Les vigilantes attentions de la Vierge
Songeons à la Vierge dont les vigilantes attentions nous ont tant de fois préservé des risques imprévus, des faciles faux-pas, des amples chutes. N’est-elle pas le Puits de la Bonté sans fond, la Collatrice des dons de la bonne Patience, la Tourière des cœurs secs et clos ; n’est-elle pas surtout l’active et la benoîte Mère ?
Toujours penchée sur le grabat des âmes, Elle lave les plaies, panse les blessures, réconforte les défaillantes langueurs des conversions. Par-delà les âges, Elle demeure l’éternelle orante et l’éternelle suppliée; miséricordieuse et reconnaissante, à la fois; miséricordieuse pour ces infortunes qu’Elle allège et reconnaissante envers elles.
Elle est en effet l’obligée de nos fautes, car sans le péché de l’homme, Jésus ne serait point né sous l’aspect peccamineux de notre ressemblance et Elle n’aurait pu dès lors être la génitrice immaculée d’un Dieu.
Notre malheur a donc été la cause initiale de ses joies et c’est, à coup sûr, le plus déconcertant des mystères que ce Bien suprême issu de l’intempérance même du Mal, que ce lien touchant et surérogatoire néanmoins qui nous noue à Elle, car sa gratitude peut paraître superflue puisque son inépuisable miséricorde suffit pour l’attacher à jamais à nous.
D’après Joris Karl Huysmans – La Cathédrale