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sur la Médaille Miraculeuse, l’Église dans le monde

Semaine préparatoire à Noël : LIVRE DE LA CONSOLATION D’ISRAËL

La semaine préparatoire à Noël (du 17 au 24 décembre)
LIVRE DE LA CONSOLATION D’ISRAËL

Le Prophète Isaïe - Le Pérugin +1523
Le Prophète Isaïe – Le Pérugin +1523

— Près de deux cents ans après Isaïe, la voix de Dieu continue à se faire entendre par la bouche d’un de ses disciples. Mais les circonstances ont changé.

Juda n’est plus un royaume, petit et faible certes, mais relativement indépendant, et fier des symboles de son passé: la Ville Sainte, le palais de ses rois et surtout le Temple de son Dieu.

Tout cela a été détruit, et il y a cinquante ans que le peuple de Dieu est esclave, loin de sa terre. Sans renoncer à lui parler de jugement, Dieu doit surtout l’affermir en lui annonçant la délivrance et le salut.

En nous faisant lire ce message à la veille de Noël, la tradition chrétienne n’infléchit pas la continuité du temps de l’Avent, mais elle tourne de plus en plus nos regards du jugement vers la personne du juge, du péché vers celle du libérateur.

Elle veut ainsi susciter dans nos cœurs une espérance ardente dont l’accélération si visible de la prière liturgique de ces derniers jours est le symbole : nous multiplions les appels à la venue du Sauveur, nous comptons les jours…

Dans les mêmes perspectives, le prophète nous présente le salut de Dieu dans des termes de plus en plus enthousiastes et brûlants : c’est d’abord Cyrus de Perse dont les attaques progressent contre le royaume oppresseur, puis la chute de Babylone.

La méditation s’élève vers la fidélité de Dieu à ses promesses, qui éclate à nouveau dans ces faits ; elle s’étend à la purification du peuple élu, à son retour glorieux de l’exil, à son élargissement aux dimensions de l’univers. Et, à chaque instant, le prophète se fait l’écho de la fièvre grandissante de ses compatriotes tout tendus vers ce salut.

Chaque fête de Noël n’est pour nous qu’une étape de cette œuvre divine, pleinement réalisée en nous par l’Incarnation, mais dont les fruits n’achèveront de se manifester qu’au retour glorieux du Seigneur.

Liturgie des Heures

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Antiennes en O

Antiennes en O

Lettre orné en O - Bible du XIIe siècle - DR
Lettre orné en O – Bible du XIIe siècle – DR

Aux veilles de Noël, sur la Médaille Miraculeuse, regardons la Vierge Marie, remplie de la grâce de Dieu et la rayonnant à son tour, et laissons notre cœur exprimer sa joie par les sept antiennes en O (poèmes pour l’Avent), puisées dans notre merveilleuse Tradition liturgique.

Ainsi sont énumérés les titres divins du Verbe incarné, avant de psalmodier le cantique d’action de grâces de la Vierge Marie, le Magnificat, alors qu’elle-même est dans l’attente de son enfant.Lire la suite →

Saint Jean de la Croix, si proche de la Vierge Marie

Saint Jean de la Croix, si proche de la Vierge Marie

Marie vient à l'aide de Jean de la Croix
Marie vient à l’aide de Jean de la Croix

Le petit Jean, à environ 4 ans, tombe dans une mare en y lançant des bâtons. Sa main touche la vase du fond. Remonté à la surface, il voit une « belle Dame », (pour lui la Vierge Marie), qui lui tend la main. Il la refuse pour ne pas la salir. Un laboureur qui passe par là le tire alors de l’eau avec son aiguillon.

Plus tard, sa mère, une veuve pauvre, l’inscrit à l’école de la doctrine chrétienne, et là, il tombe dans un puits. On le recherche, s’étonnant de ce qu’il ne soit noyé, ni blessé. Jean y voit la protection de la Vierge Marie.

Par amour pour Marie, il choisit l’ordre des Carmes. Il achève sa formation, sérieuse et très ouverte, à l’université de Salamanque. Il a déjà une réputation de vie austère et recueillie.

L’année de son noviciat, à Medina, Jean écrit des couplets en vers « en remerciement de la grâce que le Seigneur lui avait faite de le rendre digne d’être dans l’ordre du Carmel, sous la protection de sa très sainte Mère. »

Choisi par Thérèse d’Avila et mandaté par le vicaire apostolique, Jean devient confesseur au Carmel d’Avila et réformateur de l’ordre. Il fonde plusieurs Carmels de frères. Sainte Thérèse d’Avila l’appelle son père spirituel, pourtant plus jeune qu’elle.

Ses frères d’Andalousie témoignent, dans les années 1585-1588, que « le père frère Jean était si dévot à Notre Dame, que tous les jours il récitait l’office de Notre Dame à genoux… Dans tous ses sermons et ses conversations, il parlait du saint sacrement et de la Très sainte Vierge, Notre-Dame. »

A la fin de sa vie, à Udeba, malade, il souffre du fait que des responsables n’écoutent pas ses conseils et que leurs médisances nuisent à sa réputation. Le 7 décembre 1591, le médecin annonce que Jean est mourant. Le 13 décembre 1591, il reçoit les sacrements.

« Que sonne-t-on ? » demande frère Jean, quand minuit sonne. On lui dit que c’est pour matines, il s’écrie joyeux : « Gloire à Dieu ! J’irai les dire au ciel. » Il pose les lèvres sur le crucifix qu’il tient entre les mains, dit posément « Entre tes mains, Seigneur, je remets mon esprit », et il expire à la première heure du samedi, jour dédié à la Vierge.

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BENOÎT XVI, AUDIENCE GÉNÉRALE, Salle Paul VI, mercredi 16 février 2011

Sur saint Jean de la Croix

Chers frères et sœurs,

Il y a deux semaines, j’ai présenté la figure de la grande mystique espagnole Thérèse de Jésus. Je voudrais aujourd’hui parler d’un autre saint important de ces territoires, ami spirituel de sainte Thérèse, réformateur, avec elle, de la famille religieuse carmélitaine: saint Jean de la Croix, proclamé Docteur de l’Église par le Pape Pie XI, en 1926, et surnommé dans la tradition Doctor mysticus, «Docteur mystique».

Jean de la Croix naquit en 1542 dans le petit village de Fontiveros, proche d’Avila, en Vieille Castille, de Gonzalo de Yepes et Catalina Alvarez. Sa famille était très pauvre, car son père, issu d’une famille noble de Tolède, avait été chassé de chez lui et déshérité pour avoir épousé Catalina, une humble tisseuse de soie.

Orphelin de père dans son jeune âge, Jean, à neuf ans, partit avec sa mère et son frère Francisco pour Medina del Campo, non loin de Valladolid, un pôle commercial et culturel. Il y fréquenta le Colegio de los Doctrinos, en assurant également d’humbles travaux pour les sœurs de l’église-couvent de la Madeleine.

Par la suite, vues ses qualités humaines et ses résultats dans les études, il fut admis d’abord comme infirmier dans l’Hôpital de la Conception, puis au Collège des jésuites, qui venait d’être fondé à Medina del Campo: Jean y entra à dix-huit ans et étudia pendant trois ans les sciences humaines, la rhétorique et les langues classiques. A la fin de sa formation, sa vocation lui était très claire: la vie religieuse et, parmi tous les ordres présents à Medina, il se sentit appelé au carmel.

Au cours de l’été 1563, il débuta le noviciat chez les carmes de la ville, en prenant le nom religieux de Mattia. L’année suivante, il fut destiné à la prestigieuse université de Salamanque, où il étudia pendant un triennat les arts et la philosophie. En 1567, il fut ordonné prêtre et retourna à Medina del Campo pour célébrer sa première Messe entouré de l’affection de sa famille.

C’est là qu’eut lieu la première rencontre entre Jean et Thérèse de Jésus. La rencontre fut décisive pour tous les deux: Thérèse lui exposa son programme de réforme du carmel, l’appliquant également à la branche masculine de l’ordre et proposa à Jean d’y adhérer «pour la plus grande gloire de Dieu»; le jeune prêtre fut fasciné par les idées de Thérèse, au point de devenir un grand défenseur du projet.

Ils travaillèrent ensemble quelques mois, partageant les idéaux et les propositions pour inaugurer le plus rapidement possible la première maison des carmes déchaux: l’ouverture eut lieu le 28 décembre 1568 à Duruelo, un lieu isolé de la province d’Avila. Avec Jean, trois autres compagnons formaient cette première communauté masculine réformée.

En renouvelant leur profession de foi selon la Règle primitive, tous les quatre adoptèrent un nouveau nom: Jean s’appela dès lors «de la Croix», nom sous lequel il sera universellement connu. A la fin de 1572, à la demande de sainte Thérèse, il devint confesseur et vicaire du monastère de l’Incarnation d’Avila, où la sainte était prieure.

Ce furent des années d’étroite collaboration et d’amitié spirituelle, qui les enrichit tous deux. C’est à cette période que remontent aussi les plus importantes œuvres de Thérèse et les premiers écrits de Jean.

L’adhésion à la réforme du carmel ne fut pas facile et coûta également de graves souffrances à Jean. L’épisode le plus traumatisant fut, en 1577, son enlèvement et son incarcération dans le couvent des carmes de l’antique observance de Tolède, à la suite d’une accusation injuste. Le saint fut emprisonné pendant des mois, soumis à des privations et des contraintes physiques et morales.

En ce lieu, il composa, avec d’autres poésies, le célèbre Cantique spirituel. Finalement, dans la nuit du 16 au 17 août 1578, il réussit à fuir de façon aventureuse, se réfugiant dans le monastère des carmélites déchaussées de la ville.

Sainte Thérèse et ses compagnons réformés célébrèrent avec une immense joie sa libération et, après une brève période pour retrouver ses forces, Jean fut destiné à l’Andalousie, où il passa dix ans dans divers couvents, en particulier à Grenade. Il assuma des charges toujours plus importantes dans l’ordre, jusqu’à devenir vicaire provincial, et il compléta la rédaction de ses traités spirituels.

Il revint ensuite dans sa terre natale, comme membre du gouvernement général de la famille religieuse thérésienne, qui jouissait désormais d’une pleine autonomie juridique. Il habita au carmel de Ségovie, exerçant la charge de supérieur de cette communauté. En 1591, il fut relevé de toute responsabilité et destiné à la nouvelle province religieuse du Mexique.

Alors qu’il se préparait pour ce long voyage avec dix autres compagnons, il se retira dans un couvent solitaire près de Jaén, où il tomba gravement malade. Jean affronta avec une sérénité et une patience exemplaires d’immenses souffrances.

Il mourut dans la nuit du 13 au 14 décembre 1591, alors que ses confrères récitaient l’office de matines. Il les quitta en disant: «Aujourd’hui je vais chanter l’Office au ciel». Sa dépouille mortelle fut transférée à Ségovie. Il fut béatifié par Clément X en 1675 et canonisé par Benoît XIII en 1726.

Jean est considéré comme l’un des plus importants poètes lyriques de la littérature espagnole. Ses plus grandes œuvres sont au nombre de quatre: «La montée du Mont Carmel», «La nuit obscure», «Les cantiques spirituels» et «La vive flamme d’amour».

Dans les Cantiques spirituels, saint Jean présente le chemin de purification de l’âme, c’est-à-dire la possession progressive et joyeuse de Dieu, jusqu’à ce que l’âme parvienne à sentir qu’elle aime Dieu avec le même amour dont Il l’aime.

La vive flamme d’amour poursuit dans cette perspective, en décrivant plus en détail l’état de l’union transformante avec Dieu. Le parallèle utilisé par Jean est toujours celui du feu: de même que le feu, plus il brûle et consume le bois, plus il devient incandescent jusqu’à devenir flamme, ainsi l’Esprit Saint, qui au cours de la nuit obscure purifie et «nettoie» l’âme, avec le temps l’illumine et la réchauffe comme si elle était une flamme. La vie de l’âme est une incessante fête de l’Esprit Saint, qui laisse entrevoir la gloire de l’union avec Dieu dans l’éternité.

La montée du Mont Carmel présente l’itinéraire spirituel du point de vue de la purification progressive de l’âme, nécessaire pour gravir le sommet de la perfection chrétienne, symbolisée par le sommet du Mont Carmel. Cette purification est proposée comme un chemin que l’homme entreprend, en collaborant avec l’action divine, pour libérer l’âme de tout attachement ou lien d’affection contraire à la volonté de Dieu.

La purification, qui pour parvenir à l’union d’amour avec Dieu doit être totale, commence par celle de la vie des sens et se poursuit par celle que l’on obtient au moyen des trois vertus théologales: foi, espérance et charité, qui purifient l’intention, la mémoire et la volonté.

La nuit obscure décrit l’aspect «passif», c’est-à-dire l’intervention de Dieu dans ce processus de «purification» de l’âme. L’effort humain, en effet, est incapable tout seul d’arriver jusqu’aux racines profondes des inclinations et des mauvaises habitudes de la personne: il peut seulement les freiner, mais non les déraciner complètement.

Pour cela, l’action spéciale de Dieu est nécessaire, qui purifie radicalement l’esprit et le dispose à l’union d’amour avec Lui. Saint Jean qualifie de «passive» cette purification, précisément parce que, bien qu’acceptée par l’âme, elle est réalisée par l’action mystérieuse de l’Esprit Saint qui, comme la flamme du feu, consume toute impureté. Dans cet état, l’âme est soumise à tous types d’épreuves, comme si elle se trouvait dans une nuit obscure.

Ces indications sur les œuvres principales du saint nous aident à nous familiariser avec les points principaux de sa vaste et profonde doctrine mystique, dont l’objectif est de décrire un chemin sûr pour parvenir à la sainteté, l’état de perfection auquel Dieu nous appelle tous. Selon Jean de la Croix, tout ce qui existe, créé par Dieu, est bon.

A travers les créatures, nous pouvons parvenir à la découverte de Celui qui a laissé en elles une trace de lui. La foi, quoi qu’il en soit, est l’unique source donnée à l’homme pour connaître Dieu tel qu’il est en soi, comme Dieu Un et Trine. Tout ce que Dieu voulait communiquer à l’homme, il l’a dit en Jésus Christ, sa Parole faite chair. Jésus Christ est le chemin unique et définitif vers le Père (cf. Jn 14, 6).

Toute chose créée n’est rien par rapport à Dieu et ne vaut rien en dehors de Lui: par conséquent, pour atteindre l’amour parfait de Dieu, tout autre amour doit se conformer dans le Christ à l’amour divin. C’est de là que découle l’insistance de saint Jean de la Croix sur la nécessité de la purification et de la libération intérieure pour se transformer en Dieu, qui est l’objectif unique de la perfection.

Cette «purification» ne consiste pas dans la simple absence physique des choses ou de leur utilisation; ce qui rend l’âme pure et libre, en revanche, est d’éliminer toute dépendance désordonnée aux choses. Tout doit être placé en Dieu comme centre et fin de la vie.

Le processus long et fatigant de purification exige certainement un effort personnel, mais le véritable protagoniste est Dieu: tout ce que l’homme peut faire est d’«être disposé», être ouvert à l’action divine et ne pas lui opposer d’obstacle. En vivant les vertus théologales, l’homme s’élève et donne une valeur à son engagement.

Le rythme de croissance de la foi, de l’espérance et de la charité va de pair avec l’œuvre de purification et avec l’union progressive avec Dieu jusqu’à se transformer en Lui. Lorsque l’on parvient à cet objectif, l’âme est plongée dans la vie trinitaire elle-même, de sorte que saint Jean affirme qu’elle parvient à aimer Dieu avec le même amour que celui avec lequel il l’aime, car il l’aime dans l’Esprit Saint.

Voilà pourquoi le Docteur mystique soutient qu’il n’existe pas de véritable union d’amour avec Dieu si elle ne culmine pas dans l’union trinitaire. Dans cet état suprême, l’âme sainte connaît tout en Dieu et ne doit plus passer à travers les créatures pour arriver à Lui. L’âme se sent désormais inondée par l’amour divin et se réjouit entièrement en lui.

Chers frères et sœurs, à la fin demeure la question: ce saint, avec sa mystique élevée, avec ce chemin difficile vers le sommet de la perfection, a-t-il quelque chose à nous dire à nous également, au chrétien normal qui vit dans les circonstances de cette vie actuelle, ou est-il un exemple, un modèle uniquement pour quelques âmes élues, qui peuvent réellement entreprendre ce chemin de la purification, de l’ascèse mystique?

Pour trouver la réponse, nous devons avant tout tenir compte du fait que la vie de saint Jean de la Croix n’a pas été un «envol sur les nuages mystiques», mais a été une vie très dure, très pratique et concrète, tant comme réformateur de l’ordre, où il rencontra de nombreuses oppositions, que comme supérieur provincial, ou dans les prisons de ses confrères, où il était exposé à des insultes incroyables et à de mauvais traitements physiques.

Cela a été une vie dure, mais précisément au cours des mois passés en prison, il a écrit l’une de ses œuvres les plus belles. Et ainsi, nous pouvons comprendre que le chemin avec le Christ, aller avec le Christ, «le Chemin», n’est pas un poids ajouté au fardeau déjà assez difficile de notre vie, ce n’est pas quelque chose qui rendrait encore plus lourd ce fardeau, mais il s’agit d’une chose totalement différente, c’est une lumière, une force, qui nous aide à porter ce fardeau.

Si un homme porte en lui un grand amour, cet amour lui donne presque des ailes, et il supporte plus facilement toutes les épreuves de la vie, car il porte en lui cette grande lumière; telle est la foi: être aimé par Dieu et se laisser aimer par Dieu en Jésus Christ. Se laisser aimer est la lumière qui nous aide à porter le fardeau de chaque jour.

Et la sainteté n’est pas notre œuvre, très difficile, mais elle est précisément cette «ouverture»: ouvrir les fenêtres de notre âme pour que la lumière de Dieu puisse entrer, ne pas oublier Dieu car c’est précisément dans l’ouverture à sa lumière que se trouve la force, la joie des rachetés. Prions le Seigneur afin qu’il nous aide à trouver cette sainteté, à nous laisser aimer par Dieu, qui est notre vocation à tous et la véritable rédemption. Merci.

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Recueillant le message de saint Jean de la Croix, je vous invite à approfondir votre vie chrétienne et à expérimenter les vertus théologales, source d’une vraie transformation de vos vies et d’une progressive union avec Dieu. Avec ma Bénédiction!

© Copyright 2011 – Libreria Editrice Vaticana

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse