Ce dimanche 4 juin, c’est la Fête des Mères.
A ce propos, Rainer Maria Rilke – lui qui a écrit une « vie de Marie » – nous a dressé, dans « Les Cahiers de Malte Laurids Brigge », un beau portrait de mère, qui pourrait bien être aussi – comme en filigrane – celui de la Mère de Jésus, la Vierge Marie, notre Mère. Alors, bonne fête à toutes celles qui sont mamans !
Ô mère : ô toi unique, qui t’es mise devant tout ce silence, au temps que j’étais enfant. Qui le prends sur toi, qui dis : « Ne t’effraie pas, c’est moi ». Qui as le courage, en pleine nuit, d’être le silence pour ce qui a peur, pour ce qui périt de peur.
Tu allumes une lumière et le bruit déjà c’est toi. Tu la soulèves et tu dis : « C’est moi, ne t’effraie pas ». Et tu la déposes, lentement, et il n’y a pas de doute : c’est toi, tu es la lumière autour des objets familiers et intimes qui sont là, sans arrière-sens, bons, simples, certains.
Et lorsque quelque chose remue dans le mur ou fait un pas dans le plancher : tu souris seulement, tu souris, souris, transparente sur un fond clair, au visage angoissé qui te sonde comme si tu étais dans le secret de chaque son étouffé, d’accord avec lui et de concert. Un pouvoir égale-t-il ton pouvoir dans le royaume de la terre ? Vois, les rois eux-mêmes sont raidis sur leur couche et le conteur n’arrive pas à les distraire…
Mais toi, tu viens et tu tiens l’immensité derrière toi et tu es tout entière devant elle ; non pas comme un rideau qu’elle pourrait soulever ici et là. Non ! Comme si tu l’avais rattrapée à l’appel de celui qui avait besoin de toi. Comme si tu avais devancé de beaucoup tout ce qui peut encore arriver et que tu n’eusses dans le dos que ta course vers lui, ton chemin éternel, le vol de ton amour.
Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse