Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Incarnation et annonce faite à Marie

Annonciation - Fra Angelico 1387-1455 Tempera sur bois FlorenceDans l’Évangile de saint Luc, il faut considérer la présence participative de la Vierge Marie au dessein du salut. Cette présence prend racine dans le rôle manifeste de la Vierge Marie en ce qui concerne notre histoire du salut. Il s’agit de conjuguer le lien étroit entre « l’incarnation et l’annonciation. » (Luc 1, 26-38) Car « si l’on essaie de détacher du récit de l’annonciation la vérité de l’incarnation du Verbe de Dieu, on tombe fatalement dans le danger d’exténuer cette vérité qui est essentiellement communication, pour en faire une spéculation abstraite purement métaphysique. » (Karl Rahner)

Le rôle de la Vierge Marie est de toute évidence christique. Un rôle qui s’actualise effectivement dans cette communication où la réalité divine, en la personne du Fils, vient réellement habiter la nature humaine et prendre chair à travers une mère humaine. La Vierge Marie demeure pour nous un modèle du service à imiter dans la suite du Christ. Non pas seulement en s’armant d’une audace spirituelle mais aussi et surtout en restant ouverts à la grâce des qualités maternelles dont Marie a témoigné dans l’accomplissement de notre rédemption. « Notre-Dame est médiatrice d’une grâce car elle est, tout à la fois, pure grâce de Dieu elle-même et associée à l’œuvre de cette grâce pour nous. » (Saint Ignace de Loyola, Exercices Spirituels)

Doucement et dans la fidélité créatrice, nous sommes invités à quêter cette présence discrète de la Vierge Marie depuis l’annonciation comme préfigurant l’incarnation, avant toute considération de la relation avec la Nativité du Seigneur, « lorsque le temps où elle devait enfanter fut accompli». (Luc 2, 6) ■

Jean-Daniel Planchot , cm

les chrétiens victimes…

… de ceux qui haïssent Jésus

06-02-2015 source : Radio Vatican

Le martyre des chrétiens n’appartient pas au passé, et beaucoup d’entre eux sont encore aujourd’hui victimes « de gens qui haïssent Jésus Christ ». C’est la déchirante constatation du Pape François lors de l’homélie de la messe célébrée ce vendredi matin en la chapelle de la maison Sainte-Marthe, au terme d’une intense méditation sur la vie et la mort de St Jean-Baptiste.

C’est une des homélies de Sainte-Marthe les plus touchantes que le Pape propose, tout en suivant la page de l’Évangile selon Saint Marc qui raconte la fin tragique de St Jean-Baptiste. Le Pape François souligne qu’il « n’a jamais trahi sa vocation », « conscient que son devoir devait consister uniquement en l’annonce de la venue du Messie », conscient d’être  « seulement la voix » car « la Parole était d’un autre », « il finit sa vie comme le Seigneur, en martyr ».

C’est surtout lorsqu’il finit en prison sur ordre d’Hérode Antipas que « le plus grand homme parmi ceux qui sont nés d’une femme » devient «  petit, petit, petit »,  d’abord touché par l’épreuve de « l’obscurité de l’âme »- lorsqu’il doute que Jésus est celui dont il a annoncé la venue- ensuite lorsqu’arrive le moment de la fin, ordonnée par un roi fasciné, et en même temps perplexe à propos de Jean. Une fin que le Pape considère avec réalisme :

« À la fin, après cette purification, après cette déchéance continue vers l’anéantissement qui montre le chemin de l’anéantissement de Jésus, il finit sa vie. Ce roi perplexe devient capable d’une décision, non parce que son cœur s’est converti mais parce que le vin lui en a donné le courage. Et ainsi, Jean finit sa vie sous l’autorité d’un roi médiocre, ivre et corrompu, à cause d’une danseuse et de la haine vindicative d’une adultère. Ainsi finit le Grand, le plus grand homme parmi ceux qui sont nés d’une femme ».

« Lorsque je lis ce passage je vous confesse que je m’émeus et que je pense toujours à deux choses : premièrement, je pense à nos martyrs d’aujourd’hui, ces hommes, ces femmes et ces enfants qui sont persécutés, hais, chassés de leurs maisons, torturés et massacrés, Et ce n’est pas quelque chose qui appartient au passé : cela se passe aujourd’hui. Nos martyrs qui finissent leur vie sous l’autorité corrompue de gens qui haïssent Jésus Christ. Cela nous ferait du bien de penser à nos martyrs. Nous pensons aujourd’hui à St Paul Miki mais cela remonte à 1600. Pensons à ceux d’aujourd’hui ! De 2015. »

En outre, cet affaissement « continu de Jean le Grand  jusqu’au néant » fait penser « que nous sommes sur ce chemin et que nous allons vers la terre où tous, nous finirons ». Cela me fait penser « à moi-même ».

« Moi aussi je prendrai fin. Nous tous, nous prendrons fin. Personne n’a acheté sa vie. Nous aussi, que nous le voulions ou non, nous allons sur le chemin de l’anéantissement existentiel de la vie et ceci, au moins en ce qui me concerne, me fait prier pour que cet anéantissement ressemble le plus possible à Jésus Christ, à son propre anéantissement ».

La Vierge de Madhu…

… pour un vrai repentir et une réconciliation plus grande

14-01-2015 source : Radio Vatican

Le Sri Lanka a depuis ce matin son premier saint,  Joseph Vaz, un maitre, un modèle… La messe de canonisation a rassemblé plus de 500 000 personnes, dans une atmosphère de grande joie et de grande paix. Le Pape a ensuite effectué les 250 km séparant Colombo à Madhu au nord du pays en hélicoptère, accompagné de sa délégation.

A son arrivée, le Pape François a trouvé, là encore, une foule enthousiaste. Il a reçu un collier de larges fleurs violettes. Des fanions aux couleurs du Saint-Siège étaient suspendus tout au long du parcours en papamobile. En descendant de la jeep blanche, François a embrassé des enfants. Il a gravi les quelques marches conduisant à l’entrée du sanctuaire, et ouvert le temps de prière.

Un signe de croix et du silence, puis s’est élevé un chant d’invocation à l’Esprit saint : un Veni Creator à la Sri Lankaise avec des tambourins, mais d’une très grande douceur. Chants et prières étaient en tamoul et en cinghalais. Dans les deux langues, on a traduit l’intervention du Pape. Au sanctuaire marial de Madhu, le Pape a remercié la Vierge d’avoir protégé le peuple Sri- Lankais de « tant de dangers ». Ici, un camps de déplacés avait été installé pendant la guerre, accueillant tous ceux qui avaient besoin d’un refuge. « Il y a ici aujourd’hui des  familles qui ont souffert immensément durant le long conflit ». Il dura trente-sept ans pour s’achever de manière sanglante il y a tout juste cinq ans.

Et c’est là, au pied de la Vierge, mère protectrice, que le Pape a demandé « la grâce de faire réparation pour nos péchés et tout le mal que cette terre a connu ». Prendre sur son dos les responsabilités du passé. Ce n’est « pas facile ». Mais « c’est seulement quand, à la lumière de la Croix, nous arrivons à comprendre le mal dont nous sommes capables, auquel peut-être nous avons pris part, que nous pouvons faire l’expérience d’un vrai remords et d’un vrai repentir ».

Dans ce difficile effort pour pardonner, « Marie est toujours là pour nous encourager ». Le Pape invite donc à prier la Vierge, car elle veut guider les Sri- Lankais vers « une réconciliation plus grande». « Que le baume du pardon de Dieu produise une vraie guérison pour tous. » Le Pape François a salué « les efforts des Tamouls comme des Cinghalais pour reconstruire l’unité qui a été perdue ».

Ils a ensuite  béni la foule avec la statue originelle de la Vierge de Madhu, portant l’enfant Jésus dans ses bras, tous les deux couronnés d’or, enveloppés d’un manteau de soie crème, incrustés d’or. Le bleu couleur de la Vierge était également très présent : des rubans de tulle, et des fleurs. Le diocèse a offert au Pape une reproduction en bois de la statue. Il ne l’a plus quittée. Le Pape a offert un chapelet d’or au sanctuaire.

Le Sanctuaire marial de Madhu, situé en pays tamoul dans le petit diocèse de Mannar, est fréquenté par les catholiques (90% de la population locale), mais aussi par des fidèles d’autres religions. Le 15 août, 600 000 fidèles y sont réunis chaque année. « Our Lady of Madhu » a plus de 400 ans d’histoire. En 1544, le roi de Jaffna, Sankili, a fait massacrer quelques 600 chrétiens du diocèse convertis par les Portugais. Certains fidèles, échappant au massacre, se sont rendus dans la jungle y installant la statue de la Vierge. Des Églises furent ensuite construite aux alentours. Mais, de nouveau, une persécution, cette fois, ce sont les Hollandais qui les pousse à fuir. Trente familles vont de village en village avec la statue. Ils s’installent finalement à Maruthamadhu, là où se trouve le sanctuaire actuel.

Texte intégral du Pape François –> Lire la suite →