Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

La pierre et les briques

24-10-2014 source  : L’Osservatore Romano

C’est l’Esprit Saint qui fait l’Église et cimente son unité en ayant pour base la pierre angulaire qui est Jésus. Pour nous orienter et collaborer à cette construction, nous avons entre les mains un «plan» qui s’appelle espérance. Avec un avertissement: pour être forts, il faut être faibles. Ce sont les suggestions spirituelles de saint Paul, reprises par le Pape François lors de la Messe célébrée vendredi matin, 24 octobre, dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe.

«Faire l’unité de l’Église, construire l’Église, ce temple, cette unité de l’Église, est la tâche de chaque chrétien, de chacun de nous». Et «quand on doit construire un temple, un immeuble, on cherche une zone édifiable préparée pour cela». Mais «la première chose que l’on fait est de chercher la pierre de base: la pierre angulaire, dit la Bible». Et «la pierre angulaire de l’Église, est Jésus», alors que «la pierre angulaire de l’unité de l’Église est la prière de Jésus lors de la dernière cène: Père, qu’ils soient un». Telle est précisément «la force» et «la pierre sur laquelle nous édifions l’unité de l’Église. Sans cette pierre on ne peut pas. Il n’y a pas d’unité sans Jésus Christ à la base: il est notre sécurité».

Mais «qui construit cette unité?» s’est demandé François. Assurément ce n’est pas nous, car «cela est le travail de l’Esprit Saint: le seul capable de faire l’unité de l’Église».

François a ensuite posé une autre question: «Comment construit-on ce temple?». A ce propos, l’apôtre Pierre «disait que nous étions des pierres vivantes dans cette construction». Mais «ici l’apôtre ne nous conseille pas d’être des pierres, mais plutôt des briques, faibles». En conséquence, «les conseils que Paul donne pour aider le Saint-Esprit à construire cette unité sont des conseils de faiblesse, selon la pensée humaine». Et en effet, «l’humilité, la douceur, la magnanimité sont des choses faibles, car il semble que l’humble ne sert à rien; la douceur, la délicatesse semblent ne pas servir; la magnanimité, être ouverts aux autres, avoir le cœur grand…».

De plus, Paul ajoute: «en vous supportant les uns les autres dans l’amour», mais «en ayant à cœur de conserver l’unité». Ainsi, plus nous nous faisons faibles avec ces vertus de l’humilité, de la magnanimité, de la douceur de la délicatesse, plus nous devenons des pierres fortes dans ce temple».

C’est exactement le même chemin suivi par Jésus, qui «ne pense pas être égal à Dieu: il s’abaissa, il s’anéantit; il s’est fait faible, faible, faible jusqu’à la croix, et il devint fort». Mais Paul ajoute quelque chose d’autre: «Un seul corps et un seul esprit, comme une seule est l’espérance à laquelle vous avez été appelés». Car «quand on édifie une construction il est nécessaire que l’architecte dessine le plan». Et «quel est le plan de l’unité de l’Église? L’espérance à laquelle nous avons été appelés: l’espérance d’aller vers le Seigneur, l’espérance de vivre dans une Église vivante, faite avec des pierres vivantes, avec la force de l’Esprit Saint». C’est pourquoi «ce n’est qu’en suivant un plan de l’espérance que nous pouvons aller de l’avant dans l’unité de l’Église».

Paul et sa prière d’adoration comme modèle

23-10-2014 Radio Vatican

Dans son homélie prononcée lors de la messe à la Chapelle Sainte Marthe ce jeudi matin, le Pape est parti de la Lettre aux Éphésiens dans laquelle Saint Paul décrit son expérience de Jésus « qui l’a amené à tout laisser » car « il était amoureux du Christ ». Dieu, pour Paul, utilise « un langage sans limite », il est « comme une mer sans plage, sans limite, une mer immense ». Paul demande alors au Seigneur « que l’Esprit Saint vienne et qu’il nous renforce, qu’il nous donne de la force. On ne peut aller de l’avant sans la force de l’Esprit, nos forces sont faibles ». Par conséquent, « on ne peut pas être chrétien sans la grâce de l’Esprit. C’est lui qui nous change le cœur, qui nous fait avancer vers la vertu, pour accomplir les commandements ».

Le Pape est ensuite revenu sur l’expérience mystique de Paul, la prière de louange et la prière d’adoration. C’est seulement dans cet acte d’adoration que l’on peut comprendre l’amour du Christ, « qui est supérieur toute connaissance ». « Devant nos petites faiblesses, nos intérêts égoïstes, Paul explose de joie dans cette louange, dans cet acte d’adoration et demande au Père qu’il nous envoie l’Esprit pour nous donner de la force et pouvoir aller de l’avant, qu’il nous fasse comprendre l’amour du Christ et que le Christ nous consolide dans l’amour. Paul dit au Père : « Merci, car Tu es capable de faire quelque chose que nous n’oserions même pas imaginer ». C’est une belle prière ».

« C’est avec cette vie intérieure qu’on peut comprendre que Paul laisse tout tomber et considère le reste comme des déchets, pour « gagner » le Christ et être trouvé dans le Christ. Ça nous fait du bien de penser comme cela, ça nous fait du bien à nous aussi d’adorer Dieu. Ça nous fait du bien d’entrer dans ce monde d’ampleur, de grandeur, de générosité et d’amour. Ça nous fait du bien car nous pouvons ainsi avancer dans le grand commandement – l’unique, qui est à la base de tous les autres – : l’amour, aimer Dieu et son prochain ».

Eglise, Corps du Christ

Lors de l’audience générale ce mercredi place Saint-Pierre, le Pape s’est appuyé sur Saint Paul, qui utilise souvent l’image du corps pour désigner l’Église. Il a également fait référence au livre d’Ézéchiel, lorsque Dieu montre au prophète une étendue d’os, tous détachés les uns des autres et desséchés. « Dieu demande à Ézéchiel d’invoquer l’Esprit Saint sur ces os. Et les os commencent à se rapprocher et à s’unir, puis commencent à apparaître des nerfs, la chair. Ainsi un corps se forme, complet et plein de vie. C’est cela l’Église ! »

Première mémoire liturgique de Saint Jean-Paul II

Après sa catéchèse, quand il s’est adressé aux pèlerins polonais, le Pape a eu une pensée particulière pour Saint Jean-Paul II, dont la mémoire liturgique est célébrée pour la première fois en ce 22 octobre. « Il a invité chacun à ouvrir les portes au Christ (…) et au monde entier il a rappelé le mystère de la Divine miséricorde. Que son héritage spirituel ne soit pas oublié, mais qu’il nous pousse dans la réflexion et l’action concrète pour le bien de l’Église, de la famille et de la société »

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