Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

correction fraternelle avec amour, humilité

12-09-2014 source : Radio Vatican

La vraie correction fraternelle est belle et douloureuse à la fois, mais doit toujours s’exercer avec amour, en vérité et avec humilité. Si nous ressentons un plaisir à corriger notre prochain, alors cela ne vient pas de Dieu. Voilà en résumé le thème développé par le Pape François dans l’homélie de la messe célébrée ce vendredi matin en la chapelle de la Maison Sainte Marthe au Vatican, en ce jour de la fête liturgique du Très Saint Nom de Marie.

Dans l’Évangile du jour, Jésus met en garde ceux qui voient la paille dans l’œil de leur frère et ne se rendent pas compte de la poutre qui se trouve dans leur propre œil. Commentant ce passage de l’Évangile, le Pape François revient sur le thème de la correction fraternelle qu’il avait déjà abordé ces jours-derniers. Avec pour idée centrale: il faut corriger notre prochain avec charité:

“Nous ne pouvons corriger un personne sans amour et sans charité. On ne peut en effet réaliser une intervention chirurgicale sans anesthésie: c’est impossible, parce que sinon le patient meurt de douleur. Et la charité représente comme une anesthésie qui aide à recevoir le traitement et accepter la correction. Il faut donc prendre notre prochain à part, avec douceur, avec amour et lui parler”.

Deuxièmement  il faut parler en vérité: “ne pas dire des choses qui ne sont pas vraies. Il arrive si souvent que dans notre entourage nous disions des choses à propos d’autres personnes qui ne sont pas vraies: cela s’appelle de la calomnie. Ou si elles sont vraies, on s’arroge le droit de détruire la réputation de ces personnes”. “Les commérages blessent; ils représentent des gifles à la réputation de telle ou telle personne, ce sont des gifles portées au cœur de l’autre”. Certes, “quand quelqu’un te dit la vérité, ce n’est pas facile de l’entendre, mais si cette vérité est dite avec charité et avec amour, c’est plus facile de l’accepter”. Donc, “il faut absolument parler des défauts des autres” avec charité.

La troisième chose, il faut corriger avec humilité: “Si tu dois corriger un petit défaut chez l’autre, pense tout d’abord que tu en as personnellement de tellement plus gros”:

“La correction fraternelle est une action pour guérir le corps de l’Église. Il y a un trou, là, dans le tissu de l’Église, qu’il faut absolument recoudre. Et comme les mères et les grands-mères le font quand elles reprisent un vêtement, avec tellement de délicatesse, c’est de la même manière que nous devons exercer cette correction fraternelle. Si tu n’es pas capable de l’exercer avec amour, avec charité, dans la vérité et avec humilité, tu risques d’offenser, de détruire le cœur de cette personne, tu ne feras qu’ajouter un commérage qui blesse, et tu deviendras un aveugle hyprocrite, comme le dit Jésus. ‘Hypocrite, enlève d’abord la poutre de ton œil…’ Hypocrite ! Reconnais que tu es plus pécheur que ton prochain, mais que toi comme frère tu dois le corriger”.

“Un signe qui peut-être peut nous aider, c’est le fait de ressentir “un certain plaisir” quand” l’on voit quelque chose qui ne vas pas” et que l’on estime qu’il nous faut exercer une correction: il faut être “attentifs parce qu’alors cela ne vient pas du Seigneur”.

“Quand cela vient du Seigneur, il y a toujours la croix, et l’amour qui nous porte, la douceur. Ne nous transformons pas en juge. Nous chrétiens nous avons cette fâcheuse tentation: nous extraire du jeu du péché et de la grâce comme si nous étions des anges…Et bien non! C’est ce que Paul nous dit: ‘Il ne faut pas qu’après avoir prêché aux autres, nous soyons ensuite disqualifiés’. Et si un chrétien, dans sa communauté, ne fait pas les choses – également la correction fraternelle- dans la charité, en vérité et avec humilité, il est disqualifié! Il est tout sauf un chrétien mature. Prions donc afin que le Seigneur nous aide à exercer ce service fraternel, si beau mais si douloureux, d’aider nos frères et nos sœurs à devenir meilleurs, et qu’il nous aide à le faire toujours avec charité, en vérité, et avec humilité”.

L’Évangile renverse les critères du monde

11-09-2014 source : L’Osservatore Romano

Être chrétien signifie être «un peu sots», tout au moins selon la logique mondaine. Et en aucune façon autoréférentiels, au point que nous ne réussissons à rien faire seuls et, précisément pour ne pas nous effrayer, la grâce de Dieu vient à notre secours. Ce sont les lignes fondamentales de la vie chrétienne, axée sur la nouveauté de l’Évangile qui renverse les critères du monde, qui ont été reproposées par le Pape François au cours de la Messe célébrée ce matin, jeudi 11 septembre, dans la chapelle Sainte-Marthe.

En invitant à lire et à relire, même quatre fois si nécessaire, le sixième chapitre de l’Évangile de saint Luc – la liturgie d’aujourd’hui nous propose en particulier les versets 27-38 — le Pape a rappelé que Jésus nous a donné «la loi de l’amour: aimer Dieu et nous aimer comme des frères». Il nous demande tout d’abord d’«aimer». Et nous nous demandons «mais qui dois-je aimer?». Il nous répond «vos ennemis». Ainsi, surpris, nous demandons une confirmation: précisément nos ennemis? «Oui» nous dit le Seigneur, précisément «nos ennemis!».

Ensuite, il nous demande aussi de «bénir ceux qui nous maudissent». Et de ne pas «prier» seulement «pour ma mère, pour mon père, mes enfants, la famille», mais «pour ceux qui nous traitent mal». Et de «ne pas refuser à celui qui te demande » quelque chose. La «nouveauté de l’Évangile» consiste à «se donner soi-même, à donner son cœur, précisément à ceux qui nous veulent du mal, qui nous font mal, à nos ennemis». On lit dans le passage de Luc: «Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le pareillement pour eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on?». Ce serait un simple «échange: tu m’aimes, je t’aime».

Tout ce raisonnement de Jésus conduit à une forte conclusion: «Aimez, en revanche, vos ennemis. Faites du bien et prêtez sans rien espérer. Sans intérêt. Et votre récompense sera grande. Et ainsi, vous serez des fils du Très-Haut».

Il est donc évident que «l’Évangile est une nouveauté difficile à mener de l’avant». En un mot, cela signifie «suivre Jésus». L’imiter. Jésus ne répondit pas à son Père «j’irai et je dirai quatre mots, je ferai un beau discours, j’indiquerai la voie et puis je reviendrai». Non, la réponse de Jésus au Père est: «Je ferai ta volonté». Et en effet, dans le jardin des Oliviers, il dit au Père: «Que ta volonté soit faite». Ainsi «il donne sa vie non pour ses amis» mais «pour ses ennemis!».

La vie chrétienne telle que nous la présente Jésus semble vraiment «une sottise». Saint Paul lui-même, du reste, parle de la «folie de la croix du Christ qui n’a rien à voir avec la sagesse du monde». C’est pourquoi, «être chrétien est, dans un certain sens, devenir sot». Et «renoncer à cette malice du monde pour faire tout ce que Jésus nous dit de faire. Et si nous faisons les comptes, si nous faisons un bilan, il semble en notre défaveur». Mais «la voie de Jésus» est «la magnanimité, la générosité, se donner soi-même sans mesure».

pratiquer les œuvres de miséricorde

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 10 septembre 2014

  Frères et sœurs, aujourd’hui je voudrais souligner comment la mère Église nous enseigne les œuvres de miséricorde. Un bon éducateur vise l’essentiel, et pour l’Évangile l’essentiel c’est la miséricorde. L’Église fait comme Jésus : elle enseigne non par des discours, mais d’abord par des gestes, et ses paroles servent à en éclairer la signification. Elle le fait à travers la vie de tant de saints et de saintes, et aussi de tant d’hommes et de femmes, qui, chaque jour, mettent en pratique les œuvres de miséricorde : donner à manger à celui qui a faim, vêtir celui qui est nu ; assister celui qui est malade, être proche de celui qui est seul. Il ne suffit pas d’aimer celui qui nous aime, ni de faire du bien à celui qui nous en fait. Pour changer le monde, il faut faire du bien à qui ne peut pas nous le rendre, comme l’a fait le Père, en nous donnant Jésus.

Je suis heureux de vous saluer, chers amis de langue française, en particulier les pèlerins venus de France, de Suisse, de Belgique et du Sénégal.

Je vous invite à remercier le Seigneur de nous avoir fait la grâce d’avoir l’Église pour mère, elle qui nous enseigne le chemin de la miséricorde et de la vie ! Bon pèlerinage et bon séjour à Rome !


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana