Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Chrétiens, sortez de votre enfouissement

16-11-2014 source : Radio Vatican

Lors de son traditionnel Angélus prononcé depuis la fenêtre des appartements pontificaux, et devant une grande foule qui a encore profité d’un dimanche romain très ensoleillé, le Pape François a commenté l’Évangile de ce jour, tiré de Saint-Matthieu (25, 14-30), qui évoque la fameuse parabole des talents. « Il raconte l’histoire d’un homme qui, avant de partir en voyage, convoque ses serviteurs et leur confie son patrimoine en talents, une monnaie antique de très grande valeur. Ce maitre confie à son premier serviteur cinq talents, au deuxième deux talents, au troisième un seul. Durant l’absence du maître, les trois serviteurs doivent faire fructifier ce patrimoine. Le premier et le deuxième serviteur ramènent chacun le capital de départ, Le troisième, lui, par peur de perdre tout, a enseveli le talent reçu dans un trou. Au retour du maitre, les deux premiers reçoivent les félicitations et la récompense, alors que le troisième, qui restitue seulement la monnaie reçue, est réprouvé et puni.»

Pour le Pape François, « la signification de ceci est claire ! L’homme de la parabole est Jésus, les serviteurs sont les disciples, c’est à-dire nous-mêmes, et les talents sont le patrimoine que le Seigneur leur confie : sa Parole, l’Eucharistie, la foi dans le Père céleste, son pardon… En somme, ses biens les plus précieux. Le Seigneur ne nous les confie pas seulement pour les conserver, mais pour les faire croître. Alors que dans l’usage commun le terme ‘talent’ indique une remarquable qualité individuelle, par exemple dans le sport ou la musique, dans cette parabole les talents représentent les biens du Seigneur, qu’il nous confie pour que nous les fassions fructifier. »

Et le Pape a lancé une pierre dans le jardin des chrétiens tentés par une spiritualité de l’enfouissement, qui gardent leur foi dans la sphère privée. « Le trou creusé dans le terrain par le serviteur méchant et paresseux indique la peur du risque qui bloque la créativité et la fécondité de l’amour. La peur des risques de l’amour nous bloque. Mais Jésus ne nous demande pas de conserver sa grâce dans un coffre-fort, mais veut que nous l’usions à l’avantage des autres. Tous les biens que nous avons reçus sont faits pour les donner aux autres. C’est comme s’il disait : « Voici ma miséricorde, ma tendresse, mon pardon : prends-les et fais-en un large usage. »

« Et nous qu’avons-nous fait ? Qui avons-nous ‘contaminé’ avec notre espérance ? Combien d’amour avons-nous partagé avec notre prochain ? Ce sont des questions qui nous feront du bien ! »

Pour une Église en sortie missionnaire

Conformément à son désir de voir l’Église sortir de ses cadres habituels, le Pape François a rappelé que « n’importe quel environnement, même le plus lointain, peut devenir un lieu où faire fructifier les talents. Il n’y a pas de situations ou de lieux a priori fermés à la présence et au témoignage chrétien. Le témoignage que Jésus nous demande n’est pas fermé, c’est ouvert, cela dépend de nous. Cette parabole nous encourage à ne pas cacher notre foi et notre appartenance au Christ, à ne pas enfouir la Parole de l’Évangile, mais à la faire circuler dans notre vie, nos relations, dans les situations concrètes, comme une force qui met en crise, qui purifie, qui rénove. Ainsi, le pardon, que le Seigneur nous donne spécialement dans le Sacrement de la Réconciliation : ne le tenons pas fermé en nous-mêmes, mais laissons tomber ce qui emprisonne sa force, qu’il fasse tomber ces murs que notre héroïsme a élevé, qu’il nous fasse faire le premier pas dans les rapports bloqués, et reprendre le dialogue là où il n’y a plus de communication. Il faut faire en sorte que ces talents, ces cadeaux, ces dons, viennent aux autres et donnent des fruits. »

Rappelant que Dieu s’adresse à chacun personnellement selon sa vocation, le Pape François a précisé que « le Seigneur ne donne pas à tous les mêmes choses et dans le même mode, il nous connait  personnellement et nous confie ce qui est juste pour nous. Mais en tous repose la même immense confiance. Dieu a confiance en nous, Dieu a espérance en nous. Ne le décevons pas ! Ne nous laissons pas gagner par la peur, mais rendons la confiance à la confiance ! La Vierge Marie incarne cette attitude de la façon la plus belle et la plus pleine. Elle a reçu et accueilli le don le plus sublime, Jésus en personne, et à son tour l’a offert à l’humanité avec un cœur généreux. Demandons-lui de nous aider à être des serviteurs bons et fidèles, pour participer à la joie de notre Seigneur ! »

Et comme il le fait souvent, le Pape a invité chacun à relire cet extrait de l’Évangile à la maison, calmement, en se demandant : « tout ce que le Seigneur m’a donné, comment je fais en sorte que cela croisse vers les autres ? »

l’avortement et l’euthanasie…

… des péchés contre Dieu Créateur

15-11-2014 source : Radio Vatican

Le Pape François a mis en garde le corps médical contre la tentation de jouer avec la vie. Il s’agit, a-t-il dit, d’un péché contre Dieu Créateur. Le Saint-Père a reçu samedi matin quelque 5000 médecins catholiques italiens. « Veillez à ne pas soumettre la vie à des expériences, par exemple en fabriquant des enfants plutôt que de les accueillir comme un don ».

C’est ainsi un véritable plaidoyer en faveur de la vie qu’il a prononcé, se situant dans la droite ligne de ses prédécesseurs. De l’avortement et l’euthanasie, à la fécondation in vitro, la vie est toujours inviolable, il faut l’aimer, la défendre et la soigner et dans certaines circonstances, les médecins catholiques doivent aller jusqu’à l’objection de conscience.

Le Souverain Pontife a souligné que l’avortement n’est pas problème religieux ni même philosophique. C’est un problème « scientifique » parce qu’il est « illicite » de détruire une vie humaine pour résoudre un problème. Et ce principe ne pourra pas changer avec le temps. « Tuer a la même signification aujourd’hui que dans le passé. Cela vaut aussi pour l’euthanasie, y compris l’euthanasie cachée dont sont victimes les personnes âgées ».

Le Saint-Père s’en est pris à la pensée dominante qui propage une fausse compassion sur l’avortement, l’euthanasie et la fécondation in vitro. On veut faire croire que l’avortement est une aide apportée aux femmes, que l’euthanasie est un acte de dignité, que le fait de fabriquer un enfant est une conquête scientifique. L’enfant n’est pas est un droit, mais un don à accueillir. La compassion évangélique est celle qui accompagne dans les moments de besoin, c’est celle du Bon Samaritain qui voit, qui compatit, qui s’approche et qui offre une aide concrète. Le Pape François a également pointé du doigt ceux qui utilisent des vies humaines comme des cobayes sous prétexte d’en sauver d’autres.

La vie humaine est toujours sacrée, elle est toujours de qualité. Il n’y a pas de vie humaine plus sacrée qu’une autre. Le Souverain Pontife a donc exhorté les médecins catholiques à être fidèles à l’Evangile de la vie et respecter la vie comme un don de Dieu, à faire des choix courageux, à contre-courant et à recourir si nécessaire à l’objection de conscience. Leur mission de médecins les met au contact quotidien avec de nombreuses formes de souffrance. Le Pape François souhaite qu’ils adoptent l’attitude du Bon Samaritain surtout à l’égard des personnes âgées, des infirmes et des handicapés.

Le Saint-Père a enfin attiré l’attention sur un paradoxe : aujourd’hui, les chances de guérison ont sensiblement augmenté grâce aux progrès scientifiques et techniques. Et pourtant, a-t-il regretté, la capacité de prendre soin des personnes, surtout les plus souffrantes et fragiles, semble avoir baissé. Les conquêtes de la science et de la médecine, a-t-il conclu, peuvent contribuer à améliorer la vie humaine à condition de ne pas s’éloigner de la racine éthique de ces disciplines. 

Transmettre la foi aux jeunes…

 … par l’exemple et non par des mots

14-11-2014 source : Radio Vatican

Pour transmettre la foi aux enfants et aux jeunes d’aujourd’hui, pour les aider à faire l’expérience “de la vérité et de l’amour”, les adultes doivent leur offrir des exemples plutôt que des mots. C’est ce qu’a affirmé le Pape François lors de l’homélie de la messe célébrée en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, où étaient présents un bon groupe d’enfants et d’adolescents d’une paroisse romaine.

Comment se transmet la foi à ceux qui sont nés dans l’ère du digital ? Par une modalité qui, plus que les autres, permet d’avoir prise, ce sont ceux qui sont constamment stimulés par les images : l’exemple. En ce jour, une partie des bancs de la chapelle de la maison Sainte-Marthe ressemble à une JMJ en miniature- avec un groupe de jeunes qui une fois surmontée la timidité initiale, passe à un tac au tac d’une grande vivacité avec le Pape François qui se met dans la peau d’un catéchiste et au même moment, dans la peau du formateur des catéchistes. On semble assister à la « messe des jeunes » dit-il; et regarder ces jeunes, « c’est regarder une promesse, c’est regarder le monde de demain ». Mais que laisse-t-on au futur ?

« Enseignons-nous ce que nous avons entendu dans la Première lecture : marcher dans l’amour et dans la vérité ? Ou bien nous l’enseignons par des mots en menant notre propre vie ? Pour nous, faire attention à ces jeunes est une responsabilité ! Un chrétien doit prendre soin des jeunes, des enfants et transmettre la foi, transmettre ce qu’il vit, ce qui est dans son cœur. Nous ne pouvons pas ignorer les petites plantes qui poussent ! ».

Le Pape François affirme que tout dépend du fait d’assumer un bon comportement envers les jeunes. Il se demande encore quel est notre comportement ? Est-ce un comportement de frère, de père, de mère, de sœur, qui le fait grandir ou est-ce un comportement de détachement : « ils grandissent et moi je mène ma propre vie…. ?

“Nous avons tous la responsabilité de donner le meilleur que nous avons et ce meilleur, c’est la foi : il faut la leur donner par l’exemple! Les mots sont inutiles…. Aujourd’hui, les mots ne servent à rien ! Dans ce monde d’image, ils ont tous un portable et les mots sont inutiles…L’exemple ! L’exemple ! Qu’est-ce que je leur donne ?

À ce stade, le dialogue décolle. Le Pape commence à demander aux jeunes le pourquoi de leur venue à la messe et quelque peu après, quelqu’un prend courage et admet : « Pour te voir… ». Le Pape François réplique  en retour- « À moi aussi, ça me fait plaisir de vous voir ». Il s’informe pour savoir qui a reçu la première communion, qui a reçu la confirmation et il répète à tous que le baptême « ouvre les portes à la vie chrétienne » et que tout de suite après, commence « un chemin long de toute une vie ». Le parcours est décrit dans le passage de la Lettre de Jean citée plus haut : « Marcher dans la vérité et l’amour ». Ensuite, indique le Pape, d’autres sacrements arriveront comme le mariage. Mais ce chemin, « il est important de savoir le vivre, de savoir le vivre comme Jésus. »

« Nous devons prier. Vous ne savez pas si vous devez prier ? Eh bien… oui ! Prier le Seigneur, prier Jésus, prier la Sainte Vierge afin qu’ils nous aident dans ce chemin de la vérité et de l’amour. Vous avez compris ? Vous êtes venus pour me voir. Qui d’entre vous me l’a dit ? Toi. C’est vrai. Mais aussi pour voir Jésus. D’accord ? Ou bien nous laissons Jésus à part ? (Les enfants : Non !).  Maintenant, Jésus vient sur l’autel. Et nous le verrons tous ! C’est Jésus ! Nous devons maintenant demander à Jésus de nous enseigner à marcher dans la vérité et dans l’amour. Disons-le tous ensemble. (tous ensemble) « Marcher dans la vérité et dans l’amour ».