Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Notre Dame de Guanajuato

Le 24 mars prochain, lors de son voyage au Mexique, Benoit XVI va passer devant l’entrée principale de la basilique où se trouve, offerte par le roi Carlos I en 1557,  l’image de la sainte patronne de la ville de Guanajuato : ce sera pour le pape une rencontre tout à fait spéciale entre Marie, Mère du Christ, invoquée comme « Notre Dame de Guanajuato », et le Successeur de saint Pierre. On va « porter la statue à la porte de l’église pour que le pape la bénisse et que la Vierge bénisse à son tour le pape ».

Tous les ans normalement, le 9 août, le groupe de la Fraternité des porteurs fait descendre la statue de la Vierge, exposée ensuite pendant un certain temps devant chacune des trois portes de la basilique pour que les visiteurs puissent recevoir sa bénédiction, et le lendemain les fidèles peuvent passer sous son manteau près de l’autel.

Le 24 mars, ce sera donc une occasion particulière. « Lorsque nous voyons ou écoutons un fils qui cherche sa mère, cela nous remplit immédiatement de tendresse, mais quand c’est une mère qui cherche son fils, nous savons qu’il y a, au-delà de la tendresse, une espérance. La Vierge viendra à la rencontre du pape. Prions notre sainte patronne de continuer de l’aider dans sa mission difficile de vicaire du Christ ».

Cette exposition de la Vierge à la porte d’entrée de la basilique, à l’occasion de la venue du pape, revêtira une signification toute particulière. « Ce ne sont pas des temps faciles pour le pape. De même que Marie est toujours restée aux côtés du Christ sur la via crucis, ainsi Notre Dame de Guanajuato ira à la rencontre de son fils, Benoît XVI ».

(Citations de Mgr Rodríguez Alba, archiprêtre de la basilique)

le serpent d’airain

le serpent d'airain
le serpent d’airain

Ce dimanche 18 mars 2012, quatrième dimanche de carême, Benoît XVI a présidé la prière de l’angélus depuis la fenêtre de son bureau donnant sur la place Saint-Pierre, en présence de milliers de visiteurs. Il nous explique la comparaison du Christ sur la croix au serpent d’airain qui sauvait de la mort.

Chers frères et sœurs!

Dans notre cheminement vers Pâques, nous sommes parvenus au quatrième dimanche de Carême. C’est un cheminement avec Jésus à travers le « désert », c’est-à-dire, une période durant laquelle il faut davantage écouter la voix de Dieu et aussi exposer les tentations qui parlent en nous. A l’horizon de ce désert se profile la Croix. Jésus sait qu’elle est l’aboutissement de sa mission : en effet, la Croix du Christ est le sommet de l’amour, qui nous donne le salut. Il dit lui-même dans l’Évangile d’aujourd’hui: «Comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle» (Jn 3,14-15). Il fait référence à l’épisode dans lequel, lors de l’exode d’Egypte, les Juifs ont été attaqués par des serpents venimeux, et beaucoup sont morts. Dieu alors avait ordonné à Moïse de faire un serpent d’airain et l’avait fait placer sur une colonne: si l’on était mordus par des serpents, en regardant le serpent de bronze, on était guéri (cf. Nb 21, 4 à 9). De même Jésus sera élevé sur la croix, afin que  quiconque, en danger de mort à cause du péché, soit sauvé en se tournant avec foi vers Lui qui est mort pour nous. « Car Dieu – écrit saint Jean – n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui» (Jn 3:17).

Saint Augustin commente: «Le médecin, pour ce qui dépend de lui, est là pour guérir les malades. Si vous ne suivez pas les prescriptions du médecin, vous allez à la ruine. Le Sauveur est venu dans le monde… Si vous ne voulez pas être sauvés par lui, vous vous jugerez vous-même » (Sur l’Évangile de Jean, 12, 12: PL 35, 1190).  Si donc infini est l’amour miséricordieux de Dieu, qui en est venu à ce point de donner son Fils unique comme rançon pour nos vies, grande est notre responsabilité : chaque fois qu’on est reconnu malade, pour être guéri, on doit confesser son péché, pour que le pardon de Dieu, déjà donné sur la Croix, prenne effet dans le cœur et la vie. Saint Augustin écrit: « Dieu condamne vos péchés, et si vous les condamnez, vous vous joignez à Dieu … Quand tu commences à détester ce que tu as fait, commencent alors tes bonnes œuvres, car tu condamnes tes mauvaises œuvres. Les bonnes œuvres commencent par la reconnaissance des mauvaises actions » (ibid., 13: PL 35, 1191). Parfois, l’homme aime les ténèbres plus que la lumière, parce qu’il est attaché à ses péchés. Mais ce n’est qu’ouvert à la lumière et juste en confessant franchement ses péchés à Dieu que nous trouvons la vraie paix et la vraie joie. Il est donc important de s’approcher du sacrement de la Pénitence régulièrement, surtout pendant le carême, pour recevoir le pardon du Seigneur et renforcer notre chemin de conversion.

Que ce temps du Carême nous donne de recentrer toute notre vie sur le Christ, qui a pris sur Lui nos souffrances et nos peines. Je Lui confie la douleur des parents belges qui, à cause de l’accident tragique en Suisse, ont perdu leur enfant, et celle de ceux qui se sont vus privés d’un proche. Je les assure de ma proximité et de ma prière.

Chers amis, demain, nous célébrons la fête de saint Joseph. Je remercie sincèrement tous ceux qui ont une pensée pour moi dans la prière, au jour de ma fête. En particulier, je vous demande de prier pour le voyage apostolique au Mexique et à Cuba, où je vais partir vendredi prochain. Confions le à l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, tant aimée et vénérée dans ces deux pays que je vais visiter.  Demain donc, nous célébrerons la fête de Saint-Joseph : puisse le Seigneur, par l’intercession de mon saint patron de baptême, me donner la force de confirmer mes frères et sœurs dans la foi ! Comme Saint Joseph, ne craignez pas de prendre Marie chez vous, qu’elle vous montre son Fils, le Christ notre Sauveur ! Que Dieu vous bénisse !

© Libreria Editrice Vaticana 2012

Préparer l’Annonciation

la Vierge de l'Annonciation Taddeo di Bartolo (1363 -1422)
la Vierge de l’Annonciation Taddeo di Bartolo (1363 -1422)

Lors de l’Angélus du dimanche 11 mars 2012, Benoît XVI a dit : « La Pâque de Jésus introduit un nouveau culte, le culte de l’amour, et un nouveau sanctuaire qui est Jésus lui-même, le Christ ressuscité, à travers lequel tout croyant peut adorer Dieu le Père « en esprit et en vérité » (Jn 4, 23). L’Esprit- Saint a commencé à construire ce nouveau sanctuaire dans le sein de la Vierge Marie. »

A ce propos, bientôt nous allons célébrer cet événement. Pour nous y préparer, nous pouvons méditer l’homélie donnée justement par le pape Benoît XVI la première année de son pontificat « en la solennité liturgique de l’Annonciation du Seigneur, et sous le soleil que nous donne le Seigneur. »

Dans l’Incarnation du Fils de Dieu, nous reconnaissons en effet les débuts de l’Église. Tout provient de là. Toute réalisation historique de l’Église et également chacune de ses institutions doivent se référer à cette Source originelle. Elles doivent se référer au Christ, Verbe de Dieu incarné. C’est Lui que nous célébrons toujours:  l’Emmanuel, le Dieu-avec-nous, par l’intermédiaire duquel s’est accomplie la volonté salvifique de Dieu le Père. Et cependant (nous contemplons cet aspect du Mystère précisément aujourd’hui) la Source divine s’écoule par un canal privilégié:  la Vierge Marie…

En célébrant l’Incarnation du Fils nous ne pouvons pas, par conséquent, ne pas honorer sa Mère. C’est à Elle que fut adressée  l’annonce  de  l’ange; Elle l’accueillit, et lorsque du plus profond de son coeur elle répondit:  « Je suis la servante du Seigneur; qu’il m’advienne selon ta parole » (Lc 1, 38), à ce moment-là, le Verbe éternel commença à exister comme être humain dans le temps.

De génération en génération, on continue de s’émerveiller devant ce mystère ineffable. Imaginant s’adresser à l’Ange de l’Annonciation, Saint Augustin demande:  « Dites-moi donc, ange de Dieu, d’où vient cette faveur à Marie? » La réponse, dit le Messager, est contenue dans les paroles mêmes de la salutation:  « Je vous salue, pleine de grâce » (cf. Sermo 291, 6). Effectivement, l’Ange, en « entrant chez Elle », ne l’appelle pas par son nom terrestre, Marie, mais par son nom divin, comme Dieu la voit et la qualifie depuis toujours:  « Pleine de grâce », la grâce n’étant rien d’autre que l’amour de Dieu, c’est ainsi que nous pourrions à la fin traduire:  « aimée » de Dieu (cf. Lc 1, 28).

Origène observe que jamais un tel titre ne fut donné à un être humain, que rien de semblable n’est décrit dans l’ensemble des Saintes Écritures (cf. In Lucam, 6, 7). Il s’agit d’un titre exprimé sous une forme passive, mais cette « passivité » de Marie, qui est depuis toujours et pour toujours l’ « aimée » du Seigneur, implique son libre consentement, sa réponse personnelle et originale:  dans le fait d’être aimée, en recevant le don de Dieu, Marie est pleinement active, car elle accueille avec une disponibilité personnelle la vague de l’amour de Dieu qui se déverse en elle.

En cela également, Elle est la parfaite disciple de son Fils, qui à travers l’obéissance à son Père réalise entièrement sa propre liberté et précisément de cette manière exerce la liberté, en obéissant. Dans la deuxième lecture,  l’auteur de la Lettre aux Hébreux interprète le Psaume 39, précisément à la lumière de l’Incarnation du Christ:  « Aussi, en entrant dans le monde, le Christ dit: … Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté » (He 10, 5-7). Face au mystère de ces deux « me voici », le « me voici » du Fils et le « me voici » de la Mère, qui se reflètent l’un dans l’autre et forment un unique Amen à la volonté d’amour de Dieu, nous demeurons émerveillés et, remplis de reconnaissance, nous adorons.

© Libreria Editrice Vaticana 2006