Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Est-ce que l’on prie la Vierge Marie ?

Voici une page saisissante, décapante, ironique, dérangeante, au vitriol, injuste même, mais qui exprime un amour profond pour Celle que nous allons honorer de tout notre cœur au milieu de ce mois en son Assomption :

Mais, disait déjà Rimbaud :

est-ce que l’on prie la Vierge Marie ?

Il y a des années que l’on n’a pas entendu un « Je vous salue, Marie » dans une église, excepté, çà et là, durant ces heures de l’après-midi dont les vieilles dames sont seules à disposer, quand on ne leur fait pas promener leurs petits-enfants. A la messe, seul l’ange Gabriel fait résonner son salut sous les voûtes le jour de l’Annonciation. Encore est-il contesté par des prédicateurs qui croiraient aux petits hommes verts de la planète Mars plus volontiers qu’aux anges. Je sais un curé des plus braves qui se bat avec lui tous les ans comme pour le forcer à confesser qu’il n’existe pas, qu’il n’est qu’une forme émer­gente du subconscient de Marie prenant tout à coup le sentiment d’une mission. A la fin de ce genre de sermon, on se demande pourquoi les prêtres jugent nécessaire d’allumer des bougies pour parler psychanalyse.

Si encore la Vierge Marie découronnée en devenait une femme comme les autres ! Mais ce n’est même pas le cas. Je me rappelle une vaste campagne de presse contre la proclama­tion de la doctrine de « Marie Médiatrice ». L’on ne pouvait, nous disait-on, lui recon­naître cette qualité sans la retirer à son Fils, si bien que toutes les femmes, qui passent leur existence à s’interposer entre le père et les enfants, entre le monde et le mari, entre les garçons et entre les filles, qui reçoivent, les premières, tous les chocs de la vie en s’efforçant d’en protéger leur entourage, qui sont déléguées d’office aux deuils et aux douleurs, toutes les femmes, dis-je, seraient médiatrices par nature, excepté la Vierge Marie. Et que de fois nous aura-t-on mis en garde contre les excès d’une dévotion dont on se plaît à décrire les effets émollients et à moquer les manifestations, comme si le siècle était porté aux égarements mystiques, et comme s’il y avait de l’esprit à railler tant de misères et de souffrances qui n’auront retiré du monde que ce grain de chapelet, ce noyau d’espérance qu’emportent des doigts crispés.

Certes, l’exubérance crémeuse du plâtre colorié que j’ai devant les yeux à Saint-Antoine incline aux considérations pâtissières plus qu’aux âpres escalades métaphysiques, mais la faiblesse de la représentation n’empê­che pas que par son effacement, sa pureté, la promptitude de son acquiescement au divin, sa médiation initiale et crucifiée entre le visible et l’invisible, et par sa manière même de se dire « la servante du Seigneur », Marie soit, plus que l’image en bleu et or de la soumis­sion résignée puis triomphante, la figure évangélique de l’intelligence, et que l’on ait peu de chance de rien comprendre à l’Évan­gile si l’on ne s’arrête un instant devant elle, et si l’on ne prononce en soi-même le « je vous salue » qui fait doucement pivoter l’his­toire, pour l’exposer à l’éternité.

André Frossard , dans « Il y a un autre monde », Fayard 1976

Dix conseils du Pape pour être heureux

28-07-2014 source : Radio Vatican

Beaucoup sont persuadés de connaître plus ou moins bien le secret du bonheur : santé, amour, argent, pouvoir. Interrogé la-dessus par Pablo Calvo, un journaliste argentin pour l’hebdomadaire Viva, le Pape François, au milieu d’un groupe d’émigrés argentins reçus le 7 juillet dernier à la Maison Sainte-Marthe, donne en dix points sa « recette du bonheur ».

Un entretien qui révèle un homme au grand cœur se souvenant avec admiration de la blanchisseuse qui aidait sa mère dans les tâches domestiques et qu’il a assistée sur son lit de mort. Elle lui a donné une médaille qu’il baise tous les soirs avant de s’endormir et le matin à son réveil.

1. « Vivre et laisser vivre »
« Les Romains ont un dicton que nous pouvons prendre comme fil directeur et qui dit; « Allez, et laisser les gens aller de l’avant. » Vivre et laisser vivre, c’est le premier pas vers la paix et le bonheur. »

2. Se donner aux autres
« Quelqu’un d’isolé court le risque de devenir égoïste. Et l’eau stagnante est la première à se corrompre. »

3. « Se mouvoir avec bienveillance et humilité »
« Dans Don Segundo Sombra (roman argentin de Ricardo Güiraldes), le héros raconte que, jeune, il était comme un torrent de montagne qui bousculait tout; que devenu adulte, il était comme un fleuve qui allait de l’avant puis que, devenu vieux, il avançait, mais lentement, endigué. J’utilise cette image du poète et romancier Ricardo Güiraldes, ce dernier adjectif, endigué. La capacité à se mouvoir avec bienveillance et humilité. Les aînés ont cette sagesse, ils sont la mémoire d’un peuple. Et un peuple qui ne se soucie pas de ses personnes âgées n’a pas d’avenir. »

4. Jouer avec les enfants
« Le consumérisme nous a amené l’angoisse de perdre la saine culture du loisir: lire, profiter de l’art… Aujourd’hui, je confesse peu, mais à Buenos Aires, je confessais beaucoup et aux jeunes mères qui venaient, je demandais: « Combien avez-vous d’enfants? Jouez-vous avec eux? » C’est une question à laquelle on ne s’attend pas, mais c’était une façon de dire que les enfants sont la clé d’une culture saine. C’est difficile pour les parents qui vont travailler tôt et reviennent quand leurs enfants sont endormis. C’est difficile, mais il faut le faire. »

5. Passer ses dimanches en famille
« L’autre jour, à Campobasso, j’ai rencontré le monde de l’université et celui du travail et, à chacun, j’ai rappelé qu’on ne travaille pas le dimanche. Le dimanche, c’est pour la famille. »

6. Aider les jeunes à trouver un emploi
« Nous devons être créatifs avec cette frange de la population. Faute d’opportunités, ils peuvent tomber dans la drogue. Et le taux de suicide est très élevé chez les jeunes sans travail. L’autre jour, j’ai lu, mais je ne suis pas sûr que ce soit une donnée scientifique, qu’il y a 75 millions de jeunes de moins de 25 ans sans emploi. Et cela ne suffit pas de les nourrir : il faudrait inventer pour eux des cours d’une année pour être plombier, électricien, couturier… La dignité permet de ramener du pain à la maison. »

7. « Prendre soin de la création »
« Nous devons prendre soin de la création et nous ne le faisons pas. C’est un de nos plus grands défis. » Le Saint-Père s’insurge contre ceux qui, du nord au sud du monde, par indifférence ou par intérêt, continuent de gaspiller les dons de Dieu et il avertit : en tyrannisant la nature, l’humanité court à sa perte. C’est un suicide, aucun doute n’est possible.

8. Oublier rapidement le négatif
« Le besoin de dire du mal de l’autre est la marque d’une faible estime de soi. Cela veut dire que je me sens tellement mal que, au lieu de me relever, j’abaisse l’autre. Il est sain d’oublier rapidement le négatif. »

9. Respecter ceux qui pensent différemment
« On peut aller jusqu’au témoignage avec l’autre, du moment que les deux progressent dans ce dialogue. Mais la pire chose est le prosélytisme religieux, celui qui paralyse : « Je dialogue avec toi pour te convaincre. » Ça, non. Chacun dialogue depuis son identité. L’Église croît par l’attraction, non par le prosélytisme. »

10. Rechercher activement la paix
« Nous vivons dans une époque où les guerres sont nombreuses. (…) La guerre détruit. Et l’appel à la paix a besoin d’être crié. La paix évoque parfois le calme, mais la paix n’est jamais la quiétude : c’est toujours une paix active. »

Je vous salue, Marie

je-vous-salue-marieParmi toute cette provision de formules, dont l’Église prend soin de munir ses chrétiens pour les aider dans leurs prières, s’il en est une qui a servi beaucoup plus que les autres, c’est le « Je vous salue, Marie ».

Il y a aussi le « Notre Père » et les deux prières sont si bien ajustées l’une à l’autre, qu’on les fait toujours aller ensemble.

Le « Notre Père » est une prière plus haute-plus noble, plus grande, et reste la plus belle de toutes les prières. Il n’y a même pas de com¬paraison à faire. Mais c’est aussi une prière tellement plus exigeante qu’il y faudrait l’âme même de Jésus-Christ pour la dire comme il faut. Nous y voilà, en effet, face à face avec Dieu, du premier coup, Dieu avec son ciel, sa gloire, sa volonté, son nom, et il est bien difficile d’en n’être pas intimidé. Souvent aussi nous avons tellement honte, il nous faudrait pour nous y trou¬ver à l’aise un cœur pur et une âme droite, et cette bonne volonté dont nous ne sommes pas toujours très sûrs.

Le « Je vous salue, Marie » lui, est une prière sans condition :

• c’est la prière des enfants sur lesquels on ne peut pas trop compter,
• c’est la prière du pauvre qui sait bien qu’il n’a rien à donner,
• c’est la prière du pécheur qui ne sait pas trop à qui s’adresser,
• c’est la prière de la joie parce qu’elle est facile et simple,
• c’est la prière aussi de la souffrance et de la peine parce qu’on parle à la mère qui con¬sole et apaise, et cette mère-là a tant supporté et tant souffert.

On trouve le « Je vous salue, Marie » sur les lèvres de l’enfant qui prie. Mais c’est aussi la prière qu’il faut faire à l’heure de notre mort. Rien d’étonnant que ce soit la prière qui ait le plus servi. Lire la suite →