Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Les vigilantes attentions de la Vierge

Les vigilantes attentions de la Vierge

Notre-Dame du Pilier - cathédrale de Chartres
Notre-Dame du Pilier – cathédrale de Chartres

Songeons à la Vierge dont les vigilantes attentions nous ont tant de fois préservé des risques imprévus, des faciles faux-pas, des amples chutes. N’est-elle pas le Puits de la Bonté sans fond, la Collatrice des dons de la bonne Patience, la Tourière des cœurs secs et clos ; n’est-elle pas surtout l’active et la benoîte Mère ?

Toujours penchée sur le grabat des âmes, Elle lave les plaies, panse les blessures, réconforte les défaillantes langueurs des conversions. Par-delà les âges, Elle demeure l’éternelle orante et l’éternelle suppliée; miséricordieuse et reconnaissante, à la fois; miséricordieuse pour ces infortunes qu’Elle allège et reconnaissante envers elles.

Elle est en effet l’obligée de nos fautes, car sans le péché de l’homme, Jésus ne serait point né sous l’aspect peccamineux de notre ressemblance et Elle n’aurait pu dès lors être la génitrice immaculée d’un Dieu.

Notre malheur a donc été la cause initiale de ses joies et c’est, à coup sûr, le plus déconcertant des mystères que ce Bien suprême issu de l’intempérance même du Mal, que ce lien touchant et surérogatoire néanmoins qui nous noue à Elle, car sa gratitude peut paraître superflue puisque son inépuisable miséricorde suffit pour l’attacher à jamais à nous.

D’après Joris Karl Huysmans – La Cathédrale

La dévotion de Vincent de Paul envers la sainte Mère de Dieu

Vincent de Paul vitrail de l’église de Chatillon-sur-Chalaronne – D.R.

Comment se sont exprimées la dévotion et la piété de Vincent de Paul envers la sainte Mère de Dieu ? Voici ce qu’en dit Abelly, son premier biographe :

En premier lieu, parmi les règlements qu’il a donnés à sa Congrégation, il a mis celui-ci comme l’un des principaux, et dont il recommandait fort particulièrement l’observance aux siens.

“Nous tâcherons, tous et un chacun, de nous acquitter parfaitement, Dieu aidant, du culte particulier que nous devons à la très sainte et très heureuse Vierge Marie, Mère de Dieu :

• En rendant tous les jours, et avec une dévotion particulière, quelques services à cette très digne Mère de Dieu, notre très pieuse dame et maîtresse ;

• En imitant autant que nous le pourrons ses vertus, et particulièrement son humilité et sa pureté ;

• En exhortant ardemment les autres, toutes les fois que nous en aurons la commodité et le pouvoir, à ce qu’ils lui rendent toujours un grand honneur et le service qu’elle mérite.”

Il a toujours recommandé et conseillé à un chacun d’avoir une spéciale dévotion à cette Reine du ciel. La dévotion de ce saint homme envers la Mère de Dieu a paru aussi grandement par les prédications qu’il a faites en son honneur dans les missions où il a travaillé, et par la pratique qu’il a introduite parmi les siens de faire de même, et d’instruire soigneusement le peuple des obligations particulières que les chrétiens ont d’honorer, servir et invoquer cette très sainte Mère de Dieu, et de recourir à elle en leurs besoins et nécessités.

Enfin, le grand nombre des confréries qu’il a établies et fait établir de tous côtés pour honorer Notre-Seigneur par l’exercice de la charité envers les pauvres, et qu’il a mises sous la protection spéciale de sa très sainte Mère, aussi bien que toutes les autres compagnies et assemblées de piété dont il a été l’auteur, sont des marques bien expresses, non seulement de sa dévotion envers la très sainte Vierge, mais aussi de l’affection et du zèle qu’il avait de la répandre dans tous les cœurs. ■

P. Jean-Daniel Planchot, cm

Le sens de l’Assomption de la Vierge Marie

Le sens de l’Assomption de la Vierge Marie

miniature de l’école lombarde XIVe siècle
miniature de l’école lombarde XIVe siècle

Chaque soir, l’office de Vêpres se termine sur une prière en l’honneur de la Bienheureuse Vierge Marie: le Salve Regina. C’est un chant que nous aimons, mais dont nous parlent moins les images de la terre comme d’un exil et d’une vallée de larmes. Elles nous rappellent toutefois que notre vraie patrie est au-delà.

C’est ce que nous signifie surtout l’Assomption, la grande fête que l’on ne saurait passer sous silence! Le Christ n’est-il pas ressuscité pour cette victoire-là? «S’il n’y a pas de résurrection des morts, dit saint Paul, le Christ non plus n’est pas ressuscité.» (1 Corinthiens 15, 13-19).

C’est pour nous communiquer cette glorification et cette vie éternelle que le Seigneur sort du tombeau, désormais en mesure de «transformer notre corps de misère en un corps semblable à son corps de gloire, par la puissance qui le rend capable même de s’assujettir l’univers» (Philippiens 3, 21).

Le triomphe de Marie est donc le nôtre : elle le préfigure d’autant plus que nous sommes solidaires. Car elle est de notre lignage, et sa glorification témoigne de celle qui nous est promise et elle la prépare.

Marie est notre mère en effet, comment séparerait-elle son sort de celui de ses enfants? Jésus disait à ses disciples au moment de mourir : «Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi.» (Jean 14, 3)

À l’œuvre de son Fils, la Vierge n’a cessé de collaborer. Elle était au pied de la croix, par son union aux souffrances de Jésus, elle a mérité de nous recevoir tous comme ses enfants.

Elle est donc par là même associée au rayonnement de grâce, de vie et de gloire du Christ ressuscité, et d’autant plus efficacement qu’entrée dans le ciel, c’est-à-dire dans l’éternel et l’omniprésent, elle peut désormais, comme Dieu, être partout avec nous, en mère attentive.■

P. Jean-Daniel Planchot, cm