Voici le discours de Benoît XVI pour le XXIIIe Congrès international de mariologie, même s’il s’adresse à des théologiens et à des experts, il comporte des éléments qui ne peuvent que nous intéresser dans notre compréhension de la Sainte Mère de Dieu. Le Pape revient notamment sur la place de la Vierge Marie dans les textes du Concile Vatican II. Le pape a rencontré les participants de ce Congrès, dans la cour du palais apostolique de Castelgandolfo, le 8 septembre 2012, jour de la Nativité de la Sainte Vierge.
Discours de Benoît XVI
Chers frères et sœurs,
C’est avec grande joie que je vous accueille tous ici à Castelgandolfo, presqu’à la conclusion du XXIIIe Congrès international de mariologie. Vous avez réfléchi, très à propos, sur le thème: «La mariologie à partir du Concile Vatican II. Réception, bilan et perspective», étant donné que nous nous apprêtons à rappeler et célébrer le 50e anniversaire de l’ouverture de la grande Assise, le 11 octobre 1962.
[…]
Le bienheureux Jean XXIII a voulu que le Concile œcuménique Vatican II s’ouvre le 11 octobre, jour où, en 431, le Concile d’Ephèse avait proclamé Marie «Theotokos», Mère de Dieu. Dans ce contexte il avait commencé son discours avec des paroles significatives et programmatiques: «L’Eglise Mère se réjouit car, par un don spécial de la divine Providence, s’est désormais levé le jour tant désiré où, sous les auspices de la Vierge Mère de Dieu, dont on célèbre aujourd’hui avec joie la dignité maternelle, ici, près du tombeau de saint Pierre, commence solennellement le Concile Vatican II».
Comme vous le savez, le 11 octobre prochain, pour rappeler cet évènement extraordinaire, s’ouvrira solennellement l’Année de la foi, que j’ai voulu fixer avec le Motu proprio Porta fidei, dans lequel, en présentant Marie comme modèle exemplaire de foi, j’invoque sa protection et son intercession spéciale sur le chemin de l’Eglise, Lui confiant de temps de grâce, à Elle, bienheureuse parce qu’elle a cru. Aujourd’hui aussi, chers frères et sœurs, l’Eglise se réjouit dans la célébration liturgique de la nativité de la bienheureuse Vierge Marie, la Toute sainte, aurore de notre salut.
Le sens de cette fête mariale nous est rappelé par saint André de Crête, qui a vécu entre le VIIe et le VIIIe siècle, dans l’une de ses fameuses homélies pour la Fête de la Nativité de Marie, où l’évènement est présenté comme un élément précieux de la mosaïque extraordinaire qui est le dessein divin de salut dans l’humanité : «Le mystère de Dieu qui devient homme, la divinisation de l’homme assumé par le Verbe, représentent la somme des biens que le Christ nous a donnés, la révélation du plan divin et la défaite de toute autosuffisance humaine présomptueuse.
La venue de Dieu parmi les hommes, comme lumière resplendissante et réalité divine claire et visible, est le grand don merveilleux du salut qui nous est prodigué. La célébration d’aujourd’hui honore la nativité de la Mère de Dieu. Mais la véritable signification et la fin de cet évènement est l’incarnation du Verbe. En effet Marie nait, est allaitée et grandit pour être la Mère du Roi des siècles, de Dieu» (Discours I). Ce témoignage important et ancien nous porte au cœur de la thématique sur laquelle vous réfléchissez et que le Concile Vatican II a voulu souligner déjà dans le titre du chapitre VIII de la Constitution dogmatique sur l’Eglise, Lumen gentium: «La bienheureuse Vierge Marie, mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l’Église». Il s’agit du lien intime entre les mystères de la foi chrétienne, que le Concile a indiqué comme horizon pour comprendre chaque élément individuel et les diverses affirmations du patrimoine de la foi catholique.
Au Concile, auquel j’ai participé en tant qu’expert, comme jeune théologien, j’ai eu l’occasion de voir les diverses façons d’aborder les thématiques autour de la figure et du rôle de la bienheureuse Vierge Marie dans l’histoire du salut. Dans la seconde session du Concile un groupe nombreux de Pères ont demandé que l’on traite de la Vierge au sein de la Constitution sur l’Eglise. […]
Avec le vote du 29 octobre 1963 il a été décidé d’opter pour la proposition et le schéma de la Constitution dogmatique sur l’Eglise fut enrichi avec le chapitre sur la Mère de Dieu, dans lequel la figure de Marie, relue et représentée à partir de la Parole de Dieu, des textes de la tradition patristique et liturgique et d’une ample réflexion théologique et spirituelle, apparaît dans toute sa beauté et sa singularité et étroitement liée aux mystères fondamentaux de la foi chrétienne. Marie, dont est soulignée avant tout la foi, est comprise dans le mystère d’amour et de communion de la Très Sainte Trinité; sa coopération au plan divin du salut et à l’unique médiation du Christ est clairement affirmée et mise dans son juste relief, en faisant ainsi un modèle et un point de référence pour l’Eglise, qui se reconnaît elle-même en Elle, y voyant sa vocation et sa mission.
La piété populaire, qui a toujours été tournée vers Marie, est finalement nourrie par des références bibliques et patristiques. Le texte conciliaire n’a pas épuisé toutes les problématiques relatives à la figure de la Mère de Dieu, mais il constitue l’horizon herméneutique essentiel pour toute réflexion ultérieure, qu’elle soit de caractère théologique, ou de caractère plus purement spirituel et pastoral. Il représente, en outre, un précieux point d’équilibre, toujours nécessaire, entre la rationalité théologique et l’affectivité croyante. La figure singulière de la Mère de Dieu doit être cultivée et approfondie par des perspectives diverses et complémentaires: alors que la voie de la vérité reste toujours valide et nécessaire, on ne peut pas ne pas parcourir aussi la voie de la beauté et la voie de l’amour pour découvrir et contempler encore plus profondément la foi cristalline et solide de Marie, son amour pour Dieu, son espérance inébranlable.
C’est pour cela que, dans l’Exhortation apostolique Verbum Domini [Parole de Dieu], j’ai adressé une invitation à poursuivre sur la ligne dictée par le Concile, invitation que j’adresse cordialement à vous, chers amis et experts. Offrez votre contribution compétente de réflexion et de proposition pastorale, afin que l’imminente Année de la Foi puisse représenter pour tous les croyants en Christ un vrai moment de grâce, où la foi de Marie nous précède et nous accompagne comme un phare lumineux et comme modèle de plénitude et de maturité chrétienne vers lequel regarder avec confiance et dans lequel puiser enthousiasme et joie pour vivre avec toujours plus d’engagement et de cohérence notre vocation de fils de Dieu, frères en Christ, membres vivants de son Corps qui est l’Eglise.
Je vous confie tous, ainsi que votre engagement de recherche, à la protection maternelle de Marie et je vous accorde une Bénédiction Apostolique particulière. Merci.
Vierge au manteau Louis Bréa retable de Biot pays niçois
Le Pape Benoît XVI, dans l’homélie de la Messe de la Solennité de la Mère de Dieu, le 1er janvier 2007, à propos de cette maternité singulière de Marie, a déclaré : « Mère du Christ, Marie est aussi Mère de l’Église, ainsi que mon prédécesseur, le Serviteur de Dieu Paul VI, voulut le proclamer le 21 novembre 1964, au cours du Concile Vatican II. Marie est, enfin, la Mère spirituelle de l’humanité tout entière, car c’est pour tous les hommes que Jésus a donné son sang sur la croix, et c’est tous les hommes que, depuis la croix, il a confiés à ses soins maternels ».
Le 21 novembre 1964 en effet, au terme de la 3e Session du Concile Vatican Il, le Pape Paul VI a proclamé Marie, «Mère de l’Église» :
« A la gloire de la Vierge et pour notre réconfort à tous, Nous proclamons Marie, très sainte Mère de l’Église, c’est-à-dire de tout le Peuple de Dieu, aussi bien des fidèles que des Pasteurs, qui l’appellent Mère très aimante, et Nous voulons que dorénavant et sous ce titre, la Vierge Marie soit encore plus honorée et invoquée par tout le peuple chrétien ».
L’étude de ce nouveau titre de gloire de Marie va nous permettre d’approfondir quelques nouveaux aspects du Mystère de Marie en le replaçant dans le contexte de l’ensemble du Mystère chrétien :
Le Mystère de l’Église ; Marie, « Mère de l’Église » ; l’Église et Marie.
I. LE MYSTÈRE DE L’ÉGLISE
Un autre passage du même discours de Paul VI servira de point de départ à notre méditation sur l’Église :
« La réalité de l’Église ne s’épuise pas dans sa structure hiérarchique, sa liturgie, ses sacrements, ses ordonnances juridiques. Son essence profonde, la source première de son efficacité sanctificatrice sont à rechercher dans son union mystique avec le (Christ : union que nous ne pouvons penser disjointe de celle qui est la Mère du Verbe incarné ».
Ces paroles nous renvoient à la doctrine fondamentale de l’Église, « corps du Christ », «épouse du Christ».
« Le Christ est «’l’image du Dieu invisible », Premier-né de toute créature, car c’est en Lui qu’ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre… tout a été créé par ‘Lui et pour Lui. Il est avant toutes choses et tout subsiste en Lui. Et il est aussi la Tête du corps, c’est-à-dire de l’Église » (Col. 1, 15-18).
Dans ce « corps », nous, les baptisés, nous formons les membres. Or « tous les membres » doivent se conformer au Christ jusqu’à ce qu’Il soit formé en eux (Cf. Galates 4, 19). C’est pourquoi nous sommes assumés dans les mystères de sa vie, configurés à Lui, associés à sa mort et à sa résurrection, en attendant de l’être à son règne (Cf. Philippiens 3, 21 ; 2 Timothée 2, 11 ; Éphésiens 2, 6 ; Col. 2, 12 et Lumen Gentium, N° 7).
Essayons d’aller jusqu’au bout de cette doctrine fondée sur cette image du « corps». Le Christ, Verbe de Dieu, en s’incarnant et en devenant l’un d’entre nous, hormis le péché, conçu de l’Esprit-Saint en la Vierge Marie, a uni en LUI, non seulement une âme et un corps d’homme, c’est-à-dire la nature humaine, mais son incarnation elle-même a établi un lien à jamais entre Lui et l’humanité tout entière. Ce lien est comparé par saint Paul à celui qui unit l’âme et le corps, ou encore la tête et les membres du corps dans un être humain. Notons en passant que la seconde analogie (tête, membres) fait mieux ressortir le rôle « capital » du Christ (de «Tête» et de «Chef») dans I’ Église et l’action de l’Esprit-Saint, âme incréée de l’Église.
L’image de l’Église « épouse » du Christ comporte le même réalisme, tout en manifestant l’amour réciproque qui unit le Christ à l’Église, qui sont ici distingués comme deux personnes distinctes, mais unies réellement, comme deux époux, « deux dans une seule chair » (Genèse 2, 24) :
L’Église, nous dit le Concile, s’appelle encore la Jérusalem d’en-haut et notre Mère (Gal. 4, 26 ; cf. Apocalypse 12, 17) : elle est décrite comme l’épouse immaculée de l’Agneau immolé (Apocalypse 19, 7 ; 21 ; 2 et 9 ; 22, 17) que le Christ a aimée, pour laquelle il s’est livré afin de la sanctifier (Éphésiens 5, 26), qu’il s’est associée par un pacte indissoluble, qu’il ne cesse de nourrir et d’entourer de soins (Éphésiens 5, 29) ; l’ayant purifiée, il a voulu qu’elle lui soit unie et qu’elle lui soit soumise dans l’amour et dans la fidélité (Éphésiens 5, 25) la comblant enfin et pour l’éternité de biens célestes » (Lumen Gentium, N° 6).
« Tout comme la nature (humaine) prise par le Verbe divin est à son service comme un organe vivant de salut qui lui est indissolublement uni, de même le tout social que constitue l’Église est au service de l’Esprit du Christ qui lui donne la vie, en vue de la croissance du corps » (Lumen Gentium, N° 8-9).
II. MARIE, « MÈRE DE L’ÉGLISE »
Ce titre est la conséquence logique de ce qui précède : s’il y a un lien comme physique entre le Christ et l’Église qui est son corps, s’ils forment comme un seul être : le « Christ total », selon l’expression de saint Augustin, la mère du Christ sera aussi la Mère des « membres », la Mère de l’Église.
C’est bien là ce que nous dit encore Paul VI :
« C’est dans sa dignité elle-même de Mère du Verbe incarné » que ce titre de « Mère de l’Église » appliqué à Marie, « trouve sa justification, car elle est la Mère de Celui qui, dès le premier instant de l’Incarnation en son sein virginal s’est uni comme Chef son corps mystique qui est l’Église. Marie, donc, en tant que Mère du Christ, est Mère aussi de tous les pasteurs et fidèles, c’est-à-dire de l’Église. » (Discours du 25 novembre 1964).
II faut bien entendre ces paroles.
Marie est la « Mère de Dieu » parce qu’elle est la Mère de Jésus qui est Dieu. Sa maternité ne se résume pas uniquement par le don physique de la vie. Elle est humano-divine parce que la personne de son fils Jésus, le « Fils de l’homme », est celle du Fils de Dieu.
Marie est en même temps « Mère de l’Église », du fait même qu’elle est la Mère de Dieu, mais pas de la même manière. Sa maternité ici est purement spirituelle, parce qu’elle s’origine et se constitue dans l’Esprit-Saint, en vertu du lien spirituel qui unit le Christ et l’Église qui est son corps, la Tète et les membres. Elle n’en est pas moins réelle.
En effet, ces deux titres de gloire : Mère de Dieu, Mère de l’Église, que nous distinguons mieux aujourd’hui, ont en réalité un même et unique fondement : le même don de l’Esprit-Saint à Marie au jour de l’Annonciation, qui lui fait concevoir le « corps » du Christ, dans les deux sens du terme : son corps tissé de sa chair et de son sang, son « corps, qui est l’Église ». Mère de Jésus, elle est par le fait même, la Mère de Dieu et la Mère de l’Église, que Jésus, en s’incarnant en Marie, s’est unie à Lui-même comme une épouse bien-aimée et dont il est la Tête, c’est-à-dire le Chef.
Cette venue de l’Esprit en Marie fonde ce lien indissoluble de Maternité qui la relie au Christ et à l’Église en un unique mystère indissoluble. Marie est vraiment la « nouvelle Ève », la « Mère des Vivants » ; et en premier lieu la mère du « Vivant », c’est-à-dire de Jésus qui donne la Vie. C’est par elle que la joie est venue dans le monde : la joie de la naissance de ce «petit enfant» annoncé par les prophètes et par l’ange Gabriel, la joie de la naissance de la «nouvelle créature», l’Église régénérée par l’eau et par l’Esprit-Saint. Comme le dit fort bien le P. Sertillanges, par le fiat de Marie, « fut inaugurée cette diffusion du divin dont l’Église est l’organe. Elle a donc à l’égard de l’Église un caractère de source, de principe ; elle en est vraiment la Mère, et ce qui nous fait voir en elle le côté humain du Salut, c’est précisément cette proximité spirituelle avec l’institution qui sauve. ».
III. L’ÉGLISE ET MARIE
Essayons maintenant de tirer les conséquences pratiques de ce qui est exposé ci-dessus.
D’abord, avec tous les chrétiens, nous pouvons et nous devons reconnaître Marie comme notre Mère, l’aimer comme des fils. Chacun peut lui dire à bon droit : « Ma Mère » ; en fait, c’est dans l’Église et par rapport à l’Église, que cette invocation prend tout son sens : Marie est ma Mère parce qu’elle est la Mère de Jésus qui est mon frère, parce qu’elle est la Mère de l’Église. Ainsi, doit se mettre en place la « dévotion » filiale que nous devons avoir envers Marie : cette dévotion, tout en restant personnelle, est en premier lieu la reconnaissance du lien qui nous unit au Christ par Marie dans l’Église.
En second lieu, nous ne pouvons oublier que c’est par sa foi et par son obéissance qu’elle a mérité de devenir la Mère de Jésus et notre Mère : en Marie nous retrouvons donc la réalisation parfaite et personnelle de l’Église, c’est-à-dire le modèle le plus achevé de ce que nous devons être dans l’ordre de la foi, de l’espérance et de la charité, ces vertus théologales qui nous associent personnellement et communautairement à la vie même de Dieu, dans une parfaite union au Christ dans l’Esprit-saint : « En contemplant Marie dans la lumière du Verbe fait homme, nous dit Vatican Il, l’Église pénètre avec respect et plus avant dans le Mystère suprême de d’Incarnation et devient sans cesse plus conforme à son Époux (Lumen Gentium, N° 65). En imitant la charité de Marie, en accomplissant fidèlement la volonté du Père, l’Église, grâce au Verbe de Dieu qu’elle reçoit dans la foi, devient à son tour une Mère : par la prédication en effet et par le baptême, elle engendre à une vie nouvelle des fils conçus de l’Esprit-Saint et nés de Dieu » (Lumen Gentium N° 64). « C’est pourquoi, dans l’exercice de son apostolat, l’Église regarde, à juste titre, vers celle qui engendra le Christ, conçu de l’Esprit-Saint et de la Vierge, pour faire naître et grandir ce Christ dans le cœur des fidèles » (Ibid. N° 65).
Avec Marie, nous sommes donc associés à la naissance et à la croissance de l’Église. Elle nous donne la mesure des sentiments qui doivent animer toute vie apostolique : « La Vierge a été, dans sa vie, l’exemple de cet amour maternel dont doivent être animés tous ceux qui coopèrent à la mission apostolique de l’Église et qui coopèrent à la nouvelle naissance des hommes » (Ibid., N° 66).
Enfin, Marie, « ressuscitée » en corps et en âme, réunie à son Fils dans la gloire et jouissant auprès de Lui de la récompense promise à ceux qui l’aiment, devance en quelque sorte l’Église et fonde son espérance dans la réalisation des promesses de la vie éternelle. Arrivée au terme, « elle veille sur le Peuple de Dieu encore en pèlerinage et sur les frères de son Fils qui se trouvent encore engagés dans les périls et les épreuves jusqu’à ce qu’ils parviennent à la Patrie bienheureuse » (N° 62). C’est sur ce fondement que repose notre prière de demande à Marie, notre Mère et la Mère de Dieu, car jusqu’à la fin des temps, nous savons qu’unie à Jésus, elle joint son intercession à l’intercession toute puissante de son Fils pour ses fils de la terre, pèlerins et « pauvres pécheurs ».
Sur le rapport filial du disciple bien-aimé – et de chaque vrai chrétien – avec Jésus et Marie, Origène, dans son commentaire sur l’Évangile de Jean, écrit une page inoubliable :
« Les prémisses de toutes les Écritures sont les Évangiles ; mais la prémisse des Évangiles est celui de Jean. Personne ne peut en comprendre le sens, s’il n’a pas reposé sa tête sur la poitrine de Jésus et n’a pas reçu de Jésus, Marie, devenue aussi sa Mère. C’est ainsi que devra être celui qui voudra être un autre Jean que – comme à propos de Jean – Jésus puisse dire de lui qu’il est Jésus. Si en effet personne d’autre n’est enfant de Marie en dehors de Jésus, et si Jésus dit à la Mère : « Voici ton fils », c’est comme s’il disait : « Voici, celui-ci est Jésus que tu as engendré ». Parce que tout être humain parfait ne vit plus, mais c’est le Christ qui vit en lui; et si le Christ vit en lui, il dit à Marie à son sujet: «Voici le Christ ton fils».
POUR TOUT RÉSUMER ET EN CONCLUSION : Marie est à la fois la très digne Mère de Dieu, la Mère de l’Église et notre Mère.
Dès lors, une meilleure connaissance de Marie doit nous aider à mieux connaître la réalité profonde de l’Église, épouse et corps du Christ ; réciproquement aussi, une meilleure connaissance de la réalité de l’Église dans le Mystère du Christ devrait nous aider à mieux comprendre Marie et son rôle maternel et virginal.
Il faut donc replacer Marie dans le Mystère du Christ qui est, avant tout, un mystère d’union : unis au Christ, nous le sommes aussi avec Marie, avec l’Église, avec tous les hommes dans la communion de cette Vie du Père, communiquée par le Fils dans l’Esprit.
Dès lors aussi, il nous faut prendre davantage conscience de la dimension ecclésiale et mariale de notre vie théologale (foi, espérance et charité) et de tout apostolat dans l’Église animée de Jésus.
Il n’y a, peut-on dire, qu’un seul amour : cet amour « qui a été mis dans nos cœurs par l’Esprit-Saint et qui fait dire à Dieu avec le Christ : Abba, Père ! » et qui nous lie aussi à Marie et à l’Église, comme des Fils et, les uns avec les autres, comme des frères.
Commençons par un extrait de l’homélie du pape Benoît XVI lors de la solennité de l’Assomption de la Vierge Marie.
(Paroisse pontificale Saint-Thomas de Villanova, Castel Gandolfo, samedi 15 août 2009)
« La solennité d’aujourd’hui couronne le cycle des grandes célébrations liturgiques au cours desquelles nous sommes appelés à contempler le rôle de la bienheureuse Vierge Marie dans l’Histoire du salut. En effet, l’Immaculée Conception, l’Annonciation, la Maternité divine et l’Assomption sont des étapes fondamentales, intimement liées entre elles, à travers lesquelles l’Eglise exalte et chante le destin glorieux de la Mère de Dieu, mais dans lesquelles nous pouvons également lire notre histoire. Le mystère de la conception de Marie rappelle la première page de l’histoire humaine, en nous indiquant que, dans le dessein divin de la création, l’homme aurait dû posséder la pureté et la beauté de l’Immaculée. Ce dessein, compromis mais non détruit par le péché, à travers l’incarnation du Fils de Dieu, annoncée et réalisée en Marie, a été recomposé et restitué à la libre acceptation de l’homme dans la foi. Enfin, dans l’Assomption de Marie, nous contemplons ce que nous sommes appelés à atteindre à la suite du Christ Seigneur et dans l’obéissance à sa Parole, au terme de notre chemin sur la terre. La dernière étape du pèlerinage terrestre de la Mère de Dieu nous invite à considérer la façon dont Elle a parcouru son chemin vers l’objectif de l’éternité glorieuse. »
Le 1er novembre 1950, Pie XII, sur la place Saint-Pierre, en présence d’une très grande foule de fidèles et de six cents évêques venus du monde entier, a proclamé solennellement le dogme de l’Assomption de Marie, participation singulière à la Résurrection du Christ, et anticipation de notre propre résurrection :
« Cette vérité doit être considérée par les chrétiens comme le gage de la réalité de notre association à tous à la victoire de notre divin chef sur le mal, et l’affirmation que nous partageons sa gloire dans la mesure où nous aurons été associés, par la foi et l’amour, à son oeuvre rédemptrice » (Louis Bouyer).
1. La définition dogmatique
L’Assomption de Notre-Dame fut donc solennellement définie le 1er novembre 1950, lorsque le Pape Pie XII lut la conclusion de la Bulle « Munificentissimus Deus » : « Par l’autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, des Bienheureux Apôtres Pierre et Paul, et par notre autorité, Nous prononçons, déclarons et définissons comme dogme divinement révélé que Marie, l’Immaculée Mère de Dieu, toujours Vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la gloire céleste ».
1. Quelle est la portée exacte de cette définition ?
a) « C’est un dogme divinement révélé ».
Avant cette date, des discussions s’étaient élevées sur ce sujet. L’autorité infaillible s’est prononcée. Elle déclare qu’on ne peut plus considérer la croyance de l’Assomption comme une « pieuse opinion », mais qu’on doit l’admettre comme une vérité de foi.
b) « après avoir achevé le cours de sa vie terrestre ».
Cette expression a été délibérément choisie pour éviter l’affirmation de la mort de la Sainte Vierge.
Est-elle morte vraiment ?
La Bulle affirme la fin de sa vie terrestre sans préciser quoi que ce soit sur la manière dont Marie a quitté cette terre. Ce point demeure un sujet de libre discussion.
c) « Marie, l’Immaculée Mère de Dieu, toujours Vierge, a été élevée en corps et en âme à la gloire céleste ».
Ces termes suggèrent qu’il y a un fondement de l’Assomption dans l’Immaculée conception, la maternité divine et la virginité perpétuelle, mais n’affirment pas que ces qualités de la Vierge constituent des titres à l’Assomption.
La définition porte donc seulement sur le fait que Marie « a été élevée en corps et en âme à la gloire céleste ».
Le terme « élevée » marque la différence entre l’Ascension de Jésus et l’Assomption de Marie. Jésus monta au ciel par sa propre puissance, sa Mère y fut élevée par une action divine ; elle reçut la gloire céleste.
La formule de la définition évite aussi de dire que Marie a été élevée au ciel. Ce langage aurait l’inconvénient de suggérer un déplacement local. Il semblerait désigner le ciel comme un lieu situé au-dessus de la terre.
En déclarant de façon très précise que Marie a été élevée à la gloire céleste, le texte affirme un changement d’état : le passage de la vie terrestre à l’état de gloire céleste.
Cet état, la définition ne l’analyse pas ; elle précise seulement qu’il affecte le corps et l’âme de la Vierge, par conséquent sa personne entière.
2. Les fondements du dogme
a) l’Ecriture
Aucune tentative n’est faite par la Bulle pour torturer quelque texte biblique de façon à lui faire signifier explicitement le dogme de l’Assomption. L’Ecriture n’en offre aucun qui puisse démontrer cette vérité.
La Bulle « Munificentissimus » a invoqué le fait global que l’Écriture nous présente Marie étroitement unie à son Fils Jésus.
C’est une constatation qui résulte de l’Evangile de l’Enfance. La Bulle parle en effet de celle qui « a conçu le Christ, l’a enfanté, l’a nourri de son lait, tenu dans ses bras ».
Elle en tire la conséquence qu’une union aussi intime a dû se poursuivre par-delà la mort et que Marie doit être auprès de son Fils avec son corps et son âme.
L’Ecriture fournit donc une orientation de base qui sera développée par la Tradition et explicitée par le raisonnement théologique pour amener la foi des fidèles à croire que Marie a bénéficié d’un triomphe glorieux complet qui lui permet une parfaite union avec son Fils.
b) la Tradition
En effet, de très bonne heure, dès la fin du deuxième siècle, s’est posée pour les chrétiens le mystère de la mort de la Vierge Marie.
La piété mariale prenant progressivement de l’essor, a cherché à connaître la fin de la vie de Marie. Il y a eu des récits populaires, des apocryphes. Le peuple chrétien ne pouvait pas supposer que cet événement n’ait été marqué par quelques prodiges. L’Eglise honorait la mémoire des Apôtres, des martyrs ; elle célébrait le jour de leur mort sur la terre comme le jour de leur naissance à la vie éternelle. Pouvait-elle faire moins pour la Mère de Dieu ?
Entre toutes les fêtes mariales, la mémoire du trépas de Marie, appelée fête de la Dormition », puis « Assomption », a tenu le premier rang. Elle eut d’abord le sens de la naissance au ciel de Marie et comporta, ensuite, une orientation vers son Assomption corporelle.
c) la piété populaire
Au cours des siècles, les signes de la foi de l’Eglise se sont manifestés. Sous la direction de leurs pasteurs, les fidèles ont appris par l’Ecriture que la Vierge Marie, au cours de son pèlerinage sur terre, a mené une vie d’angoisse et de souffrances.
Ils ont admis sans peine qu’à l’image de son Fils, la Mère de Jésus quitta cette vie, mais cela ne les empêcha pas de croire que son corps très saint ne fut jamais soumis à la corruption du tombeau. Éclairés par la grâce divine et poussés par leur piété envers la Mère de Dieu, ils ont contemplé l’harmonie des privilèges que Dieu lui a accordés, privilèges si élevés qu’aucune autre créature, hormis l’humanité du Christ, n’atteignit jamais pareils sommets.
Cette croyance est attestée par d’innombrables églises consacrées à Dieu en l’honneur de l’Assomption de Notre-Dame. En outre, des villes, des diocèses, des régions furent placés sous la protection et le patronage spéciaux de Marie élevée au ciel.
d) l’universalité de la foi
Cependant, ce n’est pas précisément sur la continuité de la foi au cours des siècles, mais bien plutôt sur l’universalité de cette foi dans la communauté chrétienne, à l’époque contemporaine, que la Bulle Munificentissimus a fondé la preuve décisive du dogme de l’Assomption.ar une lettre encyclique du 1er mai 1946, Pie XII demandait aux évêques du monde entier s’ils estimaient qu’on pouvait définir l’assomption corporelle de Marie comme dogme de foi et si eux-mêmes le souhaitaient avec leur clergé et leurs fidèles. Les réponses furent quasi-unanimes dans le sens affirmatif.
A ce témoignage la Bulle attache la plus haute importance. L’accord universel du magistère ordinaire de l’Eglise fournit l’argument le plus solide pour prouver que l’Assomption corporelle de la Bienheureuse Vierge Marie est une vérité révélée ».
e) Une question ouverte : Marie est-elle morte ?
Dans la définition que nous venons de citer, nous pouvons remarquer que Pie XII n’a pas voulu répondre à la question : « Marie est-elle morte, ou bien est-elle passée de la vie de la terre à la vie du ciel sans solution (c’est-à-dire rupture) de continuité ? » Il affirme seulement qu’au terme de sa vie terrestre, Marie a été élevée « corps et âme » à la gloire céleste.
L’opinion théologique selon laquelle Marie aurait été transportée vivante directement au ciel n’a guère eu de partisans dans la tradition théologique. Ceux qui la soutiennent s’appuient sur le fait que la mort ne convenait pas, en raison de l’Immaculée Conception.
On remarque que la plupart des récits apocryphes concernant la fin de la vie de Marie décrivent avec force détails la mort et l’ensevelissement de la Vierge. Le mot employé est soit « transitus » (qui signifie : translation), soit « dormitio ».
Peut-être faut-il voir également une indication dans la formule employée par Pie XII dans le texte de la définition. Il s’exprime en effet de la façon suivante : « … les fidèles, sous la direction de leurs pasteurs… ont admis sans peine que l’admirable Mère de Dieu quitta cette vie à l’exemple de son Fils », ce qui tendrait à insinuer que, comme Jésus, Marie a connu la mort. Le Pape cite d’ailleurs nombre de textes où la mort de Marie est affirmée, et il n’en donne aucun où elle soit mise en doute.
Ce qui ressort de plus probable d’après ces éléments, c’est que Marie est morte. « Cette croyance ne s’impose pas à notre foi au nom d’une définition solennelle, mais au nom de l’accord constant et unanime du peuple chrétien et de ses pasteurs sur la fin terrestre de la Mère de Jésus ». Ceux qui soutiennent cette opinion s’appuient sur le fait que Jésus a voulu unir sa Mère à sa Rédemption, et la rendre ainsi le plus semblable à lui. S’il en a bien été ainsi, il faut affirmer que le corps de Marie n’a pas connu la corruption : dans l’instant même où elle est morte, elle a été glorifiée.
Quant à la question du lieu de la « dormition » de Marie, on ne peut y répondre avec certitude, même si des raisons très sérieuses font penser que ‘la ville d’Ephèse, évangélisée par saint Paul (sur la côte de la mer Egée), fut la dernière demeure de la Vierge sur notre terre.
Le problème de la mort de Marie apparaît en fait comme secondaire. L’essentiel réside dans le fait que Marie soit vraiment vivante avec son corps, quelle que soit la voie choisie par Dieu pour la faire accéder à cette Vie nouvelle auprès de son Fils, dans la Gloire.
II. — Dans la lumière de l’Assomption
L’Assomption inaugure la phase céleste et éternelle du mystère de Marie. Elle est le couronnement de l’œuvre de Dieu en son chef-d’œuvre qu’est la Vierge. C’est une joie pour nos cœurs d’enfants et une lumière pour nos âmes.
a) Reine avec son Fils
Comme l’Ascension est pour le Christ l’établissement de son pouvoir céleste et de sa royauté sur l’univers, l’Assomption marque pour Marie l’inauguration de sa puissance de Reine du monde.
Sans doute, sa maternité divine lui conférait la plus haute dignité qui put appartenir à une créature, mais cette dignité demeurait cachée.
Au ciel, elle se manifeste dans toute sa gloire. Et surtout ce pouvoir royal acquiert les moyens de s’exercer avec une parfaite connaissance et de la manière la plus efficace.
Par son Assomption, Marie est établie plus près du Christ. La Mère retrouve son Fils ; bien plus elle partage avec lui la gloire d’une manière parfaite en son âme et en son corps.
Reine et Mère glorifiée : ces deux titres lui confèrent une intimité incomparable avec le Christ avec une puissance unique de médiation et d’intercession.
En particulier, son état glorieux la rend plus apte à compatir à toute douleur terrestre et lui donne la puissance de secourir toute détresse.
b) plus proche des hommes
Parce qu’elle est plus proche du Christ, Marie se trouve en même temps plus proche des hommes.
Son départ de la terre ne l’a pas éloignée de nous ; sa situation céleste la rend capable d’une présence universelle et assidue à notre vie terrestre. Elle est présente à toute la chrétienté, présente à chacun d’une présence d’action, car elle agit constamment sur notre âme avec le Christ.
En lui, dans -la vision bienheureuse, elle connaît chacun de ses enfants d’une façon individuelle et personnelle, d’une connaissance maternelle plus intime que celle des autres saints.
Elle les avait aimés tous en son Fils d’un amour universel mais indistinct ; elle puise désormais dans le cœur de Dieu une tendresse infinie qu’elle répand sur chacun de ses enfants avec son cœur de Mère, son cœur de chair glorifiée.
C’est ainsi que l’Assomption se présente comme un bonheur avide de se répandre, comme l’allégresse qu’une Mère souhaite de partager avec ses enfants.
c) lumière sur notre destinée
Le Christ glorieux représente l’aboutissement de notre destinée. Par sa résurrection et son ascension, il en est la cause et le modèle.
La Vierge de l’Assomption représente le même idéal. Par une anticipation exceptionnelle, en elle s’est réalisée la plénitude du bonheur céleste tel qu’il appartiendra aux élus, mais seulement après la parousie. Son corps glorifié est, pour elle, une réalisation de la résurrection universelle des corps et, pour nous, une annonce de la nôtre.
Comme elle éclaire cet article de notre Credo : « Je crois à la résurrection de la chair ».
Marie est l’image de l’humanité parvenue au dernier terme de son existence, dans la condition définitive, éternelle qui succédera à l’histoire du monde.
Saint Paul l’a dit clairement : « de même que tous meurent en Adam, tous revivront dans le Christ. Mais chacun à son rang : en tête le Christ comme prémices, ensuite ceux qui seront au Christ lors de son avènement… Puis ce sera la fin… afin que Dieu soit tout en tous » (1 Corinthiens 15, 22. 23. 28).
L’Assomption de Notre-Dame atteste que la résurrection des corps n’est pas le privilège exclusif de la personne du Verbe Incarné, mais qu’elle sera le sort final de tous les rachetés.
L’Assomption réalise également la promotion féminine. Marie au ciel manifeste la mission que la femme doit assumer sur la terre dans le Royaume de Dieu, la place qu’elle doit tenir dans l’Eglise.
d) la noblesse du corps : en la Vierge glorieuse apparaissent la valeur et la dignité du corps.
Si les forces du péché se servent souvent du corps de la femme pour solliciter au mal, l’Assomption démontre que Dieu se sert du corps de la femme pour la diffusion de la sainteté dans le monde. Elle est le triomphe de la noblesse maternelle ainsi que de la pureté virginale. Cet aspect revêt une signification particulière pour les religieuses et doit augmenter en elles l’estime de la chasteté.
L’Assomption corporelle propose encore une autre leçon à tous les baptisés. Ce qui a fait la grandeur du corps de la Vierge, ce fut d’être la demeure du Verbe incarné. Pareillement tout chrétien, par la vie de la grâce, devient le temple, le séjour de Dieu et son corps participe à cette dignité.
Ne savez-vous pas, dit Saint Paul, que votre corps est le temple du Saint Esprit… Glorifiez Dieu dans votre corps » (1 Corinthiens 6, 19-20).
De plus, par la communion eucharistique, notre corps devient de façon directe et concrète le temple du corps du Christ.
L’Assomption, glorification du temple unique qu’a été le corps de la Mère de Dieu, suggère la splendeur finale réservée au corps du chrétien. La promesse de résurrection attachée à la communion en reçoit un nouvel éclairage et une nouvelle assurance.e) Espérance : ainsi la Vierge élevée au ciel représente l’idéal vers lequel tend l’humanité.
Son Assomption, unie à la Résurrection et à l’Ascension du Christ soutient l’espérance des hommes, l’illumine et l’oriente vers la perfection du dernier jour.
« La Vierge Marie brille comme un signe d’espérance assurée et de consolation devant le peuple de Dieu en pèlerinage » (Lumen Gentium n° 68).
Après des siècles de travail, après les progrès extraordinaires de la technique, l’humanité ne semble pas parvenue au bonheur, la terre ne ressemble guère à un paradis retrouvé.
La science échoue devant l’inconnu et la technique devant la mort.
Combien de malheureux sans foi, sans espérance pour qui la vie n’a aucun sens ; il ne leur reste qu’à attendre la mort comme le prélude de la désintégration de l’univers. Et combien de pessimistes et de défaitistes !
La Vierge Marie, notre Mère, est là, dans le Ciel, glorifiée dans son corps et dans son âme, si proche de nous, pour ranimer notre espérance.
Non, la terre n’est pas faite pour une définitive désagrégation, mais pour cette glorieuse Assomption. La voie est ouverte entre la terre et le ciel.
Du mystère de notre Mère, nous sommes solidaires. Elle nous fait signe de la suivre, elle nous attire et nous entraîne. Pour la suivre, imitons-là.
Jamais ne s’est mieux vérifiée que dans l’Assomption de Notre-Dame la vérité de cette parole de Notre Seigneur : « Quiconque s’abaisse sera exalté ». (Luc 14,11).
La Vierge Marie la répète dans son Magnificat : « Il exalte les humbles » (Luc 1, 52).
Conclusion
Concluons en citant Benoit XVI, lors de son homélie du 15 août dernier : « Toute la vie est une ascension, toute la vie est méditation, obéissance, confiance et espérance, même dans les ténèbres; et toute la vie est cette « sainte hâte », qui sait que Dieu est toujours la priorité et que rien d’autre ne doit susciter de hâte dans notre existence. Enfin, l’Assomption nous rappelle que la vie de Marie, comme celle de chaque chrétien, est un chemin d’imitation, à la suite de Jésus, un chemin qui a un objectif bien précis, un avenir déjà tracé: la victoire définitive sur le péché et sur la mort et la pleine communion avec Dieu, car – comme le dit Paul dans la Lettre aux Ephésiens – le Père « nous a ressuscités; avec lui, il nous a fait régner aux cieux, dans le Christ Jésus » (Ep 2, 6). Cela veut dire qu’avec le Baptême, nous sommes fondamentalement déjà ressuscités et que nous siégeons dans les cieux en Jésus Christ, mais que nous devons corporellement rejoindre ce qu’il a commencé et réalisé dans le Baptême. En nous, l’union avec le Christ, la résurrection, est inachevée, mais pour la Vierge Marie, elle est accomplie, malgré le chemin que la Vierge a dû elle aussi accomplir. Elle est entrée dans la plénitude de l’union avec Dieu, avec son Fils, et elle nous attire et nous accompagne sur notre chemin. Alors, en Marie élevée au ciel, nous contemplons celle qui, par un singulier privilège, participe corps et âme à la victoire définitive du Christ sur la mort. »