Archives de catégorie : Conférence

Apprenez à faire le bien, recherchez la justice

Apprenez à faire le bien, recherchez la justice (Isaïe 1,17)

semaine unité des chrétiens
semaine unité des chrétiens

«Quand vous venez vous présenter devant moi, qui vous demande de fouler mes parvis ? Cessez d’apporter de vaines offrandes : la fumée, je l’ai en horreur ! Néoménie, sabbat, convocation d’assemblée… je n’en puis plus des forfaits et des fêtes. Vos néoménies et vos solennités, je les déteste, elles me sont un fardeau, je suis las de les supporter.
Quand vous étendez les mains, je me voile les yeux, vous avez beau multiplier les prières, je n’écoute pas : vos mains sont pleines de sang. Lavez-vous, purifiez-vous. Ôtez de ma vue vos actions mauvaises, cessez de faire le mal.
Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, mettez au pas l’exacteur, faites droit à l’orphelin, prenez la défense de la veuve. Venez et discutons, dit le Seigneur. Si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront blancs comme la neige. S’ils sont rouges comme le vermillon, ils deviendront comme de la laine.»

Isaïe 1,12-18 – La Bible – Traduction œcuménique – TOB

Introduction

Isaïe vécut et prophétisa en Juda au cours du VIIIe siècle av. J.-C. et fut un contemporain d’Amos, de Michée et d’Osée. Cette période de grande expansion économique et de stabilité politique pour Israël et la tribu de Juda, due à la faiblesse des « superpuissances » de l’époque, l’Égypte et l’Assyrie, touchait à sa fin. Toutefois, c’était aussi une époque où l’injustice, l’iniquité et les inégalités étaient fort répandues dans les deux royaumes.

En ce temps-là, la religion prospérait également en tant qu’expression rituelle et formelle de la croyance en Dieu, concentrée sur les offrandes et les sacrifices au Temple. Elle était présidée par les prêtres, qui bénéficiaient également des largesses des riches et des puissants.

En raison de la proximité physique et des relations existant entre le palais royal et le Temple, le pouvoir et l’influence étaient presque entièrement entre les mains du roi et des prêtres, dont aucun, pendant une grande partie de cette période historique, ne prenait la défense des victimes de l’oppression et des injustices.

À cette époque – et du reste, comme cela fut fréquent tout au long des siècles, les riches et ceux qui faisaient de nombreuses offrandes étaient considérés comme bons et bénis de Dieu, tandis que les pauvres qui ne pouvaient offrir de sacrifices étaient tenus pour mauvais et maudits de Dieu. Les indigents étaient souvent dénigrés pour leur incapacité matérielle à participer pleinement au culte du Temple.

C’est dans ce contexte que s’exprime Isaïe, en tentant d’éveiller la conscience du peuple de Juda face à la réalité de sa situation. Au lieu d’honorer la religiosité de l’époque comme une bénédiction, Isaïe la voit comme une plaie qui suppure et comme un sacrilège devant le Tout-Puissant. L’injustice et l’inégalité ont conduit à la fragmentation et à la désunion.

Ses prophéties dénoncent les structures politiques, sociales et religieuses et l’hypocrisie qui consiste à offrir des sacrifices tout en opprimant les pauvres. Il s’élève vigoureusement contre les dirigeants corrompus et prend position en faveur des défavorisés, Dieu étant pour lui l’unique source de la droiture et de la justice.

Le groupe de travail désigné par le Conseil des Églises du Minnesota a choisi ce verset du premier chapitre du prophète Isaïe comme texte central de la Semaine de prière : « Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, mettez au pas l’exacteur, faites droit à l’orphelin, prenez la défense de la veuve » (1,17).

Isaïe enseigne que Dieu exige de nous tous droiture et justice, à tout moment et dans tous les domaines de la vie. Notre monde actuel reflète à bien des égards les défis de la division qu’Isaïe a affrontés au cours de sa prédication.

La justice, la droiture et l’unité proviennent de l’amour profond de Dieu pour chacun d’entre nous, et sont au cœur-même de l’essence divine et de la manière dont le Seigneur attend que nous nous comportions les uns envers les autres. Sa volonté de créer une humanité nouvelle « de toutes nations, tribus, peuples et langues » (Ap 7,9) nous appelle à la paix et à l’unité qu’il a toujours voulues pour la création.

Le langage du prophète à l’égard de la religiosité de l’époque est féroce : « Cessez d’apporter de vaines offrandes : la fumée, je l’ai en horreur… Quand vous étendez les mains, je me voile les yeux » (v. 13, 15).

Après avoir prononcé ces condamnations cinglantes, mettant en évidence ce qui ne va pas, Isaïe présente le remède à ces iniquités. Il ordonne au peuple de Dieu de se laver, de se purifier, d’ôter de sa vue leurs actions mauvaises, de cesser de faire le mal (cf. v. 16).

Aujourd’hui, la séparation et l’oppression continuent d’être manifestes lorsqu’un seul groupe ou une seule classe sociale se voit accorder des privilèges par rapport aux autres. Toutes les croyances ou pratiques qui distinguent ou placent une « race »1 au-dessus d’une autre commettent clairement le péché du racisme.

Lorsqu’ils s’accompagnent ou sont renforcés par un pouvoir non équilibré, les préjugés raciaux ne se limitent pas aux relations individuelles mais atteignent les structures mêmes de la société – ce qui conduit à une perpétuation systémique du racisme.

Celui-ci a injustement profité à certains, y compris aux Églises, et en a accablé et exclu d’autres, simplement en raison de la couleur de leur peau et de ce qui, au plan culturel, est lié à la perception de la « race ».

Comme certains religieux étaient si farouchement dénoncés par les prophètes de la Bible, des chrétiens ont été ou continuent d’être complices en soutenant ou perpétuant les préjugés et l’oppression, et en fomentant la division.

L’histoire montre qu’au lieu de reconnaître la dignité de tout être humain créé à l’image de Dieu et à sa ressemblance, les chrétiens se sont trop souvent retrouvés impliqués dans des systèmes reposant sur le péché tels que l’esclavage, la colonisation, la ségrégation et l’apartheid, qui ont privé d’autres personnes de leur dignité pour de faux motifs de race.

De même, au sein des Églises, les chrétiens n’ont pas reconnu la dignité de tous les baptisés et ont déprécié la dignité de leurs frères et sœurs en Christ sur la base d’une prétendue différence raciale.

Rappelons les mémorables paroles du Révérend Dr Martin Luther King Jr : « C’est l’une des tragédies de notre nation, l’une des tragédies honteuses, qu’à onze heures le dimanche sonne une des heures où la ségrégation est la plus forte, une heure qui est sans doute celle de la plus forte ségrégation pour l’Amérique chrétienne ».

Cette déclaration met en évidence les intersections entre la désunion des chrétiens et la désunion de l’humanité. Toute division s’enracine dans le péché, c’est-à-dire dans des attitudes et des actions qui vont à l’encontre de l’unité que Dieu désire pour l’ensemble de sa création.

Le racisme fait tragiquement partie du péché qui a séparé les chrétiens les uns des autres, les obligeant à célébrer leur culte à des heures différentes et dans des édifices distincts et, dans certains cas, il a conduit les communautés chrétiennes à se diviser.

Malheureusement, peu de choses ont changé depuis l’époque de la déclaration de Martin Luther King. Le culte de onze heures – moment où se retrouvent le plus grand nombre de fidèles le dimanche – souvent ne manifeste pas l’unité chrétienne mais au contraire la division, qui suit des critères de race, de statut social ainsi que d’appartenance à une confession.

Comme le proclame Isaïe, cette hypocrisie parmi les croyants est une offense à Dieu : « Vous avez beau multiplier les prières, je n’écoute pas : vos mains sont pleines de sang » (v. 15).

Apprendre à faire le bien

Dans le passage de l’Écriture choisi pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2023, le prophète Ésaïe nous montre comment guérir ces maux.

Apprendre à faire le bien exige de décider de s’engager dans une réflexion sur soi. La Semaine de prière est le moment idéal pour que les chrétiens reconnaissent que les divisions entre nos Églises

1. Il existe une seule race, la race humaine. Cependant, il nous faut reconnaître que le mythe de la race est à l’origine du racisme. La race n’a rien de biologique. C’est une élaboration sociale divisant l’humanité sur la base de caractères physiques.

Même ce terme n’est pas employé dans de nombreuses parties du monde, il est important de reconnaître qu’il a été utilisé comme instrument de division et d’oppression de groupes humains et nos confessions ne peuvent être séparées des divisions au sein de la famille humaine tout entière. Prier ensemble pour l’unité des chrétiens nous permet de réfléchir à ce qui nous unit et de nous engager à lutter contre l’oppression et la division au sein de l’humanité.

Le prophète Michée rappelle que Dieu nous a dit ce qui est bon et ce qu’il exige de nous : “Rien d’autre que respecter le droit, aimer la fidélité et [s]’appliquer à marcher avec [s]on Dieu” (Michée 6,8).

Se comporter avec justice signifie que nous respectons toutes les personnes. La justice exige d’agir de manière véritablement équitable afin de remédier aux préjugés du passé fondés sur la « race », le genre, la religion et le statut socio-économique. Marcher humblement avec Dieu implique repentance, réparation et enfin réconciliation.

Dieu attend de nous que nous assumions ensemble la responsabilité d’agir en faveur d’un monde équitable pour tous les enfants de Dieu. L’unité des chrétiens devrait être un signe et un avant-goût de l’unité réconciliée de la création tout entière. Cependant, la division des chrétiens affaiblit la force de ce signe et contribue à renforcer la division au lieu d’apporter la guérison aux déchirures du monde, ce qui est la mission de l’Église.

Rechercher la justice

Ésaïe conseille aux habitants de Juda de rechercher la justice (v. 17), ce qui équivaut à reconnaître l’existence de l’injustice et de l’oppression dans leur société. Il implore le peuple de Juda de renverser ce status quo.

Rechercher la justice nous oblige à faire face à ceux qui font du mal aux autres. Ce n’est pas une tâche facile et qui peut parfois mener à des conflits, mais Jésus nous assure que défendre la justice face à l’oppression conduit au Royaume des cieux. « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux » (Mt 5,10).

Dans de nombreuses régions du monde, les Églises doivent reconnaître qu’elles se sont conformées aux normes sociétales et ont gardé le silence ou activement été complices de l’injustice raciale. Les préjugés raciaux ont été l’une des causes de la division des chrétiens qui a déchiré le Corps du Christ.

Des idéologies toxiques, telles que la suprématie blanche et la doctrine de la découverte2, ont causé beaucoup de tort, en particulier en Amérique du Nord et dans les pays du monde entier colonisés au cours des siècles par les puissances européennes blanches. En tant que chrétiens, nous devons être prêts à bouleverser les structures source d’oppression et à plaider pour la justice.

L’année au cours de laquelle le groupe de rédaction du Minnesota a préparé les textes pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens a été marquée par le mal et la dévastation de l’oppression sous les formes les plus diverses dans le monde entier.

Cette souffrance a été considérablement amplifiée dans de nombreuses régions, notamment dans le Sud du monde, par la pandémie de COVID-19, où la simple subsistance était presque impossible pour beaucoup, et où une aide concrète était presque totalement absente.

L’auteur de l’Ecclésiaste semblait parler de la situation actuelle : « Je vois toutes les oppressions qui se pratiquent sous le soleil. Regardez les pleurs des opprimés : ils n’ont pas de consolateur ; la force est du côté des oppresseurs : ils n’ont pas de consolateur. » (Qo 4,1).

L’oppression nuit à l’ensemble de la race humaine. Il ne peut y avoir d’unité sans justice. Lorsque nous prions pour l’unité des chrétiens, nous devons reconnaître l’oppression actuelle et générationnelle et être résolus à nous repentir de ces péchés. Nous pouvons faire nôtre l’injonction d’Ésaïe de nous laver, nous purifier car nos mains sont pleines de sang (cf. v. 15, 16).

2. La doctrine de la découverte, issue d’une bulle papale émise par le Pape Alexandre VI (4 mai 1493), s’est répandue dans le monde entier et a profité aux Églises de différentes manières vis-à-vis des descendants des peuples indigènes et des esclaves. Elle justifiait la saisie des terres des peuples indigènes du fait que les puissances colonisatrices avaient « découvert » ces terres.

Secourir les opprimés

La Bible nous enseigne que nous ne pouvons séparer notre relation avec le Christ de notre attitude envers l’ensemble du peuple de Dieu, en particulier envers ceux qui sont considérés comme « les plus petits » (Mt 25,40).

Notre engagement les uns envers les autres exige que nous nous impliquions dans la mishpat, mot hébreu qui signifie ‘justice réparatrice’, en défendant ceux dont la voix n’a pas été entendue, en démantelant les structures qui créent et entretiennent l’injustice, et en en construisant de nouvelles promouvant et garantissant que chacun reçoive un traitement équitable et ait accès aux droits qui lui sont dus.

Ce travail doit s’étendre, au-delà de nos amis, de notre famille et de nos communautés, à l’ensemble de l’humanité. Les chrétiens sont appelés à aller en mission vers les autres et à écouter les cris de tous ceux qui souffrent, afin de mieux comprendre leurs souffrances et leurs traumatismes et d’y trouver une réponse.

Le Révérend Dr Martin Luther King Jr a souvent rappelé qu’« une émeute est le langage de ceux qui ne sont pas entendus ». Lorsque des protestations et des troubles ont lieu dans la population, c’est souvent parce que les voix des révoltés ne sont pas entendues.

Si les Églises élèvent leurs voix avec celles des opprimés, leur cri de justice et de libération sera amplifié. Nous servons et aimons Dieu et notre prochain en nous servant et en nous aimant les uns les autres dans l’unité.

Faire droit à l’orphelin, prendre la défense de la veuve

Aux côtés des étrangers, la Bible hébraïque réserve une place particulière aux veuves et aux orphelins qui comptent parmi les membres les plus vulnérables de la société. À l’époque d’Ésaïe où Juda traversait une période de grand succès économique, les orphelins et les veuves se trouvaient dans une situation désespérée car privés de protection et du droit de posséder des terres, et donc de la capacité de subvenir à leurs besoins.

Le prophète appelle la communauté, alors qu’elle se réjouit de sa prospérité, à ne pas manquer de défendre et de nourrir les plus pauvres et les plus faibles d’entre eux. Cet appel prophétique résonne encore à notre époque, alors que nous nous demandons : qui sont les personnes les plus vulnérables de notre société ?

Quelles sont les voix qui ne sont pas entendues dans nos communautés ? Qui n’est pas représenté autour de la table ? Pourquoi ? Quelles Églises et Communautés sont absentes de nos dialogues, de notre action commune et de notre prière pour l’unité des chrétiens ? Alors que nous prions ensemble au cours de cette Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, comment sommes-nous prêts à agir en ce qui concerne ces voix absentes ?

Conclusion

Ésaïe exhorte le peuple de Dieu de son temps à apprendre à faire ensemble le bien, à rechercher ensemble la justice, à secourir ensemble les opprimés, à faire droit à l’orphelin et à prendre la défense de la veuve ensemble. Le défi lancé par le prophète nous concerne également aujourd’hui.

Comment pouvons-nous vivre notre unité en tant que chrétiens afin d’apporter une réponse aux maux et injustices de notre temps ? Comment pouvons-nous engager le dialogue, accroître la sensibilisation, la compréhension et notre intuition par rapport aux expériences vécues par les uns et les autres ?

Ces prières et ces rencontres du cœur ont le pouvoir de nous transformer – individuellement et collectivement. Soyons ouverts à la présence de Dieu dans toutes nos rencontres, alors que nous cherchons à nous transformer, à démanteler les structures sources d’oppression et à guérir les péchés du racisme. Ensemble, engageons-nous dans la lutte pour la justice dans notre société. Nous appartenons tous au Christ.

PRIER LE CHAPELET

PRIER LE CHAPELET

chapelet
chapelet

Voici revenu le mois  de mai.
Et ce retour cyclique  ramène notre pensée
sur ce bon vieux chapelet,
qui se cache modestement au fond d’une poche ou d’un sac,
s’il n’a pas été relégué au fond d’un tiroir,
à côté de la croix de première communion
ou de quelques reliques de famille.
Oui, il est bien passé de mode, notre vénérable chapelet !
Car la mode sévit, même dans la dévotion.

Et si tenace que l’Église a quelque peine,
sur ce point comme sur bien d’autres,
à ramener ses filles et ses fils à la sagesse.
Ses interventions en faveur du chapelet ne se comptent pas.
Que devons-nous y lire, dans cette insistance de l’Église ?

Souci un peu vain d’empêcher que ne meure complètement une vieille dévotion,
respectable somme toute pour tout ce qu’elle incarne pour nous
de souvenirs et de leçons passées ?
Ou une préoccupation éducatrice de ne pas laisser se perdre, dans la vie chrétienne,
une forme de prière plus utile, plus actuelle que jamais ?

Faisons un peu d’histoire

L’histoire de la prière du Chapelet remonte au Moyen-âge. À l’époque, ceux qui ne pouvaient pas prier les 150 psaumes de l’office des moines, parce qu’ils ne connaissaient pas le latin, ont pris l’habitude de prier 150 fois une prière dédiée à la Vierge Marie tout en méditant différents épisodes de la vie du Christ, appelés Mystères.

C’est grâce aux religieux dominicains que cette prière s’est répandue dans toute l’Église, mais c’est le Pape Saint Pie V qui lui a donné sa forme actuelle, complétée récemment par le Pape Jean-Paul II qui a ajouté aux quinze mystères joyeux, douloureux et glorieux, la méditation de cinq autres mystères appelés mystères lumineux.

Le nom de rosaire, vient du mot « rose », chaque prière est comme une des roses de la couronne de la Vierge Marie. Lors des grandes apparitions récentes de la Vierge Marie, celle-ci a encouragé la prière du chapelet. A Fatima en 1917, Marie s’est présentée comme « Notre Dame du Rosaire ».

À la suite de nombreux Papes, dont Léon XIII et Paul VI, le Pape Jean-Paul II nous a rappelé la valeur de la prière du rosaire : « Cependant, la raison la plus importante de redécouvrir avec force la pratique du Rosaire est le fait que ce dernier constitue un moyen très valable pour favoriser chez les fidèles l’engagement de contemplation du mystère chrétien comme une authentique « pédagogie de la sainteté »: « Il faut un christianisme qui se distingue avant tout dans l’art de la prière »

Alors que dans la culture contemporaine, même au milieu de nombreuses contradictions, affleure une nouvelle exigence de spiritualité, suscitée aussi par les influences d’autres religions, il est plus que jamais urgent que nos communautés chrétiennes deviennent «d’authentiques écoles de prière ».

La lettre Apostolique « Rosarium Virginis Mariae »

A l’occasion de l’audience générale du mercredi 16 octobre 2002, Jean-Paul II a proclamé sa XXV° année de pontificat « Année du Rosaire ». Puis il a signé et promulgué la Lettre Apostolique « Rosarium Virginis Mariae », dont voici un extrait :
« 4. Pour la tâche exigeante, mais extraordinairement riche de contempler le visage du Christ avec Marie, existe-t-il un meilleur moyen que la prière du Rosaire ? Nous devons cependant redécouvrir la profondeur mystique contenue dans la simplicité de cette prière, si chère à la tradition populaire.
Dans sa structure, en effet, cette prière mariale est surtout une méditation des mystères de la vie et de l’oeuvre du Christ. En répétant l’invocation de l’Ave Maria, nous pouvons approfondir les événements essentiels de la mission du Fils de Dieu sur terre, qui nous ont été transmis par l’Evangile et par la Tradition.
Pour que cette synthèse de l’Evangile soit plus complète et offre une plus grande inspiration, j’ai proposé, dans la Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae, d’ajouter cinq autres mystères à ceux actuellement contemplés dans le Rosaire, et je les ai appelés « mystères lumineux ». Ils comprennent la vie publique du Sauveur, du Baptême dans le Jourdain jusqu’au début de la Passion.
Cette suggestion a pour but d’amplifier l’horizon du Rosaire, afin qu’il soit possible à celui qui le récite avec dévotion, et non de façon mécanique, de pénétrer encore plus profondément dans le contenu de la Bonne Nouvelle et de conformer toujours sa propre existence à celle du Christ. »

Le rosaire se situe donc dans la meilleure et dans la plus pure tradition de la contemplation chrétienne. Développé en Occident, il est une prière typiquement méditative dont justement le caractère répétitif permet de se laisser entraîner vers la contemplation des mystères de la vie du Christ.

Actualité du Chapelet

Actuel plus que jamais, s’il est vrai que notre monde frénétique risque de sauter comme un tonneau de poudre surchauffé, s’il ne revient pas à plus de bon sens et si nous n’arrivons pas à nous refaire des cœurs d’enfants.

Du temps que je pense à tout cela, chantent à ma mémoire des textes exquis écrits à la gloire du chapelet. Devant mes yeux passent des images mille fois contemplées :

Soeur Catherine Labouré, après les apparitions, récitant avec ferveur son chapelet au milieu de ses vieillards à l’hospice de Reuilly ;
la petite Bernadette à genoux devant une grotte, au creux de laquelle la « Dame » lui sourit, le Rosaire suspendu tout le long de sa robe ;
et ces foules de Lourdes ou de la rue du Bac répétant des milliers de fois le jour leurs Ave Maria déterminés ;
et cette mère, à qui le souci quotidien de huit enfants n’a pas fait oublier son chapelet ;
et ce médecin rencontré un jour au coin d’une rue et qui, entre deux malades, égrenait une dizaine au creux de la main ;
et, autour d’un défunt dont on achève la dernière toilette, ce geste qui enlace ses mains d’un chapelet, peut-être celui de sa première communion ;
et tous ces chrétiens qui m’entourent, que j’estime et que je vois user de leur chapelet, et dans les luttes de la vie l’enrouler autour de leurs journées de luttes, comme Psichari monta au dernier assaut, son chapelet enroulé autour du poignet,  comme Ingrid Bétancourt, au sortir de plusieurs années de séquestration dans la jungle.

Tout cela, n’est-ce donc qu’illusion d’âmes sentimentales, ronronnement de bavards, gestes à l’usage d’âmes enrubannées de bleu et sans prise efficace sur le christianisme de choc dont le témoignage est nécessaire à notre époque de fer ?

Et que, « dans le mécanisme du salut, l’Ave Maria soit le dernier recours » (Péguy) – même à côté du Pater, c’est-à-dire du Notre père, car si le Pater garde ses exigences, l’Ave Maria, lui, ne nous parle que de pitié – n’y a-t-il là que rêverie de poète ?

Je ne sais quelle voix, montée des profondeurs de moi-même, proteste là contre et me dit que le chapelet reste, en mes mains, une arme efficace, et que ces petits grains que mes doigts pétrissent renferment une présence maternelle – à l’image lointaine des grains de blé pressés qui, devenus hostie, cachent une vivante présence.

Ma vie suit la même courbe que celle de Marie – depuis l’appel lointain de l’Annonciation (quel chrétien n’a pas eu son annonciation ?), jusqu’au sacrifice du Calvaire, en attendant la résurrection glorieuse que Dieu me réserve.

Tout au long de cette courbe de ma vie terrienne, je puis mettre mes pas dans les pas de ma Mère et vivre des événements qu’elle a vécus avant moi pour que je puisse les vivre avec elle, en essayant de l’imiter comme un enfant répète les gestes maternels.

« Cette prière que l’orgueil dédaigne, ce chapelet que tous les doigts peuvent user, paraissent tout simples à une Eglise fondée sur 1’humilité et sur la fraternité. » (Sertillanges) Je dois, en ce mois de mai, essayer de la comprendre.

Il faut toujours prier sans jamais se lasser.

C’est souvent à propos du chapelet qu’on avance ce faux dilemme : prier bien ou prier beaucoup? Comme si prier beaucoup – prière vocale s’entend – frappait la prière de médiocrité! Il est vrai qu’à première vue l’Évangile lui-même paraît poser ce dilemme : « Dans vos prières, ne multipliez pas les paroles comme font les païens; ils s’imaginent que leur verbiage les fera mieux exaucer. »

J’entendais un jour un prédicateur de retraite déclarer avec feu à son auditoire qui béait de contentement : « Mieux vaut une dizaine de chapelet bien dite qu’un chapelet mal dit. » C’est vrai et c’est faux. Mais je crois que c’est plus faux que vrai. Car à ce compte on pourrait ajouter: mieux vaut un Ave Maria bien dit qu’une dizaine mal dite; et aussi : mieux vaut une pensée fervente qu’un Ave Maria médiocre.

C’est avec ces pieuses âneries qu’on finirait par rendre impossible toute piété d’Église. Car le jour où nous tendrions à l’amour sur cette seule piste de la prière intérieure, que deviendrait cette prière totale qui nous tourne vers Dieu avec notre cœur, notre corps, notre imagination, et qui appuie notre élan intérieur sur des gestes, des mots, des attitudes ?

Quand nous prions, c’est tout, en nous, qui doit prier : notre cœur, certes, mais aussi nos lèvres, nos mains, notre corps tout entier, ce compagnon de l’âme pour le bien comme pour le mal, pour la souffrance comme pour la joie, pour le péché comme pour le mérite, pour le temps comme pour l’éternité.

Mieux vaut prier bien que prier beaucoup : un aphorisme qui mène ainsi à l’absurde ne peut être la vérité. Il eût été facile de renchérir sur la déclaration de ce bon prédicateur en mal d’éloquence, en citant saint Paul qui disait aux habitants de Corinthe : « Dans l’assemblée, j’aime mieux dire cinq mots avec mon intelligence que dix mille en langue. » Pour autant, Paul condamnait-il les longues oraisons, qu’elles fussent vocales ou mentales ?

Le Chapelet, prière complète

Il existe une image scoute exquise de simplicité. Gravée par fra Nodet, elle représente un dizainier serti de dix rayons et, sur ces rayons, cette seule inscription dix fois répétée : «Bonjour, maman!»

Tel est le chapelet, humble prière d’enfant sans prétention redisant cinquante fois de suite à la Vierge : Je vous salue, Marie ! Paroles bénies qui nous sont tout droit venues du ciel, le jour de l’Annonciation – jour inouï où pour l’homme tout a commencé – et auxquelles l’Église a ajouté les mots de supplication que ne cessera de répéter jusqu’à la fin des temps l’humanité pécheresse.

Ne serait-il que cela, mon chapelet m’est cher. Tant qu’un homme ne l’oublie pas, c’est le signe qu’il garde en lui cette jeunesse du cœur qui défie l’usure des années. Mais il est plus que cela, mon chapelet. Il est une prière complète. On sait que trois éléments sont nécessaires à son efficacité : l’emploi de la couronne de grains, la récitation des Ave, la méditation des mystères. Faute de quoi, le chapelet cesse d’être lui-même.

Car il est fait pour l’homme tout entier : corps, imagination, esprit, cœur et volonté. Il commence par occuper le corps et l’imagination. Ça, c’est une trouvaille de l’Eglise. Si souvent, notre prière manque d’ailes, parce que l’alourdissent le corps et ses servitudes, l’imagination et ses sarabandes !

Le chapelet mâte le corps et occupe l’imagination. Pendant que je prie ainsi, le corps a son rôle. Mes doigts s’activent et bousculent les grains qui se suivent. Ils paraissent tirer en avant mon âme paresseuse et l’incitent à persévérer dans sa prière.

Oui, c’est cela : le va-et-vient des lèvres et des doigts, où un regard superficiel ne voit qu’une répétition fastidieuse n’est que cette persévérance que nous recommande l’Évangile. Nous répétons sans fin à une Mère ce qu’elle sait déjà, mais ce qu’une mère veut, sans fin, s’entendre dire : que nous l’aimons et que nous comptons sur elle.

Aimer : mot si simple mais inépuisable ! Il ne sait que se répéter sans fin et n’a jamais fini de nous livrer son secret. Même la répétition des mêmes formules, loin de rendre le chapelet inutile et ennuyeux, possède une admirable vertu que révèle l’expérience, pour exciter la confiance dans la prière et faire comme une douce violence au cœur maternel de Marie.

Et durant que s’affairent ainsi nos lèvres et nos doigts, une part est faite à l’imagination, cette grande folle qui envahit tout si nous ne l’occupons pas. Et cette part est belle. Car devant mon regard intérieur, voici que passent et repassent les grands épisodes évangéliques qui jalonnent la route rédemptrice suivie par Jésus et sa Mère. C’est comme un album de famille que je feuillette. Les mots que je dis ne gênent pas ma vision intérieure. C’est elle, au contraire, qui ajoute aux mots je ne sais quel frémissement venu du cœur.

« Si quelqu’un veut se mettre à ma suite, qu’il prenne sa croix. » (Matthieu, xvi, 24). Je fais, en imagination, ce chemin de croix qui, parti de l’Annonciation, aboutit au Calvaire, pour rebondir sur la Résurrection. Au vrai, n’est-ce pas toute ma vie, ce chemin de croix? Et qu’est-ce que «suivre Jésus», si ce n’est monter sur la croix avec Lui ?

Or, pendant que je bouscule mes Ave, voici que, en filigrane des scènes évangéliques que je contemple, se dessinent les lignes de cet « Évangile du glaive » qui me jette à la suite de Jésus. C’est ce que nous  appelons le « fruit du Mystère ». La prudence hardie de l’Annonciation, la charité empressée de la Visitation, l’obéissance aveugle de la Purification, le courage devant l’épreuve du Portement de croix, la joie de la Résurrection… tous ces « fruits » que m’offre ma Mère, je dois les transplanter dans ma vie d’homme. Car Dieu ne nous donne rien que nous n’ayons à conquérir ou, après coup, à mériter.

Partie de mes Ave inlassablement répétés et soutenue par la vision intérieure de ce que furent, pour mon exemple, Jésus et Marie, ma prière va donc s’inscrire en résolutions de vie dans ma volonté d’homme. Une fois roulé dans son étui mon humble chapelet, je sais ce qu’il me reste à faire, si je suis un chrétien logique.

Quelques-unes des objections que l’on fait au chapelet, peut-être viennent-elles de la peur de cette terrible logique qu’une pareille prière met dans notre vie. On sait que Foch disait son chapelet tous les jours. « Même aux jours de bataille? » lui demanda une fois quelqu’un. Le grand soldat répondit simplement : « Ces jours-là, n’en avais-je pas besoin encore plus que les autres jours? »

Terminons avec ces paroles de  Benoît XVI

Place Saint-Pierre, samedi 31 mai 2008

« Chers frères et sœurs,
Tout nous invite donc à tourner notre regard avec confiance vers Marie.

Ce soir aussi, nous nous sommes adressés à Elle avec l’ancienne et toujours actuelle pieuse pratique du chapelet. Le chapelet, lorsqu’il n’est pas une répétition mécanique de formules traditionnelles, est une méditation biblique qui nous fait reparcourir les événements de la vie du Seigneur en compagnie de la Bienheureuse Vierge, en les conservant, comme Elle, dans notre cœur.

Au cours du mois de mai, il existe dans de nombreuses communautés chrétiennes la belle habitude de réciter de manière plus solennelle le chapelet en famille et dans les paroisses.

Que cette bonne habitude ne cesse pas; qu’elle se poursuive même avec un plus grand zèle, afin que, à l’école de Marie, la lampe de la foi brille toujours plus dans le cœur des chrétiens et dans leurs maisons. »

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

LA FORCE TRANSFORMATRICE DE LA PRIÈRE 2

LETTRE DE CARÊME 2020

« LA FORCE TRANSFORMATRICE DE LA PRIÈRE » 2

 

Il m'a envoyé porter l'Évangile aux pauvres
Il m’a envoyé porter l’Évangile aux pauvres

En effet, la prière transforme ma hiérarchie de valeurs et ma relation aux personnes, aux objets, aux lieux et au temps. Mes priorités deviennent différentes de celles du monde même si j’y vis. La lettre dite à Diognète propose une description des premiers chrétiens qui devrait également s’appliquer à moi :

« Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les coutumes. Car ils n’habitent pas de villes qui leur soient propres, ils n’emploient pas quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n’a rien de singulier. Leur doctrine n’a pas été découverte par l’imagination ou par les rêveries d’esprits inquiets ; ils ne se font pas, comme tant d’autres, les champions d’une doctrine d’origine humaine.

Ils habitent les cités grecques et les cités barbares suivant le destin de chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et le reste de l’existence, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur manière de vivre. Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens, et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie, et toute patrie leur est une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés. Ils prennent place à une table commune, mais qui n’est pas une table ordinaire. Ils sont dans la chair, mais ils ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies, et leur manière de vivre est plus parfaite que les lois.

Ils aiment tout le monde, et tout le monde les persécute. On ne les connaît pas, mais on les condamne ; on les tue et c’est ainsi qu’ils trouvent la vie. Ils sont pauvres et font beaucoup de riches. Ils manquent de tout et ils ont tout en abondance. On les méprise et, dans ce mépris, ils trouvent leur gloire. On les calomnie, et ils y trouvent leur justification. On les insulte, et ils bénissent. On les outrage, et ils honorent. Alors qu’ils font le bien, on les punit comme des malfaiteurs. Tandis qu’on les châtie, ils se réjouissent comme s’ils naissaient à la vie ». « Office des lectures, mercredi de la cinquième semaine du Temps pascal, chapitre 5, ‘Les chrétiens dans le monde’. »

Les chrétiens décrits ci-dessus n’auraient jamais pu survivre, rester fidèles, surmonter d’incroyables souffrances et persécutions et être témoins en tout temps jusqu’à la mort si leur vie de prière n’avait pas été une relation profonde avec l’Amour de leur vie. Jésus était leur tout et a donc guidé tous leurs choix. Cela implique de le connaître et « d’entrer en son esprit », selon les conseils que saint Vincent a donnés à ses confrères :

« Dans les occasions, nous nous demandions à nous-mêmes : « Comment est-ce que Notre-Seigneur a jugé de telle et telle chose ? Comment s’est-il comporté en telle ou telle rencontre ? Qu’a-t-il dit et qu’a-t-il fait sur tels et tels sujets ? » et qu’ainsi nous ajustions toute notre conduite selon ses maximes et ses exemples. Prenons donc cette résolution, Messieurs, et marchons en assurance dans ce chemin royal, dans lequel Jésus-Christ sera notre guide et notre conducteur ; et souvenons-nous de ce qu’il a dit, que « le ciel et la terre passeront, mais que ses paroles et ses vérités ne passeront jamais » (cf. Matthieu 24,35). Bénissons Notre-Seigneur, mes frères, et tâchons de penser et de juger comme lui, et de faire ce qu’il a recommandé par ses paroles et par ses exemples. Entrons en son esprit pour entrer en ses opérations ; car ce n’est pas tout de faire le bien, mais il le faut bien faire, à l’imitation de Notre-Seigneur, duquel il est dit : Bene omnia fecit, qu’il a bien fait toutes choses (cf. Marc 7, 37). Non, ce n’est pas assez de jeûner, d’observer les règles, de s’occuper aux fonctions de la Mission ; mais il le faut faire dans l’esprit de Jésus-Christ, c’est-à-dire avec perfection, pour les fins et avec les circonstances que lui-même les a faites ». ( Coste XI, 52-53 ; conférence 35, « Sur la prudence »)

Un exemple de Jésus que je devrais adopter concerne sa prière. Jésus priait souvent en se retirant dans un lieu de solitude où il pouvait rester seul avec Dieu le Père. Tout au long de l’histoire et aujourd’hui encore, de nombreux saints et autres chrétiens ont pris et prennent du temps sur leurs engagements et leurs services quotidiens pour partir au « désert » afin d’être seuls avec Jésus.

En plus de la prière, communautaire ou individuelle, que je pratique déjà de manière quotidienne, hebdomadaire, mensuelle ou annuelle, puis-je trouver d’autres moyens d’aller au « désert » pour approfondir ma relation intime avec Jésus ? Le désert peut être un lieu où je vais physiquement ou un état d’esprit qui ne soit pas un lieu concret. Où puis-je trouver ce désert ? Combien de fois puis-je y aller ? Combien de temps puis-je y rester ?

Puisse notre prière devenir un cadeau que nous nous offrons les uns aux autres. Soyons témoins de la « force transformatrice de la prière ».

Votre frère en saint Vincent,
Tomaž Mavrič, CM,
Supérieur général

 Rome, le 19 février 2020