Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Pâques

Pâques

Résurrection Fra Angelico Florence San Marco Museum|DR
Résurrection Fra Angelico Florence San Marco Museum|DR

L’Exultet est un chant de joie sans pareil où une pensée forte et des sentiments intenses se développent en un symbolisme et une mélodie merveilleuse au début de la veillée pascale. L’Exultet pascal est le texte liturgique relatif à la bénédiction du Cierge (benedictio cerei).

L’Église chante, dans le Cierge qui illumine de ses clartés la veillée pascale, la nuit sainte, où jadis la nuée lumineuse délivra les Hébreux de la captivité d’Égypte, et où maintenant, ressuscité des morts, le Christ lumière anéantit la mort, illumine nos âmes et dissipe nos ténèbres.

Le Cierge est normalement fait de cire d’abeille. A ce propos il est intéressant de rappeler la légende de la reproduction virginale des abeilles. Elle a commencé avec Virgile, voire avec Homère, a été reprise par Saint Ambroise dans son Hexaméron. Elle a été plus largement diffusée par les diacres dans leurs compositions poétiques des annonces pascales.

L’Exultet pour sa part remonte donc à la nuit des temps. Cette hymne, l’une des premières de la liturgie chrétienne, était à l’origine improvisée par le diacre qui devait la chanter par cœur, avant qu’elle ne trouve sa forme définitive. Improvisée, parce qu’il est de la nature de la joie pascale de ne pouvoir être contenue par des mots.

Devançant l’intelligence, elle déborde les paroles qui l’expriment. Saint Augustin a fort bien décrit cette surabondance : « Chanter pour Dieu, c’est chanter en jubilant, car les mots ne peuvent traduire le chant quand c’est le cœur qui chante. »

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PASSION DIVINE

Pieta d'après Delacroix Vincent Van Gogh 1853-1890|DRUne semaine difficile vient de se passer, plus difficile, qu’une bourse qui s’affole. Et le résultat est là. Pas brillant ! En suspension ! Elevé entre ciel et terre ! Tout a sombré et la vie vient de quitter ce corps définitivement inanimé aux yeux des hommes, ce corps de condamné, qu’on regarde avec plein de mépris, car il n’a pas réussi, c’est le moins que l’on puisse dire.

Quelques personnes sont là à distance, car on ne permet pas d’approcher les condamnés, cela fait aussi partie du supplice. Parmi elles, pauvre femme entre toutes celles qui voient partir leur enfant dans la mort, une mère qui se tient encore debout, douloureuse, comme nous l’a traduit un chant écrit une bonne douzaine de siècles plus tard : Stabat Mater dolorosa

Aller au séjour des morts, aux enfers, comme on disait, c’est ce qui s’est donc fait. Maintenant le peuple, avec ses chefs, débarrassé de ses canailles, peut tranquillement célébrer sa Pâque, qui évoque le passage antique de la Mer Rouge, aux couleurs du sang récemment répandu. On peut sacrifier l’agneau sans tache. Mais cet Agneau ne vient-il pas d’être déjà sacrifié au crépuscule de la veille ?

N’anticipons pas, il repose actuellement, enseveli à l’écart des autres, dans un tombeau neuf. Il ne peut plus déranger qui que ce soit et même par sécurité on a mis des gardes. On ne sait jamais. Les corps peuvent disparaître et on peut bâtir des contes là-dessus.

Et pourtant, quand la fête est passée, le lendemain, on a bien affaire à une disparition ! Malgré la garde, le tombeau est trouvé vide, tout comme est restée nue cette croix qu’on n’a pas démontée durant le temps de la Pâque et qui porte encore les traces du martyre de la veille.

Mais qui est celui auquel s’adresse Marie Madeleine ? Qui est celui qui chemine sur la route s’éloignant de Jérusalem vers la bourgade d’Emmaüs ? Qui est celui qui apparaît au cénacle et qui invite les disciples à aller en Galilée, traduction du cercle des Nations, sinon le Crucifié, Jésus de Nazareth, marqué de ses plaies témoignant, pour notre humanité, de sa Passion divine ?

Jean-Daniel Planchot, cm

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Les Rameaux

L’entrée du Seigneur à Jérusalem

gloria laus | DR

Pendant cinq semaines, nous nous sommes préparés à célébrer le mystère pascal dont la « semaine sainte » marque le sommet. Le sixième dimanche de Carême est celui des Rameaux, qui commence la semaine Sainte. Il commémore l’entrée solennelle de Jésus à Jérusalem, quelques jours avant sa passion et sa mort sur la Croix.

Aujourd’hui, quand nous acclamons le Christ en rappelant son entrée à Jérusalem, sachons qu’il vient répondre à notre attente : lui seul comble le cœur de ceux qui le suivent, leur donne la vraie joie et la liberté, les introduit dans la cité nouvelle.

Ainsi le célébrant bénit les rameaux de l’assemblée et part en procession pour la messe. Les fidèles rapportent chez eux les rameaux bénits et en ornent les crucifix de leurs maisons.

Les éléments essentiels de la messe d’aujourd’hui existent depuis le IVe siècle. Tandis que Rome inaugurait ainsi la grande semaine en toute sobriété, l’église de Jérusalem invitait les pèlerins à participer à une procession  » mimant  » l’entrée triomphale du Christ à Jérusalem. Impressionnés par ces rites, les pèlerins de Gaule les introduisirent en Occident.

Théodulphe d’Orléans (+821) composa à cette occasion un premier texte : « Glória, laus et honor tibit sit, Rex Christe Redémptor : Cui puerile decus prompsit hosánna pium » ; « Gloire, louange, honneur à toi, Christ-Roi, Rédempteur, pour qui l’hommage des enfants fit jaillir un pieux Hosanna ».

« Tu es le roi d’Israël, l’illustre descendant de David. C’est au nom du Seigneur, roi béni, que tu viens. Les anges dans les cieux se rassemblent pour te chanter ; l’homme et tout l’univers s’unissent pour t’acclamer. Le peuple hébreu vient à ta rencontre avec des palmes, et nous, nous voici devant toi avec nos prières, nos vœux et nos hymnes. »

Suit la lecture de la Passion où l’on accompagne Jésus dans sa soumission filiale, accomplissant les Écritures. Aucun évangéliste plus que Matthieu n’a souligné la détresse de Jésus, le scandale de sa mort. Cette mort marque la fin d’un monde et l’avènement d’une ère nouvelle : le rideau du Temple se déchire et les tombeaux s’ouvrent, prélude à la résurrection finale et à la gloire de la nouvelle Jérusalem.

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