Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Au-delà des formalismes

01-04-2014 source : L’Osservatore Romano

On doit s’approcher des nombreux blessés accueillis dans ce grand «hôpital de campagne symbole de l’Église» sans paresse spirituelle et sans formalismes. C’est ce qu’a recommandé le Pape François lors de la Messe célébrée mardi matin, 1er avril, dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe. Il a également invité les chrétiens à «ne pas vivre sous anesthésie» et à surmonter les tentations «de la résignation, de la tristesse» et la tentation de «ne pas s’en mêler».

«Dans la liturgie d’aujourd’hui — a-t-il expliqué en commentant les lectures — l’eau est le symbole: cette eau qui guérit, cette eau qui apporte la santé».

La «première maladie» est celle qui afflige l’homme paralytique et qui désormais «était comme résigné» et se disait peut-être «à lui-même “la vie est injuste, les autres ont plus de chance que moi!”». Dans sa manière de parler «il y a un adagio lamentoso: il est résigné mais aussi amer». Une attitude qui fait également penser aux «nombreux catholiques sans enthousiasme et amers» qui se répètent «à eux-mêmes “je vais à la Messe tous les dimanches, mais il ne vaut mieux pas s’en mêler! J’ai la foi pour mon salut, mais je ne sens pas le besoin de la donner à un autre: chacun chez soi, tranquillement”», aussi parce que si «tu fais quelque chose dans la vie, ensuite on te le reproche: il vaut mieux ne pas prendre de risque!».

C’est précisément «la maladie de la paresse des chrétiens», une «attitude qui est paralysante pour le zèle apostolique» et «qui fait des chrétiens des personnes immobiles, tranquilles, mais pas dans le bon sens du terme: des personnes qui ne se soucient pas de sortir pour apporter l’annonce de l’Évangile. Des personnes anesthésiées». C’est le profil de «chrétiens qui sont au fond tristes», qui aiment savourer la tristesse au point de devenir «des personnes non lumineuses et négatives». Et cela, le Pape a-t-il mis en garde, «est une maladie pour nous chrétiens». Les chrétiens «sans zèle apostolique ne servent pas et ne font pas de bien à l’Église». Malheureusement, aujourd’hui il y a tant de «chrétiens égoïstes» qui commettent «le péché de la paresse contre le zèle apostolique, contre l’envie d’apporter la nouveauté de Jésus aux autres; cette nouveauté qui m’a été donnée gratuitement».

L’autre péché est «le formalisme» des juifs. Ils s’en prennent à l’homme que Jésus vient de guérir car il porte sa civière un samedi. Cela ne sert à rien qu’il soit heureux, presque au point «de danser au milieu de la rue» car il est finalement libre «de la maladie physique et aussi de cette paresse, de cette tristesse». La réplique des juifs est sèche: «Ici les choses sont ainsi, on doit faire cela!». Ils étaient «intéressés uniquement par les formalités: c’était samedi et on ne peut pas faire de miracles le samedi! La grâce de Dieu ne peut pas travailler le samedi!». C’est la même attitude que celle des «chrétiens hypocrites qui ne laissent pas place à la grâce de Dieu». Si bien que pour «ces personnes la vie chrétienne signifie avoir tous les documents en règle, tous les certificats!». Mais en faisant ainsi «ils ferment la porte à la grâce de Dieu». Et «ils sont si nombreux dans l’Église!».

Voilà donc les deux péchés.

«Ce sont des tentations que nous éprouvons nous aussi et que nous devons connaître pour nous défendre». Et «devant ces deux tentations» dans cet «hôpital de campagne, symbole de l’Église d’aujourd’hui, avec tant de personnes blessée», Jésus ne cède assurément pas à la paresse ni au formalisme. Mais «il s’approche de cet homme et lui dit: “tu veux guérir?”». A l’homme qui répond seulement oui, «il donne la grâce et s’en va». Ensuite, raconte l’Évangile, lorsque peu après il rencontre à nouveau cet homme dans le temple, il lui adresse encore la parole pour lui dire «“voilà, tu es guéri, ne pèche plus!”». Ce sont «les deux paroles chrétiennes: “tu veux guérir?” — “Ne pèche plus!”».

Marie, la mère de l’espérance

Marie mère de l'espérance« Marie est la mère de l’espérance, c’est par elle que l’on peut regarder l’avenir avec confiance et ne pas vivre au jour le jour. » Tel est le message que le Pape a laissé aux Moniales Bénédictines Camaldules du monastère Saint Antoine Abbé situé sur la colline romaine de l’Aventin à l’occasion de sa visite lors de la journée de prière pour les religieuses cloîtrées. Aux moniales qui l’ont écouté et à leur abbesse le Pape a rappelé les mystères  de la Vierge Marie, à commencer par celui de l’Annonciation et en cela « Marie est l’icône la plus expressive de l’espérance chrétienne ».

mise en garde contre le tourisme existentiel

31-03-2014 source : Radio Vatican

Le Pape François s’est indigné contre l’immobilisme de certains chrétiens dans son homélie ce matin à la chapelle Sainte-Marthe. Il existe différents types de fidèles : ceux qui ont confiance dans les promesses de Dieu et les suivent tout au long de leur vie, ceux dont la foi stagne et d’autres qui ne font que du « tourisme existentiel ».

La vie chrétienne est un chemin mais il y a différentes façons de le parcourir : « tant de chrétiens sont immobiles ! Il y en a tant qui ont une faible espérance. Oui, ils croient qu’il y aura une vie après la mort et que tout ira bien, c’est bien qu’ils le croient mais ils ne le recherchent pas ! Ils sont très appliqués, ils respectent les commandements, les enseignements, mais ils sont immobiles. Le Seigneur ne peut pas s’appuyer sur eux car ils ne marchent pas. D’autres se trompent de route. Nous l’avons tous fait, nous le savons. Le problème n’est pas de se tromper de route, c’est de ne pas revenir en arrière quand on se rend compte que l’on s’est trompé. »

Suivre les promesses de Dieu

Le Pape François invite chacun à faire confiance aux promesses de Dieu, car c’est la « base principale de l’espérance, le Seigneur ne déçoit jamais. Avant de demander quelque chose, il promet. » Dieu promet « une vie nouvelle, une vie faite de joie. » « L’essence de la vie chrétienne est de marcher vers ces promesses. »

Le Pape met aussi en garde contre « un groupe plus dangereux », celui de ceux « qui se trompent eux-mêmes, ceux qui marchent mais n’avancent pas. Il y a des chrétiens errants, ils tournent, ils s’agitent, comme si la vie était un tourisme existentiel, sans but, sans prendre les promesses au sérieux. Ceux-là se mentent à eux-mêmes car ils disent qu’ils marchent ! Alors qu’ils n’avancent pas. Le Seigneur nous demande de ne pas nous arrêter, de ne pas nous tromper de route et de ne pas tourner autour du pot. Il nous demande de regarder les promesses et d’avancer vers elles. »

Dieu est toujours prêt à pardonner

Surtout notre condition de pécheur fait que nous nous trompons de route, mais « le Seigneur nous donne toujours la grâce de revenir. Si je me trompe, je vais me confesser et je reprends la route. Et si je suis un touriste théologique, un de ceux qui font le tour de leur vie mais jamais un pas en avant, alors je demande au Seigneur la grâce de reprendre la route, de me mettre en chemin, mais vers les promesses ». Un enseignement qui peut être un chemin de Carême.