Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Le pire péché des médias, la désinformation

2014-03-22 Radio Vatican

« Je considère que les péchés les plus graves que commettent les médias sont ceux qui concernent les contre-vérités et les mensonges, et ils sont trois : la désinformation, la calomnie et la diffamation. » Voilà ce qu’a déclaré le Pape François durant l’audience de ce samedi matin accordée à des radios et télévisions d’inspiration catholique. « La calomnie et la diffamation sont graves, mais le plus grave c’est la désinformationLa calomnie c’est un péché mortel, mais l’on peut toujours arriver à clarifier les choses, et à faire valoir finalement que c’est une calomnie. La diffamation c’est un péché mortel, mais on peut réussir à dire que c’est une injustice… Mais la désinformation, c’est ne dire que la moitié des choses, celles qui me conviennent, et ne pas dire l’autre moitié : de sorte que celui qui regarde la télévision ou écoute la radio ne peut bien juger les choses parce qu’ils n’a pas tous les éléments, car ils ne lui ont pas été livrés… Évitez ces trois péchés : la désinformation, la calomnie et la diffamation. »

Déclarant qu’il improvisait, et que donc « il ne parlait pas la langue de Dante », le Pape a ensuite touché un autre des sujets qu’il avait prévu d’aborder, celui de la présence des laïcs dans l’Église. L’Église a besoin de la contribution des laïcs, et ceux-ci ne doivent pas être « cléricalisés ». Il a critiqué la tendance de certains prélats qui, pouvant compter sur les qualités d’organisation de très nombreux laïcs dans leurs paroisses et diocèses, font tout pour les cléricaliser. « La proposition est de tout de suite cléricaliserC’est une erreur, un bon laïc doit le rester, continuer ainsi et grandir ainsi… Pour ma part, je considère que le cléricalisme empêche la croissance des laïcs. Mais c’est une tentation aussi des laïcs, car certains d’entre eux veulent être cléricalisés. » il convient de promouvoir l’harmonie dans les différentes tâches à l’intérieur de l’Église, « parce que la fonction attribuée au laïc et assumée par lui, le prêtre ne peut s’en charger. » A ce propos, le Pape a mis l’accent sur « les conseils pastoraux ». « Une paroisse qui n’a pas de conseil pastoral ni de conseil pour les affaires économiques, ce n’est pas une bonne paroisse. »

la parole emprisonnée

21-03-2014 source : L’Osservatore Romano

Humilité et prière, dans l’Église, sont l’antidote contre les altérations de la parole de Dieu et la tentation de s’en emparer, en l’interprétant selon sa propre volonté et en emprisonnant l’Esprit Saint. Telle est la synthèse de la méditation proposée par le Pape lors de la Messe célébrée dans la matinée du vendredi 21 mars, dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe.

Précisément « au cours de ces jours de Carême, le Seigneur se fait proche de nous et l’Église nous conduit vers le triduum pascal, vers la mort et la résurrection de Jésus » a dit le Pape en se référant à la liturgie.

Jésus raconte cette parabole: « Dieu a laissé en héritage un terrain avec une vigne qu’il a faite de ses mains ». On lit en effet dans l’Évangile que le maître « planta une vigne, il l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour ». Ce sont toutes les choses qu’« il fit lui-même, avec amour ». Puis il a donné « la vigne en location à des vignerons ».

Exactement ce que « Dieu a fait avec nous: il nous a donné la vie en location » et avec elle « la promesse » qu’il viendrait nous sauver. « Au contraire, ces gens ont vu là un beau commerce, une belle affaire: la vigne est belle, prenons-là, elle est à nous! ». Et ainsi, « lorsqu’arriva le temps de recueillir les fruits, les serviteurs de ce seigneur allèrent chercher la récolte. Mais les vignerons qui s’étaient déjà emparés de la vigne ont dit: non, chassons-les, elle est à nous! »

La parabole de Jésus raconte précisément « le drame de ces gens, mais également notre drame ». En effet, ces personnes « se sont emparées de la parole de Dieu. Et la parole de Dieu est devenue leur parole. Une parole selon leur intérêt, leur idéologie, leur théologie, à leur service ». Au point que « chacun l’interprète selon sa propre volonté, selon son propre intérêt ». Et « ils tuent pour conserver cela ». C’est ce qui est arrivé également à Jésus, parce que « les chefs des prêtres et les pharisiens comprirent qu’il parlait d’eux lorsqu’ils entendirent cette parabole » et ainsi, « ils cherchèrent à le capturer et à le tuer ». Mais de cette façon, « la parole de Dieu meurt, elle est emprisonnée ».

Le Pape a alors suggéré de penser à « ce que nous pouvons faire pour ne pas tuer la parole de Dieu, pour ne pas nous emparer de cette parole, pour être dociles, pour ne pas emprisonner l’Esprit Saint ». Et il a indiqué deux voies simples: celle de l’humilité et celle de la prière.

Avec l’humilité et la prière, nous allons de l’avant pour« écouter la parole de Dieu et lui obéir dans l’Église ». Et « ainsi, il ne nous arrivera pas ce qui est arrivé à ces gens: nous ne tuerons pas pour défendre cette parole que nous croyons être la parole de Dieu » mais qui est au contraire devenue « une parole totalement transformée par nous ».

Qui ne compte que sur soi sera malheureux

20-03-2014 source : Radio Vatican

L’homme qui ne compte que sur lui-même, que sur ses propres richesses, ou qui se fie aux idéologies, est destiné à être malheureux. Qui fait confiance au Seigneur, par contre, produit du fruit même durant les périodes de sécheresse. C’est en résumé ce qu’a déclaré ce jeudi matin le Pape François durant la messe célébrée en la chapelle de la Maison Sainte Marthe.

« Maudit soit l’homme qui se confie en l’homme », « l’homme qui ne compte que sur lui-même » : il sera comme « un tamarinier dans la steppe », condamné par la sécheresse à ne produire aucun fruit et à mourir. Le Pape est parti de la Première Lecture du jour qui définit, par contre, « comme béni l’homme qui se confie dans le Seigneur » : « il est comme un arbre planté le long d’un cours d’eau », qui durant les sécheresses « ne cesse pas de produire du fruit. » « Seulement dans le Seigneur réside notre vraie confiance. Les autres confiances ne servent pas, ne nous sauvent pas, ne nous donnent pas la vie, ne nous donnent pas la joie. »

L’homme riche de l’Évangile n’a pas d’identité

Et même si nous le savons, « nous aimons ne compter que sur nous-mêmes, ou sur cet ami, ou ne croire qu’à notre bonne situation ou en cette idéologie », et « le Seigneur reste un peu à part. » L’homme, ainsi, se referme sur lui-même, « sans horizons, sans portes ouvertes, sans fenêtres » et « ne trouvera pas le salut, ne peut se sauver. » C’est ce qui arrive à l’homme riche de l’Évangile. « Il avait tout : il portait des habits de pourpre, il mangeait tous les jours, à l’occasion de grands banquets. » « Il était tellement content », mais « il ne se rendait pas compte qu’à la porte de sa maison, couvert de plaies », se trouvait un pauvre.

L’Évangile dit le nom du pauvre : il s’appelait Lazare. Alors que le riche « n’a pas de nom » : « C’est cela la malédiction la plus forte pour celui que ne compte que sur lui-même ou se forces, dans les seules possibilités des hommes et non pas en Dieu : il perd son nom. Comment t’appelles-tu ? Compte numéro un tel, dans la banque une telle. Comment t’appelles-tu? Autant de propriétés, de villas, etc. Comment t’appelles-tu ? Les choses que nous avons, les idoles. Et tu mets toute ta confiance en ces choses, et cet homme est maudit. »

Dieu est toujours là pour nous dire : ‘Fils’

« Tous nous avons cette faiblesse, cette fragilité, affirme le Pape, de placer nos espérances en nous-mêmes ou dans nos amis ou dans les seules possibilités humaines et nous oublions le Seigneur. Et cela nous porte sur le chemin… du malheur » :

« Aujourd’hui, en ce jour de Carême, il serait opportun de nous demander : où plaçons nous notre confiance ? Dans le Seigneur ou suis-je un païen qui ne place sa confiance que dans les choses matérielles, dans les idoles que j’ai créées ? J’ai encore un nom ou ai-je commencé à perdre mon identité, et je m’appelle ‘Moi’ ? Je, moi, avec moi, pour moi, seulement moi ? Pour moi, pour moi…toujours cet égoïsme : ‘Moi ‘. Et cela ne nous sauve pas ». Mais « à la fin, fait remarquer le Pape, il y a une porte d’espérance » pour tous ceux qui ne comptent que sur eux-mêmes et « ont perdu leur identité » :

« Finalement, finalement, finalement, il y a toujours une possibilité. Et cet homme, quand il s’est rendu compte qu’il avait perdu son identité, il avait tout perdu, tout, il lève les yeux et dit cette seule parole : ‘Père’. Et la réponse de Dieu est une seule parole : ‘Fils’. Si certains d’entre nous dans la vie finissent pas perdre leur identité, leur nom, par perdre cette dignité, il y a encore cette possibilité de prononcer cette parole qui est plus que magique, qui est plus forte : ‘Père’. Et Lui toujours nous attend pour ouvrir une porte que nous nous ne voyons pas et Lui nous dira : ‘Fils’. Demandons au Seigneur cette grâce qu’Il nous accorde à tous la sagesse d’avoir confiance seulement en Lui, et non dans les choses matérielles, les forces humaines, seulement en Lui. »