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LA FORCE TRANSFORMATRICE DE LA PRIÈRE 1

LETTRE DE CARÊME 2020

« LA FORCE TRANSFORMATRICE DE LA PRIÈRE » 1

Il m'a envoyé porter l'Évangile aux pauvres
Il m’a envoyé porter l’Évangile aux pauvres

La grâce et la paix de Jésus soient toujours avec nous !

En ce temps de Carême, nous continuons à réfléchir sur les fondements de la spiritualité de saint Vincent de Paul. Ce qui a fait de saint Vincent un mystique de la Charité, c’est le fait que la prière était au centre de sa vie. Comment est-ce que je comprends la prière ? Que signifie pour moi la prière ?

Selon la réponse, d’un côté, la prière peut devenir un fardeau à accomplir jour après jour. Il peut s’agir d’un ensemble de textes, de formules, de positions corporelles et de règles que je dois suivre. Dans ce cas, la prière devient finalement inutile, quelque chose qui ne me parle pas personnellement, ni à la réalité de ma vie. Cependant, Saint Vincent a dit « qu’il n’y avait pas grand-chose à espérer d’un homme qui n’aimait pas à s’entretenir avec Dieu ; et que si on ne s’occupait pas comme il fallait, de ses emplois pour le service de Notre-Seigneur, c’était faute de se bien tenir à lui, et de lui demander le secours de sa grâce avec une parfaite confiance ».

(Louis Abelly, « La vie du vénérable serviteur de Dieu Vincent de Paul », livre III, chapitre six, page 50)

D’un autre côté, si la prière devient indispensable à ma vie, quelque chose qui est inséparable de ma personne, de ce que je pense, dis et fais, elle devient alors une force transformatrice. La prière est un état d’esprit, une relation continue avec Jésus qui donne sens à mon existence. J’y trouve l’orientation de ma vie, ma vocation, ma mission et les réponses aux questions qui se posent dans ma vie. Parce que la prière a sa source en Dieu, sa force transformatrice en moi fait continuellement « toutes choses nouvelles ». La communication transformatrice est la nature de Dieu.

« Dieu, quand il veut se communiquer, le fait sans effort, d’une manière sensible, toute suave, douce, amoureuse ; demandons-lui donc souvent ce don d’oraison, et avec grande confiance. Dieu, de sa part, ne cherche pas mieux ; prions-le, mais avec grande confiance, et soyons assurés qu’à la fin il nous l’accordera, par sa grande miséricorde ». (Coste XI, 221-222 ; conférence 129, Répétition d’oraison du 4 août 1655)

La prière est le lieu où je rencontre Jésus, où je parle avec Jésus, où j’écoute Jésus et partage avec Jésus. C’est là que je pose des questions à Jésus, où je me remets en toute confiance entre ses mains. Lorsque je conçois tout ce que je pense, dis et fais dans le cadre d’une relation personnelle avec Jésus, toutes mes pensées, mes paroles et mes actions deviennent prière. Je suis devant quelqu’un. Je suis avec quelqu’un. Je parle, écoute et partage avec quelqu’un qui est « l’Amour » de ma vie et à qui je désire ardemment ressembler. Une telle relation requiert de l’humilité pour m’ouvrir à lui et lui donner le droit de guider ma vie.

« Croyez-moi, Messieurs et mes frères, croyez-moi, c’est une maxime infaillible de Jésus-Christ, que je vous ai souvent annoncée de sa part, que, d’abord qu’un coeur est vide de soi-même, Dieu le remplit ; c’est Dieu qui demeure et qui agit là-dedans ; et c’est le désir de la confusion qui nous vide de nous-mêmes, c’est l’humilité, la sainte humilité ; et alors ce ne sera pas nous qui agirons, mais Dieu en nous, et tout ira bien ». (Coste XI, 312 ; conférence 141, “Sur les prêtres” [septembre 1655])

De jour comme de nuit, que je sois éveillé ou endormi, je reste donc en contact permanent avec Jésus, en prière constante. Tel est le sens de l’exhortation de saint Paul aux Thessaloniciens : « priez sans relâche » (1 Thessaloniciens 5,17) ou l’appel de saint Vincent aux Filles de la Charité :

«… faites-la, si vous pouvez, à toute heure, ou même n’en sortez point du tout, car l’oraison est si excellente que l’on ne la peut trop faire » (Coste IX, 414 ; conférence 37, “Sur l’oraison,” le 31 mai 1648.) Tout devient prière et tout devient Amour quand ma principale préoccupation est cette relation avec Dieu.

« Jésus-Christ ayant dit : Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses, dont vous aurez besoin, vous seront données par-dessus ; un chacun tâchera de préférer les choses spirituelles aux temporelles, le salut de l’âme à la santé du corps, l’honneur de Dieu à celui du monde » (Règles communes de la Congrégation de la Mission, Chapitre II, 2 – 17 mai 1658)

(à suivre)

Marie, Mère de l’Église

Une nouvelle messe mariale pour le lundi de Pentecôte 2018 : « Marie, Mère de l’Église »

Vierge Marie, Mère de l'Église
Vierge Marie, Mère de l’Église

Historique

Instituée par la Congrégation pour le culte divin et avec l’approbation du pape François, l’Église catholique célébrera pour la première fois comme mémoire liturgique obligatoire la messe du lundi de Pentecôte en l’honneur de la Vierge Marie sous le vocable de « Marie, Mère de l’Église ».

En réalité, les prières très belles de cette messe « Marie, Mère de l’Église » figurent déjà dans l’appendice du Missel romain « Messes en l’honneur de la Vierge Marie » approuvées le 15 août 1986.

Il s’agit de mettre en lumière la mission de la Vierge Marie Mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l’Église. La Vierge Marie est membre éminent de l’Église mais l’Église est plus grande qu’elle. La Vierge Marie ne se situe pas en dehors ou au-dessus de l’Église mais au cœur du Peuple de Dieu.

Si l’expression « Marie, Mère de l’Église » n’apparaît pas chez les Pères de l’Église ni dans la tradition orientale, son sens se trouve en revanche développé chez les grands théologiens comme saint Irénée de Lyon, saint Ambroise de Milan et saint Augustin. C’est un moine bénédictin de l’abbaye de Ferrières au IXe siècle qui semble être le premier à avoir utilisé le titre de « Mère de l’Église » dans un commentaire du chapitre 12 de l’Apocalypse : « Marie, Mère de l’Église, du fait qu’elle a engendré celui qui est la Tête de l’Église et qu’elle est en même temps fille de l’Église, puisqu’elle est le membre le plus important de l’Église ».

À la suite de cette longue tradition théologique et spirituelle, le bienheureux pape Paul VI déclara Marie « Mère de l’Église » le 21 novembre 1964, lors de la clôture de la 3e session du concile Vatican II.

L’Église, Corps du Christ

Saint Paul, célèbre le Christ « Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Église » (Col 1, 18). Dans son épître aux Colossiens, l’apôtre des nations appelle l’Église « Corps du Christ » (Col 1, 24). L’image du corps humain avec la tête et ses membres correspond au Christ total, qui rassemble dans l’unité le Christ, sa Tête, et les chrétiens, ses membres. Dans son épître aux Corinthiens (1 Co 12, 12.27), saint Paul explique la dépendance des membres du même corps avec ses différentes fonctions, image qui s’applique à l’Église, « le Christ répandu et communiqué », selon la belle formule de Bossuet, où chaque baptisé participe à la vie du Fils de Dieu en tant que membre vivant de son Corps.

Le Christ ressuscité est devenu inséparable de son Église. L’Église n’existe qu’unie au Christ, sa Tête. Le Christ et l’Église forment le Christ total : sa Tête et ses membres. Inutile de parler du Christ sans son Église. Erreur que d’imaginer l’Église comme existant sans le Christ.

Marie est aussi la plus grande des sauvés par sa foi en son Fils, le Verbe fait chair en son sein. À l’Annonciation, elle accueille librement et de manière intelligente le Verbe. Par son adhésion à la mission annoncée par l’ange Gabriel, elle devient la Mère du Messie, la Mère de Dieu. En elle, le Verbe s’unit à la nature humaine. Le Fils de Dieu s’unit alors d’une certaine manière à tout homme. Pour sauver les hommes, Dieu s’est fait homme. Voici le cœur et l’originalité de la foi chrétienne par rapport à d’autres religions. Désormais, entre Dieu et l’humanité il y a un commun dénominateur : l’humanité de Jésus semblable à la nôtre hormis le péché. Le saint pape Jean-Paul II aimait cette formule ramassée de la foi : « Jésus-Christ est le visage humain de Dieu et le visage divin de l’homme » (Ecclesia in America, n°67).

À partir de l’image de l’Église, Corps mystique dont le Christ Jésus est la Tête et les baptisés ses membres, il s’avère logique d’appeler « la Mère de la Tête » « Mère des membres » et « Mère de l’Église ». En ce sens, les chrétiens sont nés spirituellement dans le sein de la Vierge Marie à l’Annonciation, au moment où le corps du Fils de Dieu fait homme est devenu la Tête de ce Corps qui est l’Église (cf. Épître de saint Paul aux Corinthiens 12, 12s). Mère du corps physique de Jésus-Christ, Marie est aussi Mère de l’Église, son Corps mystique.

La Vierge Marie, Mère du Christ, Mère de l’Église

La foi de l’Église prend naissance dans la Bible. La prière de l’Église manifeste aussi le projet de salut de Dieu pour l’humanité : « Lex orandi, lex credendi » (« La loi de la prière est la loi de la foi »). C’est pourquoi il convient de faire appel à la liturgie de l’Église pour comprendre le mystère de la Vierge Marie. À l’Annonciation, la Vierge Marie est devenue la Mère du Fils de Dieu fait homme, qui recevra le nom de Jésus. L’événement de l’Annonciation représente non seulement la nouveauté de l’Incarnation mais aussi le commencement de l’Église. La liturgie de cette fête, appelée par certains Pères de l’Église « la fête de la racine » car cachée et fondatrice, exprime le mystère de l’accueil du Fils de Dieu « par la foi de Marie » et sa tendresse maternelle envers le corps de son fils Jésus (cf. Préface de la messe) tandis que la prière sur les offrandes met en lumière la naissance de l’Église, Corps du Christ : « L’Église n’oublie pas qu’elle a commencé le jour où ton Verbe s’est fait chair ».

Si Marie est la mère de Jésus, elle est aussi la mère de l’Église. Étant la mère de la Tête du Corps elle demeure aussi la mère du reste du Corps, les membres unis au Christ par la foi et le baptême. S’il n’est pas possible de séparer la Tête du Corps, il n’est pas possible non plus de séparer la maternité divine de Marie de sa maternité spirituelle envers le Corps de son Fils Jésus, l’Église.

Un théologien du XIIe siècle, Isaac de l’Étoile[1], moine cistercien, a su mettre en valeur l’union du Christ et de l’Église, la maternité de Marie envers le Christ et à l’égard de l’Église : «  Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare donc pas. Ce mystère est grand, je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église. Garde-toi bien de séparer la tête du corps ; n’empêche pas le Christ d’exister tout entier ; car le Christ n’existe nulle part tout entier sans l’Église, ni l’Église sans le Christ. Le Christ total, intégral, c’est la tête et le corps[2]. »

Dans un autre sermon sur l’Assomption, Isaac de l’Étoile élargit sa réflexion à l’union de Marie et de l’Église dont elle est la figure : « Les hommes, en eux-mêmes, par leur naissance selon la chair, sont une multitude ; mais par la seconde naissance, la naissance divine, ils ne sont avec lui qu’un seul. Le seul Christ, unique et total, c’est la tête et le corps.

Et ce Christ unique est le Fils d’un seul Dieu, dans le ciel et d’une seule mère sur la terre. Il y a beaucoup de fils, et il n’y a qu’un seul fils. Et de même que la tête et le corps sont un seul fils et plusieurs fils, de même Marie et l’Église, sont une seule mère et plusieurs mères, une seule vierge et plusieurs vierges. L’une et l’autre ont conçu du Saint-Esprit, sans attrait charnel (…). L’une a engendré, sans aucun péché, une tête pour le corps ; l’autre a fait naître, dans la rémission des péchés, un corps pour la tête. L’une et l’autre sont mères du Christ, mais aucune des deux ne l’enfante tout entier sans l’autre. Aussi c’est à juste titre que, dans les Écritures divinement inspirées, ce qui est dit en général de la vierge mère qu’est l’Église, s’applique en particulier à la Vierge Marie ; et ce qui est dit de la vierge mère qu’est Marie, en particulier, se comprend en général de la vierge mère qu’est l’Église.

De plus, chaque âme croyante est également, à sa manière propre, épouse du Verbe de Dieu, mère, fille et sœur du Christ, vierge et féconde. Ainsi donc c’est la Sagesse même de Dieu, le Verbe du Père, qui désigne à la fois l’Église au sens universel, Marie, dans un sens très spécial et chaque âme croyante en particulier.

C’est pourquoi l’Écriture dit : « Je demeurerai dans l’héritage du Seigneur ». L’héritage du Seigneur, dans sa totalité, c’est l’Église, c’est tout spécialement Marie, et c’est l’âme de chaque croyant en particulier. En la demeure du sein de Marie, le Christ est resté neuf mois ; en la demeure de la foi de l’Église, il restera jusqu’à la fin du monde ; et dans la connaissance et l’amour du croyant, pour les siècles des siècles[3]. »

Au XIIIe siècle, le grand théologien dominicain saint Thomas d’Aquin voit dans les noces de Cana l’image de l’union mystique du Christ et de l’Église, union commencée à l’Annonciation : « Ces épousailles eurent leur commencement dans le sein de la Vierge, lorsque Dieu le Père unit la nature humaine à son Fils dans l’unité de la personne, en sorte que le lit nuptial de cette union fut le sein virginal… Ce mariage fut rendu public lorsque l’Église s’est unie au Verbe par la foi[4]. »

Le Docteur Angélique s’inspire de la pensée de saint Augustin pour qui le sein de la Vierge Marie est une chambre nuptiale où s’unissent dans la personne du Verbe la nature divine et la nature humaine. Pour saint Augustin, le corps de Jésus s’unit à l’Église formant ainsi « le Christ total tête et corps ».

L’Incarnation comporte une dimension ecclésiale. Marie a accueilli le Verbe au nom de l’humanité et pour l’humanité. Marie, nouvelle Ève, accomplit la prophétie du livre de la Genèse en écrasant la tête du serpent par sa foi (cf. Gn 3, 15). Elle est aussi la femme de l’Apocalypse qui enfante une nouvelle humanité (cf. Ap 12).

La Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps « Gaudium et spes » enseigne que « par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme » (n°22, 2). Par conséquent, la Vierge Marie est devenue aussi mère de cette humanité ce qui peut expliquer en partie la dévotion des croyants des religions non chrétiennes qui se rendent en pèlerinage dans les sanctuaires mariaux comme Lourdes ou Notre-Dame de la Garde à Marseille.

La Vierge Marie et la Pentecôte

Au Cénacle, Marie était réunie en prière avec les apôtres dans l’attente de l’Esprit Saint. La préface de la messe de « Marie, Mère de l’Église » nous révèle le sens de sa maternité spirituelle : « Quand les apôtres attendaient l’Esprit qui leur était promis, elle a joint sa supplication à celle des disciples, devenant ainsi le modèle de l’Église en prière. »

Marie nous apprend à prier. Prier, c’est appeler l’Esprit Saint au cœur de l’Église, ce qui explique le choix du lundi de Pentecôte.

La fête solennelle de la Pentecôte achève le mystère du Salut après la mort, la résurrection et l’ascension de Jésus à la droite du Père.

Faire mémoire de Marie équivaut à entrer dans une dynamique de foi en la Parole de Dieu et de prière à l’Esprit Saint. Dans la célébration de la messe, les fidèles en se nourrissant du Corps et du Sang de Jésus, né de Marie, parviennent remplis de l’Esprit Saint à former « un seul corps et un seul esprit dans le Christ » (Prière eucharistique n°3). Voici le mystère de l’Église, Corps du Christ !

Vénérer la Vierge Marie

Le père Marie-Joseph Lagrange (1855-1938), dominicain, fondateur de l’École biblique de Jérusalem, notait dans son Journal spirituel au cours de son noviciat au couvent royal de Saint-Maximin : « La bienheureuse Vierge Marie a détruit dans sa personne toutes les hérésies : elle est Mère de Dieu, donc, le Fils de Dieu, Jésus-Christ, n’est qu’une seule personne, et il a deux natures puisqu’il est aussi vraiment son Fils, né de sa substance[5]. »

L’histoire de l’Église montre aussi comment la fréquentation de la Vierge Marie dans la prière loin d’éloigner les fidèles du Christ les a rapprochés avec justesse de son mystère.

Aussi le concile Vatican II exhorte-t-il les chrétiens à vénérer la Vierge Marie avec amour en lui adressant des prières d’invocation et en cherchant à imiter sa foi[6].

Il arrive que des sociologues s’étonnent de l’impact de la spiritualité mariale auprès des chrétiens ayant subi la violence, l’emprisonnement, la pauvreté et toutes sortes de persécutions. Avec la Vierge Marie, ils ont gardé la foi au Christ, seul médiateur entre Dieu et les hommes.

Importance de cette nouvelle messe

Marie agit en mère qui rassemble ses enfants. Une maman aime ses enfants. Elle prend soin de manière prioritaire de l’enfant qui va mal, malade ou en souffrance morale. « Comblée de grâce » à l’Annonciation, Marie exerce sa maternité spirituelle dans sa prière d’intercession comme à Cana. Elle nous apprend à faire confiance à Jésus : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Évangile selon saint Jean 2, 5). Loin d’être une mère possessive, elle oriente tout chercheur de Dieu vers son Fils Jésus, seul médiateur entre Dieu et les hommes.

La maternité divine de Marie continue de se déployer par sa prière : « Élevée dans la gloire du ciel, elle accompagne et protège l’Église de son amour maternel » (Préface de la messe Marie, Mère de l’Église).

C’est Jésus lui-même qui du haut de la croix a confié son disciple bien-aimé à sa mère : « Femme, voici ton fils » (Évangile selon saint Jean 19, 26). Et Jean a reçu Marie pour Mère. Il est devenu « fils de Marie » imitant sa foi, sa charité et son espérance.

Par ailleurs, Marie, la première missionnaire, est la Mère des « disciples-missionnaires »  dont nous parle notre pape François.

La célébration de cette messe « Marie, Mère de l’Église » donne une vision missionnaire à l’Église dans le rayonnement de la Pentecôte comme l’exprime la prière après la Communion : « Qu’avec l’aide maternelle de la Vierge Marie, ton Église proclame à tous les peuples le message de l’Évangile et qu’elle remplisse le monde entier de l’effusion de ton Esprit ».

[1] Isaac de l’Étoile (1100-1178), moine de Pontigny, puis abbé de l’Étoile en Poitou, ami de saint Thomas Becket.

[2] Sermon d’Isaac de l’Étoile. Liturgie des heures IV. Temps ordinaire. 23e semaine.

[3] Sermon d’Isaac de l’Étoile pour l’Assomption. Marie et l’Église. La liturgie des heures I. Avent – Noël. II Samedi de l’Avent.

[4] Saint Thomas d’Aquin, In Ioan. 1, n°338.

[5] Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel. Paris. Édition du Cerf. 2014. 16  novembre 1880. P. 104.

[6] Concile Vatican II. Lumen gentium. Chapitre VIII. « La bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, dans le mystère du Christ et de l’Église », n° 66-67.

Fr. Manuel Rivero O.P. Cathédrale de Saint-Denis (La Réunion). France.

appel à la sainteté dans le monde actuel

« Gaudete et exsultate » :

Exhortation apostolique sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel

1. « Soyez dans la joie et l’allégresse » (Mt 5, 12), dit Jésus à ceux qui sont persécutés ou humiliés à cause de lui. Le Seigneur demande tout ; et ce qu’il offre est la vraie vie, le bonheur pour lequel nous avons été créés. Il veut que nous soyons saints et il n’attend pas de nous que nous nous contentions d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance.

En réalité, dès les premières pages de la Bible, il y a, sous diverses formes, l’appel à la sainteté. Voici comment le Seigneur le proposait à Abraham : « Marche en ma présence et sois parfait » (Gn 17, 1).

2. Il ne faut pas s’attendre, ici, à un traité sur la sainteté, avec de nombreuses définitions et distinctions qui pourraient enrichir cet important thème, ou avec des analyses qu’on pourrait faire concernant les moyens de sanctification.

Mon humble objectif, c’est de faire résonner une fois de plus l’appel à la sainteté, en essayant de l’insérer dans le contexte actuel, avec ses risques, ses défis et ses opportunités. En effet, le Seigneur a élu chacun d’entre nous pour que nous soyons « saints et immaculés en sa présence, dans l’amour » (Ep 1, 4)

l’Exhortation en entier (ici)

176. Je voudrais que la Vierge Marie couronne ces réflexions, car elle a vécu comme personne les béatitudes de Jésus. Elle est celle qui tressaillait de joie en la présence de Dieu, celle qui gardait tout dans son cœur et qui s’est laissée traverser par le glaive. Elle est la sainte parmi les saints, la plus bénie, celle qui nous montre le chemin de la sainteté et qui nous accompagne.

Elle n’accepte pas que nous restions à terre et parfois elle nous porte dans ses bras sans nous juger. Parler avec elle nous console, nous libère et nous sanctifie. La Mère n’a pas besoin de beaucoup de paroles, elle n’a pas besoin que nous fassions trop d’efforts pour lui expliquer ce qui nous arrive. Il suffit de chuchoter encore et encore : “Je vous salue Marie…’’.

177. J’espère que ces pages seront utiles pour que toute l’Église se consacre à promouvoir le désir de la sainteté. Demandons à l’Esprit Saint d’infuser en nous un intense désir d’être saint pour la plus grande gloire de Dieu et aidons-nous les uns les autres dans cet effort. Ainsi, nous partagerons un bonheur que le monde ne pourra nous enlever.

Pape François, exhortation apostolique, donnée à Rome, près de Saint-Pierre, le 19 mars, Solennité de Saint Joseph, de l’an 2018, sixième année de mon Pontificat.

son plan (page 2)