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EUCHARISTIE MÉDITÉE 14

EUCHARISTIE MÉDITÉE 14

L’Eucharistie seul bonheur de la terre

Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, parce qu’ils seront rassasiés. (Matthieu, V, 6.)

Eucharistie- Motif sculpté sur porte d'église - Bruxelles
Eucharistie- Motif sculpté sur porte d’église – Bruxelles

14e Action de grâces – Le bonheur est au delà des jouissances terrestres.

Quel est celui d’entre nous, ô mon Dieu, qui n’a pas soif, qui n’est pas altéré de bonheur ? Créée pour la félicité, notre âme se souvient de sa destinée primitive ; elle redemande le bien qu’elle a perdu, elle le cherche partout et ne le trouve.

Moi aussi, mon Dieu, j’ai soif de bonheur, j’ai soif surtout d’amour, car il est des âmes que vous semblez n’avoir créées que pour aimer ; vous les avez pour ainsi dire pétries de sensibilité et de tendresse, leur élément est le dévouement, leur vie est l’amour.

Ah ! celles-là surtout aspirent inutilement au bonheur ; c’est une ombre qu’elles poursuivent en vain, un mirage enchanteur qui les charme et les trompe sans cesse.

Non, rien d’humain, rien de créé ne satisfera complètement ce besoin d’amour qu’éprouvent ces âmes; pour elles plus encore que pour les autres, la terre n’est pas la patrie, mais un lieu de bannissement,
où elles végètent dans les pleurs,
où elles se lassent vite dans les gémissements et la douleur,
où elles se rassasient d’ennuis, de dégoûts, de déceptions,
où elles ne trouvent un peu de repos qu’au pied de vos tabernacles, ô Jésus, de ces tabernacles que surmonte toujours la croix, cet arbre de vie du haut duquel vous avez laissé tomber sur le monde cette parole divine qui nous a révélé votre cœur : J’ai soif ! et qui nous a appris que vous aussi vous aviez été altéré de notre amour.

Vous avez eu pitié, ô Jésus, de ce tourment qu’éprouve mon âme, et du fond de votre tabernacle vous m’avez adressé aujourd’hui les paroles que vous adressiez autrefois au peuple de Jérusalem : Que celui qui a soif vienne à moi et qu’il boive.

Je suis venu, Seigneur, et je me suis rendu à cette douce invitation ; car j’ai soif, oh ! j’ai bien soif ! J’ai soif de votre amour, j’ai soif de mon Dieu, j’ai soif de vous, ô Jésus.

Oh! laissez-moi étancher près de vous cette soif qui me dévore ; laissez-moi boire à longs traits à ce fleuve d’eau vive qui coule de votre cœur adorable et jaillit jusqu’à la vie éternelle ; laissez-moi me désaltérer de vous, ô vérité par essence, beauté incréée, vie véritable, de vous, mon Dieu, qui êtes amour et qui seul pouvez remplir l’immensité de mes désirs et le vide de mon cœur, qui peut être comblé par vous.

Oh ! qu’il a déjà été long pour moi, le jour de l’épreuve ! Mon Dieu, ne va-t-il pas bientôt finir ? Quand donc verrai-je décliner le pâle soleil de ma vie ? Quand entreverrai-je la splendeur du beau jour de l’éternité ?

Que de fois déjà ne me suis-je pas arrêté haletant et plein d’angoisses sur le chemin de la vie, sur cette route que j’ai si souvent arrosée de mes larmes, où j’ai rencontré tant de douleurs, où des épines si aiguës sont entrées dans mon cœur et l’ont déchiré !

Hélas ! vous le savez, Seigneur, j’ai trouvé ici-bas peines, déceptions, tristesses ; les affections de la terre n’ont pu suffire aux besoins de mon âme, car elles sont si souvent vaines et mensongères ; elles n’ont pas été un aliment substantiel pour mon cœur, elles n’ont que trop servi à arrêter ses aspirations vers le ciel et à le rabaisser vers la terre.

Ce cœur, ô mon Dieu, essaie sans cesse de s’élever à vous sur les ailes de la contemplation et de l’amour, et les affections humaines  peuvent arrêter cette mystérieuse ascension en l’enlaçant de mille liens, de mille préoccupations étrangères à votre amour.

Oh ! oui, je le reconnais enfin, et je le répète encore à vos pieds, Seigneur, ces affections sont impuissantes à donner le bonheur ; elles en présentent l’ombre, mais n’en procurent pas la réalité ; les plus pures, les plus légitimes sont de faibles soulagements que votre bonté permet à la faiblesse de nos cœurs, et en elles nous trouvons plus de douleurs que de jouissances et une multitude d’épines cachées sous quelques fleurs qu’elles nous présentent.

Votre amour seul, ô Jésus, donne ce bonheur après lequel nous soupirons sans cesse; seul il ne procure ni déceptions, ni troubles, ni remords; seul il est stable et n’a rien à redouter de l’inconstance et de l’ingratitude ; seul enfin il donne la paix, le calme, et purifie le cœur qui se livre à ses divines ardeurs.

Et puis, mon Dieu, le cœur ne se lasse pas de vous aimer ; plus il vous connaît, plus il veut vous connaître ; plus il vous aime, plus il veut vous aimer. Il rassasie l’âme, votre amour, sans lui faire éprouver ni satiété ni dégoût.

Et tandis que tout est fini dans les créatures, que tout est petit et borné en elles, que nous découvrons mille faiblesses, mille imperfections dans celles qui au premier abord nous paraissent les plus justes et les plus parfaites, plus au contraire l’âme s’approche de vous, ô éternelle lumière, plus elle est ravie de votre beauté, plus elle s’illumine et s’étonne de découvrir en vous un abîme de perfections toujours nouvelles, dont son œil ne peut mesurer l’incommensurable profondeur.

Ah ! je le répète encore, ô mon Dieu, j’ai soif, soif de vous, soif de vous aimer, et plus je bois à la source de votre amour, plus je me sens altéré, brûlé, consumé par les ardeurs de cette soif sacrée. Étanchez-la vous-même, Seigneur, puisque vous l’avez excitée en moi ; mais en l’étanchant rendez-la plus ardente, plus dévorante encore.

Ah ! donnez-moi de vous aimer, ô Jésus, car vous aussi vous avez soif d’être aimé de tous, d’être aimé de moi, et je suis incapable de vous désaltérer. Je n’ai rien à vous offrir que ce que vous me donnez vous-même, et c’est en vain que je m’épuise en désirs, si vous n’enrichissez mon indigence, si vous ne m’accordez l’amour dont je voudrais pouvoir me consumer pour vous.

0 Marie, la plus pure, la plus aimante des créatures, demandez-le pour moi, ce divin amour dont votre cœur fut embrasé, mais un amour réel qui ne consiste pas seulement dans les paroles et dans les sentiments, mais surtout dans les œuvres ; un amour enfin qui se traduise dans tous les actes de ma vie, qui la rende sainte et digne de celui auquel je la dévoue et la consacre tout entière. Ainsi soit-il.

Léonie Guillebaut

Le silence de Dieu

Le silence de Dieu

SAMEDI (2e semaine de Pâques) Ac 6,1-7 Jn 6,16-21

C’est moi, n’ayez pas peur (Jn 6,20)

C'est moi n'ayez pas peur
C’est moi n’ayez pas peur

En un sens, Dieu nous parle sans cesse. En un autre sens, il se tait. Si nous connaissons le dessein général de sa providence, nous ignorons tout de ses démarches particulières. L’abandon à la foi est ici notre seule attitude chrétienne.

Il est des périodes où les hommes prennent plus clairement conscience de l’absence apparente de Dieu dans le monde. Celle-ci en est une… Il semble qu’il n’y ait rien de changé dans le monde, depuis l’apparition du christianisme. Les chrétiens eux-mêmes paraissent souffrir plus que les autres: ils ne sont pas épargnés par les fléaux universels, et, en même temps, le sentiment du péché les accable…

Le silence de Dieu pèse terriblement sur nous, en un temps où l’on aurait diablement besoin d’un peu de répit, ne fût-ce que pour avoir le temps de souffler avant de reprendre la marche en avant. Or, le chrétien actuel n’a pas une minute de répit. Tous les problèmes se posent à lui, ensemble et sur tous les points.

Qui ne pourrait raconter une histoire comme celle-ci, par exemple : une famille dépense une petite fortune pour envoyer un enfant infirme vers un pèlerinage lointain, dans l’espoir d’obtenir sa guérison ; tous les frères et sœurs, les parents, les amis prient, les communautés religieuses offrent leurs prières et leurs sacrifices. Et l’enfant ne guérit pas.

Je sais que le premier miracle de Lourdes est précisément que ceux qui ne sont pas guéris reviennent apaisés et plus amis de Dieu. Le vrai miracle, c’est la foi. Il n’empêche : une guérison miraculeuse transforme la vie spirituelle de ceux qui en sont les bénéficiaires. Pourquoi celui-ci est-il guéri, et pas celui-là ?
Mystère terrible.

On peut, on doit dire que la foi de ceux qui ont tout sacrifié pour obtenir la guérison d’un fils, sans être exaucés, est spécialement éprouvée par Dieu. Parce que tu plaisais à Dieu, il fallait que la tentation t’éprouve, dit le livre de Tobie (12,13).

Ceux qui ont leur foi éprouvée dans ses profondeurs sont certainement plus près de Dieu, plus activement occupés à la rédemption du monde, que ceux qui ne souffrent que les peines « classiques » de la vie, qui disent : « Seigneur, Seigneur ! », mais n’entreront peut-être pas dans le Royaume.

Celui qui souffre et voit sa souffrance se prolonger, entrevoit un Dieu dont il doit croire qu’il est meilleur encore que la meilleure des choses qu’il connaît au monde, un de ses enfants ; celui-là est proche du Christ.

On n’ose écrire ces lignes : elles sont vraies, mais lorsqu’on n’a pas éprouvé soi-même pareille désillusion, ces phrases ressemblent au « psittacisme standard de certaines consolations sacerdotales ». Dieu sait ce qu’il fait.

Mais nous croyons ne pas trop demander en suppliant parfois le Seigneur de nous accorder une de ces consolations visibles, une de ces « parénèses » dont notre âme, qui après tout est incarnée en une chair tendre, puisse se rassasier quelque peu pour reprendre force. Dieu refuse cette consolation à ses meilleurs amis.

La Bible entière le crie, et surtout le Fils de Dieu, Jésus Christ, qui demanda que le calice s’éloigne, mais qui le but quand même, librement, par amour.

Charles Moeller Littérature du XXe siècle et christianisme, t. 1, Casterman, 1959, p. 13-15.

confier les jeunes à la Vierge Marie

Une antique icône de Notre Dame, Porte de la Miséricorde, du sanctuaire gréco-catholique de la Transfiguration du Seigneur, de Jaroslaw, au sud-est de la Pologneconfier les jeunes à la Vierge Marie
« Voici ta Mère! » (Jn 19, 27).

C’est Jésus, ô Vierge Marie, qui, de la croix,
a voulu nous confier à Toi,
non pour atténuer, mais pour confirmer
son rôle exclusif de Sauveur du monde.
Si à travers le disciple Jean
tous les fils de l’Église t’ont été confiés,
j’ai d’autant plus plaisir à Te voir confiés, ô Marie,
les jeunes du monde.
A toi, douce Mère, dont j’ai toujours ressenti la protection,
je les confie à nouveau ce soir.
Sous ton manteau, sous ta protection,
ils cherchent refuge.
Toi, Mère de la grâce divine,
fais-les resplendir de la beauté du Christ!
Ce sont les jeunes de ce siècle,
qui à l’aube du nouveau millénaire,
vivent encore les tourments dérivant du péché,
de la haine, de la violence,
du terrorisme et de la guerre.
Mais ce sont également les jeunes
vers lesquels l’Église se tourne avec confiance consciente que,
avec l’aide de la grâce de Dieu ils réussiront à croire et à vivre
en témoins de l’Évangile dans l’aujourd’hui de l’histoire.

O Marie,
aide-les à répondre à leur vocation.
Guide-les vers la connaissance de l’amour véritable
et bénis ceux qu’ils aiment.
Soutiens-les dans les moments de souffrance.
Fais d’eux des annonciateurs courageux du salut du Christ
le jour de Pâques:  Paix à vous!
Avec eux, je me confie moi aussi encore une fois à Toi
et avec une affection pleine de confiance je te répète:
Totus tuus ego sum! Je suis tout à toi!

Et chacun d’eux s’exclame également avec moi:
Totus tuus!
Totus tuus!

Amen.

Saint Jean-Paul II, 10 avril 2003 en préparation à la XVIIIe Journée mondiale de la jeunesse


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