Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

MÈRE DU SAUVEUR DU MONDE

MÈRE DU SAUVEUR DU MONDE

La Bonne Dame - Argenton-sur-Creuse
La Bonne Dame – Argenton-sur-Creuse

Parler de la bienheureuse Vierge Marie, mère du Sauveur du monde, c’est s’adresser à celles et à ceux qui, préparés par la foi, cherchent à nourrir leur piété par le spectacle continuel des grands mystères de notre religion et qui trouvent dans leur méditation, un moyen d’encouragement, de consolation et d’espérance.

La vie de la sainte Vierge, mère de Dieu, est toute mystérieuse. Mais les mystères qu’elle renferme sont à la fois les plus sûrs pour ceux qui veulent se pénétrer de l’ordre, de l’ensemble et de la liaison des principes qui servent de base à notre religion, et les plus consolants pour ceux qui en portent les vérités gravées au fond de leurs cœurs.

Pour commencer la vie de la bienheureuse Vierge Marie, mère du Sauveur du monde, il faut changer l’ordre établi pour les êtres créés ordinaires, dont l’histoire ne date que du moment de leur naissance : la vie de Marie embrasse la plénitude des siècles, et pour en tracer fidèlement toutes les circonstances, il faut remonter à la première époque de la création du monde, c’est-à-dire, à cet instant heureux où, après la chute du premier homme, son existence se trouve intimement liée au grand ouvrage de la rédemption, et devient l’objet de tant de prédictions et de tant de figures.

Si, après le premier péché humain, un rédempteur nous est promis, il l’est en même temps avec une mère. “Je mettrai, dit le Seigneur au serpent, une hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : celle-ci te brisera ta tête.”

Ainsi, voilà Marie associée dès le commencement des siècles à l’œuvre si élevée de l’incarnation du Verbe. Ainsi, à côté de la promesse d’un libérateur, parait la promesse d’une femme sainte, qui, par la naissance d’un fils encore plus saint, réparera les misères de l’homme. ■

Jean-Daniel Planchot, cm

La Vierge de l’Incarnation

La Vierge Orante, XIIe siècle, ou la Vierge de l'Incarnation, ou la Grande Panaguia de Yaroslavl | DR1. – Associés de la Médaille Miraculeuse, comme tout le monde chrétien, nous  sommes dans l’attente liturgique de l’enfantement de Notre-Dame. Nous chantons cette attente avec les ANTIENNES en O. Il est bon aussi de contempler la Vierge de l’incarnation, de nous approcher d’elle  avec un désir ardent de pénétrer dans le secret de sa vie intérieure, afin qu’elle soit notre lumière et notre modèle.

« Il me semble que l’attitude de la Vierge, durant les mois qui s’écoulèrent entre l’Annonciation et la Nativité, est le modèle des âmes intérieures, des êtres que Dieu a choisis pour vivre au-dedans, au fond de l’abîme sans fond ». (Elisabeth de la Trinité, Première Retraite : le Paradis sur terre, 9e jour).

Si la vie de la Vierge Marie fut toute recueillie et concentrée en Dieu, elle dut l’être certainement d’une manière particulière en cette période durant laquelle, à l’ombre de la vertu du Très-Haut, le Verbe s’incarna dans son sein.

Gabriel avait trouvé Marie dans la solitude, dans le recueillement. « L’Ange étant entréchez elle », dit l’Évangile, et ce mot « entré » fait supposer que Marie était « enfermée » dans sa maison. Au nom de Dieu, l’Ange lui révèle ce qui s’accomplira en elle : « L’Esprit Saint descendra sur toi et la vertu du Très-Haut te couvrira de son ombre. Et le Saint qui naîtra de toi sera appelé le Fils de Dieu ». (Lc 1, 35). A partir de ce moment, Dieu est présent en Marie d’une façon toute particulière ; c’est une présence non seulement par essence, science et puissance comme en tous les êtres créés ; non seulement par grâce, comme dans l’âme des justes ; c’est bien plus : le Verbe de Dieu est en Marie par « présence corporelle » comme s’exprime Saint Albert le Grand.

Tout en demeurant dans son humilité, Marie est parfaitement consciente des « grandes choses » qui s’accomplissent en elle ; son sublime cantique du « Magnificat » l’atteste. Toutefois, elle tient caché en son âme le grand mystère, que même Joseph ignore ; elle vit recueillie dans l’intimité de Dieu, en l’adorant en esprit et en méditant : «Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. » (Lc 2, 19).

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LA VIERGE DU SILENCE

Marie avec l’Enfant – Tempera sur bois – 1360 – Karlsruhe | DR

Au commencement de la vie de Jésus, avant qu’il n’en vienne à parler, le Verbe de Dieu se fait silence. La Parole éternelle est précédée par le silence de l’enfant-Dieu. Le silence précède le Verbe ; le silence de Dieu sur la terre révèle en cet enfant l’Amour du Père. Le Verbe prend chair, le silence de l’enfant dit l’Amour du Père. Le silence dit Dieu.

Marie, en recevant l’enfant, reçoit le silence de Dieu. Elle s’en laisse habiter. Elle se laisse imprégner de l’Amour du Père qui l’a faite Mère de Dieu. Marie, par son silence, est réceptacle de Dieu.

Les bergers comme les Mages racontent les événements, ils louent Dieu et débordent d’allégresse. Marie demeure en silence. Le Silence de Dieu l’habite, se fait écoute humble de ceux que Dieu envoie, de l’humanité qui l’entoure.

En Marie, le Silence de Dieu est plein d’Amour pour l’humanité. Elle reçoit en silence la parole des autres. Elle reconnaît les messagers de Dieu, comme à l’Annonciation le Messager de Dieu. Marie, la Vierge du Silence, écoute les hommes autant que les Anges, elle est écoute de Dieu !

Au jour de sa circoncision, le huitième jour, selon la loi juive, l’enfant reçoit le nom de Jésus, donné par l’Ange. Marie a gardé le nom dans le secret, dans le silence.

À la Pentecôte, les Apôtres annoncent l’Évangile, ils guérissent les malades, convertissent les multitudes au nom de Jésus. La création est renouvelée, ressuscitée, éclatante de Lumière. Et Marie se tait.

Que Marie nous mette dans son silence, que nos paroles soient précédées du silence sans lequel il n’est d’écoute ni de Dieu, ni des hommes, ni des Anges. Que le silence des croyants, à la suite de Marie, soit plein de l’Amour du Père et permette au Verbe, par la force de son Esprit, de s’incarner dans nos vies. ■

P. Jean-Daniel Planchot, cm