Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Que les Saintes Écritures soient mes délices !

« Que les Saintes Écritures soient mes délices ! » Saint Augustin

Saint Augustin - Sandro Botticelli
Saint Augustin – Sandro Botticelli

« O Seigneur, mon Dieu !  écoule ma prière et que ta miséricorde exauce mon désir : car ce n’est pas seulement pour moi que ce désir s’est éveillé dans mon cœur, mais aussi pour l’utilité de mes frères.

Toi qui lis dans les cœurs, tu voies qu’il en est ainsi. Je veux que toutes mes pensées et mes paroles soient pour toi, qu’elles soient un sacrifice qui te soit réellement offert…

Que tes Saintes Écritures soient mes délices ! Que je ne m’y égare point et que je n’y égare personne. Donne à mes méditations de pénétrer dans le secret de ta Loi.

Car c’est pour un grand dessein que tu as dicté tant de pages mystérieuses, forêts sacrées à l’ombre desquelles les cerfs se retirent, s’abritent, courent ou se reposent et ruminent.

O Seigneur, achève ton œuvre et révèle-moi tes mystères. Entendre ta voix est ma grande joie : donne-moi cette joie. N’abandonne pas ce qui vient de toi ; ne méprise pas une pauvre petite plante qui a soif de toi.

Que je te boive en considérant les merveilles de ta Loi. Que je dise tout ce que je trouverai dans tes livres et que j’entende résonner la voix de ta louange !»

Saint Augustin Confessions livre 11, 2

LE MOIS DE SAINT JOSEPH – IVe JOUR

LE MOIS DE SAINT JOSEPH – IVe JOUR

La noblesse de saint Joseph

élection de saint Joseph église saint Joseph Angers

I

SAINT BERNARDIN DE SIENNE

« Pour se faire une juste idée de la noblesse de saint Joseph, il faut savoir qu’il descendait en droite ligne des patriarches et des rois, dont saint Matthieu déroule la généalogie depuis Abraham jusqu’à cet heureux Époux de la Vierge ; car, chose remarquable, la dignité patriarcale, la dignité royale et la dignité des chefs d’Israël se réunissaient en lui.

« Que si l’on demande maintenant pourquoi saint Matthieu fait la généalogie de Joseph et non celle de Marie, bien que celle de Joseph paraisse étrangère au Christ, si ce n’est en quelque sorte par accident ; on peut répondre qu’il le fit pour trois raisons : à cause de la coutume des Juifs, de la parenté si proche de Joseph et de Marie, et de leur mariage.

« 1° A cause de la coutume des Juifs, l’Évangéliste suit la coutume des Hébreux et des Écritures , qui ne font pas la généalogie des femmes et des mères, mais celle des hommes et des pères.

« 2° A cause de la parenté de Joseph et de Marie; car la bienheureuse Vierge était de la même tribu et de la même famille que Joseph, ce qui est attesté tant par saint Joseph lui-même que par le Christ et par l’Ange, mais aussi par les apôtres et par les Pères, qui affirment, à plusieurs reprises, que Joseph appartenait à la race de David.

« D’ailleurs, selon la loi mosaïque, les femmes, et particulièrement celles qui étaient héritières d’un nom illustre comme la sainte Vierge, ne devaient épouser qu’un homme de leur tribu et même de leur famille. Or, comme Joseph était un homme juste, s’il n’eût point rempli ces conditions, il n’eût point épousé Marie.

« Joseph étant un homme juste, prit une épouse dans sa tribu et dans sa famille ; étant juste, il ne put faire autrement que de suivre en ceci les prescriptions de la loi. » (S. Anselme, Explic. de l’Évang. de S. Luc.) Aussi vont-ils ensemble à Bethléem se faire inscrire au cens, comme issus tous deux de la même race.

« 3° Enfin saint Matthieu fait la généalogie de Joseph et non celle de Marie, à cause de leur mariage, c’est-à-dire pour attester entre eux l’existence du contrat sacré à l’ombre duquel Jésus-Christ est né, et en vertu duquel Joseph fut appelé et fut vraiment, en un sens, le père du Rédempteur. »(Saint Bernardin de Sienne, sermon sur saint Joseph.)

« La généalogie du Sauveur a été conduite jusqu’à saint Joseph, d’abord parce que ce n’était pas la coutume des Juifs de faire la généalogie des femmes; ensuite parce que Joseph et Marie ont été de la même tribu. » (S. Jérôme.)

II

CORNELIUS A LAPIDE. — SAINT  BERNARDIN DE SIENNE

« Mais Joseph n’était pas seulement d’une noble origine, il était fils de roi et roi lui-même , en vertu du droit établi par Dieu, dans la maison de Juda, car ses aïeux étaient les rejetons de la branche aînée des fils de David.

« Ce ne fut donc pas sans un dessein particulier de la Providence qu’il fut choisi pour être le Père de Notre-Seigneur; et, comme Notre-Seigneur, sur lequel il avait les droits d’un père, avait sur lui les droits d’un fils, et en particulier celui de succéder à ses biens et à ses titres, il se trouvait, selon la prédiction des prophètes, le légitime héritier du royaume de Juda.

« Aussi saint Matthieu, qui s’est appliqué spécialement à démontrer la dignité royale de Jésus-Christ, dut-il s’en tenir à la généalogie de saint Joseph, et non à celle de la bienheureuse Vierge, qui ne pouvait être l’héritière du royaume de Juda tant qu’il resterait des rejetons masculins de la maison de David, comme l’était Joseph. » (Cornélius a Lapide, Exposition de l’Évangile de saint Matthieu.)

« Les témoignages des Écritures et des Évangiles s’accordent donc à attester l’origine royale de Joseph, et telle est la dignité de ce saint homme que d’une certaine manière, s’il est permis de le dire, il a donné la noblesse temporelle à Dieu, dans la personne de son Fils. »(Saint Bernardin, loc. cit.)

III

SAINT BERNARD

« Oui assurément! s’écrie ce grand saint qui, de l’examen de la race de Joseph, s’élève à la contemplation de cet homme prédestiné, oui assurément, il était de la maison de David ce Joseph, noble par sa race, et plus noble encore par son âme.

« Fils de David, non-seulement selon la chair, mais selon la foi et la piété, fils de ce David qui, tant que Dieu le trouva selon son cœur, eut la révélation des secrets éternels, et qui sonda la profondeur des mystères cachés aux autres hommes.

« Joseph, lui aussi, pénétra les mystères augustes et ignorés de tous, vit et entendit celui que tant de rois et de prophètes , malgré leur désir, ne virent pas, n’entendirent pas; que dis-je I il lui fut donné non-seulement de le voir et de l’entendre, mais de le porter entre ses bras, de l’embrasser, de le conduire, de le protéger et de subvenir à ses besoins.

« Époux de sa mère et père nourricier de son humanité, il fut enfin sur la terre le seul coadjuteur de la Trinité divine dans le mystère de l’Incarnation. » (Saint Bernard, hom. II super missus est.)

La faiblesse de notre Dieu

La faiblesse de notre Dieu

TROISIÈME DIMANCHE DE CARÊME (année B)

Ex 20,1-17 – 1 Co 1,22-25 – Jn 2,13-25

Folie ou sagesse
Folie ou sagesse ©NDFatima

La folie de Dieu est plus sage que l’homme et la faiblesse de Dieu est plus forte que l’homme (1 Co 1,25)

A chaque époque correspond une faiblesse de notre Dieu et de notre Seigneur, C’est par là qu’il nous aime et qu’il nous sauve.

Et cette faiblesse de notre Dieu rencontre notre infidélité. Nous ne faisons pas mieux que ceux qui ont crucifié Jésus; nous reprenons même inlassablement la même tâche.

Et, jusqu’à la fin du monde, ce sera la même histoire de la mort de l’Innocent.

Et par cette mort, il sera encore avec nous.

Car il est ressuscité et c’est par sa faiblesse que nous reconnaissons glorieuse que nous pouvons être avec lui.

Il nous faut à longueur de temps des Transfigurations ! Nous rêvons d’arrêter le temps pour être avec lui comme Pierre sur la montagne : Il est bon d’être ici ! (Mt 17,4). Alors que dans sa transfiguration même le Seigneur nous renvoie à l’agonie !

L’agonie, non pas le désespoir, mais la communion à la misère du monde pour le sauver dans l’amour infini du Dieu vivant, du Dieu Trinité, Oui, il nous faudrait un regard d’innocent sur le monde moderne. Nous agonise­rions encore, mais dans la sérénité d’un regard plongé dans la sécurité infinie du Père.

L’enfant qui meurt n’a pas peur ; il ne comprend pas, mais il n’a pas peur. Il ne sait pas ce qui lui arrive, il repose dans la confiance.

Serons-nous, comme le Christ nous le demande, des en­fants, posant sur le monde moderne, dans la détresse infi­niment douloureuse qui est la sienne, un regard sans peur, un regard d’innocent ?

Notre époque n’est pas plus mauvaise qu’une autre. Elle a seulement sa manière à elle de trahir l’Innocent,

Mais chaque époque a sa façon originale de bafouer l’Innocent, et avec lui tous les pauvres.

Et la seule réponse est la sainteté : nous sommes appelés à la sainteté dans une faiblesse infinie !

Oui, notre époque est une époque de grâce, comme tou­tes les époques l’ont été ; chacune a trahi l’Innocent à sa façon et par là a été sauvée par l’Innocent, et notre grâce, c’est sans doute que, à notre époque de puissance appa­rente, mais sans doute plus faible et plus démunie que toute autre, nous soyons conviés à vivre, comme sans doute jamais encore elle n’a été vécue, l’infinie faiblesse du Seigneur…

Seigneur, en ce temps de scandale où tant de chré­tiens se laissent prendre aux pièges de la puissance, apprends-nous par ton Esprit, à être, à l’image de ton Fils, des êtres si faibles et si démunis, que tu sois notre seule force.

A une époque où la presse et les moyens d’infor­mation conditionnent comme jamais la pensée des hommes, que ton Esprit fasse de nous des êtres d’une totale liberté par rapport à tous les jugements du monde…

Que ta croix de lumière plantée au cœur de nos vies fasse de nous des enfants pétris de douceur et de faiblesse, heureux de la joie de Dieu, capables de bénir Dieu en toutes choses.

M.-J. Le Guillou Celui qui vient d’ailleurs, l’Innocent, Le Cerf, 1971, p. 295…