retour sur la Crèche

Quand saint François d’Assise en 1223 a eu cette idée de figurer la naissance du Christ dans ce qui allait devenir nos crèches, ce n’était pas du tout pour nous attendrir avec de beaux sentiments, avec un Enfant Jésus joufflu et rose.
« Je voudrais représenter, écrivait-il au Seigneur de Greccio, la naissance du Christ exactement comme elle a eu lieu à Bethléem, pour que les gens voient de leurs propres yeux les épreuves qu’il a subies enfant, comment il était couché sur la paille dans une mangeoire avec le bœuf et l’âne à ses côtés. »
Dans le monde de la Renaissance du XIIIe siècle, avec ses nouvelles fresques, ses nouveaux biens de consommation, François a révélé la beauté de Dieu par une nouvelle image de la pauvreté.
Dans le même sens, Noël nous découvre aussi un Dieu qui se fait petit, un Dieu fragile qui accepte de dépendre de nous, en n’occupant que la place que nous lui laissons.
Ce Dieu de la crèche n’a pas eu peur. Il n’a pas craint d’être relégué dans une grotte froide au milieu des bœufs et des ânes parce qu’il nous a fait confiance, parce qu’il est patient avec nous.
Quand on regarde la grande Généalogie qui ouvre l’évangile selon saint Matthieu, que découvre-t-on parmi les ancêtres de l’enfant de la crèche ? Des étrangères, des prostituées, des assassins, des idolâtres, de parfaits inconnus et curieusement très peu de figures recommandables.
Eh bien, c’est à l’intérieur de cette lignée, particulièrement et charnellement criminelle, remarquait Charles Péguy ( la Crèche), que Dieu a décidé de s’inscrire.
Le Christ Lumière n’a donc jamais eu peur de nos ténèbres parce qu’il savait, parce qu’il sait que sa miséricorde est plus grande que notre péché. Il connaît notre humanité, il sait nos fragilités, mais il veut nous rejoindre là où nous sommes.
C’est cela Noël : un Dieu qui veut naître en nous-mêmes même si nous n’avons pour le moment qu’une grotte froide, à la propreté toute relative, à lui offrir. Cela lui suffit !
fr. Thibaut du Pontavice, op
Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse