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Exhortation du Pape au Timor oriental : «Que votre foi soit votre culture!»

Exhortation du Pape au Timor oriental : «Que votre foi soit votre culture!»

Logo partiel Pape Timor oriental
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Dans le palais présidentiel, le Pape François a prononcé son premier discours au Timor oriental, troisième étape de son 45e voyage apostolique en Asie et en Océanie. Lors de ce discours avec les autorités et la société civile, après le mot d’accueil du président José Ramos-Horta, le Pape a salué le travail de réconciliation fait par les Est-Timorais et a recommandé de s’appuyer sur l’Église et sa doctrine sociale pour relever les défis qui se présentent dans ce pays très jeune.

«La doctrine sociale de l’Église catholique n’est pas une idéologie, elle est basée sur la fraternité.» Dans son discours adressé aux autorités, à la société civile et au corps diplomatique, le Pape François a insisté sur la nécessité pour le Timor oriental de s’appuyer sur les enseignements de l’Église, «pilier indispensable pour le développent intégral».

Logo Timor oriental
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Soulignant la place de carrefour entre l’Asie et l’Océanie du Timor oriental, François a d’abord rappelé l’histoire mouvementée de ce pays, qui entre 1975 et 2002 a dû se battre pour obtenir une véritable indépendance.

Après des «années de passion», 25 années d’occupation par les forces indonésiennes causant la mort d’au moins 60 000 soldats et civils, le pays a pu se relever en gardant espoir et «une aube de paix et de liberté s’est enfin levée», a estimé le Pape, grâce à une politique de la main tendue, mais «une main tendue qui sait aussi se défendre».

L’enracinement dans la foi catholique

L’Évangile arrivé par les missionnaires européens, notamment portugais au XVIe siècle, a été une des sources de cette espérance du peuple du Timor oriental. «L’enracinement du pays dans la foi catholique, a expliqué François tout comme l’avait fait saint Jean Paul II en 1989, a permis de transformer la douleur en joie», et d’atteindre une «pleine réconciliation».

Le Souverain pontife a émis le vœu que d’autres parties à des conflits dans le monde s’inspirent de cette attitude afin de «substituer la réconciliation à la haine et la collaboration à l’opposition».

Insistant sur la dualité du christianisme, qui repose sur «l’inculturation de la foi et l’évangélisation de la culture», François a de nouveau souligné l’importance d’inculturer l’Évangile avec les cultures locales afin qu’elles «trouvent une nouvelle synthèse, plus haute et plus profonde».

S’adressant plus directement aux autorités politiques, le Saint-Père s’est réjoui que les principes de la Déclaration sur la Fraternité humaine signée conjointement avec le Grand Imam d’Al-Azhar le 4 février 2019 à Abu Dhabi soit inclus dans les programmes scolaires du pays. Il a aussi demandé une meilleure consolidation des institutions, et une meilleure représentativité des citoyens au sein de ces institutions.

L’importance de l’éducation

Ensuite, le Pape François s’est attardé sur l’avenir du pays, espérant que «la foi, qui vous a éclairés et soutenus dans le passé, continue à inspirer votre présent et votre avenir». Il a rappelé l’importance de l’éducation, dans un pays où 65% de la population du Timor oriental a moins de 30 ans.

«L’éducation est le premier domaine dans lequel il faut investir, en famille comme à l’école, pour proposer une éducation qui mette au centre les enfants et les jeunes et promeuve leur dignité», a-t-il assuré, et pour répondre aux différents défis qu’affronte le pays.

Des défis économiques d’abord avec l’émigration de nombreux Est-Timorais qui sont nombreux à émigrer pour garantir un revenu indispensable pour les besoins de leur famille, et avec la lutte contre la pauvreté, notamment dans les zones rurales.

Des défis sociétaux ensuite: le Pape s’est insurgé contre les fléaux sociaux, comme l’abus d’alcool chez les jeunes et leur constitution en bandes agressives et violentes ou encore contre les abus commis contre les enfants. «Nous sommes tous appelés à agir pour garantir une croissance sereine à nos jeunes».

Bienheureux Frédéric Ozanam

Frédéric Ozanam (1813-1853)- Gravure d'Antoine Maurin (+1860)
Frédéric Ozanam (1813-1853)- Gravure d’Antoine Maurin (+1860)

Aujourd’hui l’Église nous permet de célébrer la mémoire du bienheureux Frédéric Ozanam (1813-1853). D’origine lyonnaise, il vient très jeune à Paris pour faire carrière dans l’enseignement. Il n’entend pas seulement affirmer sa foi dans ses paroles et ses écrits, il veut la mettre en œuvre auprès des déshérités.  Après avoir fondé, à 20 ans, la société Saint-Vincent-de-Paul, ce laïc père de famille, béatifié par Jean-Paul II en 1997, a manifesté, sa vie durant, une foi ardente et une charité inventive au service des plus pauvres.

Afin d’obtenir la canonisation de son fondateur, la Société de Saint-Vincent-de-Paul invite à la prière avec le bienheureux Frédéric Ozanam pour le jour de sa fête, le 9 septembre 2019. Par son intercession, prions aussi pour son renouvellement.

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FOI

« La foi est un acte de vertu, par conséquent un acte de volonté. Il faut vouloir un jour, il faut donner son âme et alors Dieu donne la plénitude de la lumière. »

Seigneur, aide-nous à mieux écouter ta Parole, à la méditer, à la faire nôtre, à la vivre et à la trans­mettre dans la joie.

CHARITÉ

« La charité ne doit jamais regarder derrière elle, mais toujours devant, parce que le nombre de ses bienfaits passés est toujours très petit et que les misères pré­sentes et futures qu’elle doit soulager sont infinies. »

Seigneur, soutiens-nous dans notre recherche de toutes les pauvretés afin de pouvoir soulager davantage ceux qui souffrent.

AMOUR

 « L’amour tient en ceci de la nature divine, qu’il se donne sans s’appauvrir, qu’il se communique sans se diviser, qu’il se multiplie. »

Seigneur, aide-nous à augmenter notre confiance en toi et à témoigner de ton amour, de ta miséricorde et de ta paix. Soyons conscients de la présence de l’amour de Dieu dans notre vie et dans celle des autres.

PAUVRES

« Nous devrions tomber à leurs pieds et leur dire avec l’apôtre : « Tu es Dominus et Deus meus ». Vous êtes nos maîtres et nous serons vos serviteurs, vous êtes pour nous les images sacrées de ce Dieu que nous ne voyons pas, et ne sachant pas l’aimer autrement, nous l’aimerons en vos personnes… »

Seigneur, fais que notre cœur reste toujours attentif et ouvert à la détresse des plus pauvres et fais que nous puissions te découvrir à travers eux.

SAINTETÉ

« Et nous, ne ferons-nous rien pour ressembler à ces saints que nous aimons et nous contenterons-nous de gémir sur la stérilité de la saison présente, tandis que chacun de nous porte dans le cœur un germe de sainteté que le simple vouloir suffirait à faire éclore ? »

Seigneur, notre prochain est aussi appelé à la sainteté, rappelle-nous de ne pas l’oublier dans notre prière.

AMITIÉ

« Je me sens meilleur quand je viens de m’épancher dans le cœur d’un ami qui vaut mieux que moi. »

Seigneur, apprends-nous à considérer toujours notre prochain comme un frère et comme un ami.

SERVICE

 « Tous serviteurs inutiles que nous sommes, il ne nous est pas permis d’être des serviteurs oisifs. »

Seigneur, envoie-nous ton Esprit pour nous aider à suivre ton chemin et mieux Te servir. Selon l’exemple que nous a donné le Christ, acceptons de nous mettre au service des autres et de l’Église avec simplicité et humilité.

JUSTICE SOCIALE

 «Il y a beaucoup d’hommes qui ont trop et qui veulent avoir plus encore ; il y en a beaucoup plus d’autres qui n’ont pas assez, qui n’ont rien et qui veulent prendre si on ne leur donne pas. »

Seigneur, guide-nous dans notre désir de mieux connaître les besoins des autres afin de réfléchir aux solutions qui pourraient améliorer leur sort.

DÉMARCHE FRATERNITÉ

 « Le plus grand bien que nous pouvons faire aux autres n’est pas de leur com­muniquer nos richesses, mais de leur révéler les leurs. »

Seigneur, nous te remercions pour tous les dons que nous avons reçus. Aide-nous à prendre conscience des talents de nos frères afin qu’ensemble nous devenions tes disciples et témoignions de la Bonne Nouvelle.

Aux jeunes de Papouasie, le Pape François demande d’adopter le langage de l’amour

Aux jeunes de Papouasie, le Pape François demande d’adopter le langage de l’amour

logo Pape Nouvelle-Guinée
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Le Pape François a réservé son dernier rendez-vous en Papouasie-Nouvelle-Guinée aux quelques 10 000 jeunes  qui l’accueillent au son des chants et des danses traditionnelles, .pour les entendre témoigner de leurs difficultés, de leurs espoirs aussi, et pour les encourager à s’unir dans le langage de l’amour.

«Je ne voulais pas repartir d’ici sans vous rencontrer car vous êtes l’espérance pour l’avenir».

Il  leur parle de langage, soulignant l’unicité de ce pays aux plus de 800 langues et dialectes dont chacune révèle l’appartenance à une ethnie particulière, avant d’enchainer sur le passage biblique de la Tour de Babel, qui voit s’affronter «deux modèles, deux manières opposées de vivre et de construire la société: l’une conduit à la diffusion et la dispersion et à l’harmonie et la rencontre avec Dieu».

À partir de là, le Souverain pontife pose sur ses genoux les pages de son discours et entame un dialogue avec les jeunes. Lui s’exprime en italien, Mgr Christopher Washington traduit en anglais les propos, et les jeunes répondent. L’acrobatie linguistique concrétise les paroles du Pape qui s’ensuivront. Ildemande aux jeunes quel choix devraient-ils faire entre «la confusion et l’harmonie». Évidemment «harmonie» répondent les jeunes en chœur.

Le langage de la proximité et de l’amour

Cette harmonie, explique le Saint-Père, se construit en parlant un même langage «le langage du cœur, le langage de la proximité, le langage de l’amour». Parler un langage commun permet de s’ouvrir aux autres. «Soyez des “wantok” de l’amour», lance l’évêque de Rome en utilisant un terme en langue Tok pisin qui signifie solidarité, personne qui parle la même langue, ou une personne proche.

Ainsi François, dans son jeu de questions-réponses à travers lequel il engage lui-même un dialogue direct avec les 10 000 jeunes présents, parfois s’exprimant en anglais, parfois en italien, interroge l’assemblée sur les comportements justes à adopter vis-à-vis de leur prochain.

«Que devons-nous faire lorsqu’une personne tombe?», «devons-nous la laisser à terre, lui donner un coup pied et passer notre chemin ou rire de sa situation?», «devons-nous au contraire l’aider à se relever?». Les jeunes, à chaque question, répondent, et lorsque la réponse n’arrive pas assez forte à l’oreille du Pape, celui-ci demande aux jeunes de répéter.

«Tout le monde peut chuter, même une vieille personne comme moi. Mais cela nous offre une certitude: c’est que nous pouvons nous corriger». S’il reste important d’éviter la chute, il est plus important encore de ne laisser personne à terre ou sur le bord de la route. Ce message,le Pape le répète plusieurs fois aux cours de la rencontre, même après la bénédiction finale, pour s’assurer qu’il soit bien compris.

La solidarité pour relever les défis

Avant de prendre la parole, le Saint-Père a pu écouter les témoignages des jeunes. Trois d’entre eux, Ryan, Vulum et Bernadette, sont venus lui présenter les questions qu’ils se posent.

«Comment lutter contre les mauvais traitements et les abus au sein de la cellule familiale? Comment lutter contre la pauvreté, qui malgré la richesse des ressources que possède le pays, continue de progresser? Comment trouver une personne à qui se confier lorsque la famille se brise? comment contraster les influences négatives de la société, des industries, des médias sociaux?».

À autant de questions,le Pape François répond par la solidarité et l’attention aux autres. Prendre soin des autres «doit être votre préoccupation». Et «le seul moment dans la vie où on a le droit de regarder une personne du haut vers le bas, c’est quand on l’aide à se relever», car «le Seigneur nous a créés pour entretenir des bonnes relations avec les autres», pour que les hommes et les femmes parlent «une langue qui favorise l’amitié, qui abat les murs de la division, et qui nous ouvre la voie à une accolade fraternelle».