Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

La prière du Seigneur

La prière du Seigneur

Quand vous priez, dites Notre Père
Quand vous priez, dites Notre Père

Le Notre Père, la prière du Seigneur, c’est Jésus qui nous l’a enseignée. Elle est la prière que Jésus nous a apprise : « Comme nous l’avons appris du Sauveur et selon son commandement, nous osons dire :… »

Mais également  cette prière est « la » prière par excellence, le modèle de toute prière, peut être considérée comme la prière que Jésus lui-même adresse à son Père : il nous fait entrer dans sa propre prière et nous fait participer à sa vie filiale.

« Quelle prière peut être plus spirituelle que celle-là, écrit saint Cyprien, puisqu’elle nous a été donnée par le Christ, lui qui nous a envoyé l’Esprit Saint. Quelle prière peut être plus vraie que celle-là, puisque elle est sortie de la bouche du Fils qui est la Vérité ? »

 « Vous donc, priez ainsi… » (Mt 6, 8)

C’est par ces mots que Jésus introduit son enseignement sur le Notre Père. Jésus vient de dénoncer les déformations de la prière : « Quand vous priez, ne soyez pas comme ceux qui se donnent en spectacle… ne rabâchez pas comme les païens qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés… Vous, donc, priez ainsi : Notre Père, qui es aux cieux… »

Saint Augustin dit que la prière du Seigneur contient et achève toute prière : « Si tu parcours toutes les formules des prières sacrées, tu ne trouveras rien, je crois, qui ne soit contenu dans cette prière du Seigneur et n’y trouve sa conclusion. On est donc libre, lorsque l’on prie, de dire les mêmes choses avec des paroles diverses, mais on n’est pas libre dire autre chose. » (Lettre à Proba)

Dans La Règle de saint Benoît, on trouve cette formule : « Notre esprit doit être en harmonie avec notre voix », « notre cœur doit être en harmonie avec notre parole ». Normalement la pensée précède la parole. Mais pour la prière des psaumes, et la prière liturgique en général, c’est l’inverse : la parole et la voix nous précèdent ; notre esprit, notre cœur, doivent se conformer à cette parole.

Dans la prière des psaumes, dans la prière liturgique, nous nous laissons façonner par les mots mêmes que le Seigneur nous donne. Il en est ainsi du « Notre Père ».

La prière du Seigneur est plus qu’une formule de prière : elle est un chemin de vie spirituelle. « L’oraison dominicale est vraiment le résumé de tout l’Évangile » (Tertullien). Elle reprend tout l’Évangile, tout le mystère du Christ, comme passage de la mort à la vie, de la servitude à la liberté.

Pour redécouvrir cette prière qui nous est si familière, partons de la dernière demande : « délivre nous du mal » pour cheminer, degré après degré, vers « Notre Père qui es aux cieux ». Le mouvement interne du Notre Père fait écho à la lutte de Jésus qui veut nous arracher au « prince de ce monde » pour nous conduire vers le Père.

Nous suivons le Christ qui nous arrache au pouvoir du mal et nous entraîne derrière lui à la rencontre de notre Père. C’est un enfantement : il s’agit de nous laisser enfanter, de devenir conforme à Celui qui est le Fils Unique.

Pourquoi saluer Marie ?

Pourquoi saluer Marie ?

Annonciation Tempera sur bois XVIe Siècle Florence DR
Annonciation Tempera sur bois XVIe Siècle Florence DR

Surtout en ce mois de mars, nous aimons la prière du «Je vous salue, Marie». Ce sont les premières paroles de l’Annonciation, célébrée le 25. Elles reprenent la salutation pleine de délicatesse de l’Ange Gabriel, «envoyé par Dieu dans une ville de Galilée du nom de Nazareth à une jeune fille qui s’appelait Marie : ‘Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous’» (Luc 1, 28).

Dès le Concile d’Éphèse en 431 où Marie a été proclamée «Mère de Dieu», les chrétiens se sont adressés à elle pour demander son aide, puisqu’au moment de mourir sur la croix, Jésus a confié tous les croyants à sa mère en la personne de l’apôtre Jean. «Voyant sa mère et près d’elle le disciple qu’il aimait, Jésus dit à sa mère : ‘Femme, voici ton fils’. Il dit au disciple : ‘ Voici ta mère’» (Jean 19, 26-27).

Que veut dire «pleine de grâce» ? Que Marie est pleine de la présence de Dieu. «Et si elle est entièrement habitée par Dieu, il n’y a pas de place en elle pour le péché… Marie est l’unique ‘oasis toujours verte’ de l’humanité, créée immaculée pour accueillir pleinement par son ‘oui’ Dieu qui venait  dans le monde et commencer ainsi une histoire nouvelle.» (Pape François)

Nous continuons notre prière avec celle d’Élisabeth, «remplie de l’Esprit Saint» (Luc 1, 41), qui accueille Marie au moment de la Visitation. En effet, elle est «bénie entre toutes les femmes» parce qu’elle a cru en l’accomplissement de la parole du Seigneur. Elle est devenue, par sa foi, la mère des croyants, recevant celui qui est la bénédiction même de Dieu.

Il faut attendre le XIVe siècle pour voir la deuxième partie sous forme de supplication : «Priez pour nous, pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort.» Déjà on ne manquait pas de s’adresser à la Vierge Marie en disant : «Sainte Marie, Mère de Dieu». Et c’est le plus beau nom qu’on puisse lui donner. ■

P. Jean-Daniel Planchot, cm
LETTRE aux associés de la Médaille Miraculeuse – mars-avril 2020

Marie et le mystère de l’Incarnation

Marie et le mystère de l’Incarnation

Annonciation vitrail cathédrale de Chartres XIIIe siècle
Annonciation vitrail cathédrale de Chartres XIIIe siècle

Dans le mystère de l’Incarnation, nous contemplons la divinité unie intimement et substantiellement à l’humanité, puisque, dans Jésus fait homme, nous trouvons que le corps, le sang, l’âme et la divinité ne font qu’une seule personne, qui est la personne du Fils de Dieu.

On remarque encore un autre aspect de l’union, celui qui se trouve entre Jésus et Marie ; elle est vraiment la mère de Jésus. C’est pourquoi, comme l’ange Gabriel, nous nous sentons animés d’un si grand respect envers la sainte Vierge en qui s’incarne Jésus venant sur la terre pour nous ! Et le Verbe s’est fait chair (Prologue de l’Évangile selon Saint Jean)

II y a un autre aspect du mystère qui s’opère tous les jours dans le cœur des fidèles ; c’est l’union qui a lieu dans le sacrement de la sainte eucharistie avec celles et ceux qui la reçoivent ; cette union est tellement parfaite, qu’elle faisait dire à saint Paul : «Ce n’est plus moi qui vis, c’est Jésus Christ qui vit en moi.» Quel bonheur de nous unir à Jésus Christ par la sainte communion !

Le mystère de l’Incarnation, pouvons-nous dire, s’opère en nous, nous avons un bonheur semblable à celui de Marie ; notre ange peut saluer notre âme et lui dire : ‘tu es pleine de grâces, le Seigneur est avec toi’ : le même qui était dans le sein de Marie, le même qui a été longtemps attendu et qui fait maintenant le bonheur des saints dans le ciel.

Toute personne qui vit sa foi chrétienne aura toujours la plus grande vénération pour ce mystère : c’est là le fondement du salut de l’homme. C’est pourquoi l’Église nous invite à nous prosterner chaque fois qu’il en est question, notamment pendant le Credo, durant lequel tout le monde s’incline à ces paroles : «par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme.» ■

P. Jean-Daniel Planchot, cm