Madeleine Delbrel

Delbrel_MadeleineEn 2014, deux anniversaires pour Madeleine Delbrêl, le cinquantenaire de sa mort le 13 Octobre 1964, et le centenaire de sa naissance le 24 Octobre 1904, à Mussidan, en France.

Son itinéraire, de l’athéisme à l’éblouissement de la foi et à l’engagement, parcourt ses soixante années de vie, dont plus de la moitié depuis 1933 à Ivry-sur-Seine, seule municipalité communiste de France, là où se trouvait, dit-elle, une population « incroyante et pauvre ».

La charité, l’amour de Dieu reçu et débordant, c’est ce qui anime Madeleine depuis le moment où, à 20 ans, bientôt lauréate d’un prix de poésie de l’Académie française, elle est convertie de l’athéisme. En 1964, trois semaines avant sa mort, elle dit à des étudiants: «J’ai été et je reste éblouie par Dieu.» Il ne faut pas chercher ailleurs la raison de l’ardeur missionnaire de cette mystique.  Il s’agit d’ «être le Christ» et non seulement de «travailler pour le Christ». La méthode ? Rencontrer les gens où ils vivent, devenir leur ami, les recevoir chez soi, s’entraider.

Les moments importants de la vie de Madeleine, le dialogue avec les marxistes, la crise des prêtres ouvriers (1953-1958), la recherche d’un statut ecclésial pour la communauté, sont autant de sujets qui intéressent  directement l’Église du XXIe siècle : culture de la rencontre et périphéries chères au pape François, statut et mission des prêtres, des laïcs.

D’une extraordinaire capacité d’empathie, elle noue des relations personnelles dans tous les milieux. Elle s’engage à fond. Elle cultive la joie. Son humour est délicieux. Elle est libre. Elle dit ce qu’elle pense avec délicatesse mais fermement. Elle fait preuve d’une grande sûreté de discernement, d’une pensée rigoureuse. Elle aimait à dire que seule la prière peut nous apprendre à quel point nous sommes ignorants.

Sa personnalité spirituelle, sa théologie ont le même caractère : de solides fondations (la Parole de Dieu, l’eucharistie, l’Église, la prière), de la vigueur, et toujours ce centre qui unit tout: la charité de Dieu manifestée dans le Christ. Madeleine Delbrêl a beaucoup à dire à l’Église d’aujourd’hui.

Tour à tour poète, assistante sociale et mystique, femme de prière et d’action, Madeleine Delbrêl offre à notre société sécularisée et à l’Église un beau visage, riche d’inspiration pour une vie chrétienne en dialogue avec l’athéisme et la misère sous toutes ses formes. Son procès en béatification est engagé et sa réputation de sainteté ne cesse de croître.