Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Le regard de Jésus

 Pour parler du terrible scandale des abus sur des mineurs par des membres du clergé, le Pape François a médité sur un moment poignant de la passion du Christ, sur l’instant où le regard de Jésus croise celui de Pierre, qui venait de le renier et pleure. Et il l’a fait dans l’homélie pendant la Messe célébrée hier au début du jour à Sainte-Marthe, où étaient présentes plusieurs victimes, avec lesquelles il a ensuite passé toute la matinée dans une série de longs entretiens privés.

 

images_5A eux, mais en ne s’adressant pas seulement aux catholiques, l’Évêque de Rome a ouvert son cœur devant cet abîme du mal : non seulement des actes déplorables, mais même un « culte sacrilège » qui a profané chez ces innocents l’image de Dieu même, a dit avec angoisse le Pape. Et on avait l’impression d’entendre les paroles de son prédécesseur Benoît XVI prononcées avec honte et humilité, prenant sur lui les péchés et les crimes de membres de l’Église, dans les différentes rencontres avec des groupes de victimes.

Et le Pape François lui aussi, devant Dieu et son peuple, a déclaré avec force la gravité et l’ignominie d’actes qui laissent des cicatrices pour toute la vie, et qui ont parfois causé le désespoir du suicide. En demandant ensuite pardon pour « les actes d’omission de la part des chefs de l’Église », il a remercié le courage de qui a fait émerger la vérité et déchiré ainsi les ténèbres d’une obscurité qui peut être guérie « par le baiser de l’enfant Jésus ».

Mais surtout le Pape a demandé la grâce des larmes, pour que « l’Église pleure et répare pour ses fils et ses filles qui ont trahi. Pour se relever après les chutes, en implorant que les loups ne dévastent plus le troupeau de Dieu.

comme Jésus, soulager et réconforter

06-07-2014 source : Radio Vatican

A l’Angélus, dimanche, devant la foule des fidèles rassemblés sur la place Saint-Pierre, sous un chaud soleil estival, le Pape François a invité les chrétiens à apporter, à l’exemple de Jésus, le soulagement et le réconfort aux personnes qui souffrent, qui sont épuisées, qui ont besoin d’aide, de tendresse et d’espérance.

Ces personnes sont nombreuses. Il y a ceux qui sont opprimés par des conditions de vie précaires, par des situations existentielles difficiles et parfois dépourvues de références solides. Dans les pays les plus pauvres, mais aussi dans les périphéries des pays plus riches, il y a tant de personnes qui ploient sous le poids insupportable de l’abandon et de l’indifférence, qui fait tant de mal à ceux qui sont dans le besoin, surtout quand ce sont les chrétiens qui se montrent indifférents.

Les chrétiens sont appelés à leur tour à prendre sur eux le fardeau de leur prochain

En marge de la société, a dit le Saint-Père, il y a tant d’hommes et de femmes touchés par l’indigence, mais aussi par l’insatisfaction et les frustrations. Nombreux sont ceux qui sont contraints de quitter leur pays natal, mettant en péril leur propre vie. Ils sont encore plus nombreux ceux qui supportent chaque jour les conséquences d’un système économique qui exploite l’homme, qui lui impose un « joug » insupportable que les quelques privilégiés ne veulent pas porter. Et puis, il y a aussi ceux qui ont tout. Mais dont le cœur est vide.

Jésus s’adresse à toutes ces personnes quand il affirme dans l’Évangile de Matthieu : Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, je vous donnerai du repos. Les chrétiens sont appelés à leur tour à prendre sur eux le fardeau de leur prochain, avec une attitude douce et humble à l’image du Maître. La douceur et l’humilité, selon le Pape François, nous aident non seulement à soulager les autres, mais aussi à ne pas peser sur eux par nos points de vue personnels, nos jugements, nos critiques ou notre indifférence.

génération sans travail, défaite d’humanité

05-07-2014 source : Radio Vatican

Le Pape poursuit sa visite pastorale dans le Molise. Après une rencontre avec le monde du travail et de l’industrie, à Campobasso, et la messe célébrée dans le stade de la ville, il rencontrait l’après-midi de samedi 5 juillet les jeunes du Molise et des Abruzzes, au sanctuaire marial de Castelpetroso, où l’on vénère Notre Dame des Douleurs, patronne de la région. A son arrivée, le Pape s’est recueilli en prière à l’intérieur du sanctuaire, là où en 1888, la Vierge Marie apparut à deux jeunes filles, Fabiana et Serafina.

« la culture du provisoire »

Après avoir écouté les mots de bienvenue de l’évêque d’Avezzano et du délégué pour la pastorale des jeunes du diocèse, ainsi que le témoignage de Sara, jeune étudiante de 29 ans, porte-parole d’une jeunesse éprouvée, en butte au chômage et à la précarité, mais ouverte à l’espérance, le Pape s’est adressé aux quelque 20 000 jeunes rassemblés sur le parvis du sanctuaire.

Le Pape François a salué leur enthousiasme, leur ouverture, et les a encouragés à écouter leurs aspirations, et à aller à contre-courant des modèles proposés. Cheminer, marcher vers quelque chose n’est pas errer. « La vie n’est pas faite pour qu’on y erre, mais pour cheminer, c’est là votre défi ! »

La société contemporaine et sa « culture du provisoire n’offre pas un climat favorable pour faire les choix d’une vie stable, bâtie sur le roc de l’amour et de la responsabilité, plutôt que sur le sable de l’émotion du moment ». L’aspiration à l’autonomie individuelle pousse à tout remettre en question, à briser sans hésiter des choix importants, des parcours de vie. Cela entretient la superficialité dans les prises de responsabilités.

« Et pourtant, chers jeunes, le cœur humain aspire à des choses grandes, à des valeurs importantes (…). L’être humain aspire à aimer et à être aimé ». « La culture du provisoire n’exalte pas notre liberté, mais elle nous prive des objectifs les plus vrais et authentiques ». « Ne vous laissez pas voler votre désir de construire des choses belles et grandes dans votre vie ! Ne vous contentez pas de petits objectifs ! Visez le bonheur, ayez le courage, le courage de sortir de vous-mêmes, et de jouer votre avenir avec Jésus ».

« Soyez courageux, forts et solidaires !»

« Seuls, nous ne pouvons le faire. Et c’est là qu’intervient l’invitation du Christ : ‘si tu le veux, suis-moi’, pour nous accompagner sur le chemin, non pour nous exploiter ou faire de nous des esclaves ». « C’est seulement avec Jésus, en le priant, et en le suivant, que nous trouvons clarté de vision et force pour aller de l’avant. » « Il ne nous enlève pas notre autonomie ou notre liberté, au contraire. Il fortifie nos fragilités, nous permet d’être vraiment libres, libres de faire le bien, forts pour continuer à le faire, capables de pardonner , et capables de demander pardon ».

« Dieu ne se lasse pas de nous pardonner. » C’est en se confiant à lui, que « vous aurez le courage et l’espérance d’affronter les difficultés dérivant des effets de la crise économique. » « Je ne peux pas ne pas évoquer un problème qui vous touche, vous les jeunes, aujourd’hui », a alors déclaré le Pape François, évoquant le problème du chômage, qui frappe de plein fouet la jeunesse du Molise. « C’est triste de voir les jeunes qui n’étudient pas, parce qu’ils n’en ont pas les moyens, ou qui ne travaillent pas. C’est le défi que nous devons remporter ensemble ! » « Le travail, c’est la dignité. Une génération sans travail, c’est une défaite pour la nation et l’humanité, et nous devons travailler ensemble pour éviter cela, aider les uns et les autres à trouver le chemin de la solidarité ». La solidarité est une parole qui ne plait pas au monde contemporain, « ce n’est pas une insulte, c’est une parole chrétienne ! Vous les jeunes, vous devez être courageux, forts et solidaires ! » a conclu le Pape, avant de prier un Ave Maria, et de demander aux jeunes de prier pour lui.