Selon Saint Thomas More, dont nous faisons mémoire aujourd’hui, l’Évangile, moins contraignant mais plus exigeant que la loi de Moïse, est un défi que les saints ont relevé.
La Vierge Marie en a été le témoin parfait, avant même d’être la Mère de Dieu. Sa question « Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais point d’homme ? » (Luc 1,34) manifeste deux attitudes exemplaires : une foi prudente qui cherche à comprendre, et un propos de virginité qui la rend totalement disponible à l’action de l’Esprit.
« Dieu dans sa bonté est venu en personne sur terre; la seconde personne de la Trinité s’est incarnée et a pris chair dans les chastes entrailles de notre bénie Dame; étant dès son ventre saint vraie chair, vraie âme et vrai Dieu, en l’unique et parfaite personne de notre Sauveur le Christ, tout ensemble Dieu et homme. » Thomas More
Né le 19 juin 1623, Blaise Pascal a marqué l’histoire par son immense génie qui a éclairé les époques suivantes. Mathématicien, physicien, inventeur, philosophe, moraliste et théologien… «Un infatigable chercheur de vérité», écrit le Pape François aujourd’hui dans une lettre apostolique intitulée Sublimitas et miseria hominis(Grandeur et misère de l’homme).
Jésuite, le Pape rend néanmoins publiquement hommage au grand pourfendeur de la Compagnie de Jésus au XVIIe siècle, en particulier par Les Provinciales. Comme son prédécesseur, Benoît XVI, il est marqué par Pascal, dont il admire la liberté, l’intelligence et la foi vive.
Ce 19 juin, nous célébrons donc le 400e anniversaire de la naissance de Blaise Pascal. Face à une une époque marquée par le relativisme, il nous rappelle que, dans la recherche de la vérité, nous ne pouvons exclure d’un revers de main la question de la transcendance.
« Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. » La formule de Pascal est connue. Elle résume bien le relativisme lié à notre milieu, à notre culture, sans aller plus loin… Pascal se méfie aussi de l’imagination, cette « maîtresse d’erreur et de fausseté ». Et nous prenons fréquemment pour la réalité nos désirs, nos fantasmes ou nos craintes.
« Naturellement l’homme ne peut tout voir. » Pascal; nous invitant à l’humilité, dit que la philosophie et la science ne répondent pas à nos interrogations les plus profondes (la mort, l’éternité). Il existe un ordre de connaissance échappant au seul « roseau pensant » qu’est l’homme, et notre raison, « qui voudrait juger de tout », si puissante qu’elle soit, est limitée. Elle ne comprend, ni ne connaît tout.
Quelle vue Pascal porte-t-il sur le « divertissement » ? Pour lui, nous avons besoin de nous divertir essentiellement de la misère de notre condition et de la mort qui nous attendent à la fin. Sinon nous tomberions dans la dépression et le désespoir.
Le divertissement est « tout ce que les hommes ont pu inventer pour se rendre heureux. Et ceux qui croient que le monde est bien peu raisonnable » de se divertir «ne connaissent guère notre nature.» Mais la vie terrestre n’est pas une impasse, plus élevé que les plaisirs sans lendemain existe un bonheur sans fin.
Mais « la vérité hors de la charité n’est pas Dieu », d’où aussi son engagement concret dans son époque. Ainsi ce n’est pas uniquement par la défense intellectuelle du christianisme que Pascal fut un vrai chrétien : lorsqu’il meurt à 39 ans en 1662, il a un profond souci du bien commun et se préoccupe surtout du service des pauvres.
« Montrer que la religion n’est point contraire à la raison (…). Vénérable parce qu’elle a bien connu l’homme. Aimable parce qu’elle promet le vrai bien. Pascal nous ramène aux questions transcendantes et on les retrouve bien souvent aujourd’hui : « la vérité … ne demeure pas en terre, qu’elle est domestique du ciel, qu’elle loge dans le sein de Dieu et que l’on ne la peut connaître qu’à mesure qu’il lui plaît de la révéler ».
Certes, on a déjà célébré l’institution eucharistique le Jeudi-Saint. Mais il y a aussi une logique du cœur, qui ne regarde pas aux répétitions ni à la surabondance : « Il surpasse toutes louanges; tu n’en feras jamais assez » (Séquence Lauda Sion).
D’ailleurs, la piété populaire en a déplacé l’accent. Les textes de la messe chantaient primitivement le Pain de Vie. Les chrétiens y célébrèrent la « Fête-Dieu », la présence de Dieu au milieu de nous en l’hostie consacrée. La cérémonie exprimant le mieux cette foi et cette joie, c’était la procession du Saint-Sacrement, au milieu des fleurs et des chants.
On aurait bien tort de s’en moquer à présent. Quoi de plus biblique et humain tout à la fois, que ce Dieu accompagnant son peuple, que ce triomphe analogue à celui des Rameaux ? Et que d’âmes ont trouvé et trouveront réconfort dans leur foi en la présence, réelle encore que sacramentelle, du Ressuscité en l’hostie du tabernacle !
Il est vrai que nos grandes villes ne prêtent plus à ces processions, et que l’on ne prend peut-être plus assez le temps de ces « visites » au Saint-Sacrement, Mais on communie davantage. Par là, c’est nous qui, plus assimilés au Christ, sommes appelés à perpétuer, où que nous allions ensuite, la présence aimante et aussi effective que possible du Christ au milieu des hommes.
D’après Dom Claude Jean-Nesmy
Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse