Voici le texte de paroles prononcées ce dimanche 12 décembre 2010 par Benoît XVI lors de la prière de l’Angélus, place Saint-Pierre à Rome.
Chers frères et sœurs,
Tout chrétien, par la force de son baptême, a reçu la dignité de prophète : puisse chacun la redécouvrir et la nourrir, avec une écoute assidue de la Parole divine. Que nous l’obtienne la Vierge Marie, que l’Évangile appelle bienheureuse parce qu’elle a cru dans l’accomplissement des paroles du Seigneur (cf. Lc 1, 45).
Après la prière de l’Angélus le pape a salué les pèlerins en différentes langues. Voici ce qu’il a dit en français :
Je salue cordialement les pèlerins francophones ! Ce 3ème dimanche de l’Avent est celui de la joie car le Seigneur est proche : il vient inaugurer une humanité nouvelle. Notre allégresse est appelée à anticiper la joie plénière que nous vivrons avec le Christ dans l’éternité. Puisse la Vierge Marie aider tous les peuples de la Terre et particulièrement les chrétiens, à ouvrir les portes au Christ et à son Évangile de paix et de joie, de fraternité et de justice ! Bon dimanche et bon pèlerinage à tous !
© Copyright du texte original plurilingue : Libreria Editrice Vaticana
Texte complet
Chers frères et sœurs,
En ce troisième dimanche de l’Avent, la liturgie propose un passage de la Lettre de Jacques, qui s’ouvre par ces mots: «Soyez cohérents, mes frères, jusqu’à la venue du Seigneur» (Jacques 5,7). Il me semble plus important que jamais, aujourd’hui, de souligner la valeur de la persévérance et de la patience, vertus qui appartenait au bagage ordinaire de nos ancêtres, mais elles sont maintenant moins populaires dans un monde qui favorise, au contraire, le changement et la capacité de s’adapter aux situations nouvelles et différentes. Sans rien enlever à ces questions, qui sont aussi de l’homme, l’Avent nous appelle à renforcer la ténacité intérieure, la force d’esprit qui nous permettent de ne pas désespérer, en l’attente d’un bien qui est lent à venir, mais d’attendre, au contraire, de se préparer à ce moment avec confiance active.
« Voyez comment l’agriculteur – a écrit Saint-Jacques – attend toujours le précieux fruit de la terre jusqu’à ce qu’il reçoive la première et les dernières pluies. Soyez cohérents, vous aussi, affermissez vos cœurs, car l’avènement du Seigneur est proche » (Jacques 5,7-8).
La comparaison avec l’agriculteur est très expressive: celui qui a semé dans le champ, a en face de lui des mois d’attente patiente et constante, mais il sait que la semence complète son cycle dans le temps, grâce aux pluies de l’automne et du printemps. L’agriculteur n’est pas fataliste, mais c’est le modèle d’un état d’esprit qui combine une foi équilibrée et la raison, car d’une part, il connaît les lois de la nature et fait bien son travail, et, d’autre part, la confiance dans la Providence, parce que certaines choses ne sont pas fondamentales dans ses mains, mais entre les mains de Dieu ; la constance et la persévérance sont simplement la synthèse de l’engagement de l’homme et de la confiance en Dieu.
« Mettez en place vos cœurs», dit l’Écriture. Comment pouvons-nous le faire? Comment pouvons-nous le permettre à nos cœurs, déjà assez fragiles, et rendus encore plus instable par la culture dans laquelle nous sommes plongés? L’aide ne nous manque pas: c’est la Parole de Dieu. Alors que tout passe et change, la Parole de Dieu ne passe pas. Si les vicissitudes de la vie font que nous nous sentions perdus et que toute certitude semble s’écrouler, nous y trouvons une boussole pour l’orientation, nous avons un point d’ancrage pour ne pas aller à la dérive.
Et voici le modèle qui nous est offert. Il est celui des prophètes, qui sont ces gens que Dieu a appelés à parler en son nom. Le prophète trouve sa joie et sa force dans la Parole de Dieu, et, tandis que les hommes cherchent souvent le bonheur sur des chemins qui se révèlent faux, il annonce la véritable espérance, celle qui ne déçoit pas parce qu’elle est fondée sur la fidélité de Dieu. Chaque chrétien, en vertu de son baptême, a reçu la dignité prophétique: chacun peut la redécouvrir et s’en nourrir avec une écoute régulière de la Parole de Dieu. Puissions-nous l’obtenir par la Vierge Marie, que l’Évangile appelle bienheureuse parce qu’elle a cru aux paroles du Seigneur (cf. Lc 1,45).
Benoît XVI