précisément lieu en 2025.

Cela doit être un appel à tous les chrétiens d’Orient et d’Occident pour qu’ils fassent un pas décisif vers l’unité autour d’une date commune de Pâques. Beaucoup, il est bon de le rappeler, n’ont plus connaissance des polémiques du passé et ne comprennent pas comment des divisions peuvent subsister sur ce sujet.

BULLE D’INDICTION DU JUBILÉ 2025 – PAPE FRANÇOIS

L’espérance du salut avec Marie « pleine de grâce »

Lorsque Dieu appelle Marie « pleine de grâce », l’espérance du salut s’allume pour le genre humain : une fille de notre peuple a trouvée grâce aux yeux du Seigneur, qui l’a choisie comme mère du Rédempteur. Dans la simplicité de la maison de Marie, dans un pauvre village de Galilée, commence à s’accomplir la prophétie solennelle du salut…

Sans violence, mais avec le doux courage de son « oui », la Vierge nous a libérés, non d’un ennemi terrestre, mais de l’antique adversaire, en donnant un corps humain à celui qui allait lui écraser la tête une fois pour toutes. Voilà pourquoi, sur la mer de la vie et de l’histoire, Marie resplendit comme Étoile de l’espérance.

Elle ne brille pas de sa propre lumière, mais elle reflète celle du Christ, Soleil apparu à l’horizon de l’humanité, si bien qu’en suivant l’étoile de Marie nous pouvons nous orienter au cours du voyage et maintenir notre route vers le Christ, en particulier dans les moments obscurs et tempétueux.

Homélie du 14 juin 2008 pendant la visite apostolique à Santa Maria di Leuca

L’Espérance plait si fort à Dieu, parce qu’elle l’honore.

*1. C’est Dieu lui-même qui nous déclare que nous l’honorons par l’espérance en sa bonté. Invoquez-moi, nous dit-il (Ps. 49, 46), au jour de l’affliction : je vous délivrerai, et vous m’honorerez. Celui qui espère honore véritablement Dieu ; car il n’espère en lui que parce qu’il a une idée grande et élevée de la puissance de Dieu, à qui il croit que tout est non-seulement possible, mais également facile dans l’ordre de la grâce comme dans l’ordre de la nature.

Il n’espère, que parce qu’il a de grands sentiments de la miséricorde de Dieu, à laquelle il ne met point de bornes, et qu’il n’en met encore aucunes à la bonté et aux mérites de Jésus-Christ, qu’il sait lui avoir été donné pour médiateur.

Celui qui espère en Dieu au milieu des plus grandes difficultés, et des maux les plus pressants, honore encore Dieu davantage, parce qu’il témoigne assez que l’idée et les sentiments qu’il a de la puissance et de la miséricorde de Dieu, et de la bonté et des mérites de Jésus – Christ, sont encore plus élevés et par conséquent plus dignes de Dieu et de Jésus- Christ.

*II. C’est ainsi, selon l’Apôtre, qu’Abraham, le Père de notre foi et de notre espérance, honora Dieu, parce qu’il espéra contre toute espérance (Rom. 4, 18) ; c’est-à-dire contre toutes les apparences, au milieu des plus grandes difficultés, des plus violentes tentations, et de la plus forte épreuve, où sa foi et son espérance pussent être exposées.

Il crut et espéra en celui qui ranime et ressuscite les morts, et qui appelle ce qui n’est point, comme ce qui est (Rom. 4, 17, 20. 21) ; qui peut tout sur les esprits, sur les corps, et sur le néant : Il n’hésita point, et n’eut pas la moindre défiance ; mais il se fortifia par la foi, rendant gloire à Dieu, et étant pleinement persuadé qu’il est tout-puissant pour faire ce qu’il a promis et ce qu’on attend de sa bonté.

*III. Si l’espérance honore Dieu, et lui est si agréable, parce qu’elle est toujours accompagnée d’une grande idée et de grands sentiments de sa puissance, de sa miséricorde, et des mérites de Jésus-Christ ne faut- il pas dire par une raison toute contraire que la défiance déshonore Dieu, et lui fait injure, parce que la défiance vient de ce que l’on a une idée et des sentiments faux, bas, injustes, et tout-à-fait indignes de Dieu et de Jésus- Christ ?

Aussi le Prophète emploie- t-il une grande partie du Psaume 77, qui est un des plus longs, à faire sentir aux Israélites, combien la défiance déshonore Dieu, combien elle l’irrite, surtout lorsqu’on a déjà souvent éprouvé les effets de sa bonté. Dieu nous invite et nous commande, en mille endroits de ses Écritures, de nous appuyer et de nous reposer sur lui.

Mais ne serait- ce pas lui faire une très -grande injure que de croire qu’il nous invite et qu’il nous commande de nous jeter entre ses bras, sans qu’il ait la volonté de nous soutenir ? Dieu, dit Saint Augustin, est-il donc un moqueur qui nous invite, qui nous presse, qui nous commande de nous appuyer sur sa main, pour nous tromper ensuite et nous laisser tomber en retirant sa main ?

Peut-on lui faire un plus grand outrage que d’en avoir une telle idée ?   « Jetez-vous donc entre ses bras, nous dit ailleurs ce saint Docteur, ne craignez point, il ne retirera point sa main pour vous laisser tomber ; jetez-vous hardiment, il vous recevra et il vous guérira (L. 8. Confess. c. 11).

*IV. Croyons donc que nous honorons Dieu par notre confiance, et que nous le déshonorons par nos défiances. C’est lui-même qui nous l’a dit en termes exprès ; et il faut douter de tout, si nous doutons d’une vérité si solennellement attestée. Il sait mieux que nous ce qui l’honore ou ce qui le déshonore.

Croyons-le sur sa parole ; et que ce sentiment reste toujours dans notre cœur, et qu’il soit la règle de toute notre conduite. Faisons usage de cette vérité, non, comme tant d’autres, un usage de quelques jours durant lesquels on les voit pleins de courage et d’espérance, après quoi on les voit retomber dans leur défiance et leur timidité ordinaire ; mais un usage constant et uniforme.

Ne donnons pas dans les pièges du tentateur qui, sous prétexte d’humilité, voudrait souvent nous persuader qu’il n’appartient pas à des âmes aussi pauvres, aussi destituées de vertus et de mérites que nous le sommes, de nourrir dans notre cœur une si grande confiance en Jésus-Christ ; que ce serait en quelque façon faire injure à sa sainteté infinie, et à sa justice, que de nous adresser à lui avec tant de confiance, et que nous l’honorerons davantage par nos craintes, notre timidité et nos défiances.

Tout cela n’est qu’illusion, fausse humilité, et un orgueil véritable, comme on l’a déjà montré (Ps. 176.). Encore un coup, Dieu sait mieux que nous ce qui l’honore véritablement et ce qui le déshonore ; tenons-nous- en à ce qu’il nous a déclaré. L’humilité véritable est toujours simple, ne raisonne et ne raffine point tant ; elle écoute ce que Dieu lui dit, elle lui obéit sans résistance ; et plus elle est profonde, plus elle est remplie de confiance.

P. Gaud

Prière du Jubilé

Père céleste,
En ton fils Jésus-Christ, notre frère,
Tu nous as donné la foi,
Et tu as répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint, la flamme de la charité
Qu’elles réveillent en nous la bienheureuse espérance de l’avènement de ton Royaume.
 
Que ta grâce nous transforme,
Pour que nous puissions faire fructifier les semences de l’Évangile,
Qui feront grandir l’humanité et la création tout entière,
Dans l’attente confiante des cieux nouveaux et de la terre nouvelle,
Lorsque les puissances du mal seront vaincues,
Et ta gloire manifestée pour toujours.
 
Que la grâce du Jubilé,
Qui fait de nous des Pèlerins d’Espérance,
Ravive en nous l’aspiration aux biens célestes
Et répande sur le monde entier la joie et la paix
De notre Rédempteur.
A toi, Dieu béni dans l’éternité,
La louange et la gloire pour les siècles des siècles.
Amen !

Prières de la messe du jour

Que notre seule fierté soit la croix de notre Seigneur Jésus Christ. En lui, nous avons le salut, la vie et la résurrection, par lui, nous sommes sauvés et délivrés. (cf. Ga 6, 14)

Tu nous appelles, Dieu notre Père, à célébrer ce soir la très sainte Cène où ton Fils unique, avant de se livrer lui-même à la mort, a voulu remettre à son Église le sacrifice nouveau de l’Alliance éternelle; fais que nous recevions de ce repas qui est le sacrement de son amour, la charité et la vie. Par Jésus Christ.

Seigneur, accorde-nous la grâce de vraiment participer à cette eucharistie; car chaque fois qu’est célébré ce sacrifice en mémorial, c’est l’œuvre de notre Rédemption qui s’accomplit. Par Jésus Christ.

«Ceci est mon corps, donné pour vous, dit le Seigneur, Faites cela en mémoire de moi. Cette coupe est la nouvelle Alliance établie par mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi.»

Nous avons repris des forces, Dieu tout-puissant, en participant ce soir à la Cène de ton Fils; accorde-nous d’être un jour rassasiés à la table de ton royaume éternel. Lui qui vit et règne avec le Père et le  Saint-Esprit, Dieu, pour les siècles des siècles.

Sainte Bernadette Soubirous

Sainte Bernadette Soubirous

16 avril
Sainte Bernadette Soubirous
Sainte Bernadette Soubirous

Née le 7 janvier 1844 à Lourdes, dans le sud-ouest de la France, aux pieds des Pyrénées, Bernadette Soubirous vécut dans la pauvreté complète, mais avec le cœur profondément tourné vers Marie.

A elle, lui apparut plusieurs fois, la Dame, comme elle-même aime appeler la Madone, l’Immaculée Conception, comme lui révéla la Vierge lors de l’apparition du 25 mars 1858. Bernadette, du 11 février au 16 juillet de cette année là, assista à 18 apparitions de Marie dans la Grotte de Massabielle.

Le pape François, dans son la Message pour Journée Mondiale du malade de 2017, a rappelé comment «l’humble fille de Lourdes» raconta que «la Vierge, qu’elle a définie ‘la Belle Dame’, la regardait comme on regarde une personne ».

Ces simples mots décrivent la plénitude d’une relation. Bernadette, pauvre, analphabète et malade, se sent regardée par Marie comme personne .La « Belle Dame » lui parle avec grand respect, sans compassion ».

De la fragilité, le soutien pour les autres

Dès le début des apparitions Bernadette se fit porte-parole d’un événement qui fit écho dans le monde entier, en suscitant de nombreux interrogatoires officiels parce que suspectée d’imposture. Rien ne la fit plier, alors qu’avec le temps augmentait une affluence incontrôlée de personnes à la Grotte des guérisons.

« Bernadette , après avoir été à la Grotte, grâce à la prière, a expliqué le pape François, transforme sa fragilité en soutien pour les autres, grâce à l’amour elle devient capable d’enrichir son prochain et, surtout, elle offre sa vie pour le salut de l’humanité.

Le fait que la « Belle Dame » lui demande de prier pour les pécheurs, nous rappelle que les infirmes, les souffrants , ne portent pas seulement en eux le désir de guérir , mais aussi celui de vivre chrétiennement leur propre vie , en parvenant à la donner comme d’authentiques disciples missionnaires du Christ ».

 

La vocation pour les malades

A Bernadette, Marie donne la vocation de servir les malades et l’appelle à être Sœur de la Charité: le soir du 7 juillet 1866 elle entre à Saint-Gildard dans la maison mère de la Congrégation des Sœurs de la Charité de Nevers.

Contrainte au lit par l’asthme, la tuberculose, par une tumeur osseuse au genou, elle mourut le 16 avril 1879, à l’âge de 35 ans. Béatifiée en 1925, le pape Pie XI la proclame sainte le 8 décembre 1933. Elle est la protectrice des agricultrices et des pasteurs.

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Le Père miséricordieux. Il était perdu, et il est retrouvé

Le Père miséricordieux. Il était perdu, et il est retrouvé 

Réflexion sur la parabole du fils prodigue. Face à l’égoïsme des deux fils, l’un ayant fui la maison de son père et l’autre étant resté, le Saint-Père assure que «l’amour est toujours un engagement, il y a toujours quelque chose à perdre pour rencontrer l’autre».

PAPE FRANÇOIS

CATÉCHÈSE PRÉPARÉE POUR L’AUDIENCE GÉNÉRALE DU 16 AVRIL 2025

Mercredi 16 avril 2025

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Cycle – Jubilé 2025. Jésus-Christ notre espérance II. La vie de Jésus. Les paraboles 5. Le Père miséricordieux. Il était perdu, et il est retrouvé (Lc 15,32)

Chers frères et sœurs,

Après avoir médité sur les rencontres de Jésus avec certains personnages de l’Évangile, je voudrais m’arrêter, à partir de cette catéchèse, sur quelques paraboles. Comme nous le savons, ce sont des histoires qui reprennent des images et des situations de la réalité quotidienne. C’est pourquoi elles touchent aussi notre vie. Elles nous provoquent. Et elles nous demandent de prendre position : où est-ce que je me situe dans ce récit ?

Commençons par la parabole la plus célèbre, celle dont tous nous nous souvenons peut-être depuis que nous étions tout petits : la parabole du père et des deux fils (Lc 15, 1-3.11-32). Nous y trouvons le cœur de l’Évangile de Jésus, à savoir la miséricorde de Dieu.

L’évangéliste Luc dit que Jésus raconte cette parabole pour les pharisiens et les scribes, qui murmuraient du fait que Lui mangeait avec les pécheurs. C’est pourquoi on pourrait dire qu’il s’agit d’une parabole adressée à ceux qui sont perdus mais qui ne le savent pas et qui jugent les autres.

L’Évangile veut nous donner un message d’espérance, car il nous dit que, où que nous soyons perdus, quelle que soit la manière dont nous nous sommes perdus, Dieu vient toujours nous chercher ! Peut-être nous sommes-nous perdus comme une brebis qui s’est éloignée du chemin pour brouter l’herbe, ou qui est restée derrière à cause de la fatigue (cf. Lc 15, 4-7).

Ou bien nous sommes perdus comme une pièce de monnaie, qui est peut-être tombée par terre et ne peut plus être retrouvée, ou bien quelqu’un l’a mise quelque part et ne se souvient plus de l’endroit.

Ou bien nous nous sommes perdus comme les deux fils de ce père : le plus jeune parce qu’il s’est lassé d’une relation qu’il jugeait trop exigeante ; mais l’aîné aussi s’est perdu, parce qu’il ne suffit pas de rester à la maison s’il y a de l’orgueil et de la rancœur dans le cœur.

L’amour est toujours un engagement, il y a toujours quelque chose que nous devons accepter de perdre pour rencontrer l’autre. Mais le fils cadet de la parabole ne pense qu’à lui-même, comme cela arrive à certaines étapes de l’enfance et de l’adolescence.

En réalité, autour de nous, nous voyons aussi beaucoup d’adultes qui sont ainsi, qui ne parviennent pas à poursuivre une relation parce qu’ils sont égoïstes. Ils s’imaginent qu’ils vont se trouver et, au contraire, ils se perdent, car ce n’est que lorsqu’on vit pour quelqu’un que nous vivons vraiment.

Ce fils cadet, comme nous tous, a faim d’affection, il veut être aimé. Mais l’amour est un don précieux, il doit être traité avec soin. Au lieu de cela, il le gaspille, il se dévalorise, il ne se respecte pas. Il s’en rend compte dans les moments de famine, quand personne ne s’occupe de lui. Le risque est que, dans ces moments-là, nous nous mettions à mendier l’affection et nous nous attachions au premier maître venu.

Ce sont ces expériences qui font naître en nous la fausse conviction de pouvoir vivre une relation seulement de manière servile, comme si nous devions expier une faute ou comme si l’amour véritable ne pouvait pas exister. Le fils cadet, en effet, lorsqu’il a touché le fond, pense retourner dans la maison de son père pour ramasser par terre quelques miettes d’affection.

Seul celui qui nous aime vraiment peut nous libérer de cette fausse vision de l’amour. Dans notre relation avec Dieu, nous faisons précisément cette expérience. Le grand peintre Rembrandt, dans un tableau célèbre, a magnifiquement représenté le retour du fils prodigue.

Deux détails me frappent particulièrement : la tête du jeune homme est rasée, comme celle d’un pénitent, mais elle ressemble aussi à la tête d’un enfant, car ce fils est en train de renaître. Et puis les mains du père : l’une masculine et l’autre féminine, pour exprimer la force et la tendresse dans l’étreinte du pardon.

Mais c’est le fils aîné qui représente ceux pour qui la parabole est racontée : c’est le fils qui est toujours resté à la maison avec son père, mais qui était distant de lui, distant de cœur. Ce fils aurait peut-être voulu partir lui aussi, mais par peur ou par devoir, il est resté là, dans cette relation.

Or, quand on s’adapte contre son gré, on commence à nourrir en soi une colère qui, tôt ou tard, explose. Paradoxalement, c’est le fils aîné qui risque finalement de rester hors de la maison, parce qu’il ne partage pas la joie de son père.

Le père sort également à sa rencontre. Il ne le gronde pas et ne le rappelle pas à l’ordre. Il veut simplement qu’il ressente son amour. Il l’invite à entrer et laisse la porte ouverte. Cette porte reste également ouverte pour nous. C’est en effet la raison de l’espérance : nous pouvons espérer parce que nous savons que le Père nous attend, qu’il nous voit de loin et qu’il laisse toujours la porte ouverte.

Chers frères et sœurs, demandons-nous donc où nous nous situons dans ce merveilleux récit. Et demandons à Dieu le Père la grâce de retrouver nous aussi le chemin vers la maison.


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