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Les saints sont des perles précieuses, «un catéchisme en image»

Les saints sont des perles précieuses, «un catéchisme en image»

Le Pape François a reçu trois cents participants au colloque sur «la sainteté aujourd’hui», jeudi 6 octobre, en Salle Clémentine du Palais apostolique. Dans son discours, le Saint-Père a rappelé l’importance d’une sainteté pleine de bonne humeur, d’humour, de joie et d’espérance.

 

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS
AUX PARTICIPANTS
AU CONGRÈS ORGANISÉ PAR LE DICASTÈRE POUR LA CAUSE DES SAINTS

Salle Clémentine
Jeudi 6 octobre 2022

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Je suis heureux de vous rencontrer au terme du Colloque sur “la sainteté aujourd’hui” organisé par le Dicastère des Causes des Saints.

Je salue et remercie le Cardinal Marcello Semeraro, les autres Supérieurs, les Officiels, les Postulateurs et tous les collaborateurs. Je vous salue tous, vous qui venez de différentes parties du monde et qui avez participé à ces journées d’étude et de réflexion, enrichies par l’apport d’intervenants de qualité, d’acteurs venant du monde théologique, scientifique, culturel et médiatique.

Le thème choisi par le Colloque est en harmonie avec l’Exhortation apostolique Gaudete et exsultate qui vise à « faire résonner une fois de plus l’appel à la sainteté, en essayant de l’insérer dans le contexte actuel, avec ses risques, ses défis et ses opportunités » (n. 2).

Un tel appel est au cœur du Concile Vatican II, qui a dédié un chapitre entier de Lumen Gentium à la vocation universelle à la sainteté et qui affirme « tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur condition et leur état de vie, sont appelés par Dieu, chacun dans sa route, à une sainteté dont la perfection est celle même du Père » (n. 11).

Aujourd’hui encore il est important de découvrir la sainteté au sein du peuple saint de Dieu : chez les parents qui élèvent leurs enfants, chez les hommes et les femmes qui accomplissent avec dévouement leur travail quotidien, chez les personnes qui supportent une situation d’infirmité, chez les personnes âgées qui continuent à sourire et à offrir la sagesse.

Le témoignage d’une conduite chrétienne vertueuse, vécue de nos jours par tant de disciples du Seigneur, est pour nous tous une invitation à répondre personnellement à l’appel à être saints. Ce sont des saints “de la porte d’à côté”, que nous connaissons tous.

Les saints de la porte d’à côté

À côté, ou mieux, au milieu de cette multitude de croyants que j’ai définie par « les saints de la porte d’à côté » (Gaudete et exsultate, n. 7) il y a ceux que l’Église présente comme des modèles, des intercesseurs et des maîtres. Il s’agit des Saints béatifiés et canonisés, qui rappellent à tous que vivre l’Évangile en plénitude est possible et beau.

La sainteté, en effet, n’est pas un programme d’efforts et de renoncements, elle ne consiste pas en une “gymnastique spirituelle”, non, elle est autre chose : elle est avant tout l’expérience d’être aimé de Dieu, de recevoir gratuitement son amour, sa miséricorde :

Ce don divin nous ouvre à la reconnaissance et nous permet de faire l’expérience d’une grande joie, qui n’est pas l’émotion d’un instant ou un simple optimisme humain, mais la certitude de pouvoir tout affronter avec la grâce et l’audace qui viennent de Dieu.

«Une sainteté pleine de bonne humeur»

Sans cette joie, la foi se réduit à un exercice opprimant et triste ; mais on ne devient pas saint en “faisant la tête”. Il faut un cœur joyeux et ouvert à l’espérance. Le nouveau Bienheureux Jean-Paul Ier nous donne l’exemple de cette sainteté pleine de bonne humeur.

De même, le Bienheureux Carlo Acutis est un modèle de joie chrétienne pour les enfants et les jeunes. Et la “joie parfaite” de Saint François d’Assise nous édifie toujours par son paradoxe Évangélique.

La sainteté germe dans la vie concrète des communautés chrétiennes. Les Saints ne viennent pas d’un “monde parallèle”. Ce sont des croyants qui appartiennent au peuple fidèle de Dieu et sont insérés dans le quotidien qui est fait de famille, d’étude, de travail, de vie sociale, économique et politique.

Dans toutes ces situations, le Saint ou la Sainte marche et œuvre sans crainte ou peur de l’exclusion, remplissant dans chaque circonstance la volonté de Dieu. Il est important que chaque Église particulière soit attentive à recueillir et à valoriser les exemples de vie chrétienne qui ont mûris au sein du peuple de Dieu, qui a toujours eu un certain “flair” particulier pour reconnaître ces modèles de sainteté, témoins extraordinaires de l’Évangile.

«Une sainteté pleine de bonne humeur»

Il faut donc garder en juste considération le consentement des gens autour de ces figures chrétiennement exemplaires. Les fidèles, en effet, sont dotés par la grâce divine d’une perception spirituelle indéniable pour identifier et reconnaître dans l’existence concrète de certains baptisés l’exercice héroïque des vertus chrétiennes. La fama sanctitatis ne provient pas avant tout de la hiérarchie mais des fidèles.

C’est le peuple de Dieu, dans ses diverses composantes, qui est le protagoniste de la fama sanctitatis, c’est-à-dire de l’opinion commune et répandue parmi les fidèles concernant l’intégrité de vie d’une personne, perçue comme un témoin du Christ et des béatitudes évangéliques.

Une réputation de sainteté spontanée, stable et durable 

Cependant, il est nécessaire de vérifier qu’une telle réputation de sainteté soit spontanée, stable, durable et répandue au sein d’une partie importante de la communauté chrétienne. Elle est, en effet, authentique quand elle résiste aux changements de temps, aux modes du moment, et engendre toujours des effets salutaires pour tous, comme nous pouvons le constater dans la piété populaire.

De nos jours l’accès correct aux moyens de communication peut favoriser la connaissance du vécu évangélique d’un candidat à la béatification ou à la canonisation. Cependant, dans l’utilisation des médias numériques, en particulier des réseaux sociaux, il peut y avoir le risque d’exagérations et de mystifications dictées par des intérêts peu nobles.

Il faut donc un sage et perspicace discernement de la part de tous ceux qui s’occupent de la qualité de la réputation de sainteté. Par ailleurs, un élément qui prouve la fama sanctitatis ou la fama martirii est toujours la fama signorum.

Quand les fidèles sont convaincus de la sainteté d’un chrétien, ils font recours – même en masse et avec passion – à son intercession céleste. L’exaucement de la prière de la part de Dieu représente une confirmation d’une telle conviction.

Les Saints sont des perles précieuses

Chers frères et sœurs, les Saints sont des perles précieuses. Ils sont toujours vivants et actuels, ils ne perdent jamais leur valeur, parce qu’ils représentent un commentaire fascinant de l’Évangile. Leur vie est comme un catéchisme en image, l’illustration de la Bonne Nouvelle que Jésus a apporté à l’humanité : que Dieu est notre Père et il nous aime tous avec un amour immense et une tendresse infinie.

Saint Bernard disait que, en pensant aux Saints, il se sentait brûler de “grands désirs” (Disc. 2; Opera omnia Cisterc. 5, 364 ss.). Que leur exemple éclaire les esprits des femmes et des hommes de notre temps, en ravivant la foi, en animant l’espérance et en embrasant la charité, afin que chacun se sente attiré par la beauté de l’Évangile et que personne ne se perde dans le brouillard du non-sens et du désespoir.

Je ne veux pas terminer sans mentionner une dimension de la sainteté à laquelle j’ai consacré un petit chapitre dans Gaudete et exsultate : le sens de l’humour. Quelqu’un a dit un jour : « Un saint triste est un saint triste ». Savoir profiter de la vie avec un sens de l’humour, car prendre le côté de la vie qui fait rire, cela allège l’âme.

Et il y a une prière que je vous recommande de dire – je la prie tous les jours depuis plus de 40 ans – la prière de Saint Thomas More : c’est curieux, il demande quelque chose pour la sainteté mais il commence par dire:  » Seigneur, donne-moi une bonne digestion et quelque chose à digérer « . Il va au concret, mais l’humour part de là. La prière est dans la note 101 de Gaudete et exsultate, la prière est là, pour que vous puissiez la prier.

J’espère que les approfondissements et les suggestions de votre Colloque pourront aider l’Église et la société à recueillir les signes de sainteté que le Seigneur ne cesse de susciter, parfois même par les voies les plus inattendues. Je vous remercie pour votre travail !

Je le confie à l’intercession maternelle de Marie, Reine de tous les Saints et je vous bénis de tout cœur. Et enfin, le Cardinal Semeraro vous a déjà demandé de prier pour moi ; alors je ne vous le dis pas, il l’a dit lui. Merci.


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RENCONTRE AVEC JEUNES ET PERSONNES ÂGÉES AU CANADA

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS AU CANADA
(24 – 30 JUILLET 2022)

RENCONTRE AVEC JEUNES ET PERSONNES ÂGÉES

DISCOURS DU SAINT PÈRE

Parvis de l’école primaire à Iqaluit
vendredi 29 juillet 2022

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Chers frères et sœurs, bonsoir !

Je salue cordialement la gouverneure générale et vous tous, heureux de vous rencontrer. Je vous remercie pour vos paroles, ainsi que pour les chants, les danses et la musique, que j’ai tant appréciés !

Il y a peu, j’écoutais plusieurs d’entre vous, anciens élèves des pensionnats : merci pour ce que vous avez eu le courage de dire, partageant une grande souffrance, que je n’aurais pas imaginée.

Cela réveilla en moi l’indignation et la honte qui m’accompagnaient depuis des mois. Aujourd’hui encore, ici aussi, je voudrais vous dire que je suis très attristé et que je souhaite demander pardon pour le mal commis par de nombreux catholiques dans les écoles qui ont contribué aux politiques d’assimilation et de libération culturelles. Mamianak [je suis désolé].

Je me suis souvenu du témoignage d’un aîné, qui a décrit la beauté du climat qui régnait dans les familles autochtones avant l’avènement du système des pensionnats. Il a comparé cette saison, où grands-parents, parents et enfants se côtoient harmonieusement, au printemps, où les petits oiseaux chantent joyeusement autour de leur mère. Mais soudain – dit-il – le chant s’est arrêté : les familles ont été éclatées, les petits enlevés, loin de leur environnement ; l’hiver est tombé sur tout.

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De tels propos, tout en causant de la douleur, suscitent aussi le scandale ; encore plus si nous les comparons à la Parole de Dieu, qui a commandé : « Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne » (Ex 20, 12). Cette possibilité n’existait pas pour beaucoup de vos familles, elle a disparu lorsque les enfants ont été séparés de leurs parents et que leur pays a été perçu comme dangereux et étranger.

Ces assimilations forcées évoquent une autre page biblique, l’histoire du juste Naboth (cf. 1 Rois, 21), qui ne voulut pas donner la vigne héritée de ses pères à ceux qui, en gouvernant, voulurent user de tous les moyens pour arracher cela de lui.

Et ces paroles fortes de Jésus viennent aussi à l’esprit contre ceux qui scandalisent les petits et ne méprisent qu’un seul d’entre eux (cf. Mt 18, 6.10). Qu’elle est mauvaise à rompre les liens entre parents et enfants, à blesser les affections les plus chères, à blesser et à scandaliser les plus petits !

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Chers amis, nous sommes ici avec la volonté de voyager ensemble dans un voyage de guérison et de réconciliation qui, avec l’aide du Créateur, nous aidera à faire la lumière sur ce qui s’est passé et à surmonter le sombre passé. En parlant de vaincre les ténèbres, même maintenant, comme lors de notre réunion de fin mars, vous avez allumé le qulliq.

Elle, en plus de donner de la lumière pendant les longues nuits d’hiver, permettait, en diffusant la chaleur, de résister à la rigueur du climat : elle était donc indispensable pour vivre. Aujourd’hui encore, il reste un beau symbole de vie, d’une vie lumineuse qui ne s’abandonne pas à l’obscurité de la nuit. Ainsi es-tu, témoignage éternel d’une vie qui ne s’éteint jamais, d’une lumière qui brille et que personne n’a pu étouffer.

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Je suis rempli de gratitude pour l’opportunité d’être ici au Nunavut, dans l’Inuit Nunangat. J’ai essayé d’imaginer, après notre rencontre à Rome, ces vastes lieux que vous habitez depuis des temps immémoriaux et qui pour d’autres seraient hostiles.

Vous avez su les aimer, les respecter, les chérir et les valoriser, en leur transmettant des valeurs fondamentales de génération en génération, telles que le respect des personnes âgées, un véritable sens de la fraternité et le souci de l’environnement. Il existe une belle et harmonieuse correspondance entre vous et la terre que vous habitez, car elle aussi est forte et résistante, et répond avec tant de lumière à l’obscurité qui l’enveloppe pendant la majeure partie de l’année.

Mais même cette terre, comme chaque personne et chaque population, est délicate et doit être entretenue. Prendre soin, transmettre : les jeunes y sont particulièrement appelés, soutenus par l’exemple des personnes âgées ! Prendre soin de la terre, prendre soin des gens, prendre soin de l’histoire.

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Je voudrais donc m’adresser à vous, jeunes Inuits, avenir de cette terre et présent de son histoire. Je voudrais vous dire, en citant un grand poète : « Ce que vous avez hérité de vos pères, reconquérez-le si vous voulez vraiment le posséder » (J.W. von Goethe, Faust, I, Nacht). Il ne suffit pas de vivre de revenus, il faut récupérer ce qui a été reçu en cadeau.

N’ayez donc pas peur d’écouter et d’écouter les conseils des personnes âgées, d’embrasser votre histoire pour écrire de nouvelles pages, de vous passionner, de prendre position devant les faits et les gens, de vous impliquer ! Et pour t’aider à faire briller la lampe de ton existence, je voudrais aussi te donner trois conseils de grand frère.

La première : marcher vers le haut. Vous habitez ces vastes régions du nord. Puissent-ils vous rappeler votre vocation à tendre vers le haut, sans vous laisser entraîner vers le bas par ceux qui veulent vous faire croire qu’il vaut mieux ne penser qu’à vous et utiliser le temps dont vous disposez uniquement pour vos loisirs et vos intérêts.

Ami, tu n’es pas fait pour te débrouiller, pour passer les journées à concilier devoirs et plaisirs, tu es fait pour t’élancer vers les plus vrais et les plus beaux désirs que tu portes dans ton cœur, vers Dieu à aimer et ton prochain à servir. Ne pensez pas que les grands rêves de la vie sont des cieux inaccessibles.

Vous êtes fait pour prendre votre envol, pour embrasser le courage de la vérité et promouvoir la beauté de la justice, pour « élever votre tempérament moral, être compatissant, servir les autres et construire des relations » (cf. Inunnguiniq Iq Principes 3-4), pour semer la paix et prends soin d’où tu es; pour enflammer l’enthousiasme de ceux qui vivent à côté de vous; aller plus loin, pas tout niveler.

*

Mais – me direz-vous peut-être – vivre comme ça est plus difficile que de voler. Bien sûr, ce n’est pas facile, car cette « gravité spirituelle » qui pousse à nous entraîner vers le bas, à paralyser les désirs, à affaiblir la joie est toujours aux aguets.

Alors, pensez à l’hirondelle arctique que nous appelons « charrán » : elle ne laisse pas les vents contraires ou les brusques changements de température l’empêcher d’aller d’un bout à l’autre de la terre ; il choisit parfois des chemins qui ne sont pas directs, accepte des détours, s’adapte à certains vents… mais garde toujours le but clair, va toujours vers la destination.

Vous rencontrerez des personnes qui tenteront de réinitialiser vos rêves, qui vous diront de vous contenter de peu, de ne vous battre que pour ce qui vous convient. Ensuite, vous vous demanderez : Pourquoi dois-je faire tout mon possible pour ce en quoi les autres ne croient pas ?

Et encore : comment puis-je décoller dans un monde qui semble descendre de plus en plus bas au milieu des scandales, des guerres, des tricheries, de l’absence de justice, de la destruction de l’environnement, de l’indifférence envers les plus faibles, des déceptions de la part de ceux qui devraient donner le ‘ Exemple? Face à ces questions, quelle est la réponse ?

*

Je voudrais te dire, jeune homme, à toi, frère, jeune sœur : tu es la réponse. Toi, frère, toi, soeur. Non seulement parce que si vous abandonnez, vous avez déjà perdu depuis le début, mais parce que l’avenir est entre vos mains. La communauté qui vous a généré, l’environnement dans lequel vous vivez, l’espoir de vos pairs, de ceux qui, même sans vous le demander, attendent de vous le bien original et irremplaçable que vous pouvez entrer dans l’histoire, sont entre vos mains, car  » chacun de nous est unique » (voir Principe 5).

Le monde dans lequel vous vivez est la richesse dont vous avez hérité : aimez-le, comme celui qui vous a donné la plus grande vie et les plus grandes joies vous a aimé, comme Dieu vous aime, qui a créé pour vous ce qui est beau et ne cesse de vous faire confiance même pour un très bref instant. Il croit aux talents qu’il vous a donnés.

Chaque fois que vous le chercherez, vous comprendrez comment le chemin qui vous appelle à voyager tend toujours vers le haut. Vous le sentirez lorsque vous regarderez le ciel en priant et surtout lorsque vous regarderez le Crucifix. Vous comprendrez que Jésus de la croix ne vous pointe jamais du doigt, mais vous embrasse et vous encourage, car il croit en vous même lorsque vous avez cessé de croire en vous.

Alors ne perdez jamais espoir, battez-vous, donnez tout et vous ne le regretterez pas. Avancez sur votre chemin, « pas à pas vers le meilleur » (cf. Principe 6). Réglez le navigateur de votre existence vers un grand but, vers le haut !

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Le deuxième conseil : venez à la lumière. Dans les moments de tristesse et de désespoir, pensez au qulliq : il contient un message pour vous. Quel est? Que tu existes pour te révéler chaque jour. Pas seulement le jour de ta naissance, quand ça ne dépendait pas de toi, mais chaque jour.

Chaque jour vous êtes appelés à apporter une nouvelle lumière au monde, celle de vos yeux, de votre sourire, du bien que vous et vous seul pouvez y ajouter. Personne d’autre ne peut le faire. Mais, pour venir à la lumière, il faut lutter chaque jour avec les ténèbres.

Oui, il y a un affrontement quotidien entre la lumière et les ténèbres, qui ne se produit pas quelque part là-bas, mais à l’intérieur de chacun de nous. La voie de la lumière demande des choix de cœur courageux face aux ténèbres des mensonges, elle nous demande de « développer de bonnes habitudes pour bien vivre » (voir Principe 1), de ne pas chasser des traînées lumineuses qui disparaissent rapidement, des feux d’artifice qui ne laissent que de la fumée.

Ce sont des « illusions, des parodies de bonheur », comme disait saint Jean-Paul II ici au Canada : « Il n’y a peut-être pas de ténèbres plus profondes que celles qui s’insinuent dans l’âme des jeunes quand de faux prophètes éteignent en eux la lumière de la foi, de l’espérance , l’amour » (Homélie pour la XVIIe Journée mondiale de la Jeunesse, Toronto, 28 juillet 2002).

Frère, sœur, Jésus est proche de vous et souhaite éclairer votre cœur pour vous faire venir à la lumière. Il a dit : « Je suis la lumière du monde » (Jn 8, 12), mais il a aussi dit à ses disciples : « Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 14). Par conséquent, vous aussi vous êtes la lumière du monde et vous le deviendrez de plus en plus, si vous vous battez pour ôter de votre cœur les tristes ténèbres du mal.

*

Pour apprendre à le faire, il existe un art continu d’apprendre, qui nécessite « de surmonter les difficultés et les contradictions par une recherche continue de solutions » (voir Principe 2). C’est l’art de séparer chaque jour la lumière des ténèbres. Pour créer un monde bon, dit la Bible, Dieu a commencé ainsi, séparant la lumière des ténèbres (cf. Gn 1, 4).

Nous aussi, si nous voulons devenir meilleurs, nous devons apprendre à distinguer la lumière des ténèbres. Où allons-nous commencer? Vous pouvez commencer par vous demander : qu’est-ce qui m’apparaît brillant et séduisant, mais qui me laisse ensuite un grand vide ? C’est l’obscurité ! Qu’est-ce qui, en revanche, est bon pour moi et me laisse la paix dans mon cœur, même s’il me demande d’abord de sortir de certains conforts et de dominer certains instincts ? C’est léger !

Et – je me demande encore – quelle est la force qui nous permet de séparer la lumière des ténèbres en nous, qui nous fait dire « non » aux tentations du mal et « oui » aux opportunités du bien ? C’est la liberté. La liberté qui ne consiste pas à faire tout ce que je veux et aime ; ce n’est pas ce que je peux faire malgré les autres, mais pour les autres ; ce n’est pas une volonté totale, mais une responsabilité. La liberté est le plus grand cadeau que notre Père céleste nous ait fait avec la vie.

*

Enfin, le troisième conseil : faites équipe. Les jeunes font de grandes choses ensemble, pas seuls. Parce que vous, les jeunes, vous êtes comme les étoiles dans le ciel, qui brillent ici d’une manière merveilleuse : leur beauté vient de l’ensemble, des constellations qu’elles composent, et qui éclairent et orientent les nuits du monde. Toi aussi, appelés vers les hauteurs du ciel et à briller sur la terre, tu es fait pour briller ensemble.

Il faut permettre aux jeunes de se regrouper, de rester en mouvement : ils ne peuvent pas passer leurs journées isolés, pris en otage par un téléphone ! La grande glace de ces terres me rappelle le sport national du Canada, le hockey sur glace. Comment le Canada parvient-il à obtenir toutes ces médailles olympiques?

Comment Sarah Nurse ou Marie-Philip Poulin ont-elles marqué tous ces buts? Le hockey combine bien discipline et créativité, tactique et physique; mais l’esprit d’équipe fait toujours la différence, condition sine qua non pour faire face à des circonstances de jeu imprévisibles.

Être une équipe, c’est croire que pour atteindre de grands objectifs, vous ne pouvez pas continuer seul ; il faut bouger ensemble, avoir la patience de tisser des réseaux denses de passages. C’est aussi laisser de la place aux autres, sortir rapidement quand c’est votre tour et encourager vos coéquipiers. Voici l’esprit d’équipe !

*

Amis, marchez vers le haut, venez à la lumière tous les jours, faites équipe ! Et faites tout cela dans votre propre culture, dans la belle langue inuktitut. Je vous souhaite, en écoutant les aînés et en puisant dans la richesse de vos traditions et de votre liberté, d’embrasser l’Évangile conservé et transmis par vos ancêtres et de rencontrer le visage Inuk de Jésus-Christ. Je te bénis du fond du cœur et je te dis : qujannamiik ! [Merci!]


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texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

PRIER LE CHAPELET

PRIER LE CHAPELET

chapelet
chapelet

Voici revenu le mois  de mai.
Et ce retour cyclique  ramène notre pensée
sur ce bon vieux chapelet,
qui se cache modestement au fond d’une poche ou d’un sac,
s’il n’a pas été relégué au fond d’un tiroir,
à côté de la croix de première communion
ou de quelques reliques de famille.
Oui, il est bien passé de mode, notre vénérable chapelet !
Car la mode sévit, même dans la dévotion.

Et si tenace que l’Église a quelque peine,
sur ce point comme sur bien d’autres,
à ramener ses filles et ses fils à la sagesse.
Ses interventions en faveur du chapelet ne se comptent pas.
Que devons-nous y lire, dans cette insistance de l’Église ?

Souci un peu vain d’empêcher que ne meure complètement une vieille dévotion,
respectable somme toute pour tout ce qu’elle incarne pour nous
de souvenirs et de leçons passées ?
Ou une préoccupation éducatrice de ne pas laisser se perdre, dans la vie chrétienne,
une forme de prière plus utile, plus actuelle que jamais ?

Faisons un peu d’histoire

L’histoire de la prière du Chapelet remonte au Moyen-âge. À l’époque, ceux qui ne pouvaient pas prier les 150 psaumes de l’office des moines, parce qu’ils ne connaissaient pas le latin, ont pris l’habitude de prier 150 fois une prière dédiée à la Vierge Marie tout en méditant différents épisodes de la vie du Christ, appelés Mystères.

C’est grâce aux religieux dominicains que cette prière s’est répandue dans toute l’Église, mais c’est le Pape Saint Pie V qui lui a donné sa forme actuelle, complétée récemment par le Pape Jean-Paul II qui a ajouté aux quinze mystères joyeux, douloureux et glorieux, la méditation de cinq autres mystères appelés mystères lumineux.

Le nom de rosaire, vient du mot « rose », chaque prière est comme une des roses de la couronne de la Vierge Marie. Lors des grandes apparitions récentes de la Vierge Marie, celle-ci a encouragé la prière du chapelet. A Fatima en 1917, Marie s’est présentée comme « Notre Dame du Rosaire ».

À la suite de nombreux Papes, dont Léon XIII et Paul VI, le Pape Jean-Paul II nous a rappelé la valeur de la prière du rosaire : « Cependant, la raison la plus importante de redécouvrir avec force la pratique du Rosaire est le fait que ce dernier constitue un moyen très valable pour favoriser chez les fidèles l’engagement de contemplation du mystère chrétien comme une authentique « pédagogie de la sainteté »: « Il faut un christianisme qui se distingue avant tout dans l’art de la prière »

Alors que dans la culture contemporaine, même au milieu de nombreuses contradictions, affleure une nouvelle exigence de spiritualité, suscitée aussi par les influences d’autres religions, il est plus que jamais urgent que nos communautés chrétiennes deviennent «d’authentiques écoles de prière ».

La lettre Apostolique « Rosarium Virginis Mariae »

A l’occasion de l’audience générale du mercredi 16 octobre 2002, Jean-Paul II a proclamé sa XXV° année de pontificat « Année du Rosaire ». Puis il a signé et promulgué la Lettre Apostolique « Rosarium Virginis Mariae », dont voici un extrait :
« 4. Pour la tâche exigeante, mais extraordinairement riche de contempler le visage du Christ avec Marie, existe-t-il un meilleur moyen que la prière du Rosaire ? Nous devons cependant redécouvrir la profondeur mystique contenue dans la simplicité de cette prière, si chère à la tradition populaire.
Dans sa structure, en effet, cette prière mariale est surtout une méditation des mystères de la vie et de l’oeuvre du Christ. En répétant l’invocation de l’Ave Maria, nous pouvons approfondir les événements essentiels de la mission du Fils de Dieu sur terre, qui nous ont été transmis par l’Evangile et par la Tradition.
Pour que cette synthèse de l’Evangile soit plus complète et offre une plus grande inspiration, j’ai proposé, dans la Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae, d’ajouter cinq autres mystères à ceux actuellement contemplés dans le Rosaire, et je les ai appelés « mystères lumineux ». Ils comprennent la vie publique du Sauveur, du Baptême dans le Jourdain jusqu’au début de la Passion.
Cette suggestion a pour but d’amplifier l’horizon du Rosaire, afin qu’il soit possible à celui qui le récite avec dévotion, et non de façon mécanique, de pénétrer encore plus profondément dans le contenu de la Bonne Nouvelle et de conformer toujours sa propre existence à celle du Christ. »

Le rosaire se situe donc dans la meilleure et dans la plus pure tradition de la contemplation chrétienne. Développé en Occident, il est une prière typiquement méditative dont justement le caractère répétitif permet de se laisser entraîner vers la contemplation des mystères de la vie du Christ.

Actualité du Chapelet

Actuel plus que jamais, s’il est vrai que notre monde frénétique risque de sauter comme un tonneau de poudre surchauffé, s’il ne revient pas à plus de bon sens et si nous n’arrivons pas à nous refaire des cœurs d’enfants.

Du temps que je pense à tout cela, chantent à ma mémoire des textes exquis écrits à la gloire du chapelet. Devant mes yeux passent des images mille fois contemplées :

Soeur Catherine Labouré, après les apparitions, récitant avec ferveur son chapelet au milieu de ses vieillards à l’hospice de Reuilly ;
la petite Bernadette à genoux devant une grotte, au creux de laquelle la « Dame » lui sourit, le Rosaire suspendu tout le long de sa robe ;
et ces foules de Lourdes ou de la rue du Bac répétant des milliers de fois le jour leurs Ave Maria déterminés ;
et cette mère, à qui le souci quotidien de huit enfants n’a pas fait oublier son chapelet ;
et ce médecin rencontré un jour au coin d’une rue et qui, entre deux malades, égrenait une dizaine au creux de la main ;
et, autour d’un défunt dont on achève la dernière toilette, ce geste qui enlace ses mains d’un chapelet, peut-être celui de sa première communion ;
et tous ces chrétiens qui m’entourent, que j’estime et que je vois user de leur chapelet, et dans les luttes de la vie l’enrouler autour de leurs journées de luttes, comme Psichari monta au dernier assaut, son chapelet enroulé autour du poignet,  comme Ingrid Bétancourt, au sortir de plusieurs années de séquestration dans la jungle.

Tout cela, n’est-ce donc qu’illusion d’âmes sentimentales, ronronnement de bavards, gestes à l’usage d’âmes enrubannées de bleu et sans prise efficace sur le christianisme de choc dont le témoignage est nécessaire à notre époque de fer ?

Et que, « dans le mécanisme du salut, l’Ave Maria soit le dernier recours » (Péguy) – même à côté du Pater, c’est-à-dire du Notre père, car si le Pater garde ses exigences, l’Ave Maria, lui, ne nous parle que de pitié – n’y a-t-il là que rêverie de poète ?

Je ne sais quelle voix, montée des profondeurs de moi-même, proteste là contre et me dit que le chapelet reste, en mes mains, une arme efficace, et que ces petits grains que mes doigts pétrissent renferment une présence maternelle – à l’image lointaine des grains de blé pressés qui, devenus hostie, cachent une vivante présence.

Ma vie suit la même courbe que celle de Marie – depuis l’appel lointain de l’Annonciation (quel chrétien n’a pas eu son annonciation ?), jusqu’au sacrifice du Calvaire, en attendant la résurrection glorieuse que Dieu me réserve.

Tout au long de cette courbe de ma vie terrienne, je puis mettre mes pas dans les pas de ma Mère et vivre des événements qu’elle a vécus avant moi pour que je puisse les vivre avec elle, en essayant de l’imiter comme un enfant répète les gestes maternels.

« Cette prière que l’orgueil dédaigne, ce chapelet que tous les doigts peuvent user, paraissent tout simples à une Eglise fondée sur 1’humilité et sur la fraternité. » (Sertillanges) Je dois, en ce mois de mai, essayer de la comprendre.

Il faut toujours prier sans jamais se lasser.

C’est souvent à propos du chapelet qu’on avance ce faux dilemme : prier bien ou prier beaucoup? Comme si prier beaucoup – prière vocale s’entend – frappait la prière de médiocrité! Il est vrai qu’à première vue l’Évangile lui-même paraît poser ce dilemme : « Dans vos prières, ne multipliez pas les paroles comme font les païens; ils s’imaginent que leur verbiage les fera mieux exaucer. »

J’entendais un jour un prédicateur de retraite déclarer avec feu à son auditoire qui béait de contentement : « Mieux vaut une dizaine de chapelet bien dite qu’un chapelet mal dit. » C’est vrai et c’est faux. Mais je crois que c’est plus faux que vrai. Car à ce compte on pourrait ajouter: mieux vaut un Ave Maria bien dit qu’une dizaine mal dite; et aussi : mieux vaut une pensée fervente qu’un Ave Maria médiocre.

C’est avec ces pieuses âneries qu’on finirait par rendre impossible toute piété d’Église. Car le jour où nous tendrions à l’amour sur cette seule piste de la prière intérieure, que deviendrait cette prière totale qui nous tourne vers Dieu avec notre cœur, notre corps, notre imagination, et qui appuie notre élan intérieur sur des gestes, des mots, des attitudes ?

Quand nous prions, c’est tout, en nous, qui doit prier : notre cœur, certes, mais aussi nos lèvres, nos mains, notre corps tout entier, ce compagnon de l’âme pour le bien comme pour le mal, pour la souffrance comme pour la joie, pour le péché comme pour le mérite, pour le temps comme pour l’éternité.

Mieux vaut prier bien que prier beaucoup : un aphorisme qui mène ainsi à l’absurde ne peut être la vérité. Il eût été facile de renchérir sur la déclaration de ce bon prédicateur en mal d’éloquence, en citant saint Paul qui disait aux habitants de Corinthe : « Dans l’assemblée, j’aime mieux dire cinq mots avec mon intelligence que dix mille en langue. » Pour autant, Paul condamnait-il les longues oraisons, qu’elles fussent vocales ou mentales ?

Le Chapelet, prière complète

Il existe une image scoute exquise de simplicité. Gravée par fra Nodet, elle représente un dizainier serti de dix rayons et, sur ces rayons, cette seule inscription dix fois répétée : «Bonjour, maman!»

Tel est le chapelet, humble prière d’enfant sans prétention redisant cinquante fois de suite à la Vierge : Je vous salue, Marie ! Paroles bénies qui nous sont tout droit venues du ciel, le jour de l’Annonciation – jour inouï où pour l’homme tout a commencé – et auxquelles l’Église a ajouté les mots de supplication que ne cessera de répéter jusqu’à la fin des temps l’humanité pécheresse.

Ne serait-il que cela, mon chapelet m’est cher. Tant qu’un homme ne l’oublie pas, c’est le signe qu’il garde en lui cette jeunesse du cœur qui défie l’usure des années. Mais il est plus que cela, mon chapelet. Il est une prière complète. On sait que trois éléments sont nécessaires à son efficacité : l’emploi de la couronne de grains, la récitation des Ave, la méditation des mystères. Faute de quoi, le chapelet cesse d’être lui-même.

Car il est fait pour l’homme tout entier : corps, imagination, esprit, cœur et volonté. Il commence par occuper le corps et l’imagination. Ça, c’est une trouvaille de l’Eglise. Si souvent, notre prière manque d’ailes, parce que l’alourdissent le corps et ses servitudes, l’imagination et ses sarabandes !

Le chapelet mâte le corps et occupe l’imagination. Pendant que je prie ainsi, le corps a son rôle. Mes doigts s’activent et bousculent les grains qui se suivent. Ils paraissent tirer en avant mon âme paresseuse et l’incitent à persévérer dans sa prière.

Oui, c’est cela : le va-et-vient des lèvres et des doigts, où un regard superficiel ne voit qu’une répétition fastidieuse n’est que cette persévérance que nous recommande l’Évangile. Nous répétons sans fin à une Mère ce qu’elle sait déjà, mais ce qu’une mère veut, sans fin, s’entendre dire : que nous l’aimons et que nous comptons sur elle.

Aimer : mot si simple mais inépuisable ! Il ne sait que se répéter sans fin et n’a jamais fini de nous livrer son secret. Même la répétition des mêmes formules, loin de rendre le chapelet inutile et ennuyeux, possède une admirable vertu que révèle l’expérience, pour exciter la confiance dans la prière et faire comme une douce violence au cœur maternel de Marie.

Et durant que s’affairent ainsi nos lèvres et nos doigts, une part est faite à l’imagination, cette grande folle qui envahit tout si nous ne l’occupons pas. Et cette part est belle. Car devant mon regard intérieur, voici que passent et repassent les grands épisodes évangéliques qui jalonnent la route rédemptrice suivie par Jésus et sa Mère. C’est comme un album de famille que je feuillette. Les mots que je dis ne gênent pas ma vision intérieure. C’est elle, au contraire, qui ajoute aux mots je ne sais quel frémissement venu du cœur.

« Si quelqu’un veut se mettre à ma suite, qu’il prenne sa croix. » (Matthieu, xvi, 24). Je fais, en imagination, ce chemin de croix qui, parti de l’Annonciation, aboutit au Calvaire, pour rebondir sur la Résurrection. Au vrai, n’est-ce pas toute ma vie, ce chemin de croix? Et qu’est-ce que «suivre Jésus», si ce n’est monter sur la croix avec Lui ?

Or, pendant que je bouscule mes Ave, voici que, en filigrane des scènes évangéliques que je contemple, se dessinent les lignes de cet « Évangile du glaive » qui me jette à la suite de Jésus. C’est ce que nous  appelons le « fruit du Mystère ». La prudence hardie de l’Annonciation, la charité empressée de la Visitation, l’obéissance aveugle de la Purification, le courage devant l’épreuve du Portement de croix, la joie de la Résurrection… tous ces « fruits » que m’offre ma Mère, je dois les transplanter dans ma vie d’homme. Car Dieu ne nous donne rien que nous n’ayons à conquérir ou, après coup, à mériter.

Partie de mes Ave inlassablement répétés et soutenue par la vision intérieure de ce que furent, pour mon exemple, Jésus et Marie, ma prière va donc s’inscrire en résolutions de vie dans ma volonté d’homme. Une fois roulé dans son étui mon humble chapelet, je sais ce qu’il me reste à faire, si je suis un chrétien logique.

Quelques-unes des objections que l’on fait au chapelet, peut-être viennent-elles de la peur de cette terrible logique qu’une pareille prière met dans notre vie. On sait que Foch disait son chapelet tous les jours. « Même aux jours de bataille? » lui demanda une fois quelqu’un. Le grand soldat répondit simplement : « Ces jours-là, n’en avais-je pas besoin encore plus que les autres jours? »

Terminons avec ces paroles de  Benoît XVI

Place Saint-Pierre, samedi 31 mai 2008

« Chers frères et sœurs,
Tout nous invite donc à tourner notre regard avec confiance vers Marie.

Ce soir aussi, nous nous sommes adressés à Elle avec l’ancienne et toujours actuelle pieuse pratique du chapelet. Le chapelet, lorsqu’il n’est pas une répétition mécanique de formules traditionnelles, est une méditation biblique qui nous fait reparcourir les événements de la vie du Seigneur en compagnie de la Bienheureuse Vierge, en les conservant, comme Elle, dans notre cœur.

Au cours du mois de mai, il existe dans de nombreuses communautés chrétiennes la belle habitude de réciter de manière plus solennelle le chapelet en famille et dans les paroisses.

Que cette bonne habitude ne cesse pas; qu’elle se poursuive même avec un plus grand zèle, afin que, à l’école de Marie, la lampe de la foi brille toujours plus dans le cœur des chrétiens et dans leurs maisons. »

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse