Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Ce qui scandalise le peuple

21-11-2014 source : L’Osservatore Romano

Les curés et les laïcs qui ont des responsabilités pastorales doivent « garder le temple propre » et « accueillir toute personne comme si c’était Marie », attentifs à ne pas « être sujet de scandale pour le peuple de Dieu » et évitant de transformer l’église en une affaire d’argent, « parce que le salut est gratuit ». Telle est la recommandation faite par le Pape vendredi matin, 21 novembre, fête de la présentation de la bienheureuse Vierge Marie au temple, au cours de la Messe célébrée dans la chapelle de la maison Sainte-Marthe.

« Le geste de Jésus au temple » – qui comme l’écrit Luc dans son Évangile (19, 45-48) «se mit à chasser ceux qui vendaient est véritablement une cérémonie de purification du temple ». Ainsi « Jésus à ce moment-là, fait une cérémonie de purification ». « Je pensais aujourd’hui à toute la différence entre ce Jésus zélée de la gloire de Dieu, fouet à la main, et ce Jésus de douze ans, qui parlait avec les docteurs : que de temps est passé et comme les choses ont changé ! ». Les gens « allaient au temple pour Dieu ». Et « là il y avait la corruption qui scandalisait le peuple ».

Pensons à « combien de gens regardaient Jésus qui faisait le nettoyage avec le fouet ». Précisément à la lumière du geste de Jésus, « je pense au scandale que nous pouvons provoquer chez les gens par notre attitude, par nos habitudes non sacerdotales dans le temple : le scandale du commerce, le scandale des mondanités ». En effet « combien de fois nous voyons qu’en entrant dans une Église, encore aujourd’hui, il y a la liste des prix : baptême, tant ; bénédiction, tant ; messe d’intention, tant… ». et « le peule se scandalise ».

Le Pape a raconté aussi un épisode qui l’a touché de près : « Un jour, tout juste prêtre, j’étais avec un groupe d’étudiants et un couple de fiancés qui voulaient se marier. Ils étaient allés dans une paroisse, ils voulaient se marier avec une Messe. Et là, le secrétaire paroissial a dit : Non, non : pas possible. Mais pourquoi n’est-ce pas possible avec une Messe ? Si le Concile recommandait de toujours le faire avec une Messe ? – Non, pas possible, parce que plus de vingt minutes ce n’est pas possible – Mais pourquoi ? – Parce qu’il y a les autres tours – Mais nous nous voulons une Messe ! – Alors, payez deux tours ! ». Ainsi « pour se marier avec une Messe ils ont dû payer deux tours ». Cela « est un péché de scandale ». Et « nous savons ce que dit Jésus à ceux qui sont cause de scandale : mieux vaut être jetés à la mer ».

C’est un fait : « Quand ceux qui sont dans le temple – qu’ils soient prêtres, laïcs, secrétaires qui doivent gérer dans le temps la pastorale du temple – deviennent des affairistes, le peuple se scandalise ». Et « nous sommes responsables de cela, les laïcs aussi : tout le monde ». Car « si je vois que dans ma paroisse on fait cela, je dois avoir le courage de le dire en face au curé », autrement « les gens souffrent de ce scandale ». Et « c’est curieux », mais « le peuple de Dieu sait pardonner ses prêtres, quand ils ont une faiblesse, ils glissent sur un péché ». Mais « il y a deux choses que le peuple de Dieu ne peut pas pardonner : un prêtre attaché à l’argent et un prêtre qui maltraite les gens. Il n’arrive pas à pardonner » le scandale de la « maison de Dieu » qui devient une « maison d’affaires ». Tout comme ce fut le cas pour « ce mariage : on louait l’église » pour « un tour, deux tours à la location… ».

Par conséquent « on ne peut pas servir deux maîtres : Dieu est absolu ». Mais il y a aussi une autre question : « pourquoi Jésus en a-t-il après l’argent ? ». Car « la rédemption est gratuite : la gratuité de Dieu ». Jésus en effet, « vient nous apporter la gratuité totale de l’amour de Dieu ». C’est pourquoi « quand l’Église ou les églises deviennent affairistes, on dit que le salut n’est plus si gratuit ». Et c’est justement « pour cette raison que Jésus prend le fouet en main pour faire ce rite de purification du temple ».

pour les religieux cloîtrés…

… l’Église est appelée à prier

2014-11-21 Radio Vatican

Ce 21 novembre, comme chaque année à la même date, les Églises locales sont invitées à prier en faveur des moniales et des monastères qui connaissent des difficultés. La Journée des Cloîtrées « Pro Orantibus », est célébrée depuis 1953.

La date du 21 novembre a été choisie définitivement par Saint Jean XXIII. L’objectif de cette journée est de mettre en valeur le don inestimable de la vie contemplative et la contribution que la prière offre quotidiennement à l’Église et aux cloîtrées. Les fidèles sont encouragés à exprimer leur reconnaissance à l’égard des monastères pour leur service spirituel incessant et silencieux et à les faire connaître dans les milieux ecclésiaux et associatifs, ainsi que dans les familles.

Cette journée annuelle intervient par ailleurs à quelques jours du lancement, le 30 novembre, d’une Année de la Vie consacrée, convoquée par le Pape François.

Il y a un an, le 21 novembre 2013, le Saint-Père avait visité le monastère camaldule de Saint-Antoine Abbé, sur la colline romaine de l’Aventin. Dans un monde en perpétuel mouvement, il avait voulu témoigner son attachement au ministère des contemplatifs. Il avait souligné l’importance de maintenir la lumière de l’espérance toujours allumée dans les monastères, surtout dans les moments difficiles. L’espérance se nourrit d’écoute, de contemplation et de patience.

La peur des surprises

2014-11-20 L’Osservatore Romano

Encore aujourd’hui Jésus pleure « très souvent » pour son Église, comme il l’a fait face aux portes closes de Jérusalem. En célébrant la Messe à Sainte-Marthe jeudi matin, 20 novembre, le Pape François a évoqué le passage évangélique de la liturgie – tiré du chapitre 19 de Luc (41-44) — pour rappeler que les chrétiens continuent à fermer les portes au Seigneur par peur de ses « surprises » qui bousculent les certitudes et les assurances consolidées. En réalité, « nous avons peur de la conversion, parce que se convertir signifie laisser le Seigneur nous conduire ».

La réflexion du Pape est partie justement de l’image de Jésus en larmes aux portes de Jérusalem. Les pleurs de Jésus « sur sa ville élue » sont aussi les pleurs « sur son Église » et « sur nous ». Mais pourquoi « Jérusalem n’avait-elle pas reçu le Seigneur ? Parce qu’elle était tranquille avec ce qu’elle avait, elle ne voulait pas de problèmes ». C’est pourquoi Jésus devant ses portes s’exclame : « Ah! si en ce jour tu avais compris, toi aussi, celui qui te porte la paix! Tu n’as pas reconnu le temps où tu as été visitée ». La ville, en effet, « avait peur d’être visitée par le Seigneur ; elle avait peur de la gratuité de la visite du Seigneur. Elle était sûre d’elle-même vis-à-vis des choses qu’elle pouvait gérer ».

Il s’agit d’une attitude qu’aujourd’hui encore on trouve chez les chrétiens. « Nous sommes sûr de nous vis-à-vis des choses que nous pouvons gérer. Mais la visite du Seigneur, ses surprises, nous, nous ne pouvons pas les gérer. Et c’est de cela que Jérusalem avait peur : d’être sauvée par les surprises du Seigneur. Elle avait peur du Seigneur, de son époux, de son bien-aimé ». Parce que « quand le Seigneur visite son peuple il nous apporte la joie, il nous apporte la conversion. Et nous tous, nous avons peur » : non pas « de la joie », mais plutôt « de la joie qu’apporte le Seigneur, parce que nous ne pouvons pas la contrôler ».

Le Pape a rappelé à ce propos « les plaintes » que le chœur chante le vendredi saint lors de la liturgie de l’adoration de la croix. Et il a rappelé le dialogue avec la ville – « Mais qu’ai-je fait contre toi, pourquoi réponds-tu ainsi ? » – pour souligner que « le prix de ce rejet » c’est la croix : c’est « le prix pour nous faire voir l’amour de Jésus, ce qui l’a conduit à pleurer, à pleurer aujourd’hui aussi, très souvent, pour son Église ».

En effet, à cette époque Jérusalem « était tranquille, contente : le temple fonctionnait. Les prêtres faisaient les sacrifices, les gens venaient en pèlerinage, les docteurs de la loi avaient tout arrangé » : tout était « clair », « tous les commandements clairs ». Mais malgré tout « la porte était fermée ». D’où l’invitation à un examen de conscience, à partir de la question : « Aujourd’hui nous chrétiens, qui connaissons la foi, le catéchisme, qui allons à la Messe tous les dimanches, nous chrétiens, nous pasteurs sommes-nous contents de nous ? »

Jésus « continue à frapper à la porte, de chacun de nous et de son Église, des pasteurs de l’Église ».