Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Seul un cœur humble connaît Jésus…

… la théologie s’apprend à genoux »

02-12-2014 Radio Vatican

Celui qui étudie le mystère de Dieu doit se mettre à genoux car Dieu se révèle plus volontiers à un cœur humble. C’est ce qu’a affirmé le Pape François lors de l’homélie célébrée ce matin en la chapelle de la maison Sainte-Marthe.

Les yeux d’un pauvre sont plus adéquats pour voir le Christ et à travers lui, apercevoir le profil de Dieu. Les autres qui prétendent sonder ce mystère par leur propre intelligence doivent d’abord se mettre «  à genoux », dans un comportement d’humilité car sinon, « ils ne comprendront rien ». Le Pape François répète la vérité et le paradoxe du mystère de la Bonne Nouvelle : le Règne de son Père appartient aux « pauvres d’esprit ». La réflexion du Pape suit les traces de l’Évangile selon Saint-Luc proposée par la liturgie, dans le passage le Christ loue et remercie son Père parce qu’il a décidé de se révéler à ceux qui ne comptent en rien pour la société et ceux qui comptent quelque peu mais qui savent se faire « tout petit » dans l’âme :

“ Il nous fait connaître le Père, il nous faut connaître sa vie intérieure. Et à qui révèle-t-il ce Père ? A qui donne-t-il cette grâce ? Je te loue, Oh Père, Seigneur du Ciel et de la Terre, parce que tu as dissimulé ces choses-là aux érudits et aux savants et tu les a révélé aux plus petits ». Seulement ceux qui ont un cœur semblable à celui des plus petits sont capables de recevoir cette révélation. Un cœur humble, doux, qui ressent le besoin de prier, de s’ouvrir à Dieu, qui se sent pauvre. Seulement ceux qui vont de l’avant avec la première Béatitude : les pauvres d’esprit ».

Donc, la pauvreté est le don privilégie pour ouvrir la porte du mystère de Dieu. Un don qui parfois peut faire défaut à ceux qui dédient à ce mystère une vie d’étude :

“ Tant de personnes peuvent connaître la science, la théologie ! Mais s’ils n’apprennent pas cette théologie à genoux, c’est-à-dire humblement, comme des petits, ils ne comprendront rien. Ils nous diront tant de choses mais ils ne comprendront rien. Cette pauvreté est la seule qui soit capable de recevoir la Révélation que le Père donne à travers Jésus. Et Jésus vient, non pas comme un capitaine, un général d’armée ou un gouvernant puissant, non ! Il vient comme un bourgeon : il est humble, doux et il est venu pour les humbles, les doux, pour porter le salut aux malades, aux pauvres et aux oppressés ».

Et Jésus est le premier des marginaux qui arrive même à retenir « que d’être égal à Dieu est une valeur non négociable ». « La grandeur du mystère de Dieu »   peut seulement se connaître «  dans le mystère de Jésus et le mystère de Jésus est le mystère de l’abaissement, de l’anéantissement, de l’humiliation qui « apporte le salut aux pauvres, à ceux qui sont anéantis par tant de maladies, de péchés et de situations difficiles ». « En dehors de ce cadre, on ne peut pas comprendre le mystère de Jésus » :

“ En cette période de l’Avent, nous demandons au Seigneur de nous rapprocher davantage à son mystère et de le faire sur le chemin qu’il veut que nous empruntions : le chemin de l’humiliation, le chemin de la douceur, le chemin de la pauvreté, le chemin où on se sent pécheur. Ainsi, il viendra nous sauver, nous libérer. Que le Seigneur nous donne cette grâce ».

Sauvegardez la longue tradition chrétienne

Cité du Vatican, 1 décembre 2014

Ce matin, le Pape François a reçu les membres de la Conférence épiscopale suisse au terme de leur visite Ad Limina et leur a remis son discours. Il y évoque la longue tradition chrétienne de la Suisse et leur responsabilité de maintenir la foi vive.

« Sans une foi vivante au Christ ressuscité, les belles églises et les monastères y deviendraient peu à peu des musées, toutes les œuvres louables et les institutions perdraient leur âme en laissant seulement des environnements vides et des gens abandonnés a écrit le Pape. La mission qui vous est confiée est de paître le troupeau, en marchant selon les circonstances devant, au milieu et derrière -a écrit le Pape. Le peuple de Dieu ne peut subsister sans ses pasteurs, évêques et prêtres. Le Seigneur a fait à l’Église le don de la succession apostolique, au service de l’unité de la foi et de sa transmission complète ».

Le Pape encourage ensuite ses hôtes à poursuivre leurs efforts pour la formation des séminaristes, qui est « un enjeu pour l’avenir de l’Église. Je vous invite aussi à veiller sur vos prêtres et à leur consacrer du temps, surtout s’ils se sont éloignés et ont oublié le sens de la paternité épiscopale ou pensent ne pas en avoir besoin. Un dialogue humble, vrai et fraternel permet souvent un nouveau départ ».

Il leur demande ensuite de soutenir l’engagement des laïcs en distinguant bien le travail de sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce de service, et les a encouragés à poursuivre la formation de foi, baptême, liturgie, paroisse, famille et vie et à choisir avec soin les personnes pour permettre aux laïcs une réelle intégration dans l’Église.

« L’Église provient de la Pentecôte. A la Pentecôte, les apôtres sortirent du Cénacle et se mirent à parler dans toutes les langues pouvant ainsi manifester à tous les hommes par la force de l’Esprit Saint leur foi vivante au Christ ressuscité. Le Rédempteur nous invite toujours de nouveau à prêcher l’Évangile à tous. Il faut annoncer la bonne Nouvelle, non se plier aux fantaisies des hommes ».

Accordant sa bénédiction apostolique, le Saint-Père leur a souhaité « de cultiver avec zèle et patience le champ de Dieu, en gardant la passion de la vérité », et les a encouragés à « aller de l’avant tous ensemble, confiant l’avenir de l’évangélisation du pays à la Vierge Marie et à l’intercession de saint Nicolas de Flüe, de saint Maurice et de ses compagnons ».

retour sur le voyage en Turquie

01-12-2014 source : Radio Vatican

Pendant le vol qui le ramenait à Rome, le Pape a tenu une conférence de presse avec les journalistes présents à bord. Divers sujets ont été abordés en cette fin de voyage apostolique.

La première question portait sur l’islamophobie et la christianophobie. Dans sa réponse, le Pape a d’abord affirmé que le Coran est un livre de paix. Ainsi on ne peut pas confondre Islam et terrorisme ; il faut en revanche que les leaders musulmans condamnent les attentats terroristes. « Il serait beau que tous les dirigeants musulmans du monde, politiques, religieux, universitaires, se prononcent clairement et condamnent » cette violence qui nuit à l’islam. Concernant le dialogue interreligieux, le Pape François a affirmé que le moment était venu de « faire un saut de qualité ».

Le Saint-Père a ensuite déploré que les martyrs chrétiens soient si nombreux aujourd’hui. « Des chrétiens qu’on chasse du Moyen-Orient ». C’est justement de ce martyr, qui touche les différentes confessions chrétiennes, que nait œcuménisme du sang.

Le Pape François a ensuite répété sa volonté de se rendre en Irak. Mais ce n’est pas possible pour le moment, car un tel voyage créerait des problèmes de sécurité aux autorités locales. Le Saint-Père a toutefois ajouté qu’il aimerait beaucoup aller en Irak, « je veux y aller », a-t-il assuré.

Puis il a rappelé qu’il lui semblait que l’humanité vivait en ce moment une troisième Guerre mondiale » par morceaux », une expression qu’il a déjà utilisée. C’est une situation dont les causes sont à chercher dans des inimitiés et des problèmes économiques. Le Saint-Père a alors à nouveau dénoncé le dieu argent, alors que c’est la personne humaine qui devrait être au centre. Il a également critiqué le trafic d’armes, terrible selon lui, et qui est pourtant un commerce florissant. Ceux qui ont vendu des armes chimiques à la Syrie, a fait remarquer le Pape, étaient peut-être ceux, justement, qui l’accusaient d’en posséder. Concernant les armes nucléaires, le Saint-Père a déclaré que l’humanité n’a pas encore appris la leçon.

A une question portant sur les commémorations du centenaire du génocide arménien l’année prochaine, le Pape a rappelé la lettre écrite par le président turc Recep Tayyip Erdogan sur le sujet : certains l’avaient critiquée, parce qu’elle ne reconnaissait pas encore les faits, mais, a insisté le Pape, ce sont des pas positifs, des petits gestes de rapprochement. « Nous devons prier pour la réconciliation des peuples », a encore déclaré le Pape avant de souhaiter l’ouverture de la frontière turco-arménienne.

Sur le dialogue avec les orthodoxes, le Pape François a affirmé « qu’on était en chemin ». Peut-être aurait-on besoin de « mettre tous les théologiens sur une île », a lancé le Pape en plaisantant, ainsi que l’avait fait Paul VI. « Nous devons continuer à cheminer ensemble : c’est cela l’œcuménisme spirituel, prier ensemble, travailler ensemble faire œuvre de charité ».

le Pape François a de nouveau exprimé sa volonté de rencontrer le Patriarche orthodoxe de Moscou, Kirill. « Je lui ai dit ‘tu m’appelles et je viens' », a déclaré le Pape tout en reconnaissant que le contexte actuel, marqué par la crise ukrainienne, ne se prêtait pas à une rencontre immédiate, une rencontre que souhaite également Kirill, a-t-il précisé.

Le Pape a par ailleurs tenu à souligner qu’il était disposé à discuter du primat de l’évêque de Rome. L’Église, quand elle se regarde soi-même, quand elle pense être, elle, la lumière, n’est en réalité pas porteuse de lumière, mais créatrice de divisions. Et le Pape de souhaiter que les chrétiens de toutes sensibilités puissent fêter un Pâques à la même date.

Le Pape François a enfin évoqué sa visite à la Mosquée bleue, samedi matin. « Ici, j’ai senti le besoin de prier avant tout pour la paix. »