Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Saint Jean-Gabriel Perboyre, témoin de la médaille miraculeuse

Saint Jean-Gabriel Perboyre, témoin de la médaille miraculeuse

Saint Jean-Gabriel Perboyre
Saint Jean-Gabriel Perboyre

C’est à Mongesty en 1802 que naquit Saint Jean-Gabriel Perboyre. Ce fils de laboureur entra chez les Lazaristes en 1820, fut ordonné prêtre en 1825 et attendit 10 ans avant de s’embarquer pour la Chine. En 1839 il alla exercer son ministère dans les montagnes du Hou-Pei où il fut arrêté le 16 septembre de cette même année. Il mourut martyr le 11 septembre 1840 à Ou-Tchang-Fou et fut canonisé par Jean-Paul II en 1996.

***

A son Oncle, à Montauban
Paris, le 14 décembre 1833.

M. Boullangier a été aux portes la mort. On lui a administré les derniers sacrements ; je lui ai récité la prière des agonisants ; le chirurgien avait prononcé qu’il n’y avait plus de ressource ; il l’avait abandonné après l’avoir embrassé en signe de derniers adieux.

Mais voilà qu’au milieu des crises les plus affreuses, lorsqu’on ne s’attendait plus qu’à le voir expirer d’un moment à l’autre, M. Aladel lui donna la médaille miraculeuse de l’Immaculée Conception, qu’il reçut avec la plus grande dévotion en la mettant sur son cœur.

Dès lors, ses cruelles douleurs disparurent presque entièrement ; la hernie monstrueuse que l’art et les longs efforts du chirurgien n’avaient pu réduire, se ramollit et rentra comme d’elle-même. Notre docteur a vu comme un vrai miracle dans cette guérison ; tous les médecins de Paris y ont vu un phénomène inouï et naturellement inexplicable. Le récit de cette guérison a opéré une conversion bien marquante d’un vieux pécheur.

La médaille dont je vous ai parlé est celle qui en 1830, fut révélée par la Sainte Vierge à une séminariste des Sœurs de la Charité. Il s’est déjà répandu par milliers de ces médailles dans toutes les parties de la France et en Belgique ; elles opèrent de nombreux miracles, guérisons, conversions. Je vous en enverrai quelques-unes à la première occasion.

A son Frère Antoine, au Puech
Paris, le 14 janvier 1834.

Mon très cher frère,

Je vous envoie une douzaine de médailles indulgenciées de la Sainte Vierge qui en a elle-même révélé la forme et ordonné l’exécution à une sœur de la Charité, il y a environ trois ans. Déjà elles ont opéré un très grand nombre de guérisons et de conversions.

Portez-en une sur vous avec beaucoup de confiance, récitant la prière qui est dessus. Donnez-en une à chaque membre de la famille et à M. le Curé. Puis disposez des autres comme vous voudrez. Jacques, Antoinette et moi, nous nous portons bien. Nous prierons pour Papa, que nous embrassons avec vous et notre chère Mère.

Offrez mes respects ou amitiés comme à l’ordinaire. Ne tardez pas à nous donner des nouvelles.
Votre très affectionné frère,
J.G. PERBOYRE.
Bons souhaits pour le jour de saint Antoine où je dirai la messe pour vous.

A Jean Aladel , C.M., Assistant, à Paris
Hou-pé, 10 août 1839.

Monsieur et très cher Confrère,
La grâce de N.S, soit toujours avec nous.

Comme j’étais à faire Mission dans une chrétienté du Honan, en novembre 1837, les chrétiens de l’endroit me présentèrent une jeune femme d’une autre chrétienté, atteinte d’aliénation mentale depuis environ huit mois, me disant qu’elle désirait ardemment se confesser, et que, quelque incapable qu’elle fût d’une pareille action, ils me suppliaient de ne pas lui refuser une consolation qu’elle avait tant à cœur.

Le triste état où elle était réduite ôtait toute apparence d’utilité dans l’exercice de mon ministère auprès d’elle ; cependant, je l’entendis par pure compassion, En la renvoyant, je la mis sous la protection spéciale de la Sainte Vierge, c’est-à-dire que je lui donnai une médaille de l’Immaculée Conception.

Elle ne comprenait pas alors le prix du saint remède qu’elle recevait ; mais elle commença dès ce moment à en ressentir la vertu, en éprouvant un mieux qui alla se développant au point que quatre ou cinq jours après elle était entièrement changée.

A un désordre complet d’idées, à des appréhensions qui la tenaient continuellement dans des angoisses mortelles, où je crois que le démon était pour beaucoup, succédèrent le bon sens, le calme et le bonheur. Elle se confessa de nouveau, et fit la sainte Communion avec les sentiments les plus vifs de joie et de ferveur.

Ce trait particulier de bonté de la Mère de Dieu vous apprendra sans doute peu, Monsieur et très cher Confrère, vous qui savez si bien que toute la terre est remplie de la miséricorde de Marie ; mais votre bon cœur sera ravi d’avoir cette nouvelle occasion de lui en rendre des actions de grâces particulières, et c’est là le principal motif qui m’a engagé à porter ce fait à votre connaissance.

Jean-Gabriel Perboyre (1802-1840)
de la Congrégation de la Mission, martyr en Chine ( biographie page 2)

Messe du Pape au Timor oriental – l’appel à s’inspirer des petits

Messe du Pape au Timor oriental – l’appel à s’inspirer des petits

Drapeau du Timor oriental. Le triangle noir représente le sombre passé qu'il faut surmonter, le jaune rappelle les traces du colonialisme et le rouge symbolise la lutte pour la libération nationale. L'étoile est « la lumière qui nous guide », et sa couleur blanche est symbole de paix.
Drapeau du Timor oriental. Le triangle noir représente le sombre passé qu’il faut surmonter, le jaune rappelle les traces du colonialisme et le rouge symbolise la lutte pour la libération nationale. L’étoile est « la lumière qui nous guide », et sa couleur blanche est symbole de paix.

Environ 600 000 personnes étaient réunies pour assister à la messe présidée par le Pape François à quelques kilomètres de la capitale timoraise ce mardi 10 septembre. Dans son homélie, le Saint-Père a réfléchi sur le plus beau don de Dieu, le don de son fils Jésus à l’humanité, qui invite chacun à se faire petit au milieu des petits.

Sous une chaleur écrasante, à 16h30 heure locale, le Pape a présidé la célébration de l’Eucharistie, entouré par près de la moitié de la population est-timoraise réunie sur la place de Taci Tolu.

Reprenant la première lecture tirée du livre d’Isaïe, le Saint-Père a d’abord médité sur la promesse de ce prophète, la naissance d’un enfant. À l’époque d’Isaïe, a rappelé le Pape, Jérusalem était riche matériellement mais pauvre spirituellement.

Dressant un parallèle avec aujourd’hui, le Pape a expliqué que dans un monde «où il y a un grand besoin de conversion, de miséricorde et de guérison », ce ne sont ni les armes, ni les troupes ni l’argent, mais bien la naissance d’un enfant qui vient ouvrir «un avenir d’espérance et de joie »

Dieu se fait proche par un enfant

Ensuite, inspiré par l’Évangile de l’Annonciation lu au cours de la messe, dans lequel Marie apprend qu’elle va devenir la mère du Sauveur, le Saint-Père a évoqué la joie qui existe partout dans le monde lorsqu’un enfant nait. Une joie simple et universelle, qui cache un amour encore plus grand, celui de Dieu.

La proximité de Dieu passe par un enfant, Dieu se fait enfant, et ce n’est pas pour nous étonner ou nous émouvoir, mais pour nous ouvrir à l’amour du Père et nous laisser façonner par lui, pour qu’Il puisse guérir nos blessures, régler nos différends, mettre de l’ordre dans l’existence.

Se faire proche des petits

Dans un pays où 65% de la population a moins de 30 ans, cette image de Dieu qui se fait enfant a particulièrement intéressé le Pape. «La présence de tant de jeunesse et de tant d’enfants renouvelle constamment la fraîcheur, l’énergie, la joie et l’enthousiasme de votre peuple».

Une jeunesse source de joie donc, mais également un signe, car faire de la place aux petits, les accueillir, prendre soin d’eux, sont précisément les attitudes qui laissent de la place à Dieu pour qu’il agisse en nous.

À l’image de Marie, qui est restée toute sa vie petite et dans la discrétion, le Successeur de Pierre a encouragé les Est-Timorais à s’adapter au rythme des plus petits et de ne pas avoir peur de redimensionner les projets, non pas pour les diminuer, mais pour les rendre encore plus beaux par le don de nous-mêmes et l’accueil des autres.

«Car la vraie royauté est celle de celui qui donne sa vie par amour: comme Marie, mais aussi comme Jésus, qui sur la croix a tout donné, se faisant petit, sans défense, faible pour laisser place à chacun de nous dans le Royaume du Père».

Les symboles du Kaibauk et du Belak

Enfin, le Souverain pontife a évoqué deux bijoux traditionnels timorais, fabriqués en métal précieux et qui, pour lui, représente l’amour de Dieu.

D’abord le Kaibauk, qui symbolise les cornes du buffle et se place sur le front comme au sommet des maisons. «Il peut représenter la puissance de Dieu qui donne la vie», mais aussi, «il rappelle qu’avec la lumière de la Parole du Seigneur et la puissance de sa grâce, nous pouvons nous aussi coopérer par nos choix et nos actions au grand plan du salut».

Le second bijou est le Belak, qui se porte sur la poitrine, et évoque la paix et la tendresse maternelle. «Kaibauk et Belak, force et tendresse du Père et de la Mère: c’est ainsi que le Seigneur manifeste sa royauté, faite de charité et de miséricorde» a résumé François.

À l’issue de la messe, le Pape François a assuré de sa joie d’être au Timor et évoqué sa rencontre avec les enfants, marquée par leurs sourires. «Un peuple qui apprend à ses enfants à sourire est un peuple d’avenir».

Le Pape exhorte à diffuser le parfum de paix et de justice de l’Évangile

Le Pape exhorte à diffuser le parfum de paix et de justice de l’Évangile

Logo partiel Pape Timor oriental
Logo partiel Pape Timor oriental

Lors de la rencontre ce mardi matin en la cathédrale de Dili avec les évêques, les prêtres, les séminaristes, les religieux, les personnes consacrées et les catéchistes, le Pape François les a encouragés à être le parfum de Jésus. Il les a aussi mis en garde contre la tentation de l’orgueil et de l’argent, invitant à prendre soin du peuple.

C’est «au bout du monde» que se trouve le «centre de l’Évangile»: c’est par ce «paradoxe» que le Pape François, reprenant les mots du président de la conférence épiscopale est-timoraise, Mgr Amaral, souligne combien le Timor oriental est cher à son cœur. «Dans le cœur du Christ – nous le savons – les périphéries sont le centre».

Mais c’est à partir d’un épisode dans l’Évangile de Jean, celui de la visite de Jésus chez ses amis Lazare, Marie et Marthe, que le Pape tisse son discours aux trois évêques du pays, aux prêtres, aux séminaristes, aux religieux et religieuses, aux personnes consacrées et aux catéchistes. Marie oint les pieds de Jésus d’un parfum. Et c’est ce parfum, celui du Christ lui-même, que nous sommes appelés à garder et à répandre.

«Vous êtes le parfum du Christ», «nous avons été oints d’une huile d’allégresse», ce qui fait dire à saint Paul que «nous sommes pour Dieu la bonne odeur du Christ». «Comme un arbre de santal, toujours vert, fort, croissant et portant des fruits, vous êtes aussi des disciples missionnaires parfumés par l’Esprit Saint pour imprégner la vie de votre peuple».

Combattre la médiocrité et la mondanité

Ce parfum, il faut le garder «avec soin», précise le Pape, pour qu’il ne se fane pas et qu’il ne perde pas son odeur. Autrement dit, nous devons nous rappeler que «le parfum n’est pas pour nous-mêmes mais pour oindre les pieds du Christ, en annonçant l’Évangile et en servant les pauvres», et ne pas oublier d’être vigilant «car la médiocrité et la tiédeur spirituelle sont toujours à l’affût».

Le Pape François cite alors le cardinal De Lubac qui disait que «le pire qui peut arriver aux femmes et aux hommes d’Église est de tomber dans la mondanité, dans la mondanité spirituelle».

Le Pape dans la cathédrale de Dili

Invitant à regarder «avec gratitude» l’histoire qui nous a précédée, le Saint-Père préconise d’«attiser la flamme de la foi», en murissant dans la formation spirituelle, catéchétique et théologique, afin d’annoncer l’Évangile dans sa culture, et de la «purifier des formes archaïques et parfois superstitieuses».

«La prédication de la foi doit s’inculturer dans votre culture et votre culture doit être évangélisée. Cela vaut pour tous les peuples, pas seulement le vôtre. Si une Église est incapable d’inculturer la foi, incapable d’exprimer la foi dans les valeurs propres de cette terre, elle sera une Église éthicienne et sans fécondité».

Renouveler l’élan missionnaire

Gardien de ce parfum, il faut maintenant le répandre. Dans ce second point, le Pape cite cette fois l’Évangile de Marc qui précise que Marie brise le vase d’onguent en voulant oindre les pieds de Jésus. Nous aussi nous devons trouver le courage de «casser» le vase, de «briser la carapace qui nous enferme souvent sur nous-mêmes et de sortir d’une religiosité paresseuse, confortable, vécue uniquement pour un besoin personnel».

L’Église du Timor oriental a besoin «d’un nouvel élan dans l’évangélisation» pour que le parfum de l’Évangile soit celui de la «réconciliation et de paix après les années de souffrance de la guerre», soit un parfum «de compassion qui aidera les pauvres à se remettre sur pied et qui suscitera l’engagement de relever le niveau économique et social du pays», un parfum «de justice contre la corruption» qui peut entrer «dans nos communautés, dans nos paroisses».

Troisième mise en garde du Pape qui poursuit sa description du parfum de l’Évangile, qui «doit être répandu contre tout ce qui humilie, défigure et même détruit la vie humaine, contre ces fléaux qui produisent le vide intérieur et la souffrance, tels que l’alcoolisme, la violence et le manque de respect pour les femmes».

Le Pape interpelle alors directement les religieuses présentes qui doivent adresser le message que «les femmes sont ce qui est de plus important dans l’Église parce qu’elles prennent soin de ceux qui en ont le plus besoin». «Soyez les mères du peuple de Dieu».

Le ministère est un service

Les prêtres ne sont pas épargnés. «Vous venez du peuple, vous êtes nés de mères issues du peuple, vous avez grandi au sein du peuple, n’oubliez pas la culture du peuple que vous avez reçue. Vous n’êtes pas supérieurs. Cela ne doit pas vous faire sentir supérieurs aux gens, vous faire tomber dans la tentation de l’orgueil et du pouvoir».

«Le ministère est un service». «Et si certains d’entre vous ne se sentent pas serviteur du peuple, allez demander conseil à un prêtre sage pour qu’il vous aide à avoir cette dimension si importante». Ce sont les plus pauvres les plus favorisés et «jamais le prêtre ne doit profiter de son rôle, il doit toujours bénir, consoler, être un ministre de compassion et un signe de la miséricorde de Dieu».

Pour adoucir son message, à l’issue de son discours, François remercie les prêtres et les religieuses les plus âgés, nos modèles, conclut-il.